Le suspense, l’ingrédient magique du récit, selon Bernard Werber

Pour notre roman, nous avons beaucoup de jeux à mettre en place avec le lecteur, beaucoup de possibilités à ne pas laisser passer. Bernard Werber suggère de noter en marge les moments de l’histoire où le lecteur croira avoir découvert le mystère…

Comment structurer son roman autour d’un mystère central ?

En quête de suspense Photo de Dariusz Sankowski
En quête de suspense Photo de Dariusz Sankowski

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

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Comment Bernard Werber découvre l’ingrédient secret

Le cours n°4 de la masterclass en ligne de Bernard Werber traite du suspense (voir son cours n°3 sur l’utilisation du tarot). Oh, pas de grandes théories dans ce petit cours, mais une histoire. Déjà, si ça peut rassurer les écrivains débutants, le premier jet de son célèbre roman « Les Fourmis » n’était pas très digeste. Il manquait de ce qu’il appelle « la balle de tennis jaune ». Pour faire court, Bernard Werber comprit ce qu’il manquait à son roman le jour d’une randonnée en groupe qui tourna au fiasco. En effet, le soir venu, son petit groupe de randonneurs se perdit dans la montagne. Trouvant finalement le refuge à une heure avancée de la nuit, affamés et transis, les membres du groupe étaient extrêmement tendus. L’un d’eux proposa alors de raconter une blague.

À la racine du jeu se trouve le suspense

Elle consistait à maintenir l’auditoire en haleine par l’histoire d’un fils qui, à chaque grand événement de sa vie, refusait le merveilleux cadeau de son père en demandant une simple « balle de tennis jaune », promettant de lui dire un jour pourquoi. Après un accident, sur son lit de mort, le fils dit au père qu’il devait absolument lui révéler la raison secrète de ses demandes répétées. Mais, il mourut avant d’avouer le mystère. Ce jour-là, Bernard Werber découvrit le pouvoir du suspense. Alors que les randonneurs s’étaient disputés et même battus au cours de leur errance, ils se laissèrent embarquer dans l’histoire, oubliant la faim, le froid et l’animosité, se réconciliant et riant du mauvais tour que leur avait joué le conteur.

Le roman n’est-il qu’un jeu de pistes ?

Pour notre roman, nous avons beaucoup de jeux à mettre en place avec le lecteur, c’est vrai, beaucoup de possibilités à ne pas laisser passer. Bernard Werber suggère de noter en marge les moments de l’histoire où le lecteur croira avoir découvert le mystère. Il devra tomber dans nos pièges, en quelque sorte, l’orientant sur une fausse piste. Encore une fois, il nous incite à penser l’écriture comme un jeu. Cette fois, c’est entre nous et notre lecteur. Pour « Le Projet Line », le mystère réside évidemment dans l’origine des pouvoirs de Line, notre héroïne. Mais le suspense, bien qu’il se définisse clairement dans les questions dramatiques du genre « Line va-telle parvenir à maîtriser ses pouvoirs ? », se retrouve partout dans un roman, comme les battements d’un cœur qu’on ne cesse d’entendre, où que l’on aille.

Quelle technique narrative utiliser pour inventer son propre jeu ?

exploration-Selvazzano Dentro
Exploration-Photo de Selvazzano Dentro

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Trouver la meilleure question à poser au lecteur

Line va-t-elle découvrir l’origine de ses pouvoirs ? C’est bien probable. Comment fonctionnent-ils ? L’intérêt est de suivre Line dans cet apprentissage. Gagnera-t-elle en humanité ? Ah, ça, on ne sait jamais. Comment l’auteur va-t-il évoluer, c’est bien la question ? Va-t-il se laisser envahir par ses propres démons et faire basculer son personnage à travers les plus sombres recoins de sa psyché ? Mystère ! Line déjouera-t-elle les plans machiavéliques de l’ennemi ? Tout dépend de qui est l’ennemi véritable. Comprendra-t-elle à temps qu’il veut l’exploiter ? Qui profite de qui dans cette histoire ? Encore un mystère, évidemment ! D’accord, ces questions forment le socle d’une bonne histoire mais, Bernard Werber souligne qu’il faut faire preuve de subtilité, en usant de techniques narratives éprouvées.

Structurer son récit comme une chasse au trésor

« Dès qu’un organisme vivant entreprend quelque chose et que le résultat est incertain, on a de la dramaturgie », rappelle Yves Lavandier pour expliquer le principe du récit. Dans «  Construire un récit », Yves Lavandier commence par la base : « le principe objectif-obstacle ». On va quelque part mais, va-t-on y arriver ? Suspense… Provoquer ce suspense, c’est amener le lecteur à se poser une question, jusqu’à la rendre si pressente qu’il tourne les pages avec fébrilité. Pour se faire, jalonner le récit d’indices et de fausses pistes, comme dans une chasse au trésor, est in-dis-pen-sable ! Oui, il y a bien des mystères à servir au lecteur. Pourtant, nous devons trouver le plus essentiel, celui qui fera vibrer l’édifice jusqu’à la fin. Qui est Line ? Que va-t-elle devenir ? Ces questions dramatiques sont naturelles mais, la question mystère, quelle est-elle ? Qu’est-elle vraiment capable de faire avec ses pouvoirs ? Voilà sa quête personnelle déterminée ! Et, combinée à la chasse, le jeu devient exaltant.

