Comment démarrer l’écriture d’une histoire ?

Voici le genre de dialogues qui démarre l’écriture d’une histoire. Voici comment je commence à approcher mes personnages

Depuis le début de ce défi « écrire une nouvelle en 21 jours », j’ai beaucoup écrit sur le livre qui en fonde l’histoire « L’Affaire Roundup ». Il ne me reste que deux jours pour l’écrire. Ai-je commencé ? Pas vraiment mais, c’est exactement comme avec un puzzle. J’écris des pièces que j’étale devant moi. Il est temps pour moi de vous les livrer telles quelles. Vous comprendrez ainsi l’effet puzzle de l’écriture.

L’écriture démarre par des images stroboscopiques

images de scènes
Des images, brutes, imprécises et stroboscopiques. Photo de Mohamed Hassan

Je pars d’élans infondés, d’images de scènes qui débarquent comme quand on allume un écran : un mouvement sorti du néant et relié au plus tard. Je tentais alors de me mettre dans la peau de Soledad, une assistante abordable pour moi, que je peux cerner pour voir à travers ses yeux. Voici ces images, brutes, imprécises et stroboscopiques :

Soledad s’engouffra dans le bâtiment, entraînée par la foule d’étudiants et de chercheurs qui assistaient à la conférence ce soir-là. Elle n’était pas conviée à la table des débats, mais elle avait toute sa place dans le voyage.

Soledad ne veut pas lâcher Sirrar d’une semelle. Son comportement devait tout de même sembler suspect. Ils passèrent d’abord par Paris pour rejoindre Michel Plate, célèbre généticien qui, apparemment, travaillait depuis longtemps avec Sirrar. Il y avait aussi Patrick Santino, un mec du gouvernement qui avait réussi à s’incruster avec un Irlandais, qui ressemblait plutôt à un flic.

Un dialogue ou un bout de scène pour entrer en contact avec les personnages

personnage
Je me balade juste, comme un rôdeur à l’affût, un plan mal éclairé en main. Photo d'Enrique Meseguer

Là, je sais déjà que l’attentat de Londres, que décrit Séralini dans son livre sans jamais le nommer, est l’acte clé de ma pièce. Je sais aussi que Soledad est issue du camp ennemi (ceux qui tirent à balle réelle) et que son collègue est un ami proche et intime : Anthony. Lui et Soledad se font confiance.

— C’est qui celui-là ? demanda-elle à Anthony.

— Il est chargé d’assurer notre sécurité. Ce sont les écossais qui ont insisté.

Soledad sentit sa gorge se nouer.

— Il sera à Londres ?

Voilà le genre de dialogues qui n’ont pas vraiment encore de textures ni d’importance. Je cherche juste à me rapprocher de mes personnages, à les faire parler, à se dévoiler un peu. Rien de consistant, en somme. Je me balade juste, comme un rôdeur à l’affût, un plan mal éclairé en main.

Le plan s’éclaire en faisant parler les personnages, les vrais bâtisseurs de l’histoire 

personnages bâtisseurs d'histoires
Les héros sont nos éclaireurs. Photo de Comfreak

— Non, il n’ira pas à Londres. Il est chargé de notre séjour à Glasgow, mais ça s’arrête là. Pourquoi ?

— Comme ça, par curiosité.

Qu’est-ce qu’elle espérait ? Sauver Sirrar toute seule ?

Là, je fais une parenthèse. Cette question intérieure ne peut apparaître nulle part dans la nouvelle car, c’est justement ce que nous ignorerons tous : les réelles intentions de Soledad. Non seulement elle me permet de voir à travers ses yeux, mais aussi de connaître intimement l’ennemi dont sa famille est issue. Et, ce n’est pas tout, cette héroïne a l’immense privilège d’être l’incertitude absolue : l’amie, la pire des traitresses.

— On aura un garde du corps en Angleterre ?

— Pour quoi faire ? Tu te prends pour Lady Di ? Sérieux, flippe pas comme ça, on n’est pas des cibles à abattre quand même. Allez, détends-toi So, coupe avec l’ambiance du labo, tu veux.

Super-héros et contre pouvoirs : la face cachée de l’écriture de fictions

L’auteur de fictions doit prendre le taureau par les cornes et se plonger sérieusement dans un travail de recherche. L’invention d’un super-héros nécessite autant de précautions que n’importe quelle innovation sérieuse.

