Comment écrire un roman sans perdre l’attention du lecteur

Comment écrire un bon, un excellent roman ? C’est la question qui m’obsède et à laquelle je réponds en écrivant « Le Projet Line ». Décortiquer en live ma méthode d’écriture. Voilà ce que je nous offre !

Comment attribuer un sens à son roman et toucher le lecteur

garder un secret est une torture
"La sœur n’a pu échapper à la pression et ne s’en est pas sortie. Dans le roman de Line, le lecteur doit vivre cette pression exercée sur notre héroïne."- La torture du secret : photo de Comfreak

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

Ça vous tente ?
unique !

Comment mon roman vogue entre l’écriture des scènes et la construction d’un suspense

"Je peux me raccrocher à la question centrale : à quoi sont destinés les superpouvoirs de Line ?" - Photo de Comfreak

Rendre l'aventure fantastique...

Tu me suis, là ?
unique !

Après l’article sur le suspense et les textes que nous avons échangés ensemble, j’écrivais une scène, ce matin, où Line se retrouve seule dans le jardin de l’école avec sa professeur de biologie. Line vient d’arriver dans son nouveau pensionnat. Ses parents l’y ont déposée le matin même pour sa toute première semaine. En attendant l’arrivée des autres enfants, elle se trouve avec Estelle Frausier, docteur en biologie cellulaire, passionnée de botanique et reconvertie en institutrice dans une école privée de Bordeaux. Bien évidemment, cette école n’est pas commune. Rien de spécial pour des enfants spéciaux, non. C’est une école que seuls les plus riches peuvent se payer avec les meilleurs professeurs. Quand l’argent est disponible, tout est possible, non ? Alors voilà, Line devine la pensée d’Estelle frausier et, naturellement, y répond. Estelle est surprise de la coïncidence, mais elle ne se dit pas, au premier abord, que Line lit dans les pensées. Non, bien sûr que non. D’ailleurs, si vous y pensez, il en faudrait beaucoup pour que quelqu’un se dise qu’untel sait lire dans les pensées ou a des superpouvoirs. Je me demande soudain s’il est judicieux de commencer ce roman en révélant au lecteur que Line a des pouvoirs extrasensoriels. Cependant,  remettre en question tout ce que j’ai écrit jusqu’à présent serait bien embêtant, vous en conviendrez.  Yves Lavandier dit qu’un bon écrivain en est capable. Il appelle ça « l’épreuve de la poubelle ». Je préfère me dire que je divague. De plus, je peux me raccrocher à la question centrale que j’ai identifiée précédemment dans mon article sur le suspense : à quoi sont destinés les superpouvoirs de Line ?

Comment j’explore les questions qui se rattacheront au point de vue défendu dans mon roman

mécanismes mentaux
"La sœur de Joe devint mentalement déséquilibrée" - Mécanismes mentaux Photo de Comfreak

C'est quoi son nom, déjà ?

LINE D'HARANGUIER
unique !

Je me suis abonnée à INRESS TV. Des tas de vidéos sous forme d’entretiens et d’émissions y sont accessibles sur les sujets qui nous intéressent pour le roman. Joe Mc Moneagle, médium ayant travaillé pour les services secrets américains, parle de son parcours. Lui et sa sœur jumelle avaient des dons de voyance et, rapidement, leurs parents ont exigé d’eux qu’ils n’en parlent surtout à personne. Joe raconte que sa sœur n’était malheureusement pas à l’aise avec ça. Elle était apparemment incapable de garder « ça » pour elle. Probablement obsédée par l’obligation de cacher sa clairvoyance, elle éprouvait le besoin de confier ses visions et, face à la question du tabou et à l’incompréhension de la société, voire à l’hostilité de son entourage qui aurait préféré ne rien savoir, sa frustration a dû se retourner contre elle. Obligée de consulter un psychiatre, elle fut rapidement mise sous prescription médicale. Joe croit qu’elle fut victime de déséquilibres mentaux à la suite de cette prise en charge

Dans l’émission, il ne donne pas plus de détails sur son enfance. C’est dommage, mais ça me donne matière à réflexion. J’ai déjà envisagé l’enfance de ma super-héroïne sous la pression de cette réalité. Dans une société rationaliste, je pense qu’une tendance à la schizophrénie menace toute personne sensible ayant un don développé de clairvoyance (vision à distance et médiumnité). 

La sœur de Joe devint mentalement déséquilibrée. Lui s’en est plutôt bien sorti. L’armée a fait appel à un gaillard solide. L’idée que, dans cette situation, la femme ne se retrouve pas sur un pied d’égalité avec l’homme me traverse l’esprit.

Comment je mesure ces questions selon la tension émotionnelle qu’elles génèrent

Les parents auraient-ils évalué le problème différemment pour le fils et la fille ? Différencié leur éducation chez l’un et l’autre, même inconsciemment ? Le garçon bénéficie souvent de plus de latitude, l’inquiétude parentale étant souvent moins exacerbée que pour une fille. Il est donc possible que la pression fut plus forte sur la sœur. Plus sensible à cette position, manifestant peut-être aussi plus d’empathie, la sœur se retrouve dans un cercle vicieux, exacerbant l’anxiété de ses parents. L’empathie n’est pas forcément une attitude positive envers l’autre, genre bisounours. Je pense au contraire que quelqu’un capable de s’identifier aux souffrances d’autrui se trouve dans une situation délicate à gérer. Certes, la relation parent-enfant est très particulière. Mais, généralement, la plupart d’entre-nous cherchons à éviter de s’approprier les problèmes des autres, de les faire nôtres, n’est-ce pas ? S’en détacher permet de mieux les canaliser. Dans une attitude excessive, l’empathique peut non seulement souffrir face à la souffrance d’autrui mais, de surcroît, penser que le problème de l’autre est le sien. La confusion mentale n’est pas loin. 

