réfléchir à son roman ou agir maintenant ?

La crise se durcit, elle est partie pour durer. Alors que le confinement se durcit, la question est : comment aider les autres en gardant son équilibre, préparer l’avenir et se réinventer ? Est-ce le moment de réfléchir à l’écriture de son roman ou celui de mettre à exécution son rêve ? L’isolement n’est-il pas, comme le rappelle Bernard Werber, la condition sine  qua non du travail de romancier ?

Mouliner dans le vide

réfléchir dans le vide

Comment s’y prendre au quotidien ? C’est une question qui tourne sans trouver de réponses, elle nous fait généralement perdre du temps et baisse notre productivité. Mais, quand on se lance, on est bien, l’histoire s’écrit coûte que coûte, on est bien. Jusqu’à ce qu’on recommence à penser au résultat. L’incertitude reprend ses droits et les questions reviennent. C’est plutôt positif, non ? Tout dépend de leur nature. Si elles tournent en boucle autour de ce que « ça vaut », c’est mauvais signe. Le moulinage de neurones n’est qu’un  piètre assistant. Alors, comment s’en sortir ?

Foncer sans freiner

couper le circuit des questions

Les séances d’écritures quotidiennes est un bon moyen de foncer sans réfléchir. C’est même le seul, à mon sens, qui permet d’avancer à l’écriture du roman. Mais écriture et construction de récit n’est pas tout à fait pareil. Si j’avance qu’une séance sans pression finit par former un roman, ça peut durer longtemps avant d’obtenir une histoire avec le nombre adéquate de rebondissements et atteindre une fin digne de vos ambitions. S’il est clair que cette habitude d’écriture est le moyen le plus sûr d’y parvenir, elle peut devenir un piège. Je m’explique : le risque de refuser d’en sortir est réel. Se donner bonne conscience pour éviter de prendre du recul.

Penser en mode pro

penser en pro
s'ouvrir aux possibilités

Examiner avec intelligence le résultat de ses séances demande de la précision et une certaine dose de professionnalisme. Bref, accepter d’être honnête envers soi-même et cesser de jouer les amateurs s’avère indispensable. Super partant mais, comment on s’y prend ? L’état d’esprit pro est une habitude de pensée qui se cultive avec acharnement. Nombre d’outils sont aujourd’hui à notre disposition. De la question centrale du « pourquoi ? » qui touche à la notion de mission de vie, aux actions pas-à-pas qui emploie le désormais célèbre « 3-2-1-go ! » En cette période de confinement, c’est peut-être le moment d’opérer.

Trouver le chemin de la foi

croire en soi-même
voir plus grand que soi

 Quelle que soit la manière dont on parvient à combiner les méthodes et les outils d’écriture, dont on alterne le temps d’écriture, le temps de réflexion et le temps de recherche, il est essentiel de travailler sur nos croyances. Quelle valeur sommes-nous capables d’apporter aux autres et à nous-même est la question à un million de dollars. Bien sûr, l’auteur rêve d’écrire le chef d’oeuvre qui transformera sa vision du monde et celle du lecteur. Plus vite il comprendra que son véritable moteur est la foi en lui-même et en ce qu’il veut apporter aux autres et à ceux qu’il aime, plus vite il sacrifiera ses croyances qui obstruent sa vue.

Activer de nouvelles croyances

croire en son histoire
au-delà de son histoire

Où on va ? Vers une naissance. Si le roman initiatique est l’histoire d’une transformation, c’est avant tout la nôtre. Une fin classique de roman est un achèvement mais, si on veut vraiment écrire avec tout ce que ça implique de motivation, de foi et d’abnégation, autant se diriger vers une histoire qui commence à la dernière page du roman. C’est, en tout cas, le fruit d’une réflexion qui m’a pris deux mois. Aujourd’hui, je suis prête à relever le défi du best-seller avec cette feuille de route et je compte bien vous rendre compte de cette aventure qui me motive comme jamais. En espérant vous inspirer et vous donner l’envie d’agir.

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Le suspense, l’ingrédient magique du récit, selon Bernard Werber

Pour notre roman, nous avons beaucoup de jeux à mettre en place avec le lecteur, beaucoup de possibilités à ne pas laisser passer. Bernard Werber suggère de noter en marge les moments de l’histoire où le lecteur croira avoir découvert le mystère…

Comment structurer son roman autour d’un mystère central ?

En quête de suspense Photo de Dariusz Sankowski
En quête de suspense Photo de Dariusz Sankowski

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

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Comment Bernard Werber découvre l’ingrédient secret

Le cours n°4 de la masterclass en ligne de Bernard Werber traite du suspense (voir son cours n°3 sur l’utilisation du tarot). Oh, pas de grandes théories dans ce petit cours, mais une histoire. Déjà, si ça peut rassurer les écrivains débutants, le premier jet de son célèbre roman « Les Fourmis » n’était pas très digeste. Il manquait de ce qu’il appelle « la balle de tennis jaune ». Pour faire court, Bernard Werber comprit ce qu’il manquait à son roman le jour d’une randonnée en groupe qui tourna au fiasco. En effet, le soir venu, son petit groupe de randonneurs se perdit dans la montagne. Trouvant finalement le refuge à une heure avancée de la nuit, affamés et transis, les membres du groupe étaient extrêmement tendus. L’un d’eux proposa alors de raconter une blague.

À la racine du jeu se trouve le suspense

Elle consistait à maintenir l’auditoire en haleine par l’histoire d’un fils qui, à chaque grand événement de sa vie, refusait le merveilleux cadeau de son père en demandant une simple « balle de tennis jaune », promettant de lui dire un jour pourquoi. Après un accident, sur son lit de mort, le fils dit au père qu’il devait absolument lui révéler la raison secrète de ses demandes répétées. Mais, il mourut avant d’avouer le mystère. Ce jour-là, Bernard Werber découvrit le pouvoir du suspense. Alors que les randonneurs s’étaient disputés et même battus au cours de leur errance, ils se laissèrent embarquer dans l’histoire, oubliant la faim, le froid et l’animosité, se réconciliant et riant du mauvais tour que leur avait joué le conteur.

Le roman n’est-il qu’un jeu de pistes ?

Pour notre roman, nous avons beaucoup de jeux à mettre en place avec le lecteur, c’est vrai, beaucoup de possibilités à ne pas laisser passer. Bernard Werber suggère de noter en marge les moments de l’histoire où le lecteur croira avoir découvert le mystère. Il devra tomber dans nos pièges, en quelque sorte, l’orientant sur une fausse piste. Encore une fois, il nous incite à penser l’écriture comme un jeu. Cette fois, c’est entre nous et notre lecteur. Pour « Le Projet Line », le mystère réside évidemment dans l’origine des pouvoirs de Line, notre héroïne. Mais le suspense, bien qu’il se définisse clairement dans les questions dramatiques du genre « Line va-telle parvenir à maîtriser ses pouvoirs ? », se retrouve partout dans un roman, comme les battements d’un cœur qu’on ne cesse d’entendre, où que l’on aille.

Quelle technique narrative utiliser pour inventer son propre jeu ?

exploration-Selvazzano Dentro
Exploration-Photo de Selvazzano Dentro

Rendre l'aventure fantastique...

Tu me suis, là ?
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Trouver la meilleure question à poser au lecteur

Line va-t-elle découvrir l’origine de ses pouvoirs ? C’est bien probable. Comment fonctionnent-ils ? L’intérêt est de suivre Line dans cet apprentissage. Gagnera-t-elle en humanité ? Ah, ça, on ne sait jamais. Comment l’auteur va-t-il évoluer, c’est bien la question ? Va-t-il se laisser envahir par ses propres démons et faire basculer son personnage à travers les plus sombres recoins de sa psyché ? Mystère ! Line déjouera-t-elle les plans machiavéliques de l’ennemi ? Tout dépend de qui est l’ennemi véritable. Comprendra-t-elle à temps qu’il veut l’exploiter ? Qui profite de qui dans cette histoire ? Encore un mystère, évidemment ! D’accord, ces questions forment le socle d’une bonne histoire mais, Bernard Werber souligne qu’il faut faire preuve de subtilité, en usant de techniques narratives éprouvées.