Bonjour à tous ! J’aimerais aujourd’hui vous faire un point sur ma méthode d’écriture, puisque deux mois se sont écoulés depuis le démarrage de notre roman. D’abord, les séances du matin ont bien l’immense avantage d’imposer un rythme d’écriture et d’apporter une motivation constante. Car, jour après jour, on voit l’histoire avancer et les personnages vivre, même timidement. Pourquoi « timidement » ? En fait ce ne sont pas les personnages qui vivent timidement. C’est plutôt l’auteur qui, au commencement, partage timidement le vécu de ses personnages. Oui, il se peut qu’il tâtonne dans un univers qui ne lui est pas familier.

L’écriture de notre récit entre dans une phase d’exploration de la réalité de nos superpouvoirs

exploration de nos superpouvoirs - magie
"On trouve un nombre grandissant de scientifiques prêts à témoigner de la réalité des phénomènes paranormaux" - Magie de Yabadene Belkacem

L’invention des personnages pousse à chercher des témoignages

Depuis le début de ce défi (voir « Le Projet Line » : tous les épisodes), je vous ai partagé le résultat brut de mes séances d’écriture. Dans cet épisode 7, notre héroïne rencontre un nouveau personnage : le docteur Thomas Jay. Psychiatre un peu spécial, le docteur Jay mesure déjà les dimensions invisibles auxquelles Line est capable de se connecter. Pour écrire la scène qui va suivre, je me suis inspirée d’un livre de William Buhlman. Dans « Voyage au-delà du corps : l’exploration de nos univers intérieurs », William Buhlman décrit ses expériences de sorties de corps. Comment, de sceptique, il est venu à s’intéresser aux voyages astraux et à expérimenter le passage de sa conscience hors du monde physique.

L’écriture lance des pistes vers le vrai travail de recherche

Après deux mois d’écriture, il est temps pour moi d’aller plus loin et plus méthodiquement dans mes investigations. À un moment donné, l’auteur de fictions doit prendre le taureau par les cornes et se plonger sérieusement dans un travail de recherche. L’invention d’un super-héros nécessite autant de précautions que n’importe quelle innovation sérieuse. Cette semaine, j’ai listé un certain nombre de bouquins à lire pour me plonger dans la littérature scientifique qui associe le paranormal et le quantique. Aujourd’hui, on trouve un nombre grandissant de scientifiques prêts à témoigner de la réalité des phénomènes paranormaux, pourquoi m’en priverai-je ? J’ai terminé le premier : « Les Preuves scientifiques d’une vie après la vie – Communiquer avec l’invisible » du Docteur Jean-Jacques Charbonier.

Le témoin scientifique se transforme en personnage inspirant

Heureusement, mon rôle n’est pas de tenter de confirmer ou d’infirmer ses propos mais d’entrer dans la tête d’un personnage inspirant, et les anecdotes qu’il raconte dans son livre, comme ses démonstrations et ses idées, apportent de l’eau à mon moulin. Il y aura dans le roman des scientifiques de tous bords, et il est essentiel pour nous de pouvoir nous appuyer sur du concret et sur le vécu de personnes réelles. Nous sommes tous plus ou moins conscients de vivre cette « dissonance cognitive » dont parle Charbonier. Il nous arrive de vivre des phénomènes inexplicables, aussi insignifiants soient-ils, qui s’opposent à nos connaissances, à notre raisonnement ou à nos croyances, et provoquent inconsciemment un repli défensif. Ce qui revient à minimiser, voire à nier, le phénomène au niveau cognitif (de la pensée).

Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

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La création d’un super-héros est une invention sérieuse

super-héros- ninja lune
"L’invention d’un super-héros nécessite autant de précautions que n’importe quelle innovation sérieuse."

Les blocages propres à la culture française briment la création des super-héros

La création d’une super-héroïne est une démarche ludique, mais elle n’a rien d’anodin. Le super-héros incarne un personnage spirituel fortement symbolique. Sa création implique forcément des intentions cachées. Je pense sincèrement que les français méritent qu’on ouvre enfin les vannes et qu’on détruise les barrages. Jean-Jacques Charbonier rapporte une anecdote intéressante après Les Premières rencontres internationales consacrées à l’expérience de mort imminente à Martigues en 2006. Une équipe de France 2 vient l’interviewer pour le journal de 20 heures mais, au lieu de diffuser son entretien, la chaîne fait passer un « expert » qui n’y connait rien au sujet. « Eh oui, souligne-t-il, les scientifiques ne sont pas les seules personnes atteintes de dissonance cognitive, les journalistes sont aussi grandement touchés par cette pathologie du raisonnement ! » Habitué à la censure, le Dr Charbonier évoque aussi l’enseignement fermé des écoles françaises de médecine, qui s’explique notamment par l’influence honteuse des lobbies pharmaceutiques. C’est un problème dont je suis tout à fait consciente, et qui me scandalise depuis bien trop longtemps.