Donc, voilà où se loge ma question n°1 pour le scénario du roman : Line va-t-elle en parler ? Depuis qu’elle est petite, Winston, le majordome, lui a appris à mesurer l’étendue de son secret. Line est sensée être plus intelligente que la moyenne de ses contemporains parce qu’elle intègre les informations avec un feedback de son mentor qui, naturellement, lui apprend à utiliser ses connaissances acquises grâce à ses dons. Entendre son père et Winston penser à la gestion des usines doit bien lui être utile. Elle apprend plus vite et plus en profondeur. Le soutien de Winston lui a donc donné une grande longueur d’avance.

Comment se poser les bonnes questions pour maintenir le lecteur en éveil

Maintenez votre lecteur en éveil par la magie de l'écriture
"Va-t-elle se trahir ? Si oui, va-t-elle se sortir du piège qu’elle aura tissé ?" La sorcière, photo de Comfreak


Line n'est pas seule...

Suis-nous !
unique !

Les questions qui tiennent le lecteur en haleine doivent être reliées au sens profond de l’histoire

"Peut-être ne savons-nous pas tisser les fils correctement." La Toile de Ilona

Malgré tout, en débarquant à l’école, la multiplicité des interactions va forcément compliquer ce travail d’intégration et peut-être même la déséquilibrer. Va-t-elle savoir gérer ? La question n°2 suit la première : le lecteur doit-il savoir que Line a des pouvoirs ? Je ne peux pas faire autrement. L’intérêt du travail effectué n’aurait plus du tout le même sens. J’imaginais le lecteur aussi ignorant qu’Estelle, surpris par cette petite qui semble lire dans les pensées… Mais, le lecteur ne peut ignorer que Line a des pouvoirs. Je devrais réécrire tout le scénario. Vous me direz : ton scénario n’est pas encore écrit. Bah, si, quand même un peu. Il y a la scène du bac à sable qui réactive les cellules dormantes de l’ennemi. Il surveille  Cécile, la mère de Line, depuis son adoption il y a trente ans. Non, même si le lecteur connaît l’existence des pouvoirs de Line, il ne sait pas à quoi ils sont destinés. Moi non plus, d’ailleurs, pas encore. Et, la question est : va-t-elle se trahir ? Si oui, va-t-elle se sortir du piège qu’elle aura tissé ?

"J’imagine la sœur de Joe, prisonnière d’une toile d’araignée qu’elle a elle-même tissée" - photo de Cari R.

C’est un peu comme ça que j’imagine la sœur de Joe, prisonnière d’une toile d’araignée qu’elle a elle-même tissée. C’est peut-être les autres qui l’emprisonnent en l’encourageant, par ignorance, à s’entortiller dans ses fils. Il est possible que nous soyons tous des tisseurs sans le savoir, que l’existence de la toile nous échappe, et que l’ignorance nous aveugle et nous emprisonne. Ou peut-être ne savons-nous pas tisser les fils correctement. Joe et sa sœur les voient, eux. Mais, tandis que l’un apprend à les tisser, l’autre n’en a pas eu le temps.

Comme les fils invisibles de la toile, les questions de l’auteur tissent la trame de son roman

le centre de la toile
"Nous sommes, en quelque sorte, le centre d’une toile d’araignée qui nous relie aux autres" Photo de Johannes Plenio

Tiens, ça me fait penser au personnage de la tisseuse écrit par Déborah Harkness dans « Le Nœud de la sorcière » (voir mon article à ce sujet). Ce livre parle aussi du besoin vital de maîtriser l’art de tisser. Chez les sorcières, le tissage énergétique est un don. Il y a aussi l’histoire des fils invisibles de Castaneda, qui partent du nombril et nous relient au monde. Nous sommes, en quelque sorte, le centre d’une toile d’araignée qui nous relie aux autres. Lorsqu’ils bougent sur nos fils, nous sentons les vibrations émises, comme celles que provoque la mouche piégée dans la toile. Une toile multifonctionnelle : moyen de communication, organe de défense et arme d’attaque se confondent. 

histoire de super-héros
"Les questions sont invisibles mais bien présentes" Spiderman, par Dušan Naumovski

Dans une histoire de super-héros comme celle de Line ou de Spiderman, les questions sont invisibles mais bien présentes. Alors, Line va-t-elle s’engluer dans son propre piège ? Ses parents vont-ils pouvoir l’aider ? Quel plan Andy Shartz (le méchant) va-t-il fomenter ? Il pourrait l’aider à tisser la toile pour mieux la maintenir sous son emprise. Une grande bataille s’engage alors. Antoine, le père de Line, a les moyens de protéger sa fille. La mère, Cécile, est reliée aux pouvoirs de sa fille. Aidée de Thomas, le psychiatre, parviendra-t-elle à la sortir de là ? Et si le roman était un labyrinthe de souterrains, des souterrains temporels ? Lorsqu’un héros s’engage dans l’initiation, tout le monde doit suivre dans l’obscurité de ces souterrains, à tâtons.

Un super-héros est un leader. Non seulement il voit les fils briller dans l’obscurité des souterrains mais, il sait également comment les tisser pour remonter à la surface. Oui, Line devra apprendre à voir les fils (ses pouvoirs) et à comprendre leur triple fonction : moyen de défense et d’attaque, moyen de communication.