Structurer son récit comme une chasse au trésor

« Dès qu’un organisme vivant entreprend quelque chose et que le résultat est incertain, on a de la dramaturgie », rappelle Yves Lavandier pour expliquer le principe du récit. Dans «  Construire un récit », Yves Lavandier commence par la base : « le principe objectif-obstacle ». On va quelque part mais, va-t-on y arriver ? Suspense… Provoquer ce suspense, c’est amener le lecteur à se poser une question, jusqu’à la rendre si pressente qu’il tourne les pages avec fébrilité. Pour se faire, jalonner le récit d’indices et de fausses pistes, comme dans une chasse au trésor, est in-dis-pen-sable ! Oui, il y a bien des mystères à servir au lecteur. Pourtant, nous devons trouver le plus essentiel, celui qui fera vibrer l’édifice jusqu’à la fin. Qui est Line ? Que va-t-elle devenir ? Ces questions dramatiques sont naturelles mais, la question mystère, quelle est-elle ? Qu’est-elle vraiment capable de faire avec ses pouvoirs ? Voilà sa quête personnelle déterminée ! Et, combinée à la chasse, le jeu devient exaltant.

Construire le mécanisme du suspense autour de la répétition

Bernard Werber souligne d’ailleurs que le principe de « la balle de tennis jaune » ne peut fonctionner qu’avec le principe de la répétition. Le désir de savoir est ainsi alimenté et la frustration enclenchée (ce qu’on appelle aussi « la tension dramatique »). Ce désir est nourri au fil du récit pour pousser le lecteur à tourner les pages, encore et encore, jusqu’à la fin. Si le lecteur est amené à se poser des questions, l’auteur doit lui procurer des indices qui, naturellement, lui donneront le pouvoir d’émettre des hypothèses. Reste que le lecteur doit ressentir le pouvoir d’une seule question essentielle. Deviner ce qu’il est vital de savoir. Alors, vous en ferez un lecteur investi, actif, invité à répondre. Comme s’il était entouré d’amis, au coin du feu, marqué par l’ambiance et buvant les paroles du conteur. Dans ces conditions, si la question se répète et que l’hypothèse est systématiquement invalidée (« subtilement ! » précise Bernard Werber), la tension monte et le lecteur attend le dénouement. L’auteur est donc responsable de l’ambiance par la mécanique du suspense.

À l’apparente complexité du roman, se substitue le jeu de la question et des sous-questions

chasse au trésor photo de Tumisu
chasse au trésor - photo de Tumisu

C'est quoi son nom, déjà ?

LINE D'HARANGUIER
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Dans une chasse au trésor, les indices sont nos sous-questions

Qui est l’ennemi infiltré chez les d’Haranguier ? À cette question, il devra se trouver une scène où les ennemis de la famille d’Haranguier parlent de cet espion mystère, sans que le lecteur ne puisse l’identifier. Qui est infiltré dans l’entourage de Line depuis tant d’années ? Plus tard, un nouvel indice relancera la question, puis un autre. Et, tandis que le lecteur se perd en conjectures, le danger se précise et les personnages soupçonnent, eux aussi, un ennemi dans leurs rangs. La seconde condition pour que le jeu fonctionne, c’est donc que la question se répète. Il faut la mettre en scène. Dans le camp ennemi, le lecteur apprendra qu’un renseignement essentiel vient d’être fourni par notre espion mystère. La nature de ce renseignement donne un indice au lecteur. Il ne tient qu’à l’auteur de l’amener à croire qu’il a trouvé le traître, par de faux indices : l’espion était dans les parages, par exemple, ou venait de recueillir une confidence dont il pouvait en déduire la vérité. Chaque sous-question doit donc rapprocher du but : répondre à la question principale.

Trouver la question qui fait vivre l’histoire et donne un sens à notre quête

Vu comme ça, c’est vrai qu’on a de quoi s’amuser. Néanmoins, l’existence de cet espion doit donc apporter un sens à notre quête. Chaque élément, chaque scène, chaque personnage est là pour répondre au questionnement principal induit par l’histoire : qu’est-ce que Line est vraiment capable de faire avec ses pouvoirs ? À quoi sont-ils destinés ? C’est en écrivant cet article que j’ai fini par comprendre que la vraie question se trouve là ! Il me semble qu’Hitchcock voyait les choses comme ça : rien ne fait office de décor ou de bouche-trou, le moindre détail a un sens pour diriger le lecteur. Et c’est bien pour comprendre tout cela que je décortique l’écriture de mon roman en cours : « Le Projet Line ». Notre espion — il s’appelle Henry, s’est inscrit à la fac dans les mêmes cours que Cécile, bien avant la naissance de Line — ne doit pas être là pour amuser la galerie où faire frissonner le lecteur. Mais, avant de pouvoir comprendre le sens de mon propre récit, j’ai fouillé la personnalité, le rôle et les enjeux qui animent mes personnages.

 Nos sous-questions (ou sous-objectifs) sont tous reliés à notre quête

Prenez le père de Line, par exemple. Antoine est un homme autoritaire et puissant qui a une position ambigüe dans l’histoire. Grand stratège, Antoine doit faire penser au lecteur qu’il a probablement un plan afin d’aider sa fille à s’en sortir. Mais, rien n’est moins sûr. S’il fomente vraiment une stratégie contre l’ennemi, un homme tel que lui n’a-t-il pas l’intention d’en tirer profit ? Capable de se mesurer à l’ennemi, Antoine serait pourtant le plus à même d’aider Line. Nous devons absolument nous demander s’il est pour ou contre sa fille, pour ou contre les résistants qui s’allient à sa femme (les résistants ont des pouvoirs et se cachent de l’ennemi), pour ou contre l’ennemi ? Sa personnalité secrète, ses actes de tyrannie, nous obligent à nous poser systématiquement la question. Mais, finalement, maintenant que j’ai trouvé ma quête (À quoi sont destinés les pouvoirs de Line ?), mes sous-questions (ce qu’Yves Lavandier appelle les sous-objectifs) sont guidées, portées par le sens de cette quête.

Et si nous faisions ensemble l’exercice de la balle de tennis jaune ?

La balle de tennis jaune de Bernard Werber - Photo de Felix Heidelberger
La balle de tennis jaune de Bernard Werber - Photo de Felix Heidelberger


Line n'est pas seule...

Suis-nous !
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Le roman est donc un jeu de cohérence. Désormais, en me demandant quelles sont les réelles motivations d’Antoine et les conséquences de ses décisions, je vais pouvoir y répondre systématiquement en cohérence avec la question centrale qui sous-tend désormais l’existence de tous mes personnages. Cette question secrète les relie tous. D’une façon ou d’une autre, tous mes personnages doivent constituer une partie de la réponse. Je vous propose de faire l’exercice de la balle de tennis jaune. Je l’ai fait ce matin, en une demi-heure, avant la publication de cet article. En apparence, l’exercice n’apporte rien mais, dans les faits, il provoque un mécanisme de réflexion qui permet de connecter à la question. Je vous propose de rassembler nos textes dans le prochain article, ça nous permettra de revenir sur ce thème essentiel qu’est le suspense. Lancez-vous !