Le super-héros est un trait d’union entre les mondes

« La plupart de nos contemporains, explique-t-il encore, pensent que tous ceux qui s’intéressent au paranormal sont des allumés ou des farfelus, et ils rangent volontiers dans le même tiroir, avec un incroyable mépris, médiumnité, spiritisme, télépathie et autres phénomènes inexplicables comme les NDE (Near Death Experience : expérience de mort imminente ou EMI) » Pourquoi est-ce que je vous relate les propos de Charbonnier ? Parce qu’un auteur doit décortiquer l’intention qui se cache derrière l’écriture de son roman. Et notre super-héroïne, au-delà de sa vocation à nous faire vivre des émotions fortes, a le rôle d’incarner une ouverture vers les questions fondamentales autour du lien existant entre la science et le divin, entre la raison et l’irrationnel, entre la pensée matérialiste et notre spiritualité.

La recherche et la connaissance alimentent, façonnent et dirigent notre récit de fiction

Là, les séances d’écriture révèlent enfin leurs limites. Voilà qu’à présent de nouvelles idées vont s’ajouter et imposent d’emblée un changement notable dans la forme du récit. Si j’ai commencé l’histoire de Line à trois ans, lui faisant vivre prématurément l’élément déclencheur (voir la scène clé du bac à sable de l’épisode 6) et la rencontre avec son psychiatre (relatée ici dans cet épisode), il s’avère inutile de persister à considérer Line comme une enfant de 3 ans, même surdouée. D’ailleurs, mon fils Anton me l’a plusieurs fois fait remarquer. Maintenant, à la lumière de ma dernière lecture, j’ai déjà en tête que Line va d’abord se voir imposer une batterie de tests auprès de scientifiques raisonnables qui ne prennent pas en compte l’aspect paranormal de ses capacités. Le docteur Jay sera une bouée de sauvetage pour elle. Line sera d’abord traitée comme une enfant à problèmes, avec des symptômes à traiter. Le conflit avec sa mère sera d’autant plus fort que cette dernière se sentira coupable de ne pas oser s’y opposer.

La réalité dépasse souvent la fiction. Mettez le doigt dessus et vous ne manquerez pas d’idées

superman

Les éléments de recherche alimentent la structuration du récit

Les idées avancées par certains d’entre vous, chers co-écriteurs, auront bel et bien leur place dans ce premier roman qui relate les origines de Line d’Haranguier. Point de vue méthode d’écriture, les nouveaux éléments de recherche obligeront à des ajustements : les scènes déjà écrites seront intégrées à un nouveau contexte. Line aura environ six ans lorsqu’elle rencontre le docteur Jay, et non pas trois. Ça me donnera le temps de positionner les ennemis dont j’ai esquissé les traits. Certes, je n’ai pas encore publié les séances qui les mettent en scène, mais je peux néanmoins vous dire que l’idée d’une île isolée, habitée par une tribu n’ayant aucun contact avec l’extérieur, a fait son chemin (voir l’épisode 1). Repérée il y a 30 ans par la fondation Prôteús, dirigée par un magna de la finance, les enfants de ce peuple primitif furent enlevés et étudiés en secret pour en faire des « sujets psi ». J’ai découvert ce terme sur le site de Jean-Pierre Girard.

Les révélations des uns alimentent la fiction des autres 

Jean-Pierre Girard raconte son parcours hors norme en tant que « sujet psi » auprès de la CIA et ce qu’il sait de l’utilisation de la pensée sur la matière dans le monde de l’espionnage. Et j’ai bien l’intention, à l’issue de ces trois mois de recherche et d’écriture, d’aller l’interviewer. En attendant, nos ennemis se précisent et l’origine des pouvoirs de Line également. La scène du bac à sable va faire réagir toute la famille, mais pas seulement. La mère de Line, originaire des Philippines, a été adoptée dès ses premiers mois. Personne ne sait qu’elle vient de l’île, sauf nos fameux ennemis qui l’ont perdue par un malheureux concours de circonstances. Après avoir tenté de la récupérer, ils décidèrent de la surveiller de loin et d’infiltrer l’un de leurs agents dans son entourage. En conséquence, ils repérèrent aussitôt la grande démonstration de pouvoir opérée par Line dans le bac à sable. C’est là qu’ils vont entrer en action et entrer avec fracas dans la vie des d’Haranguier.

C'est quoi son nom, déjà ?