Trouver la question qui maintient le lecteur en éveil, c’est trouver le centre de ses préoccupations

l'araignée tisseuse
"Line est face à un adversaire redoutable, mais le lecteur ne devra le découvrir qu’à la fin." Photo de SplitShire

Je suis sûre que les parents de Line sauraient sortir leur fille de là ! Mais Line acceptera-t-elle leur aide ? Déjà, elle aura subit les séquelles de son inexpérience de tisseuse (confrontation avec le corps médical). Ensuite, notre méchant de l’histoire, Andy Shartz, pourra très bien opter pour une autre tactique. Bien que responsable des déboires de Line dans le monde cruel de la psychiatrie, il finira par l’attirer dans un piège bien ficelé. Pendant un temps, Line lui sera redevable. Secouée, ne sachant plus à qui faire confiance, elle finira par lui manger dans la main. C’est ce qu’il pense en tout cas, et le lecteur aussi. Ce que j’aime le plus dans les romans, c’est quand le héros semble se rallier à l’ennemi, avec un plan que le lecteur ignore. Line a trop souffert pour faire entièrement confiance à qui que ce soit. Si elle sait lire dans les pensées, elle doit pouvoir s’en sortir, non ? Mais, Andy Shartz est expérimenté. Bien que Line ait grandi, Shartz a un avantage sur elle : il connaît les mécanismes de ses pouvoirs et leurs origines. Et il a une armée de « sujets psi » à son service.

Alors, encore une fois, comment notre héroïne va-t-elle s’en sortir ? Line est face à un adversaire redoutable, à sa mesure (et le lecteur s’en doute mais ne devra le découvrir qu’à la fin). Pour l’instant, Shartz est le gros méchant. Il lui proposera une porte de sortie, alors qu’il est le vrai responsable des problèmes psychologiques de Line. Le lecteur fulminera, sachant qui il est vraiment, ou pas…

comment notre héroïne va-t-elle sortir ?
Qu’est-ce que le lecteur ignore ? Surréalisme, par Gerd Altmann

Pour résumer, deux questions importantes : qu’est-ce que le lecteur ignore ? Est-ce que Line va pouvoir tenir sa langue et éviter de gros ennuis en gardant l’étendue de ses pouvoirs secrète ? En clair, quelle est sa force de stratégie et son talon d’Achille ?

Tension, pression, injustice : l’émotion est le matériau nécessaire à l’orchestration suspense

le lecteur doit vivre cette pression exercée sur notre héroïne
"Épouvantés de traiter leur fille de névrotique ou plus certainement de schizophrène" Photo de Szilárd Szabó

J’imagine le sort de la sœur de Joe. L’angoisse de ses parents. En plus, ils avaient deux exemples opposés : la maîtrise du secret par leur fils et l’incapacité de leur fille à tenir sa langue. Ils devaient vraiment être malheureux de savoir la vérité sans trouver personne à qui en parler. Épouvantés de devoir se plier aux exigences du corps médical et enseignant, et traiter leur fille de névrotique ou plus certainement de schizophrène.

 Leur fille devait être perturbée, forcément, mais ils n’ont trouvé aucune aide appropriée. Il a dû y avoir beaucoup de discussions entre eux et leurs enfants, parfois dramatiques. La sœur n’a pu échapper à la pression et ne s’en est pas sortie. Dans le roman de Line, le lecteur doit vivre cette pression exercée sur notre héroïne, comme sur son entourage. Personne n’est insensible à l’injustice, selon son degré d’implication…

 Nous devrons vivre cette tension crescendo, qu’elle devienne insupportable, comme si nous vivions nous-mêmes ce drame au sein de notre propre famille. Mais, l’intérêt dans tout cela est de comprendre comment la toile est créée, comment il est possible d’en connaître les points d’amarrage, et les mécanismes de fabrication. Je cherche ce qui nous rassemble dans notre quête de l’équilibre : découvrir comment se servir de nos fils pour être capables de tisser notre propre toile.

La quête de l'équilibre
On en revient toujours à cette question d'équilibre - Le Yin Yang de Cari R.

C’est ça, au fond, que le lecteur cherche à apprendre : comment être au centre de la toile sans se faire piéger ? L’auteur a exactement le même espoir. Il y a un nœud, au cœur de notre humanité, constitué de deux fils, celui de la science et celui de la spiritualité. Notre seul espoir est peut-être d’apprendre à le dénouer. Affaire à suivre…

Le suspense, l’ingrédient magique du récit, selon Bernard Werber

Pour notre roman, nous avons beaucoup de jeux à mettre en place avec le lecteur, beaucoup de possibilités à ne pas laisser passer. Bernard Werber suggère de noter en marge les moments de l’histoire où le lecteur croira avoir découvert le mystère…

Comment structurer son roman autour d’un mystère central ?

En quête de suspense Photo de Dariusz Sankowski
En quête de suspense Photo de Dariusz Sankowski

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

Ça vous tente ?
unique !

Comment Bernard Werber découvre l’ingrédient secret

Le cours n°4 de la masterclass en ligne de Bernard Werber traite du suspense (voir son cours n°3 sur l’utilisation du tarot). Oh, pas de grandes théories dans ce petit cours, mais une histoire. Déjà, si ça peut rassurer les écrivains débutants, le premier jet de son célèbre roman « Les Fourmis » n’était pas très digeste. Il manquait de ce qu’il appelle « la balle de tennis jaune ». Pour faire court, Bernard Werber comprit ce qu’il manquait à son roman le jour d’une randonnée en groupe qui tourna au fiasco. En effet, le soir venu, son petit groupe de randonneurs se perdit dans la montagne. Trouvant finalement le refuge à une heure avancée de la nuit, affamés et transis, les membres du groupe étaient extrêmement tendus. L’un d’eux proposa alors de raconter une blague.