Pour m’envoyer votre texte, et le voir publié dans notre journal d’auteurs rien de plus simple, je suis derrière tous les points de contact de ce blog. Les abonnés le savent bien, je réponds toujours à vos mails ! Alors, à vos claviers les amis ! Une demi heure à une heure d’écriture pour trouver votre balle jaune. Bernard s’est inspiré de la porte de Barbe bleue. Moi, de Line qui ne peut avoir d’amis. Allez, top chrono !  L’exercice est de jouer avec notre cerveau  ! S‘amuser, sans jugement ni prétention. Laisser son imagination agir selon une intention, une consigne, et rien de plus. L’en-jeu est enfantin.

Les espaces-temps de l’écriture romanesque enfin révélés

Comment inventer l’enfance d’une super-héroïne qui rivalisera avec les plus célèbres personnages des comics américains ? J’y réponds en live et en 3 mois. Dans l’écriture d’un roman, il existe des espaces-temps où l’imagination s’emballe, mais que nulle trace écriture ne porte habituellement à l’attention du lecteur. J’y remédie à l’instant.

Un mois s’est écoulé depuis mon annonce d’écrire un roman en trois mois avec mon fils. Comment inventer l’enfance d’une super-héroïne qui rivalisera avec les plus célèbres personnages des comics américains ? Je nous donne encore deux mois pour y répondre en live ! Aujourd’hui, l’hiver nous plonge dans une période d’incertitudes et de défis, alors que nous suivons ensemble l’évolution de cette histoire. Une certaine fébrilité nous gagne. Il est donc temps de vous divulguer l’existence d’espaces-temps dans l’écriture d’un roman, dont on ne trouve habituellement nulle trace écrite. Ces phases de flottement où l’imagination s’emballe, de création latente que je souhaite ici porter à l’intention du lecteur.

Grâce à vous l’écriture de ce roman prend une dimension fantastique !

Les rouages de l'écriture-Photo de Kellepics
Les Rouages de l'Écriture : "L’expérience de la partager au fur et à mesure nous embarque dans une dimension vraiment fantastique !" - Photo de Kellepics

L’écriture hivernale

L’hiver me ramolli, pas toi ? Ce matin, ma séance d’écriture fut courte, comme celle d’hier. Avec ce froid, les doigts gèlent vite et j’ai beau avoir cherché toute l’année un lieu plus inspirant, le bar de mon quartier est celui où j’écris le mieux. À L’intérieur, il y a même une petite pièce arrière pour m’accueillir en cette période de froid mais, je ne m’y résous pas. Non, il n’y a que la terrasse, la pénombre du matin (un ciel rose me regardait écrire ce matin), et mon café-crème fumant que Jimi s’escrime à faire mousser rien que pour moi (avec un bruit de percolateur horripilant) pour me mettre en train.

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

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Les personnages se baladent dans mon quotidien

Même si mes deux dernières séances d’écriture furent abrégées par le froid, les personnages de mon roman m’habitent de plus en plus (voir notre défi « J’écris un roman en 3 mois avec mon fils »). Depuis que la cuisinière se dessine, avec ses blessures et ses espoirs, ses cheveux roux et ses taches de rousseur, son sourire franc, sa langue bien pendue et ses sentiments, je fais plus volontiers la cuisine. Je pense à elle, je comprends mieux ce qu’elle a vécu, j’imagine son enfance dans un trou paumé près de la forêt d’Irati, où elle cueillait des cèpes avec sa grand-mère.

Partager cette écriture en live est une expérience inouïe !

Depuis que Cécile se révèle, je l’aime de plus en plus, elle m’impressionne. D’ailleurs, j’ai lu à Anton les dernières scènes que je ne vous ai pas encore mises en forme. L’histoire nous happe un peu plus chaque jour. L’expérience de la partager au fur et à mesure nous embarque dans une dimension vraiment fantastique ! Le prochain épisode que je vous livrerai passera directement au deuxième incident déclencheur. Sinon, on ne tiendra pas la cadence. En plus, mieux vaut vous partager les scènes d’action. Vous y voyez une lenteur passagère ? Oui et non… je vais vous expliquer.

L’univers d’un roman contient forcément l’identité culinaire de ses habitants

La réécriture d’une scène peut prendre du temps

J’écris mes textes à la main. Je les tape ensuite, titillant chaque mot, soupesant leur pertinence, fouinant aussi la cohérence de mes descriptions. Par exemple, dans le prochain épisode, Victoire se souvient de sa rencontre avec Antoine, son patron. Elle n’avait que 17 ans, lui n’en avait que 25. Il dirigeait déjà plusieurs grosses entreprises et se retrouva par hasard dans le restaurant miteux où elle bossait.

Et voilà que je me perds, à la recherche d’un bord de route où il pourrait être posé, ce restaurant. En parcourant la carte, j’imagine ce qu’Antoine pouvait bien faire dans un trou paumé des Pyrénées. Plusieurs scénarios tournent dans ma tête, mais l’omelette aux cèpes de Victoire revient à mon intention et je laisse mes hypothèses en suspens.

l'identité culinaire du roman - Photo de Pexels
l'identité culinaire est une dimension intéressante dans la création d'un univers romanesque - Photo de Pexels

La création culinaire, bien souvent, vient pimenter le récit

 Ah, la cuisine dans les romans ! Elle a parfois une place qu’on ne lui attendait pas ! C’est cette omelette-là qui sauve Victoire d’un destin peu enviable. Antoine, de son côté, devait être là pour des raisons peu orthodoxes, comme il s’en trouve beaucoup dans son business de l’industrie énergétique. Mais le bien et le mal n’est qu’une affaire de rhétorique. Chez l’homme, la réalité complexe est à servir bien chaude. Et c’est pourquoi la cuisine de Victoire aura toute sa place dans ce roman. Pour réchauffer les cœurs et rappeler qu’un homme contient en lui toutes les facettes de l’humanité.

L’univers d’un roman a besoin de corps

Je pense aux « Nicolas Le Floch », la série des romans policiers de Jean-François Parot. Ses épisodes sont toujours agrémentés de recettes fameuses de l’époque (Nicolas Le Floch est un lieutenant de police au service de Louis XV et de Louis XIV). Je ne raffole pas des romans policiers, mais j’aime ceux qui présentent des personnages fouillés, à la psychologie originale. Bref, tout ça pour dire que l’écriture du roman avance à petits pas et, qu’avec ce froid, mon esprit se réfugie dans la chaleur d’un univers bouillonnant, traînant à s’exprimer tout entier sur la page.

Les profondeurs psychologiques de l’écriture de roman

machinerie de l'esprit-Photo de Kellepics
La Machinerie de l'esprit : "Le lecteur se dira même, logiquement, que la mère doit être dotée de certains pouvoirs, non ?" - Photo de Kellerpics

L’écrivain se questionne pour répondre au lecteur

C’est amusant quand j’y pense. Vous me demandez la suite, et voilà que je vous fais attendre. Je ne sais pas ce qui me pousse le plus dans mes retranchements. Seraient-ce mes propres questionnements de plus en plus pressants sur les personnages, sur leur enfance, sur leur caractère, sur leurs valeurs et sur leurs aspirations les plus secrètes ? Ou serait-ce l’avancée de l’intrigue qui me presse tout autant de l’écrire d’une seule traite ? Après l’épisode 4, un autre événement déclencheur pousse la mère (Cécile) à agir. Nous soupçonnons alors que Cécile sait que sa fille n’est pas comme les autres. Le lecteur se dira même, logiquement, que la mère doit être dotée de certains pouvoirs, non ?

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Le romancier se confronte à tous les points de vue

À la lecture des dernières scènes, Anton confirme cette hypothèse. Je lui explique que la famille est au pied du mur, et que ses membres vont devoir bientôt se réunir pour trouver une solution au « cas Line ». Ils vont devoir mettre les choses au clair, bien que chacun ait une vision différente de la situation. Anton exprime alors une envie bien légitime. Qu’un autre personnage possède les mêmes pouvoirs que Line. La nourrice, par exemple. Je lui réponds que ce ne serait pas logique. Par contre, je pense que Cécile, la mère de Line, a des pouvoirs similaires, mais qu’elle ne les a pas développés de la même façon.