Construire le mécanisme du suspense autour de la répétition

Bernard Werber souligne d’ailleurs que le principe de « la balle de tennis jaune » ne peut fonctionner qu’avec le principe de la répétition. Le désir de savoir est ainsi alimenté et la frustration enclenchée (ce qu’on appelle aussi « la tension dramatique »). Ce désir est nourri au fil du récit pour pousser le lecteur à tourner les pages, encore et encore, jusqu’à la fin. Si le lecteur est amené à se poser des questions, l’auteur doit lui procurer des indices qui, naturellement, lui donneront le pouvoir d’émettre des hypothèses. Reste que le lecteur doit ressentir le pouvoir d’une seule question essentielle. Deviner ce qu’il est vital de savoir. Alors, vous en ferez un lecteur investi, actif, invité à répondre. Comme s’il était entouré d’amis, au coin du feu, marqué par l’ambiance et buvant les paroles du conteur. Dans ces conditions, si la question se répète et que l’hypothèse est systématiquement invalidée (« subtilement ! » précise Bernard Werber), la tension monte et le lecteur attend le dénouement. L’auteur est donc responsable de l’ambiance par la mécanique du suspense.

À l’apparente complexité du roman, se substitue le jeu de la question et des sous-questions

chasse au trésor photo de Tumisu
chasse au trésor - photo de Tumisu

C'est quoi son nom, déjà ?

LINE D'HARANGUIER
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Dans une chasse au trésor, les indices sont nos sous-questions

Qui est l’ennemi infiltré chez les d’Haranguier ? À cette question, il devra se trouver une scène où les ennemis de la famille d’Haranguier parlent de cet espion mystère, sans que le lecteur ne puisse l’identifier. Qui est infiltré dans l’entourage de Line depuis tant d’années ? Plus tard, un nouvel indice relancera la question, puis un autre. Et, tandis que le lecteur se perd en conjectures, le danger se précise et les personnages soupçonnent, eux aussi, un ennemi dans leurs rangs. La seconde condition pour que le jeu fonctionne, c’est donc que la question se répète. Il faut la mettre en scène. Dans le camp ennemi, le lecteur apprendra qu’un renseignement essentiel vient d’être fourni par notre espion mystère. La nature de ce renseignement donne un indice au lecteur. Il ne tient qu’à l’auteur de l’amener à croire qu’il a trouvé le traître, par de faux indices : l’espion était dans les parages, par exemple, ou venait de recueillir une confidence dont il pouvait en déduire la vérité. Chaque sous-question doit donc rapprocher du but : répondre à la question principale.

Trouver la question qui fait vivre l’histoire et donne un sens à notre quête

Vu comme ça, c’est vrai qu’on a de quoi s’amuser. Néanmoins, l’existence de cet espion doit donc apporter un sens à notre quête. Chaque élément, chaque scène, chaque personnage est là pour répondre au questionnement principal induit par l’histoire : qu’est-ce que Line est vraiment capable de faire avec ses pouvoirs ? À quoi sont-ils destinés ? C’est en écrivant cet article que j’ai fini par comprendre que la vraie question se trouve là ! Il me semble qu’Hitchcock voyait les choses comme ça : rien ne fait office de décor ou de bouche-trou, le moindre détail a un sens pour diriger le lecteur. Et c’est bien pour comprendre tout cela que je décortique l’écriture de mon roman en cours : « Le Projet Line ». Notre espion — il s’appelle Henry, s’est inscrit à la fac dans les mêmes cours que Cécile, bien avant la naissance de Line — ne doit pas être là pour amuser la galerie où faire frissonner le lecteur. Mais, avant de pouvoir comprendre le sens de mon propre récit, j’ai fouillé la personnalité, le rôle et les enjeux qui animent mes personnages.

 Nos sous-questions (ou sous-objectifs) sont tous reliés à notre quête

Prenez le père de Line, par exemple. Antoine est un homme autoritaire et puissant qui a une position ambigüe dans l’histoire. Grand stratège, Antoine doit faire penser au lecteur qu’il a probablement un plan afin d’aider sa fille à s’en sortir. Mais, rien n’est moins sûr. S’il fomente vraiment une stratégie contre l’ennemi, un homme tel que lui n’a-t-il pas l’intention d’en tirer profit ? Capable de se mesurer à l’ennemi, Antoine serait pourtant le plus à même d’aider Line. Nous devons absolument nous demander s’il est pour ou contre sa fille, pour ou contre les résistants qui s’allient à sa femme (les résistants ont des pouvoirs et se cachent de l’ennemi), pour ou contre l’ennemi ? Sa personnalité secrète, ses actes de tyrannie, nous obligent à nous poser systématiquement la question. Mais, finalement, maintenant que j’ai trouvé ma quête (À quoi sont destinés les pouvoirs de Line ?), mes sous-questions (ce qu’Yves Lavandier appelle les sous-objectifs) sont guidées, portées par le sens de cette quête.

Et si nous faisions ensemble l’exercice de la balle de tennis jaune ?

La balle de tennis jaune de Bernard Werber - Photo de Felix Heidelberger
La balle de tennis jaune de Bernard Werber - Photo de Felix Heidelberger


Line n'est pas seule...

