Le tarot de Bernard Werber : misez l’avenir de votre héros en cinq arcanes majeurs

Dans sa masterclass en ligne, Bernard Werber nous invite à tirer les cartes pour écrire votre roman et sceller le sort de votre héros. Ce tirage du tarot trace le voyage initiatique du héros et invite l’écrivain à suivre.

Le temps est une simple unité de mesure. Donc, il y a des chances qu’à la seconde où nous avons décidé de changer d’année, nous ayons propagé une onde spéciale, qui attire une vague d’énergie nouvelle sur laquelle nous surfons à l’instant même. Comment accueillir cet avenir avec la plus grande sagesse ? D’abord, pour fêter l’événement, je me suis offert la masterclass en ligne de Bernard Werber (oui oui encore des cours ! Mais ceux-ci tombent à pic pour notre projet 2020 : la naissance de Line d’Haranguier, notre super-héroïne française !). Et je mets en pratique l’exercice. Bernard Werber nous invite à faire un tirage de cartes pour prédire la destinée de notre héros. Génial pour commencer l’année ! Ne riez pas, l’issue de mon tirage est tout à fait satisfaisante. « Ne trichez pas ! » prévient Bernard. Promis ! Seulement, une sixième carte s’est imposée…

Le tarot de Bernard Werber vous ouvre les portes de votre roman

"Un chemin initiatique s’ouvre : comment vivre avec ses personnages ?" - Photo de Lisa Che

Explorez les mécanismes du roman initiatique à l’aide du tarot

Bernard Werber nous révèle qu’il utilise l’art divinatoire du tarot pour savoir comment ses personnages vont évoluer.

Il est l’auteur de nombreux romans initiatiques (à différencier du roman d’intrigue comme les romans policiers) où le héros change et se transforme par étapes au cours d’une série d’épreuves (L’Odyssée — Le voyage d’Ulysse — est l’expression même du roman initiatique). « Les Fourmis », écrit il y a 20 ans, est le plus célèbre des romans de Bernard Werber.

Je me suis inscrite à sa masterclass en ligne, qui se décline en quatorze chapitres. Des petits cours aussi ludiques qu’efficaces pour nourrir notre pratique de l’écriture. Je suis contente de mon cadeau ; il célèbre bien notre passage en 2020.

Passons aujourd’hui au chapitre 3 sur les mécanismes du roman initiatique. Ici, Bernard Werber nous présente les vingt et un arcanes majeurs du Tarot, comme les fondements immémoriaux du récit : 

« La plupart des malheurs qui nous arrivent dans la vie semblent obéir à l’évolution du tarot où s’enchaînent les épreuves pour maintenir le héros éveillé. »

Bernard Werber utilise l'art divinatoire du tarot pour décider du sort de son héros
« Tirez vraiment les chiffres au hasard », prévient Bernard Werber

Ouvrez les portes de la réalité non ordinaire en un seul tirage

Prenez un jeu de tarot, tirez cinq cartes et décidez de l’avenir du héros de votre histoire — si vous n’avez pas de jeu sous la main, faites comme moi : tirez-les sur un site de voyance, ça fera parfaitement l’affaire. C’est drôle, vous savez, mais j’appréhendais d’entrer dans une année 2020 empreinte de mysticisme. Finalement, après le « passage », je trouve ça exaltant !

passage en 2020
2020 unwritten... pas encore écrite

Dans le jeu de tarot, les arcanes majeurs sont des personnages symboliques (interprétables). « Le Mat » n’a pas de numéro ; il ouvre et ferme le jeu ; il est « le fou », le passage entre la matière et l’esprit, le « pas » « sage ». Moi aussi je cherche les passages invisibles, pour m’introduire dans l’univers de notre super-héroïne aux pouvoirs incompris. Si vous obéissez au tirage du tarot de Bernard Werber, vous jouerez le jeu ! Vous entrerez dans le roman que vous écrivez. Parce que, justement, vous entrez dans la partie ! Vous serez peut-être surpris d’accéder à la réalité de vos personnages, surpris d’être enfin à leur côté.

Obéissez au tirage du tarot pour embarquer au côté de vos personnages

Un simple exercice, un simple jeu, et votre perception se transforme : vous éprouvez désormais ce même sentiment d’impuissance face aux forces du destin. Une certaine humilité pourrait vous toucher. Un chemin initiatique s’ouvre : comment vivre avec ses personnages ? Au cours de cette initiation, les réalités se côtoient, un dialogue démarre, un équilibre s’établit.