Comparer ses héros à d’autres caractères

Contrairement à Line, Cécile a cherché à cacher ses pouvoirs pour ne pas faire de tord à ses parents adoptifs. « Oh ! s’exclame Anton. La mère a développé ses pouvoirs pour être super intelligente ! Dans Heroes, il y a une meuf qui sait refaire n’importe quel truc, juste en regardant quelqu’un le faire. » Je me souviens effectivement d’un personnage de la série qui a juste à regarder un cours de karaté pour savoir le refaire à la perfection. Intéressant ! J’ai justement commencé à peindre le portrait de mes personnages, et Cécile a développé une force de caractère hors du commun, assurément.

heroes série tv culte de super-héros
"Heroes" ! La série tv culte de super-héros en nombre croissant

Les dimensions parallèles dans le processus d’écriture

Connexions psychologiques - photo de Kellepics
"Je réfléchis à la manière dont chacun des personnages sont connectés aux pouvoirs de Line" - Photo de Kellepics

Comprendre les connexions psychologiques entre les personnages

Luttant seule dès son plus jeune âge contre la manifestation de ses pouvoirs, Cécile a dû cacher les symptômes physiques liés à cette résistance. L’idée d’Anton permettra de mieux imaginer comment elle y est parvenue. Aujourd’hui, Cécile est mère. Elle espérait probablement que Line n’ait pas à vivre les mêmes difficultés. À tel point qu’elle s’est peut-être voilé la face. Avant d’aller plus loin, je réfléchis à la manière dont chacun des personnages sont connectés aux pouvoirs de Line. Je veux dire, leur manière de les interpréter, de les comprendre. Leur manière de voir la réalité en face, ou bien de l’occulter.

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S’inspirer d’autres lectures c’est entrer dans des univers parallèles

Depuis deux jours, j’écoute « Voyage au-delà du corps, l’exploration de nos univers intérieurs » de William Buhlman. Il décrit ses sorties de corps et propose des exercices pour inviter le lecteur à expérimenter l’affaire. À suivre… Ah oui ! s’exclame Anton. Comme les personnes au bord de la mort et qui ont des hallucinations ! Ou alors, c’est vrai… » On verra si c’est vrai, en effet. J « Voyage au-delà du corps » est un livre audio que j’écoute en m’endormant, pour trouver des idées. Je dois absolument décrire ce que vit et ressent notre petite Line. C’est un bon moyen d’alimenter l’inspiration du matin, je vous le conseille.

Apprivoisez le livre audio, un objet fascinant !

Le livre audio, c’est bizarre. Au début, quand je me suis abonnée chez audible, j’ai eu beaucoup de mal. Je m’endormais systématiquement à l’écoute d’un livre. Alors, j’ai surtout choisi des essais sur l’entrepreneuriat, et je prenais des notes. J’ai trouvé ça merveilleusement efficace ! Plus besoin de tenir le livre tout en notant. En plus, j’ai lu un article dans Science et Vie qui affirme que le cerveau traite lecture et écoute exactement de la même façon. Je ne sais pas s’il faut en conclure que nous le digérons tout aussi bien, mais je pense que s’il y a une différence d’assimilation, les deux sont à tester. Bref, pour moi, le livre audio est devenu un objet fascinant !

L’écrivain engage sa propre vie dans le travail d’écriture

L’écrivain engage sa propre vie dans le travail d’écriture
"L’écriture de fictions nous ramène forcément aux dures réalités de la vie en société." - photo de Gellinger

Tout artiste devrait penser à son indépendance

À ce propos, je viens de trouver le livre le plus formidable qui soit pour tous ceux qui veulent se lancer dans le monde des affaires. Personnellement, je pense que les artistes et tous ceux qui aspirent à vivre de leur art devraient prendre leur carrière en main et se former pour être indépendant. Ce blog a aussi vocation à inviter les artistes à vendre leurs œuvres eux-mêmes, mais pas comme des commerçants indépendants, plutôt comme des créateurs de systèmes. La route est longue, mais s’il y a bien un livre que je conseillerais désormais c’est « La prodigieuse machine à vendre » de Chet Holmes.


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L’écriture de fiction est une véritable incursion dans la réalité

Comme il est dit dans la préface, cet auteur est un conteur hors pair. Chet Holmes nous explique de la plus merveilleuse, de la plus évidente des façons, comment je dois présenter mon roman pour le vendre, comment je dois me préparer à être la chef éclairée de ma future entreprise, et comment je suis assurée de la faire grandir. J’en oublierais presque l’écriture ! Non, je plaisante, mais c’est dur de garder la tête dans les nuages quand un tel livre vous ramène si bien les pieds sur terre. D’ailleurs, soyez sûr d’une chose : l’écriture de fictions nous ramène forcément aux dures réalités de la vie en société.

L’auteur vient à interroger les mécanismes de pensée de ses personnages

Cet article n’est pas là pour justifier le retard de l’épisode 5 de notre défi « Un roman en 3 mois avec mon fils », mais bien pour rappeler que l’écriture d’un roman n’est pas linéaire. Après l’avancée passionnante de notre histoire, je m’engage, ces derniers jours, dans les rouages de la vie. Pour chacun des personnages mis en scène, je suis à l’affût de réponses. Quelles sont les valeurs pour lesquels ils se battraient jusqu’à la mort, pour lesquelles ils seraient prêts à trahir ou à tuer ? Quels sont les actions qu’ils sont forcés de faire, de cacher, et qui les obligent à mentir ? Quelle est la réalité même de leur système de vie ? Qu’est-ce qui les fait souffrir ou vibrer ? Qu’est-ce qui les anime vraiment ?

La fiction est le miroir étincelant de la réalité sociale

Les revers de la réalité – Photo de Geralt
Les revers de la réalité : "Alexandre Langlois décrit ici un système de corruption généralisé de l’État français" - Photo de Geralt

Les informations extérieures nourrissent la compréhension de son propre récit

Ces derniers jours, toute information qui m’interpelle me transpose dans l’écriture du « Projet Line ». Je vous donne un exemple très concret. J’écoutais Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat de police Vigi, sur Thinkerview. Cet entretien date de janvier dernier (presque un an, donc). Entre temps, ce policier spécialisé dans le renseignement est actuellement suspendu de ses fonctions pour avoir systématiquement attaqué la politique répressive du gouvernement. Un lanceur d’alerte au sein de la police, en somme. Au cours de cet entretien, il évoque l’histoire d’un commissaire de police qui, sous l’emprise de l’alcool, prend sa voiture et tue un enfant. L’affaire, loin d’être jugée, est vite « arrangée ».

La réalité est un puits d’invraisemblances

L’homme est promu et la famille de la jeune victime reçoit 300.000 euros pour le prix de son silence. Alexandre Langlois décrit ici un système de corruption généralisé de l’État français, ni plus, ni moins. Cette histoire me fait imaginer dans quel monde vit le père de Line, Antoine d’Harranguier. Quelles décisions doit-il prendre pour couvrir ses PDG, pour étouffer des accidents de travail dus à des failles de sécurité, ou encore pour soudoyer des agents de l’État afin d’avoir un permis de polluer ? L’Homme est socialement assujetti à un groupe. Ce  qui l’amène souvent à agir pour défendre son appartenance, sans même y penser.