Suis-nous !
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Le roman est donc un jeu de cohérence. Désormais, en me demandant quelles sont les réelles motivations d’Antoine et les conséquences de ses décisions, je vais pouvoir y répondre systématiquement en cohérence avec la question centrale qui sous-tend désormais l’existence de tous mes personnages. Cette question secrète les relie tous. D’une façon ou d’une autre, tous mes personnages doivent constituer une partie de la réponse. Je vous propose de faire l’exercice de la balle de tennis jaune. Je l’ai fait ce matin, en une demi-heure, avant la publication de cet article. En apparence, l’exercice n’apporte rien mais, dans les faits, il provoque un mécanisme de réflexion qui permet de connecter à la question. Je vous propose de rassembler nos textes dans le prochain article, ça nous permettra de revenir sur ce thème essentiel qu’est le suspense. Lancez-vous !

Pour m’envoyer votre texte, et le voir publié dans notre journal d’auteurs rien de plus simple, je suis derrière tous les points de contact de ce blog. Les abonnés le savent bien, je réponds toujours à vos mails ! Alors, à vos claviers les amis ! Une demi heure à une heure d’écriture pour trouver votre balle jaune. Bernard s’est inspiré de la porte de Barbe bleue. Moi, de Line qui ne peut avoir d’amis. Allez, top chrono !  L’exercice est de jouer avec notre cerveau  ! S‘amuser, sans jugement ni prétention. Laisser son imagination agir selon une intention, une consigne, et rien de plus. L’en-jeu est enfantin.

Le tarot de Bernard Werber : misez l’avenir de votre héros en cinq arcanes majeurs

Dans sa masterclass en ligne, Bernard Werber nous invite à tirer les cartes pour écrire votre roman et sceller le sort de votre héros. Ce tirage du tarot trace le voyage initiatique du héros et invite l’écrivain à suivre.

Le temps est une simple unité de mesure. Donc, il y a des chances qu’à la seconde où nous avons décidé de changer d’année, nous ayons propagé une onde spéciale, qui attire une vague d’énergie nouvelle sur laquelle nous surfons à l’instant même. Comment accueillir cet avenir avec la plus grande sagesse ? D’abord, pour fêter l’événement, je me suis offert la masterclass en ligne de Bernard Werber (oui oui encore des cours ! Mais ceux-ci tombent à pic pour notre projet 2020 : la naissance de Line d’Haranguier, notre super-héroïne française !). Et je mets en pratique l’exercice. Bernard Werber nous invite à faire un tirage de cartes pour prédire la destinée de notre héros. Génial pour commencer l’année ! Ne riez pas, l’issue de mon tirage est tout à fait satisfaisante. « Ne trichez pas ! » prévient Bernard. Promis ! Seulement, une sixième carte s’est imposée…

Le tarot de Bernard Werber vous ouvre les portes de votre roman

"Un chemin initiatique s’ouvre : comment vivre avec ses personnages ?" - Photo de Lisa Che

Explorez les mécanismes du roman initiatique à l’aide du tarot

Bernard Werber nous révèle qu’il utilise l’art divinatoire du tarot pour savoir comment ses personnages vont évoluer.

Il est l’auteur de nombreux romans initiatiques (à différencier du roman d’intrigue comme les romans policiers) où le héros change et se transforme par étapes au cours d’une série d’épreuves (L’Odyssée — Le voyage d’Ulysse — est l’expression même du roman initiatique). « Les Fourmis », écrit il y a 20 ans, est le plus célèbre des romans de Bernard Werber.

Je me suis inscrite à sa masterclass en ligne, qui se décline en quatorze chapitres. Des petits cours aussi ludiques qu’efficaces pour nourrir notre pratique de l’écriture. Je suis contente de mon cadeau ; il célèbre bien notre passage en 2020.

Passons aujourd’hui au chapitre 3 sur les mécanismes du roman initiatique. Ici, Bernard Werber nous présente les vingt et un arcanes majeurs du Tarot, comme les fondements immémoriaux du récit : 

« La plupart des malheurs qui nous arrivent dans la vie semblent obéir à l’évolution du tarot où s’enchaînent les épreuves pour maintenir le héros éveillé. »

Bernard Werber utilise l'art divinatoire du tarot pour décider du sort de son héros
« Tirez vraiment les chiffres au hasard », prévient Bernard Werber

Ouvrez les portes de la réalité non ordinaire en un seul tirage

Prenez un jeu de tarot, tirez cinq cartes et décidez de l’avenir du héros de votre histoire — si vous n’avez pas de jeu sous la main, faites comme moi : tirez-les sur un site de voyance, ça fera parfaitement l’affaire. C’est drôle, vous savez, mais j’appréhendais d’entrer dans une année 2020 empreinte de mysticisme. Finalement, après le « passage », je trouve ça exaltant !

passage en 2020
2020 unwritten... pas encore écrite

Dans le jeu de tarot, les arcanes majeurs sont des personnages symboliques (interprétables). « Le Mat » n’a pas de numéro ; il ouvre et ferme le jeu ; il est « le fou », le passage entre la matière et l’esprit, le « pas » « sage ». Moi aussi je cherche les passages invisibles, pour m’introduire dans l’univers de notre super-héroïne aux pouvoirs incompris. Si vous obéissez au tirage du tarot de Bernard Werber, vous jouerez le jeu ! Vous entrerez dans le roman que vous écrivez. Parce que, justement, vous entrez dans la partie ! Vous serez peut-être surpris d’accéder à la réalité de vos personnages, surpris d’être enfin à leur côté.