Ce matin, par exemple, je faisais un plan de l’école que Line va intégrer. Dessinant un schéma du bâtiment, imaginant des ateliers par ci et des jardins par là, je vois Line en cours de sculpture ou de jardinage. J’imagine même des séances de lecture, clamée sous les arbres par un petit groupe d’élèves. Inventer une école wahou c’est top !

Face au sort prononcé par le tirage du tarot, je vois bien, désormais, ce qui va se passer. Et le sentiment d’obéir à une force extérieure nourrit mon approche. Je veux en savoir plus, connaître mes personnages pour pouvoir les aider. Je me sens soudain embarquée sur le même bateau, aux prises avec le destin !

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

Ça vous tente ?
unique !

Tirez cinq arcanes majeurs pour sceller le destin de votre héros.

Le destin voulu par le tarot
"Je me sens soudain embarquée sur le même bateau que mes personnages, aux prises avec le destin !" - Photo de Rirriz

Apprenez à respecter l’évolution initiatique du tarot en suivant l’ordre des cartes

Le moment du tirage a peut-être son importance. Interpréter le sort de vos principaux personnages alors qu’ils sont déjà nés (l’héroïne, son entourage et la figure de l’ennemi), c’est exaltant ! J’avais déjà une idée de ce qui se préparait : le point névralgique de l’aventure était identifié, là où tout commence et où tout finit. Une île des Philippines d’où proviennent les pouvoirs de Line… D’un coup, ma position a changé, mon point de vue a basculé ! Pas de doute, observer les instructions de l’oracle nous interroge sur la face cachée de notre histoire. Allez, c’est parti ! Parmi les 22 arcanes majeurs, tirez cinq cartes au hasard. Placez-les ensuite de manière à marquer les quatre points cardinaux, la cinquième carte au centre. Ces cinq emplacements représentent chacun un élément du récit. Afin de vous éclaircir, je livre ici les résultats de mon propre tirage sur le premier roman de Line d’Haranguier. Embrasser ce tirage d’un coup d’œil, c’est comme, en effet, contempler la destinée de notre héroïne. Le sort en est jeté !

En quelques clics, scellez le sort de votre héros et accordez-lui une destination

Mais, je vous préviens, j’ai pris l’exercice au sérieux. Vu que j’ai le scénario du Projet Line à finir avant la fin du mois, jouer l’humilité et laisser la prophétie s’accomplir me va parfaitement ! Le tirage du tarot de Bernard Werber me permet d’entrer dans mon roman. Il trace le voyage initiatique du héros et invite l’écrivain à suivre. Je n’entre pas encore dans la peau du personnage mais je suis juste derrière lui. Ambiance… À gauche, une première carte définit notre héros au début de l’histoire. À droite, la deuxième carte interprète l’aventure qu’il s’apprête à vivre.  En haut, une troisième carte annonce ce qui va l’aider. Et, en bas, une quatrième décrit ce qui ne l’aide pas, ce qui va lui compliquer la vie. Enfin, la cinquième carte, au milieu, explique comment tout ça va aboutir.

« Tirez vraiment les chiffres au hasard, prévient Bernard Werber. Regardez les détails de la carte, les personnages présents, leur fonction et leurs attributs, regardez les couleurs, laissez parler votre créativité et votre imagination. »

Rendre l'aventure fantastique...

Tu me suis, là ?
unique !

Face aux coups du sort l’auteur se fait tout petit et entre dans l’univers du héros

Grâce au tirage du tarot de Bernard Werber, l’auteur lâche son besoin de contrôle et défend le monde de son roman comme le sien ! Il ne le contrôle plus, il en fait partie. Il faudrait donc faire confiance aux cartes. Pourquoi ? Pour que les choses ne se passent pas comme prévu. Un écrivain qui obéit à un tirage est confronté aux limites de sa propre logique. Ainsi amené à composer avec des croyances et des évidences étrangères, ses intentions primaires se rebellent et sortent de leur tanière. C’est là que cette initiation devient intéressante : elle déjoue les risques du métier.

En effet, l’auteur risque de prendre le contrôle du récit puisque ses désirs, ses préjugés et ses peurs fuitent insidieusement dans l’écriture de son histoire. Dans ce cas, le lecteur est lésé et l’auteur se lèse lui-même. Par contre, s’il joue le jeu, le tirage du tarot le force à abandonner sa toute puissance. S’il accepte son sort, qu’il s’y plie, il entrera alors dans l’univers de son héros.