À la racine du jeu se trouve le suspense

Elle consistait à maintenir l’auditoire en haleine par l’histoire d’un fils qui, à chaque grand événement de sa vie, refusait le merveilleux cadeau de son père en demandant une simple « balle de tennis jaune », promettant de lui dire un jour pourquoi. Après un accident, sur son lit de mort, le fils dit au père qu’il devait absolument lui révéler la raison secrète de ses demandes répétées. Mais, il mourut avant d’avouer le mystère. Ce jour-là, Bernard Werber découvrit le pouvoir du suspense. Alors que les randonneurs s’étaient disputés et même battus au cours de leur errance, ils se laissèrent embarquer dans l’histoire, oubliant la faim, le froid et l’animosité, se réconciliant et riant du mauvais tour que leur avait joué le conteur.

Le roman n’est-il qu’un jeu de pistes ?

Pour notre roman, nous avons beaucoup de jeux à mettre en place avec le lecteur, c’est vrai, beaucoup de possibilités à ne pas laisser passer. Bernard Werber suggère de noter en marge les moments de l’histoire où le lecteur croira avoir découvert le mystère. Il devra tomber dans nos pièges, en quelque sorte, l’orientant sur une fausse piste. Encore une fois, il nous incite à penser l’écriture comme un jeu. Cette fois, c’est entre nous et notre lecteur. Pour « Le Projet Line », le mystère réside évidemment dans l’origine des pouvoirs de Line, notre héroïne. Mais le suspense, bien qu’il se définisse clairement dans les questions dramatiques du genre « Line va-telle parvenir à maîtriser ses pouvoirs ? », se retrouve partout dans un roman, comme les battements d’un cœur qu’on ne cesse d’entendre, où que l’on aille.

Quelle technique narrative utiliser pour inventer son propre jeu ?

exploration-Selvazzano Dentro
Exploration-Photo de Selvazzano Dentro

Rendre l'aventure fantastique...

Tu me suis, là ?
unique !

Trouver la meilleure question à poser au lecteur

Line va-t-elle découvrir l’origine de ses pouvoirs ? C’est bien probable. Comment fonctionnent-ils ? L’intérêt est de suivre Line dans cet apprentissage. Gagnera-t-elle en humanité ? Ah, ça, on ne sait jamais. Comment l’auteur va-t-il évoluer, c’est bien la question ? Va-t-il se laisser envahir par ses propres démons et faire basculer son personnage à travers les plus sombres recoins de sa psyché ? Mystère ! Line déjouera-t-elle les plans machiavéliques de l’ennemi ? Tout dépend de qui est l’ennemi véritable. Comprendra-t-elle à temps qu’il veut l’exploiter ? Qui profite de qui dans cette histoire ? Encore un mystère, évidemment ! D’accord, ces questions forment le socle d’une bonne histoire mais, Bernard Werber souligne qu’il faut faire preuve de subtilité, en usant de techniques narratives éprouvées.

Structurer son récit comme une chasse au trésor

« Dès qu’un organisme vivant entreprend quelque chose et que le résultat est incertain, on a de la dramaturgie », rappelle Yves Lavandier pour expliquer le principe du récit. Dans «  Construire un récit », Yves Lavandier commence par la base : « le principe objectif-obstacle ». On va quelque part mais, va-t-on y arriver ? Suspense… Provoquer ce suspense, c’est amener le lecteur à se poser une question, jusqu’à la rendre si pressente qu’il tourne les pages avec fébrilité. Pour se faire, jalonner le récit d’indices et de fausses pistes, comme dans une chasse au trésor, est in-dis-pen-sable ! Oui, il y a bien des mystères à servir au lecteur. Pourtant, nous devons trouver le plus essentiel, celui qui fera vibrer l’édifice jusqu’à la fin. Qui est Line ? Que va-t-elle devenir ? Ces questions dramatiques sont naturelles mais, la question mystère, quelle est-elle ? Qu’est-elle vraiment capable de faire avec ses pouvoirs ? Voilà sa quête personnelle déterminée ! Et, combinée à la chasse, le jeu devient exaltant.

Construire le mécanisme du suspense autour de la répétition

Bernard Werber souligne d’ailleurs que le principe de « la balle de tennis jaune » ne peut fonctionner qu’avec le principe de la répétition. Le désir de savoir est ainsi alimenté et la frustration enclenchée (ce qu’on appelle aussi « la tension dramatique »). Ce désir est nourri au fil du récit pour pousser le lecteur à tourner les pages, encore et encore, jusqu’à la fin. Si le lecteur est amené à se poser des questions, l’auteur doit lui procurer des indices qui, naturellement, lui donneront le pouvoir d’émettre des hypothèses. Reste que le lecteur doit ressentir le pouvoir d’une seule question essentielle. Deviner ce qu’il est vital de savoir. Alors, vous en ferez un lecteur investi, actif, invité à répondre. Comme s’il était entouré d’amis, au coin du feu, marqué par l’ambiance et buvant les paroles du conteur. Dans ces conditions, si la question se répète et que l’hypothèse est systématiquement invalidée (« subtilement ! » précise Bernard Werber), la tension monte et le lecteur attend le dénouement. L’auteur est donc responsable de l’ambiance par la mécanique du suspense.

À l’apparente complexité du roman, se substitue le jeu de la question et des sous-questions

chasse au trésor photo de Tumisu
chasse au trésor - photo de Tumisu

C'est quoi son nom, déjà ?