L’écrivain cherche le mensonge dans une toile tissée de vérités

Cette histoire, rappelle Alexandre Langlois, a été relatée dans la presse, mais nous sommes trop occupés à gérer les invraisemblances du quotidien pour relever la tête. La loyauté envers la hiérarchie ou la responsabilité envers le maintien d’un système pousse chacun d’entre-nous à fermer les yeux sur les conséquences probables des « obligations » exigées par cet invraisemblable système. Ainsi, si nous agissons conformément à nos propres valeurs, nous apprenons à occulter les dommages collatéraux que nous causons, et nous respectons en priorité la loyauté envers le groupe. Nos propres valeurs sont donc soumises à des distorsions inconscientes pour paraître respectées. La frontière entre le bien et le mal est floue. L’écrivain cherche pourtant à en déterminer la nature.

L’écrivain de fictions ouvre les boîtes noires pour dérouler toute l’histoire

Je suis convaincue d’une chose : s’il y a bien, sur cette Terre, un animal capable de se mentir à lui-même, c’est l’homme. Si je vous dis tout ça, c’est pour éclairer le parcours. Je voulais vous décrire ces périodes de flottement qui arrivent sans prévenir dans l’écriture d’un roman. Les infos s’accrochent aux neurones et se déroulent comme des fils, pêle-mêle, pour décortiquer les réalités d’une vie pas aussi fictionnelle qu’on aimerait le croire. L’écrivain de fictions a tendance à éplucher l’information pour la ranger dans des boîtes. Des boîtes noires jalousement gardées par les personnages. Certains donneraient cher pour les enterrer à tout jamais. Mais voilà ! L’écrivain a besoin de les ouvrir toutes, et de connaître l’envers du décor où se jouent les plus belles scènes.

"J’ai l’impression d’être une espionne. Pire ! J’ai l’impression d’être un mouchard ou un calomniateur. J’ai donc à rééquilibrer rapidement ma relation avec nos personnages." - Photo de Kellerpics

Vous comprendrez, je l’espère, que l’écriture de roman comprend donc des temps de latence où l’auteur cherche à se positionner. C’est une façon engagée de trouver le message caché dans le roman qu’il s’encourage à écrire, pour transmettre son point de vue sur la réalité qui nous entoure. Mais, après tout, pendant ces trois mois de création intensive, vous attendez de comprendre comment se débrouille un auteur pour écrire une histoire, tout autant que d’en connaître l’issue. C’est bien l’intérêt de ce passionnant défi. Je tente donc d’aborder toutes les dimensions du travail. Ici, je dirais donc que les temps de latence, de réflexion, de mise en perspective psychologique, s’apparentent à une guerre des nerfs entre les personnages et moi. J’ai l’impression d’être une espionne. Pire ! J’ai l’impression d’être un mouchard ou un calomniateur. J’ai donc à rééquilibrer rapidement ma relation avec nos personnages en écrivant plus vite, plus fort, et sans retenue. Comment ? Paradoxalement, en prenant de la distance, tout en les rassemblant au plus vite. Peut-être me dédoubler aussi… Oui, c’est une idée. D’un côté je jouerai les enquêtrices méticuleuses et impartiales, doublée d’un profileur pervers. D’un autre côté, je jouerai les artistes inspirées, rendant fidèlement la lumière qui apparaît chaque matin au lever du rideau.

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Écrire votre roman : les 3 clés du succès

Vous désirez vous lancer dans l’écriture ? Écrire votre roman sans attendre ? Mais, vous pensez ne pas avoir assez d’éléments pour démarrer ? Découvrez les 3 clés indispensables pour entrer dans le jeu maintenant !

Vous désirez vous lancer dans l’écriture ? Écrire votre roman sans attendre ? Mais, vous pensez ne pas avoir assez d’éléments pour démarrer ? Grande erreur ! Vous n’avez même pas le prénom de votre héros ? Pff… Vous êtes indigne de commencer. D’ailleurs, vous avez une super idée de roman qui vous tient aux tripes mais vous devez d’abord élaborer un plan, puis un scénario, puis… STOP ! Écrire votre roman est une aventure ludique, et vous avez le droit d’entrer dans la partie avec les 3 règles clé que voici. Découvrez ces 3 clés du succès pour entrer dans le jeu dès maintenant ! Vous pourrez également suivre mon défi « écrire un roman en 3 mois… avec mon fils ». C’est tous les jours à partir de lundi prochain (28 octobre 2019). Je vous dis tout en bas de cet article.

Clé n°1 : commencez à écrire votre roman sans même connaître vos personnages

clé n°1 pour écrire un roman
La clé n°1 pour écrire votre roman - photo de Natan Bregalda

Vos séances d’écriture quotidiennes sont votre bouffée d’oxygène

Lancez-vous maintenant ! Les séances d’écriture dont je parle dans mon bonus sont indispensables à l’avancée de votre projet d’écrire un roman, pour vous tenir en haleine. Même si vous ne maîtrisez pas encore les tenants et les aboutissants de votre histoire, commencez à écrire votre roman sans attendre, sans même connaître vos personnages à fond (recevez immédiatement mon kit de démarrage ici – c’est cadeau !). Vous n’avez qu’une vague idée de ce qu’ils font dans la vie ? Vous ne savez même pas encore leur prénom ? Parfois, je colle un nom après une ou deux secondes de réflexion et je le remplace plus tard si besoin (le plus souvent celui qui vient sans réfléchir est le bon). Apprendre à écrire le souffle léger permet d’empiler un nombre invraisemblable d’idées saugrenues et de détails insignifiants, et fera de votre histoire un roman vivant.

Créez-vous un espace-temps protégé et intime

N’ayez pas peur de vous perdre dans une histoire confuse. Vos séances quotidiennes font partie d’un espace-temps spécial. Elles créent une bulle protégée à un moment précis de votre journée, un rendez-vous intime à ne pas rater.  Elles se démarquent des séances de travail dédiées à la structuration du roman. En séance d’écriture, je m’interdis de trop réfléchir. En effet, le jeu est toujours le même : on est dans le rythme de l’écriture sans peur ni reproche. Pas de pause, pas de jugement, pas d’hésitation. Par exemple, quand un mot m’échappe, j’écris le premier qui me vient, et je prends soin de le mettre entre parenthèses pour y revenir plus tard à la correction. Ne fournissez aucune excuse valable pour ne pas instaurer immédiatement votre séance d’écriture quotidienne. Comme l’exercice physique, la séance quotidienne maintient en forme l’écrivain que vous êtes. Cette séance (même de 10 ou 15 minutes par jour) fera de vous l’auteur de votre futur roman.

in love - écriture de poèmes
On est dans le rythme d'écriture sans peur ni reproche, photo emerloppez19

Vos temps de travail et de recherche seront plus dynamiques

Certains objecteront qu’une séance d’écriture est un temps de travail acharné. Katherine Pancole déclare qu’au cours de ses 5 heures de travail quotidien, elle est contente quand elle a pondu deux pages. Je ne parle pas de ces séances-là. La séance d’écriture est pour moi une bouffée d’oxygène qui fait circuler l’écriture dans le sang. Elle ne remplace pas les séances de travail où écriture et recherche se côtoient, où les questions s’empilent, se déchaînent et se décortiquent. Ce sont les temps de submersion qui nécessitent des réponses, obligent à rédiger, corriger, raisonner, critiquer, transformer, épurer, soupeser, remanier. Katherine Pancole illustre bien cette réalité à travers les dessins d’Anne Boudart que vous pouvez retrouver sur la page facebook de l’auteure.