LINE D'HARANGUIER
unique !


Line n'est pas seule...

Suis-nous !
unique !

Malgré les apparences, un auteur n’écrit jamais seul

réseau de relations
"Aller aussi loin que notre inconscient nous le permettra..." - Photo de Gred Altmann

Son intention s’ajuste et se précise par le dialogue

J’aimerais vous faire remarquer que, ces dernières semaines, je n’ai pas beaucoup sollicité Anton, mon jeune co-auteur. Mais, l’aventure n’en est qu’à ses débuts. J’ai beaucoup à lire et à écrire. Les 3 mois impartis sont surtout là pour nous booster et pour m’obliger à faire le maximum jusqu’à la fin janvier. À cette date, nous devrons parvenir à une vue d’ensemble structurée : établir l’enfance de Line, une super-héroïne qui pourra démarrer son adolescence sur de bonnes bases ! Ainsi pourra-t-elle devenir le fer de lance d’une aventure où elle deviendra adulte et indépendante, détentrice de valeurs qu’elle pourra revendiquer haut et fort, s’appuyant sur une intention claire et un message explicite.

Ses préoccupations seront partagées avec le plus grand nombre

Vous l’aurez compris, derrière un roman de science fiction ou d’anticipation, nombre de questions existentielles peuvent être soulevées. D’ailleurs, « Les 7 lois spirituelles des super-héros » de Deepak Chopra en atteste. Chaque personnage nous interrogera sur les questions qui préoccupent l’auteur. Par exemple, Élise, la nourrice, prend pour moi une importance de plus en plus évidente. Je l’interroge, et elle m’interroge en retour. C’est un dialogue jusqu’à ce qu’on parvienne à comprendre de quoi on parle. À la lecture de « Secrets de l’art perdu de la prière » de Gregg Braden, je me dis qu’Élise va évoluer. Son rapport à Dieu, à la prière, et son regard empli de craintes face à Line, vont se transformer au cours de notre aventure, même si je ne suis pas encore certaine de la voie qu’elle va suivre.

Son implication sera totale et entière

L’avantage de faire des recherches pour approfondir l’intention réelle de l’auteur (moi, en l’occurrence) n’est pas à prendre à la légère. C’est même, à mon sens, l’essentiel du travail d’écriture d’un livre de fiction. Là est le support d’une réflexion qui ira aussi loin que l’inconscient nous le permettra. Tiens, en parlant de ça, je viens justement de m’inscrire sur une plateforme de formation en autohypnose appelée « Psychonaute » pour explorer cette dimension en expérimentant — si j’y parviens — certains états modifiés de conscience. En attendant, voici l’épisode 7 de notre aventure.. 

Épisode 7 – Après le choc, Line rencontre son plus grand atout : le docteur Jay

La vision de Line sur ce qui lui arrive

La voiture s’engagea sur la route de Ciboure vers le fort de Socoa et bifurqua à droite, rue du Phare. Elles arrivèrent dans une propriété située en bord de mer, une de ces demeures immenses et cossues possédant une vue imprenable sur les falaises de la corniche basque. Line était affreusement secouée par les événements. À trois ans, elle était capable de déceler les intentions des adultes et comprenait déjà qu’ils n’agissaient pas toujours comme ils le désiraient au fond d’eux. La plupart du temps, ce qu’ils pensaient au moment « T » changeait continuellement pour accueillir des idées nouvelles qui les empêchaient de voir clairement. Elle se trouvait alors à plusieurs endroits en même temps. De petites vagues d’air, comme des couches de brouillard, lui permettaient d’être à la fois elle-même, dans son corps, à entendre et à voir, et tout autour, dans la brume, pouf ! Elle était partout à la fois, captant toutes les subtiles raisons qu’avaient les autres d’agir et de parler. C’était fatigant. Souvent, elle décrochait, et refusait d’entendre le sens qu’ils donnaient à leur pensée. Progressivement, elle avait su coder les sonorités à sa façon, et les transformait en une voluptueuse musique qui la berçait calmement.