Mon premier tirage avec le tarot de Bernard Werber 

Notre héroïne, au départ, tombe sur L’Hermite.
Elle est seule, n’a plus d’amis, c’est la traversée du désert. L’Hermite parle d’intériorisation, de solitude, mais aussi de travail de recherche et de sagesse. Si Line se retrouve confrontée dès le début aux difficultés, à l’incompréhension, elle doit ressentir une certaine angoisse qui la mure dans le silence. Line semble mal.
L'allié est déterminé par la lune
Troisième carte : Ce qui l'aide (l'allié)
L’Aventure qu’elle doit vivre tombe sur L’Empereur.
Il est dans l’action ! Apprend à Line à se construire et à agir. Archétype du père, solide, expérimenté et responsable, il correspond tout à fait au portrait d’Antoine. Mais ce n’est pas lui qui guidera sa fille dans l’aventure. Car, si l’Empereur incarne l’Autorité, la puissance et la stabilité, Line suivra les conseils d’un autre Empereur.
Le Héros sera déterminé par l'Hermite
Première carte : Le Héros
L'aventure aboutit à la carte du changement, aussi appelée la mort
Dernière carte : Comment ça aboutit
Deuxième carte : L'Aventure
Ce qui va aider le Héros, l’élément allié, tombe sur La Lune.
Pour ne pas se faire dévorer par les loups, Line doit apprendre à apprivoiser son côté sombre. À comprendre et contrôler ses pouvoirs en soignant ses blessures. Elle s’aventure au cœur de ses racines, l’Empereur à ses côtés. Mais, son contact de plus en plus profond avec La Lune lui ouvre de nouveaux horizons.
L'obstacle déterminé par le jugement
Quatrième carte : Ce qui ne l'aide pas
L’obstacle, pour l’héroïne, tombe sur
Le Jugement.
Line est incitée au changement. Elle reçoit un coup de semonce. Le jugement est un message, parfois même un miracle ! Mais, en tout état de cause, elle doit payer de ses erreurs. Le jugement peut prendre l’apparence d’un piège, d’un abus de pouvoir. Cependant, quand le couperet tombe, c’est que le Héros est prêt à l’endurer.

L’Hermite sous la coupe de l’Empereur, ça donne quoi ?

Carte n°1 Le Héros Le début du roman est marqué par « L’Hermite », ce qui veut dire que Line n’est pas très sociable. Elle est effectivement isolée des autres et va devoir sortir rapidement de sa retraite. Ou bien son isolement deviendra un véritable handicap. Justement, elle intègre en ce moment même une école privée à Bordeaux ! D’accord, j’écris l’enfance de Line d’Haranguier mais, qui va-t-elle devenir ? Une jeune personne qui trouve dans la solitude un monde supérieur ? Elle expérimente d’autres réalités. Ainsi, les difficultés de la vie sont mises en parallèle avec les réponses d’un autre monde. Elle acquière une certaine sagesse qui la met en porte-à-faux avec sa génération. Classique !

Carte n°2 L’Aventure Ensuite, sa rencontre avec l’Empereur marque une période d’installation. Il y a deux empereurs dans mon roman (le père et le méchant). Line fera donc le choix de quitter la protection de son père pour accepter l’aide d’un homme qui le vaut en tous points (puissance et position élevée, rigueur et sagesse), mais qui est dans le camp ennemi. Line entre dans la tanière du loup.

Line va faire le choix de suivre le damné à l'esprit libre, ce poète de l'enfer... Photo de Stefan Keller

Envoûtée par La Lune et rattrapée par Le Jugement, ça donne quoi ? Une fin annoncée

Carte n°3 L’allié La Lune désigne les rêves, l’imagination, la féminité, la curiosité et la fuite. Line sera poussée à fuir le cadre rigoureux proposé par l’ennemi protecteur. Qui est la lune ? Elle n’est pas encore inventée. Je dois créer un groupe de résistants dont elle fera (logiquement) partie.

Carte n°4 L’Obstacle ou Le Gardien du Seuil  Le jugement annonce la fin de l’initiation. Le héros est prêt à entendre la vérité. C’est à la fois un éveil, une invention et le retour des morts. Qui rattrape notre héroïne ? Je ne sais pas encore… Voyez, l’intérêt de poser les jalons de l’histoire, c’est d’aller chercher les questions. J’ai la sensation d’être au même niveau que mes personnages : soumise à la question !