LINE D'HARANGUIER
unique !

Dans une chasse au trésor, les indices sont nos sous-questions

Qui est l’ennemi infiltré chez les d’Haranguier ? À cette question, il devra se trouver une scène où les ennemis de la famille d’Haranguier parlent de cet espion mystère, sans que le lecteur ne puisse l’identifier. Qui est infiltré dans l’entourage de Line depuis tant d’années ? Plus tard, un nouvel indice relancera la question, puis un autre. Et, tandis que le lecteur se perd en conjectures, le danger se précise et les personnages soupçonnent, eux aussi, un ennemi dans leurs rangs. La seconde condition pour que le jeu fonctionne, c’est donc que la question se répète. Il faut la mettre en scène. Dans le camp ennemi, le lecteur apprendra qu’un renseignement essentiel vient d’être fourni par notre espion mystère. La nature de ce renseignement donne un indice au lecteur. Il ne tient qu’à l’auteur de l’amener à croire qu’il a trouvé le traître, par de faux indices : l’espion était dans les parages, par exemple, ou venait de recueillir une confidence dont il pouvait en déduire la vérité. Chaque sous-question doit donc rapprocher du but : répondre à la question principale.

Trouver la question qui fait vivre l’histoire et donne un sens à notre quête

Vu comme ça, c’est vrai qu’on a de quoi s’amuser. Néanmoins, l’existence de cet espion doit donc apporter un sens à notre quête. Chaque élément, chaque scène, chaque personnage est là pour répondre au questionnement principal induit par l’histoire : qu’est-ce que Line est vraiment capable de faire avec ses pouvoirs ? À quoi sont-ils destinés ? C’est en écrivant cet article que j’ai fini par comprendre que la vraie question se trouve là ! Il me semble qu’Hitchcock voyait les choses comme ça : rien ne fait office de décor ou de bouche-trou, le moindre détail a un sens pour diriger le lecteur. Et c’est bien pour comprendre tout cela que je décortique l’écriture de mon roman en cours : « Le Projet Line ». Notre espion — il s’appelle Henry, s’est inscrit à la fac dans les mêmes cours que Cécile, bien avant la naissance de Line — ne doit pas être là pour amuser la galerie où faire frissonner le lecteur. Mais, avant de pouvoir comprendre le sens de mon propre récit, j’ai fouillé la personnalité, le rôle et les enjeux qui animent mes personnages.

 Nos sous-questions (ou sous-objectifs) sont tous reliés à notre quête

Prenez le père de Line, par exemple. Antoine est un homme autoritaire et puissant qui a une position ambigüe dans l’histoire. Grand stratège, Antoine doit faire penser au lecteur qu’il a probablement un plan afin d’aider sa fille à s’en sortir. Mais, rien n’est moins sûr. S’il fomente vraiment une stratégie contre l’ennemi, un homme tel que lui n’a-t-il pas l’intention d’en tirer profit ? Capable de se mesurer à l’ennemi, Antoine serait pourtant le plus à même d’aider Line. Nous devons absolument nous demander s’il est pour ou contre sa fille, pour ou contre les résistants qui s’allient à sa femme (les résistants ont des pouvoirs et se cachent de l’ennemi), pour ou contre l’ennemi ? Sa personnalité secrète, ses actes de tyrannie, nous obligent à nous poser systématiquement la question. Mais, finalement, maintenant que j’ai trouvé ma quête (À quoi sont destinés les pouvoirs de Line ?), mes sous-questions (ce qu’Yves Lavandier appelle les sous-objectifs) sont guidées, portées par le sens de cette quête.

Et si nous faisions ensemble l’exercice de la balle de tennis jaune ?

La balle de tennis jaune de Bernard Werber - Photo de Felix Heidelberger
La balle de tennis jaune de Bernard Werber - Photo de Felix Heidelberger


Line n'est pas seule...

Suis-nous !
unique !

Le roman est donc un jeu de cohérence. Désormais, en me demandant quelles sont les réelles motivations d’Antoine et les conséquences de ses décisions, je vais pouvoir y répondre systématiquement en cohérence avec la question centrale qui sous-tend désormais l’existence de tous mes personnages. Cette question secrète les relie tous. D’une façon ou d’une autre, tous mes personnages doivent constituer une partie de la réponse. Je vous propose de faire l’exercice de la balle de tennis jaune. Je l’ai fait ce matin, en une demi-heure, avant la publication de cet article. En apparence, l’exercice n’apporte rien mais, dans les faits, il provoque un mécanisme de réflexion qui permet de connecter à la question. Je vous propose de rassembler nos textes dans le prochain article, ça nous permettra de revenir sur ce thème essentiel qu’est le suspense. Lancez-vous !

Pour m’envoyer votre texte, et le voir publié dans notre journal d’auteurs rien de plus simple, je suis derrière tous les points de contact de ce blog. Les abonnés le savent bien, je réponds toujours à vos mails ! Alors, à vos claviers les amis ! Une demi heure à une heure d’écriture pour trouver votre balle jaune. Bernard s’est inspiré de la porte de Barbe bleue. Moi, de Line qui ne peut avoir d’amis. Allez, top chrono !  L’exercice est de jouer avec notre cerveau  ! S‘amuser, sans jugement ni prétention. Laisser son imagination agir selon une intention, une consigne, et rien de plus. L’en-jeu est enfantin.

Le tarot de Bernard Werber : misez l’avenir de votre héros en cinq arcanes majeurs

Dans sa masterclass en ligne, Bernard Werber nous invite à tirer les cartes pour écrire votre roman et sceller le sort de votre héros. Ce tirage du tarot trace le voyage initiatique du héros et invite l’écrivain à suivre.