Line arrivait ainsi à s’extraire de la réalité. Peut-être en partie seulement. Il lui était même arrivé de traverser une ou deux couches supplémentaires pour se retrouver loin d’elle-même. À ces moments-là, elle perdait le contact avec ce qu’elle était l’instant d’avant, et atterrissait dans un lieu différent. Un jour, Line avait atterri dans l’enfance de sa propre mère, comme avec le chat. Winston lui avait expliqué qu’à ces moments-là, elle devait fermer tout doucement les yeux, amener lentement les mains vers son visage ou sa poitrine et mesurer où elle se trouvait réellement. Toucher de ses mains sa vie à elle, ce qu’elle voulait, ce qu’elle aimait vraiment. Il lui répétait que rien d’autre ne comptait. Oui, lui répondait Line, mais quand je suis avec maman, je pense si fort à elle que j’arrive pas à le faire. En fait, lorsqu’elle se sentait si loin, mettre ses mains sur ses joues la rappelait à elle-même, toujours. Grâce à ça, Line avait appris à voyager sans avoir peur de se perdre. Elle était seule au monde à pouvoir faire ça, lui avait dit Winston. Et il avait ajouté : « Je suis le seul à connaître ton secret ». Mais, Line savait qu’il en parlait à Camille. Winston faisait semblant que c’était leur secret à tous les deux, alors Line faisait semblant aussi. Le monde de Line était comme celui d’Alice : un pays des merveilles qui n’existait que dans le livre ; pas dans sa famille. Maintenant, Line n’en était plus si sûre. Est-ce que sa mère savait ? C’était bien la première fois qu’elle l’entendait y penser, comme si elle y était allée, et n’y était jamais retournée. A-t-elle pu se cacher dans la brume, devenir toute petite ou très grande ? Line se sentait complètement perdue.  Winston s’était bien trompé. Line fixait l’étrange maison aussi grande qu’un château. Elle était habitée par un homme qui connaissait son secret. De cela au moins, elle en était certaine.

Line reçoit une écoute inattendue

Lorsque Cécile ouvrit la portière, la mère et la fille se regardèrent intensément. Cécile avait une expression inhabituelle et Line l’interrogea du regard. Cécile en fut bouleversée. Il lui semblait que, pour la première fois, elle acceptait le lien qui les unissait, plus fort que tout ce qu’elle avait pu imaginer. Le moment était peut-être venu de faire semblant. De quoi exactement, Cécile n’aurait pu le dire en cet instant. Line tourna la tête vers la demeure tandis que Cécile détachait la ceinture de son siège. Le docteur Jay se tenait sur le perron.

— C’est qui ?

— C’est un médecin. Il ne t’examinera pas comme le docteur Deuvinet. Non, avec ce docteur-là, on parle.

— On parle, c’est tout ?

— Oui, c’est tout.

Cécile prit Line dans ses bras et parcourut la distance les séparant du docteur Jay qui n’avait pas bougé un cil. Elle le salua d’un « docteur » très solennel, ce qui impressionna Line, habituée aux grandes salutations affables de sa mère. Cécile était trop tendue pour jouer les débonnaires.

— Bonjour Line, j’avais hâte de te rencontrer. Cécile m’a beaucoup parlé de toi, tu sais. Elle m’a raconté tout ce que tu sais faire et je suis fasciné par ton intelligence.

Line n’était pas certaine de savoir ce que « fasciné » signifiait, mais elle était captivée. L’homme avait un visage avenant, des yeux vifs et rieurs, un corps plein de force, calme et, surtout, il n’avait pas un cheveu sur la tête. Pourtant, il n’avait rien d’un grand-père. Non, il était aussi vieux que papa.

— Bienvenue chez moi, Line. Mais entrez donc !

La maison était vaste et lumineuse. Rien de comparable à la sienne, bariolée de partout et encombrée d’objets accrochés dans tous les recoins. Ici, les espaces vides étaient rois et les peintures n’étaient que formes brouillonnes qui ne voulaient rien dire. C’était un mélange de formes et de couleurs qui accrochaient le regard pour le perdre dans des questions sans fin. Quelques motifs peints à même les murs servaient peut-être de réponse, ou de code secret. Ils étaient peints en gros traits noirs et formaient pour la plupart des personnages naïfs. Line en avait découvert dans les livres sur l’art primitif africain. Elle adorait les livres sur l’Afrique que Winston lui ramenait de la bibliothèque.