Obéissez au tirage du tarot pour embarquer au côté de vos personnages

Un simple exercice, un simple jeu, et votre perception se transforme : vous éprouvez désormais ce même sentiment d’impuissance face aux forces du destin. Une certaine humilité pourrait vous toucher. Un chemin initiatique s’ouvre : comment vivre avec ses personnages ? Au cours de cette initiation, les réalités se côtoient, un dialogue démarre, un équilibre s’établit.

Ce matin, par exemple, je faisais un plan de l’école que Line va intégrer. Dessinant un schéma du bâtiment, imaginant des ateliers par ci et des jardins par là, je vois Line en cours de sculpture ou de jardinage. J’imagine même des séances de lecture, clamée sous les arbres par un petit groupe d’élèves. Inventer une école wahou c’est top !

Face au sort prononcé par le tirage du tarot, je vois bien, désormais, ce qui va se passer. Et le sentiment d’obéir à une force extérieure nourrit mon approche. Je veux en savoir plus, connaître mes personnages pour pouvoir les aider. Je me sens soudain embarquée sur le même bateau, aux prises avec le destin !

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

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Tirez cinq arcanes majeurs pour sceller le destin de votre héros.

Le destin voulu par le tarot
"Je me sens soudain embarquée sur le même bateau que mes personnages, aux prises avec le destin !" - Photo de Rirriz

Apprenez à respecter l’évolution initiatique du tarot en suivant l’ordre des cartes

Le moment du tirage a peut-être son importance. Interpréter le sort de vos principaux personnages alors qu’ils sont déjà nés (l’héroïne, son entourage et la figure de l’ennemi), c’est exaltant ! J’avais déjà une idée de ce qui se préparait : le point névralgique de l’aventure était identifié, là où tout commence et où tout finit. Une île des Philippines d’où proviennent les pouvoirs de Line… D’un coup, ma position a changé, mon point de vue a basculé ! Pas de doute, observer les instructions de l’oracle nous interroge sur la face cachée de notre histoire. Allez, c’est parti ! Parmi les 22 arcanes majeurs, tirez cinq cartes au hasard. Placez-les ensuite de manière à marquer les quatre points cardinaux, la cinquième carte au centre. Ces cinq emplacements représentent chacun un élément du récit. Afin de vous éclaircir, je livre ici les résultats de mon propre tirage sur le premier roman de Line d’Haranguier. Embrasser ce tirage d’un coup d’œil, c’est comme, en effet, contempler la destinée de notre héroïne. Le sort en est jeté !

En quelques clics, scellez le sort de votre héros et accordez-lui une destination

Mais, je vous préviens, j’ai pris l’exercice au sérieux. Vu que j’ai le scénario du Projet Line à finir avant la fin du mois, jouer l’humilité et laisser la prophétie s’accomplir me va parfaitement ! Le tirage du tarot de Bernard Werber me permet d’entrer dans mon roman. Il trace le voyage initiatique du héros et invite l’écrivain à suivre. Je n’entre pas encore dans la peau du personnage mais je suis juste derrière lui. Ambiance… À gauche, une première carte définit notre héros au début de l’histoire. À droite, la deuxième carte interprète l’aventure qu’il s’apprête à vivre.  En haut, une troisième carte annonce ce qui va l’aider. Et, en bas, une quatrième décrit ce qui ne l’aide pas, ce qui va lui compliquer la vie. Enfin, la cinquième carte, au milieu, explique comment tout ça va aboutir.

« Tirez vraiment les chiffres au hasard, prévient Bernard Werber. Regardez les détails de la carte, les personnages présents, leur fonction et leurs attributs, regardez les couleurs, laissez parler votre créativité et votre imagination. »

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Face aux coups du sort l’auteur se fait tout petit et entre dans l’univers du héros

Grâce au tirage du tarot de Bernard Werber, l’auteur lâche son besoin de contrôle et défend le monde de son roman comme le sien ! Il ne le contrôle plus, il en fait partie. Il faudrait donc faire confiance aux cartes. Pourquoi ? Pour que les choses ne se passent pas comme prévu. Un écrivain qui obéit à un tirage est confronté aux limites de sa propre logique. Ainsi amené à composer avec des croyances et des évidences étrangères, ses intentions primaires se rebellent et sortent de leur tanière. C’est là que cette initiation devient intéressante : elle déjoue les risques du métier.

En effet, l’auteur risque de prendre le contrôle du récit puisque ses désirs, ses préjugés et ses peurs fuitent insidieusement dans l’écriture de son histoire. Dans ce cas, le lecteur est lésé et l’auteur se lèse lui-même. Par contre, s’il joue le jeu, le tirage du tarot le force à abandonner sa toute puissance. S’il accepte son sort, qu’il s’y plie, il entrera alors dans l’univers de son héros.