Le temps est une simple unité de mesure. Donc, il y a des chances qu’à la seconde où nous avons décidé de changer d’année, nous ayons propagé une onde spéciale, qui attire une vague d’énergie nouvelle sur laquelle nous surfons à l’instant même. Comment accueillir cet avenir avec la plus grande sagesse ? D’abord, pour fêter l’événement, je me suis offert la masterclass en ligne de Bernard Werber (oui oui encore des cours ! Mais ceux-ci tombent à pic pour notre projet 2020 : la naissance de Line d’Haranguier, notre super-héroïne française !). Et je mets en pratique l’exercice. Bernard Werber nous invite à faire un tirage de cartes pour prédire la destinée de notre héros. Génial pour commencer l’année ! Ne riez pas, l’issue de mon tirage est tout à fait satisfaisante. « Ne trichez pas ! » prévient Bernard. Promis ! Seulement, une sixième carte s’est imposée…

Le tarot de Bernard Werber vous ouvre les portes de votre roman

"Un chemin initiatique s’ouvre : comment vivre avec ses personnages ?" - Photo de Lisa Che

Explorez les mécanismes du roman initiatique à l’aide du tarot

Bernard Werber nous révèle qu’il utilise l’art divinatoire du tarot pour savoir comment ses personnages vont évoluer.

Il est l’auteur de nombreux romans initiatiques (à différencier du roman d’intrigue comme les romans policiers) où le héros change et se transforme par étapes au cours d’une série d’épreuves (L’Odyssée — Le voyage d’Ulysse — est l’expression même du roman initiatique). « Les Fourmis », écrit il y a 20 ans, est le plus célèbre des romans de Bernard Werber.

Je me suis inscrite à sa masterclass en ligne, qui se décline en quatorze chapitres. Des petits cours aussi ludiques qu’efficaces pour nourrir notre pratique de l’écriture. Je suis contente de mon cadeau ; il célèbre bien notre passage en 2020.

Passons aujourd’hui au chapitre 3 sur les mécanismes du roman initiatique. Ici, Bernard Werber nous présente les vingt et un arcanes majeurs du Tarot, comme les fondements immémoriaux du récit : 

« La plupart des malheurs qui nous arrivent dans la vie semblent obéir à l’évolution du tarot où s’enchaînent les épreuves pour maintenir le héros éveillé. »

Bernard Werber utilise l'art divinatoire du tarot pour décider du sort de son héros
« Tirez vraiment les chiffres au hasard », prévient Bernard Werber

Ouvrez les portes de la réalité non ordinaire en un seul tirage

Prenez un jeu de tarot, tirez cinq cartes et décidez de l’avenir du héros de votre histoire — si vous n’avez pas de jeu sous la main, faites comme moi : tirez-les sur un site de voyance, ça fera parfaitement l’affaire. C’est drôle, vous savez, mais j’appréhendais d’entrer dans une année 2020 empreinte de mysticisme. Finalement, après le « passage », je trouve ça exaltant !

passage en 2020
2020 unwritten... pas encore écrite

Dans le jeu de tarot, les arcanes majeurs sont des personnages symboliques (interprétables). « Le Mat » n’a pas de numéro ; il ouvre et ferme le jeu ; il est « le fou », le passage entre la matière et l’esprit, le « pas » « sage ». Moi aussi je cherche les passages invisibles, pour m’introduire dans l’univers de notre super-héroïne aux pouvoirs incompris. Si vous obéissez au tirage du tarot de Bernard Werber, vous jouerez le jeu ! Vous entrerez dans le roman que vous écrivez. Parce que, justement, vous entrez dans la partie ! Vous serez peut-être surpris d’accéder à la réalité de vos personnages, surpris d’être enfin à leur côté.

Obéissez au tirage du tarot pour embarquer au côté de vos personnages

Un simple exercice, un simple jeu, et votre perception se transforme : vous éprouvez désormais ce même sentiment d’impuissance face aux forces du destin. Une certaine humilité pourrait vous toucher. Un chemin initiatique s’ouvre : comment vivre avec ses personnages ? Au cours de cette initiation, les réalités se côtoient, un dialogue démarre, un équilibre s’établit.

Ce matin, par exemple, je faisais un plan de l’école que Line va intégrer. Dessinant un schéma du bâtiment, imaginant des ateliers par ci et des jardins par là, je vois Line en cours de sculpture ou de jardinage. J’imagine même des séances de lecture, clamée sous les arbres par un petit groupe d’élèves. Inventer une école wahou c’est top !

Face au sort prononcé par le tirage du tarot, je vois bien, désormais, ce qui va se passer. Et le sentiment d’obéir à une force extérieure nourrit mon approche. Je veux en savoir plus, connaître mes personnages pour pouvoir les aider. Je me sens soudain embarquée sur le même bateau, aux prises avec le destin !

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

Ça vous tente ?
unique !

Tirez cinq arcanes majeurs pour sceller le destin de votre héros.