Ils s’installèrent enfin dans le salon. Il était inondé de lumière avec ses canapés de cuir blanc et sa grande table basse en verre épais. Cécile commença à raconter les événements de l’après-midi : l’histoire du tourbillon de sable. Alors, Line revit sa colère se répandre sur l’aire de jeux et lui revenir en plein visage, envahissant de flopées de sable sa bouche et son nez. Elle eut l’impression de suffoquer. Sa respiration devint saccadée, elle toussa comme pour recracher les derniers grains de sable restés coincés dans sa gorge. Cécile s’interrompit et caressa le dos de Line tandis que l’homme s’était levé et revenait déjà avec un verre d’eau. Il repartit aussitôt. Line but avidement, toussant encore et recrachant sur le sol ce qu’elle venait d’avaler. Le docteur revint avec une petite serviette blanche et lui caressa le visage avec, puis la bouche. Le linge était chaud et humide, il avait une odeur d’orange et Line se sentit mieux, instantanément. Il se servit de cette même serviette pour essuyer le sol et posa le linge souillé sur le bord de la table. Ce dernier geste étonna Line. Il avait agit avec calme et simplicité, et semblait avoir anticipé ce qui allait arriver. Line le regarda plus attentivement. Elle décela chez lui une envie véritable de lui venir en aide, de lui offrir une attention précise et spéciale dont elle avait immensément besoin. Ce besoin d’être comprise qu’elle n’avait jamais ressenti jusque-là. Bien sûr, Winston avait toujours été là, Line pouvait compter sur lui mais, cet homme-là ! Line avait l’impression qu’il parlait une langue invisible dont elle entendait l’appel derrière sa façon insistante de la regarder. Il disait : « je t’écoute, Line ». C’était tout, comme le murmure de la rivière, aussi réconfortant que ça. Un immense soulagement l’envahit. Quelque chose l’inondait de l’intérieur. C’était de la confiance.

Cécile cesse de se mentir à elle-même

Cécile vit sa fille se détendre. Depuis sa première rencontre avec Thomas, il y a quelques mois, elle appréhendait le moment où elle devrait lui présenter Line. Même si, au fil de leurs séances, Cécile s’était convaincu que s’il existait une personne capable de les aider, ce serait lui. Chaudement recommandé par Camille, la fille de Winston, Cécile était d’abord allée le voir pour parler de sa fille. Au départ, elle ne pensait pas en venir à parler d’elle-même, de ses troubles de l’enfance, de traumatismes dont elle n’avait jamais pris conscience. Mais, peu à peu, l’évidence s’était imposée : les types de symptômes concordaient. Et, le seul moyen de comprendre ce qui arrivait à sa fille était de livrer ses plus anciens secrets. Cécile s’était tellement battue pour cacher ses horribles obsessions, ses stigmates aussi, aux yeux de tous, qu’il fut très difficile de s’ouvrir à lui. Mais plus ils avançaient, plus ils se rendaient compte qu’elle avait vécu ces engourdissements à la frontière des rêves, ces flottements qui annonçaient la transformation de la réalité. Il était maintenant si simple d’en tirer les conclusions qui s’imposaient : Line lui parlait de ce qu’elle-même avait vécu à son âge. Certes, avec ses mots d’enfant, mais Cécile ne pouvait plus fermer les yeux et avait même une soif de comprendre qu’elle avait toujours refoulée.

« Le besoin de se protéger de notre puissance vous a aidé à survivre. C’était nécessaire. Vous n’avez rien à vous reprocher, Cécile. » Voilà comment Thomas la rassurait. Enfant, elle était persuadée de la réalité de ses songes. Cécile sentait la matière se fondre avec son corps. Elle voyait le dédoublement s’opérer : son petit corps parfaitement immobile, endormi dans son lit, tandis qu’elle-même se déplaçait sans effort en traversant les murs. Très vite, elle rencontra d’autres personnes sous cette forme évanescente. Des personnes qui lui parlaient et la guidaient dans un monde aussi réel que le sien, si sensible aux pensées qu’il se transformait selon sa volonté. Elle se souvenait avoir appris à parler aux choses, aux espaces, à la matière, au point qu’ils pouvaient se modifier selon son bon vouloir. Elle avait aussi visité d’autres pays, appris tant de choses… Avait-elle su faire ça en vrai ? La question était restée en suspens dans sa tête, sans chercher à y répondre vraiment, jusqu’à aujourd’hui. C’est que la peur était restée intacte, depuis le jour où, à son réveil, la réalité l’avait rattrapée. Elle n’avait alors que cinq ans.

Cécile se réveilla dans un lit d’hôpital, une aiguille plantée dans le bras, reliée à des machines, un masque sur le visage. Sa mère, à ses côtés, était en pleur. Elle comprit que ses voyages avaient des conséquences sur sa vie, et que ce n’était pas normal. Depuis ce jour, elle combattit de tout son être le monde des sons et des vibrations qui l’entraînait de l’autre côté du miroir. Quand Line commença à lui parler d’Alice au pays des merveilles, une peur viscérale l’avait envahie. Petite, Cécile s’était, elle aussi, identifiée au personnage de Lewis Carol. Depuis, elle savait que ce récit relatait en partie les hallucinations vécues par l’auteur lors de ses crises. Lewis Carol souffrait d’épilepsie du lobe temporal. Ce ne pouvait pas être un hasard si Line manifestait une véritable obsession pour l’héroïne de ce conte. Elle s’était alors confiée à Camille, la fille de Winston, qui était neurologue. Ensemble, elles avaient débattu de longues heures sur des questions de psychologie et de neurosciences.