Mon premier tirage avec le tarot de Bernard Werber 

Notre héroïne, au départ, tombe sur L’Hermite.
Elle est seule, n’a plus d’amis, c’est la traversée du désert. L’Hermite parle d’intériorisation, de solitude, mais aussi de travail de recherche et de sagesse. Si Line se retrouve confrontée dès le début aux difficultés, à l’incompréhension, elle doit ressentir une certaine angoisse qui la mure dans le silence. Line semble mal.
L'allié est déterminé par la lune
Troisième carte : Ce qui l'aide (l'allié)
L’Aventure qu’elle doit vivre tombe sur L’Empereur.
Il est dans l’action ! Apprend à Line à se construire et à agir. Archétype du père, solide, expérimenté et responsable, il correspond tout à fait au portrait d’Antoine. Mais ce n’est pas lui qui guidera sa fille dans l’aventure. Car, si l’Empereur incarne l’Autorité, la puissance et la stabilité, Line suivra les conseils d’un autre Empereur.
Le Héros sera déterminé par l'Hermite
Première carte : Le Héros
L'aventure aboutit à la carte du changement, aussi appelée la mort
Dernière carte : Comment ça aboutit
Deuxième carte : L'Aventure
Ce qui va aider le Héros, l’élément allié, tombe sur La Lune.
Pour ne pas se faire dévorer par les loups, Line doit apprendre à apprivoiser son côté sombre. À comprendre et contrôler ses pouvoirs en soignant ses blessures. Elle s’aventure au cœur de ses racines, l’Empereur à ses côtés. Mais, son contact de plus en plus profond avec La Lune lui ouvre de nouveaux horizons.
L'obstacle déterminé par le jugement
Quatrième carte : Ce qui ne l'aide pas
L’obstacle, pour l’héroïne, tombe sur
Le Jugement.
Line est incitée au changement. Elle reçoit un coup de semonce. Le jugement est un message, parfois même un miracle ! Mais, en tout état de cause, elle doit payer de ses erreurs. Le jugement peut prendre l’apparence d’un piège, d’un abus de pouvoir. Cependant, quand le couperet tombe, c’est que le Héros est prêt à l’endurer.

L’Hermite sous la coupe de l’Empereur, ça donne quoi ?

Carte n°1 Le Héros Le début du roman est marqué par « L’Hermite », ce qui veut dire que Line n’est pas très sociable. Elle est effectivement isolée des autres et va devoir sortir rapidement de sa retraite. Ou bien son isolement deviendra un véritable handicap. Justement, elle intègre en ce moment même une école privée à Bordeaux ! D’accord, j’écris l’enfance de Line d’Haranguier mais, qui va-t-elle devenir ? Une jeune personne qui trouve dans la solitude un monde supérieur ? Elle expérimente d’autres réalités. Ainsi, les difficultés de la vie sont mises en parallèle avec les réponses d’un autre monde. Elle acquière une certaine sagesse qui la met en porte-à-faux avec sa génération. Classique !

Carte n°2 L’Aventure Ensuite, sa rencontre avec l’Empereur marque une période d’installation. Il y a deux empereurs dans mon roman (le père et le méchant). Line fera donc le choix de quitter la protection de son père pour accepter l’aide d’un homme qui le vaut en tous points (puissance et position élevée, rigueur et sagesse), mais qui est dans le camp ennemi. Line entre dans la tanière du loup.

Line va faire le choix de suivre le damné à l'esprit libre, ce poète de l'enfer... Photo de Stefan Keller

Envoûtée par La Lune et rattrapée par Le Jugement, ça donne quoi ? Une fin annoncée

Carte n°3 L’allié La Lune désigne les rêves, l’imagination, la féminité, la curiosité et la fuite. Line sera poussée à fuir le cadre rigoureux proposé par l’ennemi protecteur. Qui est la lune ? Elle n’est pas encore inventée. Je dois créer un groupe de résistants dont elle fera (logiquement) partie.

Carte n°4 L’Obstacle ou Le Gardien du Seuil  Le jugement annonce la fin de l’initiation. Le héros est prêt à entendre la vérité. C’est à la fois un éveil, une invention et le retour des morts. Qui rattrape notre héroïne ? Je ne sais pas encore… Voyez, l’intérêt de poser les jalons de l’histoire, c’est d’aller chercher les questions. J’ai la sensation d’être au même niveau que mes personnages : soumise à la question !

Carte n°5 L’Aboutissement L’issue de cette histoire tombe sur la lame 13 : la carte sans nom. Cette carte, illustre La Mort autant que le bourgeonnement de la vie. Elle désigne un véritable changement : faire table rase pour un nouveau départ. Je vous promets que je n’ai pas triché !

le pouvoir magique de l'écrivain

À la fin, Line prend conscience de la complexité des relations qu’elle entretient avec les résistants d’un côté et l’ennemi de l’autre. Elle connaît les secrets des deux camps et ne sait pas choisir. La lame 13 est sans appel : Line doit prendre une décision irrévocable. Couper les relations avec sa famille. Parmi les résistants, il y a un jeune homme qui ne sait pas non plus quel camp choisir : le sien ou celui de Line…

J’ai pris la décision de tirer une sixième carte pour ouvrir une nouvelle voie

 Line est encore très jeune à la fin de l’aventure, seize ans peut-être. À la fin de l’aventure elle sera à la croisée des chemins et devra se dessiner une troisième voie : la sienne. Une super-héroïne qui entre à l’âge adulte décide de son avenir. Elle a aiguisé les armes qui lui permettront d’être ce qu’elle désire vraiment. Une nouvelle aventure naît. C’est la lame19 : Le Soleil.  C’est la réalisation de son destin (je n’ai vraiment pas triché !). C’est aussi la carte de la fraternité et de l’Amour ! Line devient le trait d’Union entre les deux camps et crée une troisième voie !

la carte annonçant la suite du roman
Le Soleil annonce déjà la suite du roman. Mais l'âme soeur n'est-elle pas une illusion de la passion aventureuse ?