Katherine Pancole
"les séances de travail où écriture et recherche se côtoient", dessin d'Anne Boudart

Clé n°2 : découvrez chaque personnage en les confrontant les uns aux autres

esquisse de personnage
"confrontez les frêles esquisses de vos personnages à des bouts de scènes intuitives", dessin de Mirzet

Esquissez vos personnages sans vous soucier du résultat final

Qui est mon héros ? Comment s’appelle-t-il ? Comment vais-je écrire un roman sans connaître tout de sa famille, de ses amis et de son passé ? Tant de questions se bousculent que vous risquez la surchauffe. Ainsi, si vous confrontez les frêles esquisses de vos personnages à des bouts de scènes intuitives, sans complexe, sans enjeu, sans travail acharné, juste par jeu. Les stratégies, les intrigues, les coups de théâtres, apparaîtront grâce à ce travail d’approche. Là, on apprivoise. Ainsi, vous élaborez, sans vous en rendre compte, le squelette de votre futur roman. Alors, la super intrigue qui vous trotte dans la tête prendra vie, dans la plus pure tradition de l’écrivain heureux.

Écrivez des petits bouts de vie sans vous soucier de leur cohérence

Connaissez-vous suffisamment votre héros pour vous lancer dans l’écriture ? Si vous vous posez encore la question après avoir débuté vos séances d’écriture, dites-vous bien qu’il vit un peu plus chaque jour grâce à vous. Qui est Mia, l’héroïne de mon roman en cours ? Eh bien, je sais qu’elle est belle, le teint caramel, les cheveux aériens et bouclés, les yeux noisette. J’ai élaboré au fil de mes séances un bon nombre d’éléments de sa vie et de son enfance. En somme, c’est comme inventer des petits bouts de vie ! Des dialogues entre personnages mal dégrossis, leurs pensées en arrière plan, leurs sentiments mal perçus ou à peine devinés, leur relation évidente ou leur rencontre fortuite, etc. De là, mes idées se confrontent en vrac ou, au contraire, elles se renforcent au fil des jours. C’est comme si Mia était dans son univers tandis que, moi, je le découvre.

communication de groupe
"Sans l’entourage du héros, il n’y a point de héros." image de Geralt

Créez votre héros à travers le regard des autres personnages

Mon héroïne Mia a un caractère que je ne saurais dépeindre tant que les autres personnages de sa vie ne m’auront pas avoué leurs sentiments. Écrire sur l’enfance de son père adoptif, écrire sur les sentiments de ce père pour sa fille, c’est créer un pan entier de la personnalité de mon héroïne. Sans l’entourage du héros, il n’y a point de héros. Même Robinson Crusoé a son acolyte : Vendredi. La caractérisation de votre personnage se construit au travers de ses traumatismes, de ses réactions face aux autres, de ses haines et de ses passions. Par exemple, son histoire intime explique ses réactions primaires dues aux traumatismes de l’enfance. C’est aussi et surtout le regard des autres qui détermine qui il est et ce qu’il accepte ou non de faire. Qu’est-ce que les autres pensent de lui ? Comment le considèrent-ils ? Que lui demandent-t-ils de faire ?

Pour en savoir plus sur la caractérisation des personnages je vous invite à écouter mon podcast « Comment créer des personnages vivants »

Clé n°3 : préparez-vous à percer les mystères de votre intention

La femme-écriture
"Pourquoi décide-t-elle de partir à l’aventure ? Que cherche-t-elle à se prouver ? J’établis une relation de cause à effet", création de Kellepics

Comment se construit l’écriture de votre roman ?

L’affaire se corse ! Notre héros est souvent le premier personnage que l’on a en tête, il incarne notre idée, notre message. Logique, c’est notre principal outil pour résoudre le conflit, l’enjeu de notre histoire. C’est alors que la question vous démange, celle qui pousse à sortir de l’écriture intuitive, de la zone confortable et douillette de vos séances d’écriture, et à élaborer la stratégie de votre roman : Quel conflit ? À quoi aspire profondément mon héros ? Qu’est-ce qu’il a le plus de mal à accomplir ? À quelle sauce va-t-il être mangé ? Et, enfin, comment va-t-il s’en sortir ? C’est donc là, à ce moment précis que vous devez faire le grand saut et passer en mode pro. Instaurer une plage horaire supplémentaire où l’écrivain insouciant que vous êtes se transforme en coureur de fond, doublé d’un impitoyable manipulateur.

Voir à ce sujet mon fameux article « Secrets d’écrivain enseignés par Derren Brown »

Comment créer le mystère de l’intrigue ?

Que va-t-il devenir ? Que va donc devenir votre héros ? Voilà la question fondamentale. L’importance des autres personnages apparaît alors. Car, en conséquence, que vont devenir les autres ? C’est une préoccupation constante chez votre héros, consciente ou non. Reprenons l’exemple de Mia. Elle se construit autour de sa relation avec Mirko, son père adoptif. Généralement, un héros se construit autour d’une figure dominante, tel un mentor. Ce dernier peut être absent, mais son influence reste dominante. Il cherchera d’autres figures-miroir pour le remplacer. Écrire le parcours du père et de Mia me permet de comprendre la nature exacte de leur relation et d’avancer dans la création d’un objectif de qualité : que cherche mon héroïne, au fond ? Son indépendance ? Pourquoi décide-t-elle de partir à l’aventure ? Que cherche-t-elle à se prouver ? J’établis une relation de cause à effet, je cherche à comprendre si elle fuit, si elle se positionne, si elle cherche à régler un conflit intérieur.

Écrire votre roman c’est en chercher la cohérence !

Ces mystères doivent être percés à jour par l’auteur. C’est pourquoi les va-et-vient entre vos séances d’écriture et votre travail de réflexion est une méthode que je conseille. Elle facilite l’avancée de votre projet. Lors de mes séances d’écriture, je teste des scènes-prétexte pour tester les réactions de mon héroïne. Une scène d’enfance, par exemple, me permet de tester ses capacités. Mia habite chez Flutura, la sœur de Mirko, qui vit dans un village de montagne avec son mari et son fils Milan. On voit les enfants se gaver de framboises, un panier vide à leurs pieds, quand trois gamins débarquent et proposent à Milan de venir chasser le serpent. Dans mon idée, Mia a appris énormément dans la forêt aux côtés de son grand père chamane, puis de Baka, la guérisseuse serbe. Mais, pour que le récit soit intéressant, Mia aura subi un traumatisme psychologique qui lui aura fait tout oublier. Ainsi, ses connaissances sont inconscientes et apparaissent de manière intempestive. Je veux la mettre en situation de réagir vite pour voir comment elle se perçoit elle-même face à la vie.

En résumé, l’auteur d’un roman est le créateur de l’univers !

Vous êtes le garant d’une intelligence supérieure

lettre secrète
"Les protagonistes doivent résoudre une énigme ou un conflit. Mais ce n’est pas gratuit ! " - photo de Pezibear

L’auteur est un incontestable maître du jeu, mais il n’a rien d’un Dieu. C’est plutôt le grand ordonnateur de la vie, celui qui crée les synchronicités, les événements qui poussent le héros à accomplir son destin. Il est à l’écoute, décode les intentions cachées qui poussent les personnages vers ce quelque part impalpable, indécodable pour eux. Ainsi, vous cernez la cohérence du « conflit » qui empêche le héros d’atteindre son but. Il est clairement attiré par quelque chose de plus grand que lui, une force invisible. C’est au fond de lui, quelque part, et vous l’avez compris.

Certes, vous êtes un manipulateur équivoque, mais nul ne sait mieux que vous ce qui est vital dans cette histoire, ce qui est vital pour tous les personnages en présence. Vous avez la mission de les guider vers leur destin, de les aider à écouter leur voix intérieure, vous avez la responsabilité d’être l’intelligence supérieure qui agence l’univers. Vous êtes le garant incontestable de la cohérence de la vie au sein de cet univers.

Gardez les 3 clés d’une écriture vivante

Clé n°1 : Jetez-vous dans l’écriture ! Lors de vos séances d’écriture, ne vous demandez pas si une scène est bonne. Nombre de scènes permettent de créer l’univers de vos personnages, même si elles ne se retrouvent pas forcément dans le roman. Elles ont le mérite de nous faire avancer dans sa construction, ne serait-ce qu’en y ajoutant plus de texture, de matière organique, plus de vie en clair.

