Naissance d’une super héroïne

j'écris un roman avec mon fils

Salut tout le monde ! Je suis super contente de démarrer ce premier épisode de notre marathon « J’écris un roman en 3 mois… avec mon fils ». Vous allez voir que cette première séance d’écriture est remise à la page dès le premier débriefing avec Anton. En effet, à la lecture de ces premières idées de départ, des objections fusent et je les note en marge pour les intégrer à la séance du lendemain. Pour rappel, j’ai proposé à mon fils de 13 ans de participer à mon projet d’écrire un roman en trois mois sur le thème d’un enfant super hérosSi vous avez raté l’annonce de ce défi, je vous invite à lire mon article précédent où je partage ma méthode des 3 clés pour kiffer l’écriture de votre roman.

L’auteur a ses croyances que je ne saurais voir

l'auteur et ses héros
L'enfant est un conteur fascinant, photo AD_Images

Nous sommes le premier jour des vacances et, la veille, l’idée m’est apparue comme une évidence. J’avais fait part à Anton de mon inquiétude qu’il passe ses vacances sur la PlayStation. Il m’expliquait alors qu’il testait justement un nouveau jeu où il était un super héros, dans un scénario à la « heroes » (série culte contemporaine que je lui avais conseillé). Ça fait plus d’un an maintenant qu’Anton ne lit plus un bouquin. À 13 ans, l’influence parentale a largement perdu du terrain, et les sorties bibliothèque sont de l’histoire ancienne.

Anton avait commencé l’écriture d’une histoire de super héros qui l’a vite mené dans le cloître de la croyance limitante (voir ma vidéo où je parle de sa douloureuse expérience à la dixième minute) Bref, il accepte de participer au défi et, dès le lendemain matin, je lui fais un topo sur ma première séance de travail. Il m’arrête net quand je parle du père de Line. Non, ce dernier ne sera pas ce mec un peu paumé mais sympa, non ! Le père de Line est méchant, agressif, voire violent. Ce qui permettra à Line de s’opposer à lui et de partir sauver sa mère sans lui demander son avis. Mais ne brûlons pas les étapes. Voici, dans l’ordre, comment les choses se sont passées. 

Première séance d’écriture : l’histoire familiale

sous la tempête
Quels sont les pouvoirs d'un enfant sous les tempêtes familiales ? Dessin de AnalyseArt

Un couple au bord de la crise de nerfs

Line est une enfant de 5 ans qui présente des capacités, des super pouvoirs. Sa mère voit qu’il y a des trucs pas normaux. De plus en plus angoissée, elle ne supporte plus le déni de son mari et a même arrêté de travailler pour s’occuper exclusivement de Line. Malgré cela, son mari continuera de nier l’évidence au sujet de sa fille. Il pense que sa femme veut en faire une enfant à part, une surdouée. Pourtant, une amie de la famille, collègue du mari, est d’accord avec la mère : Line n’est pas une enfant comme les autres.

Qui est le mari ? Un informaticien, technicien du son et musicien à ses heures. Il travaille beaucoup mais ne gagne pas lourd. Souvent en déplacement, il tente d’arrondir les fins de mois en créant des sites internet. Mais, son kiff, c’est la musique. Il était DJ étant plus jeune. Elle, elle bossait comme infirmière psychiatrique, un dur métier. Malgré tout, elle adorait son job, elle restait cool et empathique. La situation lui met les nerfs à vif. Les disputes au sein du couple sont de plus en plus fréquentes.

Une enfant pas comme les autres

Bébé, Line était nerveuse. Elle se débrouillait mieux que les autres, tant physiquement que mentalement (capacités motrices et cognitives). Dans les jeux de cubes et autres manipulations, son kiff, c’est l’équilibre des objets, elle fait des assemblages qu’un enfant de son âge semble incapable d’élaborer. Pareil pour son équilibre corporel. Très tôt, elle synchronise ses mouvements et se tient debout à 6 mois.

Quand sa mère reprend le travail, la nourrice est inquiète. Line ne réagit pas comme les autres enfants. Elle ne supporte pas la maladresse des autres bambins, le désordre, la bouffe qu’ils étalent partout. Chaque objet ou aliment qui tombe provoque des crises, elle s’énerve et pleure jusqu’à ce qu’un adulte y remette de l’ordre, c’est flippant.  De plus, Line refuse de manger si elle ne tient pas le biberon toute seule, puis la cuillère. Rapidement, elle refuse les couches, et le pot est donc introduit très tôt. Elle crise en poussette et pour tout ce qui ne lui permet pas de maintenir son équilibre par elle-même.