Le Tarot de Bernard Werber éclaire le sens véritable de l’histoire

l'univers dans une goutte d'eau
L'univers se reflète dans ses plus infimes éléments... Photo de Mystic Art Design

Le Tarot questionne la vie des hommes, ces infatigables marcheurs, tandis qu’il révèle à l’écrivain le sens véritable de l’histoire qui sommeille en lui. Les hommes agissent d’abord en fonction de leur intérêt, puis de leur rêve et, enfin, de leurs valeurs profondes. Ces valeurs se cachent au fond du coeur par une sorte de magie protectrice et l’homme oublie parfois qu’elles sont là. Entre ceux qui cherchent à renverser le pouvoir et ceux qui cherchent à le garder, il y a Line d’Haranguier, capable de détecter les valeurs cachées et oubliées . Une super-héroïne qui se donne pour mission de les éclairer. Mais, avant d’en arriver à cette étonnante capacité, avant d’arriver à aimer, une longue initiation l’attend.

Le Mat

Seul « Le Mat » n’a pas de numéro. Cette lame précède la première (Lame 1 : Le Bateleur) et revient après la dernière (Lame 21 : Le Monde) « Elle est avant et après l’initiation », traduit Bernard Werber.

Le Mat désigne le mouvement permanent. Il est aussi appelé le fou. Ce dernier sait se détourner de ses origines, briser ses liens pour accéder à un autre monde. « C’est la seule carte où le personnage avance, explique encore l’auteur, avec comme seul bagage la connaissance acquise dans son baluchon. Une fois que le personnage a tout compris, il doit reprendre la route. »

L’histoire a-t-elle une fin ? La mort est-elle une fin ? Voilà la question qui obsède l’homme et l’écrivain. Le personnage joker incarne la question de l’Évolution. Et, le fou, à mon sens, est un personnage indispensable  (voir « mon personnage joker ») pour montrer la voie.

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Mon atelier d’écriture avec Bernard Werber

Je suis allée à Paris pour rencontrer Bernard Werber à l’occasion de son atelier d’écriture. Autant dire que l’après-midi d’hier était magique

L'écrivaine solitaire à l'assaut de Paris
"Comment rester focus sur l'écriture de son roman sans se sentir trop seul(e) ?" Question posée à Bernard Werber Interview vidéo en bas de cet article Photo PitCrewProd

Salut tout le monde ! Je suis allée à Paris pour rencontrer Bernard Werber à l’occasion de son atelier d’écriture, un évènement gratuit organisé par Amazon Academy. Autant dire que l’après-midi d’hier était magique, sans pour autant revêtir la densité d’une master class telle qu’il le propose régulièrement sur son site rien que pour nous. Qu’importe ! Le jeu était délectable et Bernard Werber a encore fait la démonstration de son talent de meneur d’intrigues. Au fond, il rappelle astucieusement qu’entre l’écriture d’un roman et l’écriture d’une histoire, nous avons tout un monde à découvrir en nous, et dans notre rapport au monde. C’était l’enjeu de cet atelier d’écriture auquel j’assistais, émerveillée de tant de candeur et de simplicité. Et, pendant la pause, j’en profitais pour demander à Bernard ce qu’il conseillait pour rester focus sur l’écriture sans se sentir seul, isolé et lâcher la pression. Voir ma vidéo en bas de l’article.

Dans l’atelier d’écriture de Bernard Werber souffle le vent d’une liberté retrouvée

Bernard Werber Paris
"Un atelier avec Bernard Werber, ça vaut le détour. J’ai rarement eu l’occasion de rencontrer un homme aussi libre !"

Un atelier avec Bernard Werber, ça vaut le détour. Vous bénéficiez alors d’une vraie récré, une récréation pour les grands enfants que nous sommes. On ne voit pas le temps passer, on oublie le monde extérieur, et on se laisse complètement happer par l’espace-temps des gens heureux. Bernard Werber est passé maître dans l’art de transformer la réalité en pur délice créatif. J’ai rarement eu l’occasion de rencontrer un homme aussi libre !

Bernard Werber insuffle un vrai sentiment de légitimité

Dès les premières minutes, Bernard Werber nous transporte dans la beauté d’un jeu qui nous appartient tous, au-delà de nos convictions de n’être qu’une identité figée dans les différents rôles que nous nous attribuons. Il nous révèle à nous-mêmes, il fait émerger cette certitude enfouie que notre écriture est éloquente et légitime. Quelques images se succèdent à l’écran pour que nous en révélions l’histoire — une simple phrase à faire sonner, une histoire à elle seule, une image qui raconte un avant et un devenir. En quelques mots, ces illustrations nous interpellent, nous font rire, projettent une possible narration. C’est enfantin et efficace.

