Le retour en terrasse de nos identités meurtries

Je reviens pour la première fois depuis des mois, à la terrasse de mon bureau du matin, ce bar de quartier dont j’ai fait mon QG depuis tant d’années.

Je reviens pour la première fois depuis des mois, à la terrasse de mon bureau du matin, ce bar de quartier dont j’ai fait mon QG depuis tant d’années. J’y ressens l’incrédulité ambiante, l’identité meurtrie de ses habitués absents. J’y retournerai chaque jour pour vous écrire, jusqu’au prochain coup d’État.

Le retour incrédule en terrasse

Je suis assise à la terrasse de mon café. Le soleil brille et les oiseaux chantent, je les entends. J’entends le vent dans les arbres et, pourtant, le boucan des voitures le couvre sans relâche et sans honte, cette honte qui a percé dans l’esprit de nos contemporains lorsque tout s’est arrêté l’année dernière. Elle a fait un petit trou quelque part. La terrasse est déserte, mais la chaussée ne cesse d’être le théâtre de l’absurde ruissellement de notre douleur. Le grondement agressif des moteurs me crève le cerveau, et je ne pense même plus à ce que la vie urbaine peut être sans lui. Bref ! Que me réserve d’extraordinaire cette nouvelle journée ? Pour être heureux, dit Tara Swart dans « La Source », la nouveauté et les relations affectives doivent nourrir quotidiennement notre vie.

L’expression forcée du confinement

J’ai un travail en cours. En fait, ce travail est fait. Mais, je traîne des pieds pour le retranscrire. J’écris tout sur des cahiers. Rares sont les fois où j’écris directement sur l’ordinateur. Ce double travail est rarement fait avec plaisir, je dois l’avouer. Lâchant mon quotidien recadré par la dictature du confinement, j’ai eu soudain la furieuse envie de revenir écrire à mon bar du matin. C’était comme une démangeaison intellectuelle, une envie folle de vous écrire. Est-ce que je vais écrire chaque jour, comme sur un blog où l’auteur se raconte, sans chercher à se faire connaître ou à vendre sa soupe ? Je reprendrai l’écriture de mon roman une fois mon travail en cours entièrement retranscrit. C’est un travail important traitant de l’affaire Séralini. Je triture l’esprit des chimistes industriels, ces héritiers de notre perversion.

La violence larvée de la dictature en marche

Que vous est-il arrivé cette année où la dictature tente d’achever son instauration ? J’imagine que, comme moi, vous avez combattu la descente aux enfers. Je ne saurais vous dire à quel point je le sais, alors que des pédopsychiatres expliquent avec effarement se trouver face à des cas d’enfants qu’ils n’ont, jusqu’à présent, rencontré uniquement dans les livres. Cette littérature scientifique relatant les cas de traumatisés de guerre, sont aujourd’hui traités dans les cabinets médicaux français. Ce confinement justifié par la seule volonté politique a fait des dégâts insoupçonnés. C’est un crime d’État dont la plupart d’entre-nous perçoivent la réalité au tréfonds de leur âme. Notre colère est sourde, mais bien ancrée désormais, dans l’esprit de chaque français, qu’elle soit consciente ou refoulée. La violence qui finira par éclater sera lourde de conséquences pour l’Europe.