Un événement tragique se prépare

Le père commence à s’inquiéter, mais il refuse que sa fille aille consulter un psy. En dépit de ses réticences, sa femme conduit Line chez différents spécialistes : une orthophoniste, une psychologue, une psychomotricienne, et même une sophrologue. Mais Line ne coopère pas du tout. À 3 ans, elle entre à l’école maternelle et c’est le carnage ! C’est à ce moment là que sa mère quitte son job à l’hôpital et que la situation va basculer. La première image qui m’est venue est une situation de crise. Une image choc est souvent celle qui fait tilt et qui nous dit : « Là, je tiens quelque chose ! ».

Le débriefing : des éléments clé de l’histoire

Line tornade de sable
"Line crée un tourbillon de sable super violent qu’elle ne maîtrise absolument pas"

Trouver l’origine d’un mystère

De retour de ma séance d’écriture, je lis tout ça à Anton. J’explique aussi que les parents se disputent de plus en plus, que la mère va craquer et quitter la maison, laissant sa fille seule avec son père. Il faut qu’on sache d’où viennent les super pouvoirs de Line. Sa mère est d’origine asiatique, adoptée à la naissance, elle ne connait rien de ses origines (évidemment faut bien un mystère à éclaircir et une histoire logique qui explique les pouvoirs de Line). Je pense que la mère est partie à la recherche de ses racines. Je pense aussi qu’après le départ de la mère, Line sera suivie par un psychiatre pas comme les autres, conseillé par une amie de la famille qui est au courant. Le père n’a pas le choix. Et puis, ce psychiatre est très spécial, il en sait plus qu’il ne veut bien l’avouer. Il pourrait secrètement être en communication avec la mère, qui se retrouve dans un village isolé, une île peut-être, où les gens cachent leurs pouvoirs. D’ailleurs, il existe encore quelques communautés isolées dans le monde. Paraît même qu’on les laisse tranquille pour ne pas leur refiler nos microbes. Enfin, ça, c’est une autre histoire…

Dès les premières lignes, les objections fusent

— Non ! Le père est méchant, dominateur et riche ! Si la mère disparaît, il lui faut de l’argent. Et si elle est en danger, Line voudra partir à sa recherche. Il faut qu’elle en ait les moyens quand même !

— Ok, ça se tient ! Mais ça demandera un peu plus de recherches. Si les parents étaient des gens comme nous, ça aurait été plus simple. S’ils sont riches… j’avais une scène en tête quand j’ai imaginé Line. La fillette est dans le bac à sable d’une aire de jeux, comme celle où j’allais quand vous étiez petits, et là, pour la première fois, la puissance de ses pouvoirs se manifeste. Elle crée un tourbillon de sable super violent qu’elle ne maîtrise absolument pas. Elle et les enfants qui l’entourent auraient pu y rester ! Sa mère arrive à l’en extirper et à calmer la fillette toute flippée. C’est cet épisode qui pousserait la mère à tout larguer et à laisser le père se débrouiller (c’est bien un fantasme de mère, ça !). Mais s’ils sont riches, l’environnement n’est pas le même. La mère n’est pas infirmière et, en plus,  ils ont des gens de maison.

L’apparition du mentor, la figure dominante

Le majordome ! D’accord, le père est un gros riche vraiment pas sympa, mais il y a Winston, le majordome ! Il est noir aux cheveux blancs. Calme, grand, rassurant et bien habillé. C’est le seul ami de Line, c’est lui qui va s’occuper d’elle quand sa mère sera partie.

— Ouais, super idée. En revanche, on n’est pas dans une série américaine, je ne suis pas sûre que l’élite française s’entoure de majordomes noirs et fidèles. Et puis, Winston est un nom britannique. Mais bon, on ne va pas s’embarrasser de détails pareils. L’important c’est surtout de déterminer comment les pouvoirs de Line se manifestent. Pour moi, tout est dans l’équilibre. Imagine-la à l’école et qu’elle maintienne sur sa table une barrière de crayons en équilibre. Regarde (je pause un crayon à la verticale), le crayon ne tient pas facilement debout, tu vois.

La force intérieure confrontée à la force sociale

— Imagine qu’elle en fasse une rangée de crayons devant elle, continuai-je.. Si quelqu’un se déplace et crée un mouvement d’air, elle le détourne sans s’en rendre compte pour maintenir les crayons en équilibre. Mais si quelqu’un vient à poser brusquement sa main sur la table, elle s’énerve. Dans la réalité, si nous étions témoins d’un tel phénomène, il y a peu de chances qu’on se dise : « cette fillette a des super pouvoirs ! ». Les adultes chercheraient plutôt à se débarrasser du problème en se focalisant sur les réactions disproportionnées de Line. La directrice de l’école convoquerait les parents, expliquant que Line est inadaptée au milieu scolaire.