Premier commandement de cet atelier d’écriture : « arrêtez de vous juger ! »

Cette mise en bouche fonctionne à merveille et, tout du long, on se rassemble, on interagit, on crée et on s’exprime avec un naturel déconcertant. Le secret de cette liberté de parole écrite, clamée, partagée, tient aussi de sa mise en garde. Le mot « SPOKE » s’affiche à l’écran. « Ce que vous allez apprendre, vous servira tout le reste de votre vie. SPOKE est un mot grec qui signifie : travailler sans se juger. Voilà ce que nous allons faire aujourd’hui. Arrêter de se juger ! Nous sommes des machines à juger et, au final, nous nous jugeons nous-mêmes. C’est ce processus-là qui nous empêche d’écrire. Pour écrire, vous allez éteindre votre mental et découvrir la joie d’être créatif. On est là pour s’amuser, soyez réactifs ! »

Deuxième commandement de cet atelier d’écriture : « écrivez sans réfléchir ! »

Comme tout homo-écriturus qui se respecte, nous connaissons forcément le premier secret de l’écriture : « se laisser aller à écrire sans réfléchir comme un cheval qui galope ». Cette liberté, nous l’avons découverte, un jour, puis oubliée ou enfouies dans l’inacceptable. Car, malheureusement, la notion de risque et d’erreur nous est devenue insupportable, au point de brimer notre audace. « Surtout, ne vous arrêtez pas pour vous dire : merde j’écris des conneries ! Écrivez librement, n’importe quoi, sans réfléchir et sans vous arrêter. Soyez libre ! » Acceptons donc de tout réapprendre pour recouvrer notre liberté. Et le plus drôle dans tout ça, c’est que ça ne demande pas tant d’effort.

Dans  l’atelier d’écriture de Bernard Werber l’eau qui dort se réveille limpide

la parole se déroule
"Vous connaissez quelqu’un qui prend plaisir à faire chier les autres ? Qui aime vraiment ça ? Quelqu’un a-t-il rencontré une personne comme ça ? "

Des petites annonces loufoques sont prises en exemple, des faits divers, des plaques professionnelles photographiées sur un mur d’immeubles… nous confirment que « le réel dépasse l’imaginaire ! » On y puise un nombre fabuleux d’histoires complètes. Mais ce n’est pas tout ! Les heures s’enchaînent sans qu’on y prenne garde et Bernard amène les sujets du vécu, ces drames qui dépassent la fiction. Et voilà comment l’auteur de « Les Fourmis » et aujourd’hui « Sa Majesté des chats » nous entraîne sur son sillage.

Dans l’atelier d’écriture de Bernard Werber les résistances se délitent

« Écrire est plus facile que vous ne l’imaginez » claironnait-il en préambule. Rien ne vous oblige à pondre un manuscrit, écrire peut être un hobby. Sous-entendu : ne vous en privez pas ! Je me demande alors combien de fois nous aurons besoin d’entendre qu’on est tous capables d’inventer des histoires ? Nous avons ça dans la peau ! Et, sous prétexte que l’écriture proprement dite exige une certaine rigueur, nous ne serions pas capables d’en approcher la beauté ? Au fond, c’est peut-être ça qui nous dissuade d’écrire en toute liberté. Bernard Werber a vraiment le chic pour nous ôter toute résistance. Il semble que nous ayons intégré les deux préalables. À savoir : apprécier le processus d’écriture sans se juger et, en conséquence, apprécier ce qu’on écrit.

 L’écriture est un jeu d’idées choc d’où jaillit la clarté

À chaque exercice d’écriture, une consigne nous est donnée, un temps nous est imparti et une musique nous accompagne. Le truc qui nous rassemble c’est le thème de départ : « Trouvez un mauvais sujet de roman ». Les idées les plus inappropriées fusent. Les cornichons sont adoptés à la grande majorité, reléguant les hémorroïdes et les pieds qui puent au domaine des sujets par trop ragoûtants. Une fois la « promotion cornichon » auto-proclamée, les réjouissances se poursuivirent autour du cornichon : histoires d’amour courtes, histoire qui fait peur,… Nous avons joué le rôle de l’écrivain sans peur et sans reproche auquel je crois plus que tout. Le pied total !

Bernard Werber nous enseigne la beauté simple de notre incongruité

Bernard Werber ne fera pas l’impasse sur les règles essentielles qui mènent une histoire à son terme. Ce qui fait un héros ou une héroïne, explique-t-il, c’est qu’il cherche à savoir qui il est vraiment. Parce que les autres ne savent pas mieux que vous qui vous êtes. Alors, pour rendre son personnage vivant, il doit relever un challenge. Et, plus le challenge est difficile, plus le héros sera méritant. Ensuite, vous devez trouver une stratégie originale. Le héros est face à un dilemme et ne fait pas vraiment ce qui est logique. C’est pour ça qu’il est intéressant. Pour illustrer son propos, s’affiche à l’écran une liste de choses à faire pour perdre 5 kilos suivie avec une recette de fondant au chocolat. On rit, c’est en effet simple à comprendre.