Clé n°2 : Cela vous permet de tester l’ambiance, et aussi de choper des idées sur les réactions des uns et des autres. C’est ainsi qu’un personnage peut vous surprendre. Apprendre à mettre les personnages en situation, à chercher leurs repères, se fait aussi en lâchant prise lors de vos séances d’écriture. Vous y découvrirez de précieuses portes d’accès pour comprendre ce qu’ils cherchent vraiment.

Clé n°3 : Mettez en place les conditions matérielles et humaines qui poussent le héros vers un objectif sensé. La question du sens passe par l’étude des relations de cause à effet évoquées plus haut. Les protagonistes doivent résoudre une énigme ou un conflit. Mais ce n’est pas gratuit ! Cette quête les pousse immanquablement vers la révélation de qui ils sont vraiment.

La clé ultime pour réussir l’écriture de votre roman : votre course à l’objectif

C’est bien beau tout ça mais, concrètement, comment garder sa motivation ? Comment croire qu’on va vraiment y arriver ? Depuis que j’ai créé ce blog, il y a un an, j’ai lâché la course à l’objectif. Malheureusement, quand on veut écrire un roman, se fixer une date butoir est un incontournable. La nécessité de pénétrer l’univers de vos personnages devient une course contre la montre et vous transforme, vous aussi, en héros. Pour moi, pas de roman sans date butoir, ne serait-ce que pour entrer dans la course. Qu’on prolonge le délai imparti est une autre histoire.

J’ai donc décidé d’en faire la démonstration en live en me lançant le défi d’écrire un roman en trois mois… avec mon fils. C’est un roman très fun qui a pour thème l’enfant super-héros : Le Projet Line. Il démarre lundi ! Line va grandir mais, en attendant, comment un super héros se débrouille-t-il enfant, et bébé ? C’est la question à laquelle, mon fils et moi allons répondre sous vos yeux, en trois mois.

Le défi est lancé !

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C’est quoi le problème avec votre roman ?

On ne le répétera jamais assez, pour écrire un roman, il faut écrire. Mais, dit comme ça, c’est flou et improductif au regard de tous ceux qui peinent à comprendre pourquoi « ils n’arrivent pas à avancer ». Leur peine est une impression troublante, voire déprimante. Ne cherchez pas plus loin, ils ont le « baby blues ».

L'aveuglement - Photo de Angel Hernandez

On ne le répétera jamais assez, pour écrire un roman, il faut écrire. Mais, dit comme ça, c’est flou et improductif au regard de tous ceux qui peinent à comprendre pourquoi « ils n’arrivent pas à avancer ». Leur peine est une impression troublante, voire déprimante. Ne cherchez pas plus loin, ils ont le « baby blues ». Cherchant désespérément celui ou celle qui les conduira vers une solution, même provisoire, ils oublient d’alimenter le feu de leur passion, et se perdent dans des méthodes de « travail » (ou d’éducation) qui ne les régénèrent pas. À tous ceux-là je dirais deux choses essentielles :

Silence, on tourne !

Pour arriver au bout d’une histoire il n’y a aucune autre solution que d’écrire. Alors, mettez en place un système quotidien de séances alléchantes, vivantes et ultra personnelles. Je les appelle fort simplement des séances d’écriture (je vous donne la recette dans mon bonus cadeau, c’est par ici !) ; un lieu symbolique qui devient avec le temps un univers entier, comme si vous étiez un metteur en scène et que vous placiez là le personnage de l’écrivain. Cette séance deviendra non seulement une bouffée d’oxygène pour l’écrivain que vous désirez devenir, mais aussi la plateforme de production indispensable à l’acheminement de votre œuvre. Il n’y a aucune autre solution que celle-ci, tenez-vous le pour dit !

placez le personnage de l'écrivain
Entrez en scène - Photo de Gerd Altman

Faites de la place !

La deuxième chose essentielle à associer à la première, c’est de constituer autour de cet acte quotidien et salvateur un système. Toute entreprise, quelle qu’elle soit, ne peut aboutir sans que son auteur n’ait une connaissance solide du système dans lequel elle évolue. Si vous vous dites que les choses se compliquent et que vous ne serez pas capable de venir à bout de cette partie du travail, qu’à cela ne tienne ! Mettez en place vos séances sans vous soucier du reste. Et, lorsque votre histoire aura pris la place qu’elle mérite dans votre vie, vous songerez à la nécessité de lui faire une place dans notre société.

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Créez un système à intégrer dans la société -Alexas_Fotos

Fondez une famille

C’est comme lorsqu’on devient parent. Nous sommes confrontés à tant de questions, qu’à chaque jour suffit sa peine. Tant de questions pratiques mettent en lumière notre ignorance, qu’elles nous incitent à la réflexion sur notre rapport aux autres et à nous-mêmes. Seules nos séances d’écriture parviennent à créer ce positionnement de nouveau parent. Nous sommes confrontés de plein fouet à notre propre enfance, à ce vécu enfoui et encore mal intégré.

Apprenez-lui à parler

Si je fais l’analogie entre un enfant et un roman, ce n’est pas pour sortir un bel effet de style. C’est au contraire plus vrai que nature. Pondre une histoire se passe bien souvent dans la plus stricte intimité avec nous-mêmes. Mais, une fois qu’elle est sortie, un travail énorme reste à faire. Si l’enfant, dans notre société, bénéficie de structures éducatives déjà en place, il en va finalement de même pour votre histoire mal dégrossie. Avant qu’elle ne soit en âge d’entrer en rapport avec les autres (le système de diffusion et les lecteurs en bout de chaîne), vous devrez effectuer un long apprentissage, difficile mais passionnant.

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Pondre une histoire se passe bien souvent dans la plus stricte intimité avec nous-mêmes - dessin cdd20

Apprenez-lui la sociabilité

L’éducation est un parcours d’épreuves qui oblige le parent à apprendre à s’apprendre. Vous passerez par la compréhension de ce qui vous anime. Vous chercherez les éléments qui vous manquent encore pour délivrer le message que porte votre histoire. Vous étudierez un système économique qui donnera un sens à ce que l’enfant a à dire. Au final, la création d’un système de diffusion d’une œuvre littéraire est en tout point comparable à la création d’un système de parole chez l’enfant. L’un comme l’autre nécessite un soutien inconditionnel de votre part et une interaction constante avec le reste de la société.

Créez un système de parole - Photo Libellule 789

Acceptez vos responsabilités

La peur d'assumer le devenir de votre oeuvre pourrait bien vous priver de votre rêve

Toutes ces questions pratiques sont bien l’œuvre d’une éducation à part entière. Et vous n’y parviendrez qu’en prenant conscience de votre responsabilité d’auteur (ou de parent). Il s’agit bien d’accompagner le devenir de cette œuvre (ou de cet enfant). Et cela s’apprend. Oui, vous passerez par des étapes encore nombreuses que les méthodes proposées dans les livres et les formations, cette fois, vous aideront à passer. Alors, tenez-le pour acquis, la méthode miracle pour écrire un roman c’est d’écrire, écrire et écrire, écrire et écrire encore. Que vos séances d’écriture soient quotidiennes ou hebdomadaires, je peux vous assurer que vous serez témoin d’un véritable miracle : vous serez devenu l’auteur d’un projet d’écriture !

Persistez dans la compréhension du système

Témoin ahuris d’un tel prodige, vous n’aurez d’autre choix que d’éprouver de la fierté. Malgré tous les reproches que vous trouverez à vous faire. Ensuite (ou parallèlement à ce miracle) vous aurez envie de comprendre comment éduquer votre œuvre. Bien-sûr, si vous ne prenez pas conscience de votre nouveau statut d’auteur et des responsabilités qui lui incombent, vous n’aurez aucun compte à rendre à la justice pour avoir enfermé votre manuscrit dans le tiroir, pour l’avoir jeté dans la benne à ordure ou pour l’avoir caché dans le congélateur. Beurk ! Heureusement, si vous lisez cet article, vous comprendrez qu’une telle œuvre a besoin d’être examinée et nourrie de bien des façons pour devenir adulte.