La toute première séance à l’air libre

Cécile s’aperçut soudain que Line et Thomas avaient quitté la pièce. Elle les entendait discuter sur la terrasse par la porte vitrée laissée ouverte. Elle se leva. Prise d’étourdissements, elle dû s’appuyer contre le mur avant de les rejoindre. Assis côte à côte sur une des marches du perron, ils étaient face à la mer, lui tournant le dos. La propriété avait un jardin arrière qui s’arrêtait au bord de la falaise et ne possédait nulle barrière. Mais Thomas n’avait pas entraîné Line plus loin que la terrasse. L’étendue d’herbe rase et quelques arbustes épars, permettaient d’admirer l’horizon à perte de vue. C’était d’une beauté à couper le souffle, si calme, si reposant. Au cours de ses visites, jamais elle n’avait soupçonné l’existence de ce havre de paix. Elle se sentait tellement déconnectée, soudain. Décidément, sa fille était au bon endroit.

— Et, tu vois les gens de plusieurs côtés à la fois ?

— Oui, confirma Line, mais je peux aussi les voir à plusieurs endroits en même temps. Quand ils étaient petits, par exemple.

— Ça te fait peur ?

— Non, mais eux ça leur fait peur quand je leur dis. Élise est très fâchée si je lui raconte ce que je vois. Alors, moi aussi je me fâche.

— Toi aussi tu es très fâchée ?

— Bah oui, parce que je vois la colère chez tout le monde. Je déteste ça. La colère, elle rend tout noir et ça j’aime pas du tout. Je veux m’en aller si vite que tout bouge très fort autour de moi. Tout le monde a peur.

— Comme tout à l’heure ?

— D’habitude, ça bouge, mais personne ne voit. Au parc, c’est le sable qui s’est fâché. Il bougeait dans tous les sens, il a attaqué de partout, ça faisait très mal. Je n’ai pas bougé le sable, moi.

— Il t’a attaqué aussi ? Tu as des marques rouge sur le visage, ça fait encore mal ?

— Oh oui, dit-elle en effleurant son visage encore marqué, comme s’il avait reçu de minuscules coups de fouet. C’est pour ça que je n’aime pas le noir, j’avais peur qu’il m’attaque. Aujourd’hui, c’est ce qu’il a fait.

— Tu aimerais apprendre à te protéger, ou à empêcher que ça bouge ?

— Oh oui, j’aimerais beaucoup beaucoup !

J’arrête là cet épisode, bien que j’aurais aimé vous raconter comment le Docteur Jay propose à Line un exercice qui lui permettra de s’ancrer dans la réalité en jouant avec son inconscient. Elle devra s’entraîner chaque soir à se déplacer consciemment en manipulant ses souvenirs à l’aide de son imaginaire. Ensuite, une réunion de famille s’impose. Le groupe se constitue autour du père, Antoine, qui fera office de cerveau, en référence au « groupe », véritable organisme vivant, magistralement orchestré par Álex Pina, le réalisateur de « La Casa de papel ». La suite au prochain numéro…

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La clé n°1 pour écrire votre roman - photo de Natan Bregalda

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Lancez-vous maintenant ! Les séances d’écriture dont je parle dans mon bonus sont indispensables à l’avancée de votre projet d’écrire un roman, pour vous tenir en haleine. Même si vous ne maîtrisez pas encore les tenants et les aboutissants de votre histoire, commencez à écrire votre roman sans attendre, sans même connaître vos personnages à fond (recevez immédiatement mon kit de démarrage ici – c’est cadeau !). Vous n’avez qu’une vague idée de ce qu’ils font dans la vie ? Vous ne savez même pas encore leur prénom ? Parfois, je colle un nom après une ou deux secondes de réflexion et je le remplace plus tard si besoin (le plus souvent celui qui vient sans réfléchir est le bon). Apprendre à écrire le souffle léger permet d’empiler un nombre invraisemblable d’idées saugrenues et de détails insignifiants, et fera de votre histoire un roman vivant.