L’atelier d’écriture de Bernard Werber est un ballet de personnages masqués

atelier d'écriture bernard Werber
"Le méchant dynamise le récit. Il introduit le mystère et révèle le héros"

« Faites un pas de côté pour éviter le crachat »

Comme cet atelier d’écriture ne durait que quatre heures, il fallait un sacré talent pour le rendre à la fois productif, créatif, interactif et instructif.  « Les gens racontent des conneries, vous les portez, les accouchez et pouf ! Ça fait un livre. Vous connaissez quelqu’un qui prend plaisir à faire chier les autres ? Qui aime vraiment ça ? » Quelqu’un a-t-il rencontré une personne comme ça ? La plupart du temps c’est notre cerveau limbique qui réagit et on se demande « pourquoi moi ? ». Mais si vous faites un pas de côté pour ne pas recevoir le crachat et que vous observez cette personne, ses mécanismes de pensée, vous disposez d’un personnage à exploiter. Vous procédez à une métabolisation par l’écriture. Allez ! Racontez-moi une histoire avec quelqu’un de très méchant.

« Regardez votre voisin dans les yeux pendant 20 secondes »

Le méchant dynamise le récit. Il introduit le mystère et révèle le héros, il le met face à lui-même. Nous disposons de trois mécanismes principaux : la recherche de sécurité, les automatismes émotionnels et la logique. Le héros subit une injustice de la part du méchant et finit par comprendre et par se venger. Ce principe marche à tous les coups. Après ces explications, retour aux exercices avec la création d’une fiche personnage, mais pas n’importe laquelle. L’exercice consiste à regarder son voisin dans les yeux, puis à bien l’observer avant d’en faire une fiche personnage : qualité principale, défaut majeur, relation avec son père, sa mère, plat préféré. A-t-il déjà volé, s’est-il battu, saoulé au point de rouler sous la table ? « Vous ne devez pas vous connaître. Est-ce que vous vous êtes parlé avant ? Non ? Parfait, alors c’est parti ! »

Sentez la puissance subtile de cet exercice !

Mon voisin est un concepteur de jeux de société qui s’est lancé dans l’entrepreneuriat. Qualité : entrepreneur. Ça, j’avais bon car j’avais triché, l’ayant vu faire ses comptes avant le démarrage de l’atelier. Ensuite, j’ai eu à peu  près tout faux. Lui s’est nettement mieux débrouillé mais, je suis assez transparente dans mon attitude, ça a dû l’aider. Bref, c’est un exercice d’une grande puissance pour approcher la création d’un personnage et comprendre que l’observation est une technique subtile de questions/déductions. Bernard Werber avouait qu’au début de sa carrière il associait systématiquement la photo d’un acteur ou d’une personne réelle à sa fiche personnage.

Cet atelier d’écriture résonnera encore longtemps en moi

le ballet masqué atelier d'écriture Paris
"le « manuscrit », un organisme vivant dont le squelette est essentiel, dont les organes représentent les plus belles scènes."

Comment nourrir son inspiration sans être hanté par l’irrationnel ?

Ainsi se termine pour moi cette bulle d’inspiration temporelle car je devais retrouver le tic tac de l’horloge qui annonçait le départ de mon train à destination du Havre. J’ai juste le temps de l’entendre personnifier le « manuscrit », un organisme vivant dont le squelette est essentiel, dont les organes représentent les plus belles scènes. Sans plan, prévient-il, on aura tendance à tricher, à s’empêtrer dans la surenchère, voire à basculer dans l’irrationnel pour parvenir à trouver une fin à la mesure de son début prometteur. Ça, ce n’est pas faux, c’est même intelligemment décrit : la hantise d’une fin qui nous échappe ! Bref, Un roman, c’est : « un début, un milieu, une fin, trois parties de même puissance, toutes d’égale importance ». Voilà qui clôture bien ma séance et résonne avec le coup de sifflet qui annonce mon départ.

Ma question à Bernard Werber : comment écrire un roman sans se sentir trop seul ?

Tout écrivain qui souhaiterait organiser un atelier d’écriture devrait participer à une master class de Bernard Werber ! Il rappelait que plus de la moitié d’entre nous, français, avons déjà songé à écrire un livre. N’est-ce pas ? Pourtant, nous ne serions que 3 % à posséder un manuscrit achevé et prêt à être offert à la lecture. C’est inadmissible ! Je pense que l’homme généreux et enthousiaste qui se tenait devant moi est bien résolu à faire bouger les choses et je suis bien décidée à le suivre sur ce terrain. J’ai emporté avec moi un petit souvenir. Pendant la pause, je lui ai proposé de répondre à une question qui vous intéressera, un petit souvenir vidéo de ma rencontre avec Bernard Werber juste en-dessous.

Comment faire de l’écriture un vecteur d’expression de la vie ?

Mais, attention les amis ! L’écriture n’est peut-être pas le seul vecteur d’expression qui vous correspond. Ce besoin viscéral que nous avons d’exprimer ce que nous sommes, et ce qui, sans le moindre doute,  nous donne le sentiment de répondre à la vie, se trouve quelque part entre la parole et l’écoute, entre le silence et le souffle, entre le mouvement et l’émotion. Nous recherchons parfois toute notre vie cette légitimité d’être en vie, qui ressurgit quand on écrit, et sème le doute. Expérimentez dans l’écriture, la danse, le sport, l’art ou les voyages ce quelque chose qui est en vous, qui cherche à savoir qui vous êtes et ce qui est vraiment important pour vous. Pourquoi ? Mais parce que vous êtes le héros de votre vie et que vous êtes le seul à pouvoir découvrir. Comme le rappelle Bernard, « les autres ne savent pas mieux que vous qui vous êtes ».

Souvenir vidéo : question à Bernard Werber

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