Comment aimer ce qu’on écrit ?

Bonjour tout le monde ! Aujourd’hui j’aimerais répondre à une question qui m’a été posée et qui me trotte dans la tête depuis quelques jours. En effet, si je préconise les séances d’écriture quotidiennes où on écrit sans réfléchir (voir ma méthode d’écriture en 3 clés), il est légitime de se demander : « Et, si on n’aime pas ce qu’on écrit, qu’est-ce qu’on en fait ? » On reprogramme son mental !

 Reprogrammez votre mental et dégagez le gremlin !

Magie intérieure-Leandro De Carvalho
"Explorez la vision que vous avez de vous-même !" Oeuvre de Leandro De Carvalho "Magie intérieure"

Remettez en question votre propre jugement

Avant d’explorer ce rapport à votre écriture qui vous pousse à un examen critique, remettez en question la vision que vous avez de vous-même. Et, par ricochet, la valeur portée à ce que vous écrivez. Une relecture qui se conclue par « c’est pas bien, c’est nul, c’est pas intéressant » n’est qu’un auto-sabotage en règle. Instaurer des séances d’écriture quotidiennes vous permettra de maintenir votre mental, votre énergie et votre vision dans une même direction. Pour garder le cap, il est indispensable de faire taire cette petite voix qui vous dit : « c’est nul, je n’y arriverai jamais ».

Nous avons tous notre petit gremlin qui se tient derrière nous, penché au-dessus de notre épaule, à lire notre travail en grimaçant de dégoût. Le mien ne cessait de répéter « Beurk ! C’est de la merde, non mais regardez-moi ça ! » L’étape fondamentale à dépasser, c’est de dégager le gremlin. Le faire disparaître demande du temps et de l’endurance, mais il y a de nombreux exercices qui pourront vous y aider. Je vous partagerez au fil du temps tout ce que j’ai appris pour ce faire. En attendant, suivre mon défi « J’écris un roman en 3 mois » vous montrera, en pratique, comment concilier vos séances avec le travail d’écriture proprement dit.

 Libérez votre créativité

Avant de commencer mes séances d’écriture, j’avais lu le livre de Julia Cameron, « Libérez votre créativité ». L’auteure nous propose un processus d’exercices pratiques sur 12 semaines. Ce livre m’a beaucoup inspirée. À l’époque j’ai compris que nos habitudes de pensée pouvaient être revisitées par des mécanismes d’actions quotidiennes. Alors, j’ai décidé de prendre des cours de peinture pendant un an. Mon objectif était de répondre au gremlin. À ce problème de jugement intérieur sans fondement, je décidais d’aller chaque semaine, avec une régularité de métronome, m’assoir devant une toile blanche, exécuter une peinture sans réfléchir ni me juger, et sortir un résultat à l’issue du temps imparti. Pas de jugement, pas d’autre enjeu que de « faire » un travail artistique sans le juger au moment de son exécution.

L’avantage ? Si je me permettais d’avoir un œil critique sur mes peintures, je réitérais pourtant chaque semaine le même processus de création. Et alors ? Hé bien, j’ai appris à émettre une critique sur mon travail sans que ça ne m’empêche de revenir à ma table de travail pour en exécuter une nouvelle sans juger la création en cours. Résultat ? Le gremlin s’est évanoui dans la nature, la queue entre les jambes, incapable de supporter ce nouveau jeu de dupes. Au bout d’un an, ce mécanisme de séances m’a permis de travailler ce rapport au jugement qui casse le souffle de notre création. Ma devise était : « C’est pas parfait, mais c’est fait ! »

Lancez-vous des défis extravagants

Cette année-là annonçait ma décision d’être écrivain. J’étais prête à dompter le gremlin. J’ai alors décidé de m’installer à la terrasse du café de mon quartier pour jouer le rôle de l’écrivain. On dit souvent que, pour se forcer à adopter un nouveau comportement, le mieux est de faire semblant, de se mettre dans la peau de ce nouveau personnage auquel on s’identifie. Pour devenir écrivaine, me suis-je dit, autant jouer le rôle maintenant. Voilà maintenant 6 ans que je me suis un jour assise à cette terrasse en m’imaginant entourée d’une équipe de cinéma avec le réalisateur criant : « ça tourne ! » Je m’en souviens encore. Me voilà scribouillant avec frénésie sur mon cahier. Cherchant à jouer mon rôle avec le plus de crédibilité possible, j’étais entourée d’une tribu de bonshommes étonnés et inquiets.