Carte n°5 L’Aboutissement L’issue de cette histoire tombe sur la lame 13 : la carte sans nom. Cette carte, illustre La Mort autant que le bourgeonnement de la vie. Elle désigne un véritable changement : faire table rase pour un nouveau départ. Je vous promets que je n’ai pas triché !

le pouvoir magique de l'écrivain

À la fin, Line prend conscience de la complexité des relations qu’elle entretient avec les résistants d’un côté et l’ennemi de l’autre. Elle connaît les secrets des deux camps et ne sait pas choisir. La lame 13 est sans appel : Line doit prendre une décision irrévocable. Couper les relations avec sa famille. Parmi les résistants, il y a un jeune homme qui ne sait pas non plus quel camp choisir : le sien ou celui de Line…

J’ai pris la décision de tirer une sixième carte pour ouvrir une nouvelle voie

 Line est encore très jeune à la fin de l’aventure, seize ans peut-être. À la fin de l’aventure elle sera à la croisée des chemins et devra se dessiner une troisième voie : la sienne. Une super-héroïne qui entre à l’âge adulte décide de son avenir. Elle a aiguisé les armes qui lui permettront d’être ce qu’elle désire vraiment. Une nouvelle aventure naît. C’est la lame19 : Le Soleil.  C’est la réalisation de son destin (je n’ai vraiment pas triché !). C’est aussi la carte de la fraternité et de l’Amour ! Line devient le trait d’Union entre les deux camps et crée une troisième voie !

la carte annonçant la suite du roman
Le Soleil annonce déjà la suite du roman. Mais l'âme soeur n'est-elle pas une illusion de la passion aventureuse ?

Le Tarot de Bernard Werber éclaire le sens véritable de l’histoire

l'univers dans une goutte d'eau
L'univers se reflète dans ses plus infimes éléments... Photo de Mystic Art Design

Le Tarot questionne la vie des hommes, ces infatigables marcheurs, tandis qu’il révèle à l’écrivain le sens véritable de l’histoire qui sommeille en lui. Les hommes agissent d’abord en fonction de leur intérêt, puis de leur rêve et, enfin, de leurs valeurs profondes. Ces valeurs se cachent au fond du coeur par une sorte de magie protectrice et l’homme oublie parfois qu’elles sont là. Entre ceux qui cherchent à renverser le pouvoir et ceux qui cherchent à le garder, il y a Line d’Haranguier, capable de détecter les valeurs cachées et oubliées . Une super-héroïne qui se donne pour mission de les éclairer. Mais, avant d’en arriver à cette étonnante capacité, avant d’arriver à aimer, une longue initiation l’attend.

Le Mat

Seul « Le Mat » n’a pas de numéro. Cette lame précède la première (Lame 1 : Le Bateleur) et revient après la dernière (Lame 21 : Le Monde) « Elle est avant et après l’initiation », traduit Bernard Werber.

Le Mat désigne le mouvement permanent. Il est aussi appelé le fou. Ce dernier sait se détourner de ses origines, briser ses liens pour accéder à un autre monde. « C’est la seule carte où le personnage avance, explique encore l’auteur, avec comme seul bagage la connaissance acquise dans son baluchon. Une fois que le personnage a tout compris, il doit reprendre la route. »

L’histoire a-t-elle une fin ? La mort est-elle une fin ? Voilà la question qui obsède l’homme et l’écrivain. Le personnage joker incarne la question de l’Évolution. Et, le fou, à mon sens, est un personnage indispensable  (voir « mon personnage joker ») pour montrer la voie.

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Le glossaire de l’écrivain incollable

Tout ce que vous avez toujours rêveé de savoir sur l’écrivain incollable est référencé dans le glossaire d’Alice Grownup. C’est par ici que ça se passe. En un clic

Archétype

L’archétype désigne, à l’origine, l’idée d’un type ancestral d’une espèce vivante. Philosophiquement, il s’applique aux idées, comme modèles éternels de ce qui nous entoure.

Mais depuis les théories de Carl Jung, l’archétype désigne ce qui nous unie depuis l’origine de l’humanité et se trouve en permanence dans le flot inconscient de nos ressentis, en relation avec l’inconscient collectif.  L’archétype s’apparente plus à une impression qu’à une représentation visuelle. Ce qui ne nous empêche pas d’en rassembler des fragments d’idées pour leur attribuer un sens et une représentation précise, pour l’associer à des symboliques archétypales permettant de la décoder.