Voilà comment ce premier épisode se termine. Au prochain épisode, nous nous attacherons à avancer sur la question suivante : comment se manifestent les pouvoirs de Line ? Elle possède des pouvoirs kinesthésiques, assurément. Mais comment fonctionnent-ils les premiers mois et les premières années de sa vie ?

Cette question centrale trouvera ses réponses au fil des semaines. Si vous avez des suggestions et des idées, n’hésitez pas à les proposer en commentaires ou directement en réponses par mail. Et comment les adultes peuvent gérer une enfant pareille ? Line ne supporte pas le désordre, la bouffe ou les objets qui tombent, elle a un besoin vital d’équilibrer son corps (voire son esprit) à l’espace qui l’entoure. Pas simple tout ça, et c’est bien l’intérêt. Une telle histoire ne manquera pas de piquant !

Deux épisodes par semaine sont prévus le lundi et le jeudi ! À très vite !

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

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4 réflexions sur « Naissance d’une super héroïne »

  1. Seb Carré dit :

    Salut.
    J’adore le concept. Et tu es loin du classique « Les pouvoirs se déclenchent à l’adolescence », ce qui change.
    Hâte de lire ton oeuvre, moi qui suis tombé dans les comics quand j’avais huit ans et ai écrit 6 livres dessus (Avec un 7eme en cours…)
    Cordialement.

    1. Génial Seb merci pour ton retour. N’hésite pas à partager les références de tes bouquins pour qu’on puisse les trouver ! Perso, j’ai découvert les comics à 18 ans, j’étais plutôt dans les classiques et les surréalistes. L’enfance d’un super héros ? Je crois que ça vient. J’ai repéré sur Netflix Black Lightning et surtout « Comment élever un super héros » 🙂 c’est pas du grand art mais la série a touché un point intéressant. Emparons-nous en ! Et puis, l’apparition de pouvoirs et donc le sentiment de « pouvoir » est une affaire complexe chez l’adulte, dont l’émotion est déjà recouverte d’une couche invraisemblable de croyances bétonnées. Allez ! Ce n’est que le début. Demain, je vais aller faire un tour dans les archives de « Science et Vie » pour trouver des idées. Si tu as des pistes de recherche à me conseiller, je suis tout ouïe. Merci encore pour ton message d’encouragement. Amicalement, Alice

  2. Trois mois ! Waow, quelle équipe ! Pourra-t-on lire un extrait ? J’étais une enfant qui tombait beaucoup…Sans superpouvoirs (à ma connaissance, ou alors super super secrets), à l’équilibre précaire pour cause de trauma crânien dans l’enfance. Une institutrice (à l’époque ce n’était pas encore des P.E.) avait contraint mes parents à me faire pratiquer un test de QI… parce que je me m’allongeais sous le pupitre pour récupérer un stylo tombé à terre… La pauvre ! Elle s’est ridiculisée. Peut-être appuyer un peu sur l’hostilité du milieu scolaire envers les enfants « différents » pourrait vous donner une scène riche en émotions ?

    1. Mais carrément ! 2 fois ! Oui, je vais poster tout ce que j’écris, les scènes aussi. Mais il faut savoir qu’à la fin du marathon, il y aura probablement deux ou trois mois de correction avant la publication du livre. C’est comme ça que je fonctionne, toute la période d’écriture se fait en roue libre, comprenant réflexions et recherches, j’écris jusqu’au point final, puis je retravaille tout de A à Z. Pour ce qui est de notre rapport à l’école et à l’éducation en général, c’est un sujet très sensible qui touche absolument tout le monde et je crois que chacun d’entre nous avons beaucoup de choses à dire, à lâcher, à digérer. Ce roman sera un bon exutoire 🙂 Je comprends ton intérêt pour le personnage de Line et je te remercie pour ton message. Je pense sincèrement que tes avis nous seront infiniment précieux au cours de l’écriture de cette histoire. Jeudi, justement, le deuxième épisode explorera la façon dont fonctionne ce rapport à l’équilibre. J’espère que tu pourras retrouver en Line les émotions qu’un enfant ressent quand il n’est pas compris. Ce sentiment d’impuissance lorsqu’il ne sait pas ce qui lui arrive et comment les choses sont sensées fonctionner. L’enfant a de puissants mécanismes de défense face à ça, qui peuvent prendre de multiples formes. Un soutien extérieur ou intérieur, un guide qui le rassure. Pour survivre, chacun de nous a pu s’appuyer sur quelque chose. Qu’est-ce qui nous a aidé enfant ? Nous aurons bien le temps d’y réfléchir ensemble au cours de ces 3 mois. Merci encore pour ton témoignage Vie QuatreSixQuatre. À jeudi avec grand plaisir, Alice

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