Ils se demandaient si je n’étais pas un agent des Renseignements Généraux. Moi, les joues en feu et la main tremblante, n’osant relever la tête, je refusais mordicus de me demander ce que je foutais là ! Allez, ça tourne ! Tu es dans un film, Alice, assure ! Sachez bien que c’est en relevant ce genre de petits défis qu’on s’aperçoit par la suite l’importance qu’ils ont eue. On se remercie de s’être alors pris au sérieux. On rit de ses hontes puériles et on se remercie encore et encore d’avoir trouvé dans le jeu le meilleur moyen de se libérer de nos mécanismes enfantins. Ces mécanismes inconscients pourrissent notre vie d’adulte qui ne correspond pas à nos rêves d’enfant.

Comment jouer le jeu de l’écrivain ?

un écrivain écrit forcément pour les autres Photo de Leandro De Carvalho
Comment vous permettre d’émettre un jugement sur ce que vous écrivez sans d’abord travailler sa structure et sa mise en forme ? Photo de Leandro De Carvalho

Changez le rapport que vous entretenez avec vous-même

Vous éprouverez donc peut-être de l’inconfort au cours de vos premières séances d’écriture. C’est une excellente chose ! Accrochez-vous à elles dans un premier temps jusqu’à ce que vous constatiez qu’elles vous sont aussi nécessaires que l’air qu’on respire. Le jeu de l’écrivain est également important pour se mettre dans la peau de celui qui raconte. Sous entendu : un écrivain écrit forcément pour les autres, ses lecteurs. Le jeu de rôle que je vous propose a donc un double intérêt.

Se prendre pour un écrivain c’est :

  • Faire confiance à l’exercice d’écriture en sortant de soi-même. Littéralement, vous n’êtes plus là ! Vos pensées introspectives ou nombrilistes se sont fait la malle.
  • Raconter une histoire, c’est donc naturellement écrire pour les autres, pour être lu.

Vous avez ici les deux piliers fondateurs qui vous assurent d’être l’écrivain rêvé sans plus vous poser de questions. Il ne vous reste plus qu’à écrire… Maintenant, LA question relevant de la construction de l’édifice vous demandera de nouvelles compétences à acquérir et à expérimenter, ou beaucoup de chance. Appréhender l’architecture d’un roman, ça s’apprend. S’arrêter au jeu de l’égo qui pousse à se demander si ce que vous écrivez vaut la peine d’être « aimé » est prématuré.

Comment, en effet, vous permettre d’émettre un jugement sur ce que vous écrivez sans d’abord travailler sa structure et sa mise en forme ? Pensez-vous qu’un architecte incapable de mesurer son talent en travaillant à ériger des édifices habitables se sentirait architecte ? Il pourrait dessiner des bandes dessinées formidables, peut-être, mais il chercherait à vivre de son art d’une manière ou d’une autre. Il y a quelques années, un pont tout neuf s’est écroulé près de chez moi. Dans l’écriture, les erreurs sont moins fatales, c’est une bonne chose quand on y pense, non ?

 Changez surtout la vision que vous avez de l’échec

La reconnaissance socioprofessionnelle est pour moi une question tout aussi essentielle que la première, mais elle arrive en deuxième temps. Je pense en effet qu’un écrivain heureux est un écrivain reconnu, capable de vivre de son art.

Être un écrivain reconnu c’est :

  • Se confronter à la critique, quelle que soit la manière dont vous vous y prendrez. C’est accepter les compliments, les flatteries, comme les dénigrements, les reproches ou les moqueries.
  • Chercher à promouvoir ses textes en découvrant la stratégie qui vous convient, échouer ou réussir et continuer à écrire avec une régularité vraie (on ne fait pas semblant d’écrire en se plaignant que le travail n’avance pas).

Quand je parle d’échec, je ne parle pas du sentiment d’échouer. Tester une stratégie, c’est s’assigner un objectif et en mesurer la réussite ou l’insuccès en fonction du résultat visé. C’est clair. Des critères précis doivent l’accompagner. Là, on avance et on continue, le gremlin n’a rien à faire dans les parages. Le « J’aime ou j’aime pas » n’est pas un critère professionnel de sélection. Refusez de vous fourvoyer dans le sentimentalisme trompeur pour vous donner des excuses.

Le métier d’écrivain est un métier comme un autre dès lors qu’on décide de se confronter aux obstacles que tout professionnel rencontre au cours de sa carrière. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Si vous lisez cet article c’est que vous aimeriez écrire et faire découvrir votre talent à vous-même, comme aux autres. Le plaisir d’écrire est là, c’est évident, mais le travail nécessaire pour aller au bout d’un projet exige de débloquer certains mécanismes de croyance et d’auto-sabotage qui nous empêchent d’avancer.

En pratique, comment aimer ce qu’on écrit ?