Jung explique que, dans notre époque rationaliste, nous craignons tant l’imagination mystique, l’imagination créatrice des mythes dont nous sommes tous dotés, qu’il est normal de refuser ce monde d’images inconscientes sur lesquels l’homme s’appuyait pour se connecter à la vie. Le problème, souligne-t-il, c’est que nous perdons alors notre responsabilité morale et intellectuelle envers nous-même. Nous devons alors faire un gros effort d’apprentissage pour retrouver les connaissances inconscientes indispensables pour se connecter à la vie et parvenir à se comprendre. Qu’est-ce qu’un archétype ? C’est une expérience ancestrale vivant à l’intérieur de nous, qui nous parle et nous guide.

Caractérisation

Dans « Construire un récit« , Yves Lavandier définit la caractérisation comme l’art de créer des personnages. En pratique, le portrait et le caractère du personnage sont loin de rendre compte de l’épaisseur d’un être humain.

C’est par la mise en scène et l’exploitation de ce personnage en plein dans la vie du récit, qui permet à l’auteur de vraiment  en cerner toutes les dimensions. Certes, la caractérisation désigne le fait de « caractériser » un personnage avec des techniques précises. Pour qu’il devienne vivant, cohérent, pertinent dans la vie du récit. 

Si la plupart d’entre-vous savez qu’un personnage est créé à partir de ses attributs physiques et moraux, de son histoire, de ses goûts, etc…

Combiner ces « données » ne fait pas de lui un être dont le cœur bat à l’unisson de celui du lecteur. La caractérisation, en ce sens, est bien l’art de « créer » un être de papier qui prend vit sous nos yeux et dans nos tripes.

D’ailleurs, il lui arrive parfois de resurgir à l’improviste dans nos tête alors que nous avons refermé le livre depuis longtemps.

Identification

Ce terme s’attache à ce qui se passe dans la tête du lecteur : le personnage doit provoquer une forme d’attachement, de sympathie ou d’empathie chez lui (identification intellectuelle).

Il n’est cependant pas rare qu’un personnage soit intellectuellement antipathique mais émotionnellement sympathique. (Dexter, ainsi que Dr House en sont deux exemples types)

L’identification émotionnelle se crée à partir du moment où le protagoniste rencontre de vraies difficultés. S’il s’en sort, ce sera grâce à son courage, à sa détermination et aux qualités que l’auteur aura pris le plus grand soin à mettre en scène. De cette façon, le lecteur les détecte et attend que ces qualités le sortent du pétrin. C’est là que son cœur palpite.

Prélude

« Ensemble des gammes, accords, etc., qu’un virtuose improvise parfois avant d’attaquer le morceau » (entre autre)

Finalement, mon prélude peut s’apparenter à ça… je le garde ! 

Phrase

Comment qualifier une phrase négative qu’on se répète sans cesse, venant d’un inconscient traumatisé ? Je voudrais parler d’une phrase lancinante, comme un leitmotiv ou un anti-mantra.

Je tombe sur « aphorisme » : phrase d’allure sentencieuse qui résume en quelques mots ce qu’il y a de plus essentiel à connaître sur une chose. Ou, se dit souvent de l’énoncé succinct d’une vérité banale ou qu’on croit telle. Ce dernier point (« qu’on croit telle », fait pencher le terme en faveur de ce que je voulais dire, mais ça reste bancal). Je voulais parler d’une phrase qui revient dans mes pensées : « J’ai l’impression que je n’y arriverai jamais », ce n’est pas juste une phrase, mais « une pensée limitante », comme dirait Flo. 

Finalement, j’ai opté pour : « pensée lancinante« 

L’aphorisme vient du grec aphorismos (définition). Ce qui indique qu’il n’est pas personnel… Et puis, je ne peux écrire « un aphorisme lancinant », mais « phrase lancinante » me dérange… pensée lancinante ? Qu’est-ce qu’un leitmotiv ? Inventé par Wagner, il vient de l’allemand et signifie « motif conducteur », thème ou accord musical revenant fréquemment pour l’associer à un personnage ou un sentiment qui se rappelle au bon souvenir de l’auditeur. Ouais… ça peut passer… leitmotiv lancinant ? Non… Merde. Qu’est-ce que je vais écrire à la place de « phrase », alors ? Injonction ? Non. Hyperbole… c’est quoi, ça ? Non, sérieusement, je veux parler d’une sentence, d’une limitation inconsciente, d’un blocage, d’une peur. Bon, finalement, je garde « phrase », tout ça pour rien. Certains parleraient de procrastination intelligente.