Le destin voulu par le tarot
"Je me sens soudain embarquée sur le même bateau que mes personnages, aux prises avec le destin !" - Photo de Rirriz

Apprenez à respecter l’évolution initiatique du tarot en suivant l’ordre des cartes

Le moment du tirage a peut-être son importance. Interpréter le sort de vos principaux personnages alors qu’ils sont déjà nés (l’héroïne, son entourage et la figure de l’ennemi), c’est exaltant ! J’avais déjà une idée de ce qui se préparait : le point névralgique de l’aventure était identifié, là où tout commence et où tout finit. Une île des Philippines d’où proviennent les pouvoirs de Line… D’un coup, ma position a changé, mon point de vue a basculé ! Pas de doute, observer les instructions de l’oracle nous interroge sur la face cachée de notre histoire. Allez, c’est parti ! Parmi les 22 arcanes majeurs, tirez cinq cartes au hasard. Placez-les ensuite de manière à marquer les quatre points cardinaux, la cinquième carte au centre. Ces cinq emplacements représentent chacun un élément du récit. Afin de vous éclaircir, je livre ici les résultats de mon propre tirage sur le premier roman de Line d’Haranguier. Embrasser ce tirage d’un coup d’œil, c’est comme, en effet, contempler la destinée de notre héroïne. Le sort en est jeté !

En quelques clics, scellez le sort de votre héros et accordez-lui une destination

Mais, je vous préviens, j’ai pris l’exercice au sérieux. Vu que j’ai le scénario du Projet Line à finir avant la fin du mois, jouer l’humilité et laisser la prophétie s’accomplir me va parfaitement ! Le tirage du tarot de Bernard Werber me permet d’entrer dans mon roman. Il trace le voyage initiatique du héros et invite l’écrivain à suivre. Je n’entre pas encore dans la peau du personnage mais je suis juste derrière lui. Ambiance… À gauche, une première carte définit notre héros au début de l’histoire. À droite, la deuxième carte interprète l’aventure qu’il s’apprête à vivre.  En haut, une troisième carte annonce ce qui va l’aider. Et, en bas, une quatrième décrit ce qui ne l’aide pas, ce qui va lui compliquer la vie. Enfin, la cinquième carte, au milieu, explique comment tout ça va aboutir.

« Tirez vraiment les chiffres au hasard, prévient Bernard Werber. Regardez les détails de la carte, les personnages présents, leur fonction et leurs attributs, regardez les couleurs, laissez parler votre créativité et votre imagination. »

Rendre l'aventure fantastique...

Tu me suis, là ?
unique !

Face aux coups du sort l’auteur se fait tout petit et entre dans l’univers du héros

Grâce au tirage du tarot de Bernard Werber, l’auteur lâche son besoin de contrôle et défend le monde de son roman comme le sien ! Il ne le contrôle plus, il en fait partie. Il faudrait donc faire confiance aux cartes. Pourquoi ? Pour que les choses ne se passent pas comme prévu. Un écrivain qui obéit à un tirage est confronté aux limites de sa propre logique. Ainsi amené à composer avec des croyances et des évidences étrangères, ses intentions primaires se rebellent et sortent de leur tanière. C’est là que cette initiation devient intéressante : elle déjoue les risques du métier.

En effet, l’auteur risque de prendre le contrôle du récit puisque ses désirs, ses préjugés et ses peurs fuitent insidieusement dans l’écriture de son histoire. Dans ce cas, le lecteur est lésé et l’auteur se lèse lui-même. Par contre, s’il joue le jeu, le tirage du tarot le force à abandonner sa toute puissance. S’il accepte son sort, qu’il s’y plie, il entrera alors dans l’univers de son héros.

Mon premier tirage avec le tarot de Bernard Werber 

Notre héroïne, au départ, tombe sur L’Hermite.
Elle est seule, n’a plus d’amis, c’est la traversée du désert. L’Hermite parle d’intériorisation, de solitude, mais aussi de travail de recherche et de sagesse. Si Line se retrouve confrontée dès le début aux difficultés, à l’incompréhension, elle doit ressentir une certaine angoisse qui la mure dans le silence. Line semble mal.
L'allié est déterminé par la lune
Troisième carte : Ce qui l'aide (l'allié)
L’Aventure qu’elle doit vivre tombe sur L’Empereur.
Il est dans l’action ! Apprend à Line à se construire et à agir. Archétype du père, solide, expérimenté et responsable, il correspond tout à fait au portrait d’Antoine. Mais ce n’est pas lui qui guidera sa fille dans l’aventure. Car, si l’Empereur incarne l’Autorité, la puissance et la stabilité, Line suivra les conseils d’un autre Empereur.
Le Héros sera déterminé par l'Hermite
Première carte : Le Héros
L'aventure aboutit à la carte du changement, aussi appelée la mort
Dernière carte : Comment ça aboutit
Deuxième carte : L'Aventure
Ce qui va aider le Héros, l’élément allié, tombe sur La Lune.
Pour ne pas se faire dévorer par les loups, Line doit apprendre à apprivoiser son côté sombre. À comprendre et contrôler ses pouvoirs en soignant ses blessures. Elle s’aventure au cœur de ses racines, l’Empereur à ses côtés. Mais, son contact de plus en plus profond avec La Lune lui ouvre de nouveaux horizons.
L'obstacle déterminé par le jugement
Quatrième carte : Ce qui ne l'aide pas
L’obstacle, pour l’héroïne, tombe sur
Le Jugement.
Line est incitée au changement. Elle reçoit un coup de semonce. Le jugement est un message, parfois même un miracle ! Mais, en tout état de cause, elle doit payer de ses erreurs. Le jugement peut prendre l’apparence d’un piège, d’un abus de pouvoir. Cependant, quand le couperet tombe, c’est que le Héros est prêt à l’endurer.

L’Hermite sous la coupe de l’Empereur, ça donne quoi ?