Dépouillez votre esprit des fantasmes sur l’art

Alors, me direz-vous, quelles sont les étapes indispensables pour éduquer cette œuvre ? Eh bien, j’en suis là aujourd’hui et je vous promets de faire tout ce qu’il faut pour vous faire un compte rendu des épreuves qu’il va me falloir traverser pour y arriver. J’ai installé sur mon blog une nouvelle catégorie au menu. Elle s’intitule « La Main Invisible ». C’est bien le nom de mon enfant, qui a une âme (une héroïne) du nom de Mia Petrovitch. Et je souhaite depuis le début de sa vie qu’elle devienne le nouveau Largo Winch au féminin. Mais, j’ai appris qu’un enfant n’a pas à subir les projections fallacieuses de ses parents pour devenir qui il est vraiment.

Accordez à votre enfance la place qu’elle mérite

La toute puissance d’un écrivain n’est peut-être qu’une de ces idées mégalo dont certains se régalent encore avant d’avoir goûté aux joies d’une écriture simple, dépouillée des fantasmes sur l’intelligence artistique et ses dons inexplicables. Cette croyance castratrice s’apparente fort au syndrome de la mère omnisciente.

Mia Petrovitch est née il y a sept ans. Ses défauts de langage me poussèrent à l’enfermer, mère indigne que je suis !

Mais, aujourd’hui, j’ai compris qu’elle attendait en silence que je lui apprenne tout ce que je sais, et bien plus encore. C’est en m’ouvrant à vous que je saurai en faire une femme. Merci à tous de participer à cette aventure extraordinaire. 

La Main Invisible Prélude

Lorsque la puissance du coup lui déchira les entrailles, l’entraînant face contre terre sur le bitume réchauffé de la rue Tsiaoji, son corps se dévida comme un mollusque.

Pour les curieux aux yeux fermés qui se délectent dans l’écoute…

À toutes fins inutiles

(D’ailleurs, cette scène n’existe pas dans mon histoire. Je vois donc une première erreur. Excellent mais un peu gros. Jamais remarqué avant. Non ? Étonnant. Voire comique. Mais, c’est plutôt positif. J’avance dès le préambule. Ça promet !)

Lorsque la puissance du coup lui déchira les entrailles,

l’entraînant face contre terre sur le bitume réchauffé de la rue Tsiaoji, son corps se dévida comme un mollusque. À ses pieds : Kaoudi Takoma. Le regard rougeoyant, un rictus écœuré sur ses lèvres pincées, le bras droit le plus enragé de Tomotaka Ishida, chef du clan des Ichis, savourait son instant de victoire après des semaines de traque. Il restait planté, enraciné, à reluquer son butin, jambes écartées et bras ballants, incapable de se détourner du spectacle.

Mia avait-elle connu position plus désespérée ?

Comment avait-elle pu en arriver là ? Qu’avait-elle cherché au fond ? Un suicide ? Une vulgaire et basse tentative d’arrêter le flux pathétique de son exaltation bafouée par un amour déchu ? Ridicule. Il y avait longtemps qu’elle s’était forgé une personnalité hors du commun en ne laissant rien ni personne entacher son flegme légendaire. À vrai dire, il serait plus juste de parler d’un véritable mythe dans l’esprit de ceux qui avaient le douloureux privilège de faire partie de son milieu. Après tout, ce qu’elle avait déjà accompli du haut de ses vingt-sept ans, et en dépit des récits exagérés de ses exploits, n’était que le résultat de son tempérament intrépide.

Autant se l’avouer in-extremis, décidément, non, elle n’était pas une super-héroïne.

Sauf pour les agents de l’OMERA qui aimaient à se nourrir de ces fantasmes. Pour appartenir à l’engeance des super-héros, l’aisance affective est une condition préalable aussi déterminante qu’une entente optimale entre le corps et l’esprit. Elle était loin du compte. Pour se fondre dans le lignage, il faut, indubitablement, savoir maintenir en toute circonstance un niveau élevé de conscience. Etait-ce son cas ? Le candidat à l’adoption s’expose à une palanquée de passages obligatoires, au nombre desquels la libération des toxines affectives, basique des basiques exigeant de clouer au pilori le souvenir de la souffrance vécue et l’animosité qui s’épuise à l’escorter.

Le super-héros se doit de happer la peur

du tourment mais il doit surtout éviter que la douleur ne se retourne contre lui dans un misérable sentiment de culpabilité. Pourrait-il en être autrement ? Le super-héros authentique témoigne d’une telle clarté cognitive qu’il assume la responsabilité de toutes ses souffrances sans jamais, au grand jamais, jouer le rôle de victime. Alors que faisait-t-elle là, flanquée par terre comme un ramassis de crevettes raides que tout glaneur sensé aurait délaissé ?

Hé bien, elle devait admettre avoir flanché.

Avec un espoir tout de même : au point où elle avait rétrogradé, elle ne pouvait que vouloir s’accrocher. Elle était comme ça, Mia. Elle avait une telle foi en sa nature humaine. Après tout, le sens du mythe se conforme à la noble quête de l’équilibre après chaque chute.

Jusqu’à maintenant, elle était toujours parvenue à rester libre de toute entrave, à la fois du passé et de l’avenir. Mais n’avait-elle pas dérogé à toutes les règles en décidant d’accomplir une mission qui ne lui était pas dévolue ? Ah ça oui ! Elle s’était lamentablement agrippée à un esprit de revanche qu’elle ne se connaissait pas.

Elle avait laissé le vieux alors à son jardin d’Eden, qui n’avait jamais été aussi menacé.

D’ailleurs, c’est bien pour ça qu’elle était partie, tête baissée. Elle avait menti à son père, ou plutôt omis de dire qu’elle allait disparaître sans autre forme de procès. Elle mettait surtout en danger toute la lignée des combattants chevronnés qui se battaient à leurs cotés depuis plus d’une décennie, juste pour se prouver qu’elle était, elle aussi, une de ces super-héroïnes solitaires qui n’avait de compte à rendre à personne. Enfin là, tout de suite, elle n’était nullement flapie sur une flâneuse à remuer des considérations introspectives aux relents macabres. Alors, bon sang !

Si elle en était là, c’est qu’il y avait péril en la demeure.

Quand même, elle ne pouvait pas renoncer maintenant ! Cette désopilante bouffée d’égocentrisme qui l’entraînait à croire que le monde ne pouvait se passer d’elle lui devenait insupportable. Elle parvenait – pensait-elle – à vouloir se venger d’elle-même, pour finir écrasée sous les sabots redoutables d’un yakusa de la pire espèce. Vaine tentative. L’instinct de survie était bien trop bestial chez elle, impossible à débouter.

Ouah ! Ça fait drôle de se revoir dans un style engoncé !

C’est à la fois effrayant et enrichissant.

Et si j’intègre  le sentiment désagréable éprouvé à la lecture de ce préambule ?

Ce « prélude » va débuter notre super cas d’étude ! Et si mon vieux bébé livre du tiroir ne fait pas l’affaire, on s’en apercevra très vite, vous ne pensez pas ?

Au fait, c’est quoi un prélude exactement ?

Passez par chez le glossaire. Venez, c’est par là…

PRÉLUDE (entre autre) :

« Ensemble des gammes, accords, etc., qu’un virtuose improvise parfois avant d’attaquer le morceau » Finalement, mon prélude peut s’apparenter à ça… je le garde !