Livre rêvé
Ces séances d’écriture sont une matière mouvante, vivante, en apparence déstructurée, mais qui me rapprochent de la création d’un organisme qui, bientôt, sera solidement ancré dans la vie - Photo de Leandro De Carvalho

Amassez du texte sans vous arrêter

Pour commencer, soyez sûr d’une chose : tout passe par la régularité de vos séances d’écriture (que vous optiez pour des séances de travail acharné ou des séances d’écriture libre). Plus on écrit et plus on augmente le pourcentage de « waouh ! », c’est mathématique. Si vous vous imposez votre quart d’heure quotidien, vous vous approprierez votre travail d’écriture. Vous casserez le mécanisme de jugement qui vous empêche d’aller loin et d’accomplir votre propre chemin vers l’excellence. Si c’est trop douloureux, choisissez sans hésitez le quart d’heure de plaisir que je vous prescris et ne ratez pas une séance !

Une fois la mécanique bien huilée, qu’est-ce qui vous garantit que vous allez aimer ce que vous écrirez ? Dans mon défi « J’écris un roman en 3 mois », il y a beaucoup de dialogues et de scènes que j’écris et qui ne sont que des pistes pour la suite, elles sont mal placées, ne présentent pas un intérêt dynamique immédiat dans le récit en cours, et ne seront peut-être même pas reprises. Pourtant, elles servent à me faire avancer, à me questionner et à me donner des idées. J’en tire des éléments précieux, de minuscules images qui alimenteront les scènes futures et qui, elles, auront toute leur place dans l’histoire. Ce fonctionnement est possible uniquement parce que je crois dur comme fer que j’arriverai au bout d’un récit complet.

Apprenez à vous détendre sur le résultat escompté.

Ces séances d’écriture sont une matière mouvante, vivante, en apparence déstructurée, mais qui me rapprochent de la création d’un organisme qui, bientôt, sera solidement ancré dans la vie. Durant mes séances où j’écris sans m’arrêter, en réfléchissant à peine, je m’offre une possibilité de me plonger dans une histoire qui tire sa cohérence dans les jours qui passent, dans une régularité. Des séances quotidiennes, certes imposées, mais dont la règle est de se faire plaisir.

Lors de ces séances, je suis libre de m’emballer, de me tromper, de ne pas me juger, de ne pas écrire comme je le voudrais. Des fois, on se laisse aller, on a l’impression d’être l’instrument d’une force invisible qui nous dicte et nous rend inventif, on vit « l’effet waouh ! », des fois oui, mais pas toujours. Cette réalité triviale, de ne pas écrire comme on rêverait toujours de le faire, est inhérente au travail d’écriture, qu’on se le dise ! 

Alors, c’est bien joli, ça, de vous exhorter à écrire sans réfléchir et sans vous juger mais, « qu’est-ce qu’on fait quand on n’aime pas ce qu’on a écrit ? »

devise apprécie le processus
Accrochée à mon bureau, ma devise de l'année est : "apprécie le processus" !

Quand le pas est franchi, l’aventure ne fait que commencer. Les difficultés seront nombreuses. Pour moi, les séances d’écriture s’apparentent au gouvernail de mon navire. Je m’accroche à lui pour traverser l’océan jusqu’à la terre promise. Ces séances d’écriture m’ont également permis d’apprécier le processus d’écriture, même quand les terres rencontrées n’étaient que de simples escales. Je parle ici de l’écriture de nouvelles. Ces petites histoires que j’écrivais en une ou deux semaines ont été un entraînement bénéfique pour appréhender la construction d’un récit. J’avance désormais plus sûrement vers un continent inconnu, sans savoir si je le trouverai, mais j’ai appris tant de choses en matière de navigation, que je me sens aujourd’hui plus légitime à tenir la barre, confiante, sereine, et sans gremlins sur le pont.

Pour vous partager mon expérience je vais décortiquer tous les exercices qui m’ont appris à écrire libre et confiante. En attendant, mon défi « Un roman en 3 mois » fera très bien l’affaire pour observer en live cette mécanique d’écriture. Terminées donc les apartés ! Place à la suite de notre roman qui, je vous le rappelle, doit se terminer dans 9 semaines. 

2 réflexions sur « Comment aimer ce qu’on écrit ? »

  1. Je suis dyslexique et dois commencer mon travail de bachelor.
    c’est ce que j’avais besoin pour arrêter de me décourager.

    Merci beaucoup 🙂

    1. Bonjour Pim, merci pour ton message. Et bravo pour ta motivation et ton courage. J’aimerais te demander ce que tu envisages de mettre en place pour te motiver au quotidien. Certaines techniques de coaching te seraient utiles. N’hésite pas à me contacter si tu en ressens le besoin et je t’offrirai mon aide avec plaisir. Quelques petites astuces pour ne pas flancher, par exemple. Voilà voilà, ne lâche rien. Bon courage, Alice

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