Carte n°1 Le Héros Le début du roman est marqué par « L’Hermite », ce qui veut dire que Line n’est pas très sociable. Elle est effectivement isolée des autres et va devoir sortir rapidement de sa retraite. Ou bien son isolement deviendra un véritable handicap. Justement, elle intègre en ce moment même une école privée à Bordeaux ! D’accord, j’écris l’enfance de Line d’Haranguier mais, qui va-t-elle devenir ? Une jeune personne qui trouve dans la solitude un monde supérieur ? Elle expérimente d’autres réalités. Ainsi, les difficultés de la vie sont mises en parallèle avec les réponses d’un autre monde. Elle acquière une certaine sagesse qui la met en porte-à-faux avec sa génération. Classique !

Carte n°2 L’Aventure Ensuite, sa rencontre avec l’Empereur marque une période d’installation. Il y a deux empereurs dans mon roman (le père et le méchant). Line fera donc le choix de quitter la protection de son père pour accepter l’aide d’un homme qui le vaut en tous points (puissance et position élevée, rigueur et sagesse), mais qui est dans le camp ennemi. Line entre dans la tanière du loup.

Line va faire le choix de suivre le damné à l'esprit libre, ce poète de l'enfer... Photo de Stefan Keller

Envoûtée par La Lune et rattrapée par Le Jugement, ça donne quoi ? Une fin annoncée

Carte n°3 L’allié La Lune désigne les rêves, l’imagination, la féminité, la curiosité et la fuite. Line sera poussée à fuir le cadre rigoureux proposé par l’ennemi protecteur. Qui est la lune ? Elle n’est pas encore inventée. Je dois créer un groupe de résistants dont elle fera (logiquement) partie.

Carte n°4 L’Obstacle ou Le Gardien du Seuil  Le jugement annonce la fin de l’initiation. Le héros est prêt à entendre la vérité. C’est à la fois un éveil, une invention et le retour des morts. Qui rattrape notre héroïne ? Je ne sais pas encore… Voyez, l’intérêt de poser les jalons de l’histoire, c’est d’aller chercher les questions. J’ai la sensation d’être au même niveau que mes personnages : soumise à la question !

Carte n°5 L’Aboutissement L’issue de cette histoire tombe sur la lame 13 : la carte sans nom. Cette carte, illustre La Mort autant que le bourgeonnement de la vie. Elle désigne un véritable changement : faire table rase pour un nouveau départ. Je vous promets que je n’ai pas triché !

le pouvoir magique de l'écrivain

À la fin, Line prend conscience de la complexité des relations qu’elle entretient avec les résistants d’un côté et l’ennemi de l’autre. Elle connaît les secrets des deux camps et ne sait pas choisir. La lame 13 est sans appel : Line doit prendre une décision irrévocable. Couper les relations avec sa famille. Parmi les résistants, il y a un jeune homme qui ne sait pas non plus quel camp choisir : le sien ou celui de Line…

J’ai pris la décision de tirer une sixième carte pour ouvrir une nouvelle voie

 Line est encore très jeune à la fin de l’aventure, seize ans peut-être. À la fin de l’aventure elle sera à la croisée des chemins et devra se dessiner une troisième voie : la sienne. Une super-héroïne qui entre à l’âge adulte décide de son avenir. Elle a aiguisé les armes qui lui permettront d’être ce qu’elle désire vraiment. Une nouvelle aventure naît. C’est la lame19 : Le Soleil.  C’est la réalisation de son destin (je n’ai vraiment pas triché !). C’est aussi la carte de la fraternité et de l’Amour ! Line devient le trait d’Union entre les deux camps et crée une troisième voie !

la carte annonçant la suite du roman
Le Soleil annonce déjà la suite du roman. Mais l'âme soeur n'est-elle pas une illusion de la passion aventureuse ?

Le Tarot de Bernard Werber éclaire le sens véritable de l’histoire

l'univers dans une goutte d'eau
L'univers se reflète dans ses plus infimes éléments... Photo de Mystic Art Design

Le Tarot questionne la vie des hommes, ces infatigables marcheurs, tandis qu’il révèle à l’écrivain le sens véritable de l’histoire qui sommeille en lui. Les hommes agissent d’abord en fonction de leur intérêt, puis de leur rêve et, enfin, de leurs valeurs profondes. Ces valeurs se cachent au fond du coeur par une sorte de magie protectrice et l’homme oublie parfois qu’elles sont là. Entre ceux qui cherchent à renverser le pouvoir et ceux qui cherchent à le garder, il y a Line d’Haranguier, capable de détecter les valeurs cachées et oubliées . Une super-héroïne qui se donne pour mission de les éclairer. Mais, avant d’en arriver à cette étonnante capacité, avant d’arriver à aimer, une longue initiation l’attend.

Le Mat

Seul « Le Mat » n’a pas de numéro. Cette lame précède la première (Lame 1 : Le Bateleur) et revient après la dernière (Lame 21 : Le Monde) « Elle est avant et après l’initiation », traduit Bernard Werber.

Le Mat désigne le mouvement permanent. Il est aussi appelé le fou. Ce dernier sait se détourner de ses origines, briser ses liens pour accéder à un autre monde. « C’est la seule carte où le personnage avance, explique encore l’auteur, avec comme seul bagage la connaissance acquise dans son baluchon. Une fois que le personnage a tout compris, il doit reprendre la route. »

L’histoire a-t-elle une fin ? La mort est-elle une fin ? Voilà la question qui obsède l’homme et l’écrivain. Le personnage joker incarne la question de l’Évolution. Et, le fou, à mon sens, est un personnage indispensable  (voir « mon personnage joker ») pour montrer la voie.

Cet article vous a plu ? Partagez vos impressions avec la communauté de lecteurs juste en dessous !