Créez-vous un espace-temps protégé et intime

N’ayez pas peur de vous perdre dans une histoire confuse. Vos séances quotidiennes font partie d’un espace-temps spécial. Elles créent une bulle protégée à un moment précis de votre journée, un rendez-vous intime à ne pas rater.  Elles se démarquent des séances de travail dédiées à la structuration du roman. En séance d’écriture, je m’interdis de trop réfléchir. En effet, le jeu est toujours le même : on est dans le rythme de l’écriture sans peur ni reproche. Pas de pause, pas de jugement, pas d’hésitation. Par exemple, quand un mot m’échappe, j’écris le premier qui me vient, et je prends soin de le mettre entre parenthèses pour y revenir plus tard à la correction. Ne fournissez aucune excuse valable pour ne pas instaurer immédiatement votre séance d’écriture quotidienne. Comme l’exercice physique, la séance quotidienne maintient en forme l’écrivain que vous êtes. Cette séance (même de 10 ou 15 minutes par jour) fera de vous l’auteur de votre futur roman.

in love - écriture de poèmes
On est dans le rythme d'écriture sans peur ni reproche, photo emerloppez19

Vos temps de travail et de recherche seront plus dynamiques

Certains objecteront qu’une séance d’écriture est un temps de travail acharné. Katherine Pancole déclare qu’au cours de ses 5 heures de travail quotidien, elle est contente quand elle a pondu deux pages. Je ne parle pas de ces séances-là. La séance d’écriture est pour moi une bouffée d’oxygène qui fait circuler l’écriture dans le sang. Elle ne remplace pas les séances de travail où écriture et recherche se côtoient, où les questions s’empilent, se déchaînent et se décortiquent. Ce sont les temps de submersion qui nécessitent des réponses, obligent à rédiger, corriger, raisonner, critiquer, transformer, épurer, soupeser, remanier. Katherine Pancole illustre bien cette réalité à travers les dessins d’Anne Boudart que vous pouvez retrouver sur la page facebook de l’auteure.

Katherine Pancole
"les séances de travail où écriture et recherche se côtoient", dessin d'Anne Boudart

Clé n°2 : découvrez chaque personnage en les confrontant les uns aux autres

esquisse de personnage
"confrontez les frêles esquisses de vos personnages à des bouts de scènes intuitives", dessin de Mirzet

Esquissez vos personnages sans vous soucier du résultat final

Qui est mon héros ? Comment s’appelle-t-il ? Comment vais-je écrire un roman sans connaître tout de sa famille, de ses amis et de son passé ? Tant de questions se bousculent que vous risquez la surchauffe. Ainsi, si vous confrontez les frêles esquisses de vos personnages à des bouts de scènes intuitives, sans complexe, sans enjeu, sans travail acharné, juste par jeu. Les stratégies, les intrigues, les coups de théâtres, apparaîtront grâce à ce travail d’approche. Là, on apprivoise. Ainsi, vous élaborez, sans vous en rendre compte, le squelette de votre futur roman. Alors, la super intrigue qui vous trotte dans la tête prendra vie, dans la plus pure tradition de l’écrivain heureux.

Écrivez des petits bouts de vie sans vous soucier de leur cohérence

Connaissez-vous suffisamment votre héros pour vous lancer dans l’écriture ? Si vous vous posez encore la question après avoir débuté vos séances d’écriture, dites-vous bien qu’il vit un peu plus chaque jour grâce à vous. Qui est Mia, l’héroïne de mon roman en cours ? Eh bien, je sais qu’elle est belle, le teint caramel, les cheveux aériens et bouclés, les yeux noisette. J’ai élaboré au fil de mes séances un bon nombre d’éléments de sa vie et de son enfance. En somme, c’est comme inventer des petits bouts de vie ! Des dialogues entre personnages mal dégrossis, leurs pensées en arrière plan, leurs sentiments mal perçus ou à peine devinés, leur relation évidente ou leur rencontre fortuite, etc. De là, mes idées se confrontent en vrac ou, au contraire, elles se renforcent au fil des jours. C’est comme si Mia était dans son univers tandis que, moi, je le découvre.

communication de groupe
"Sans l’entourage du héros, il n’y a point de héros." image de Geralt

Créez votre héros à travers le regard des autres personnages

Mon héroïne Mia a un caractère que je ne saurais dépeindre tant que les autres personnages de sa vie ne m’auront pas avoué leurs sentiments. Écrire sur l’enfance de son père adoptif, écrire sur les sentiments de ce père pour sa fille, c’est créer un pan entier de la personnalité de mon héroïne. Sans l’entourage du héros, il n’y a point de héros. Même Robinson Crusoé a son acolyte : Vendredi. La caractérisation de votre personnage se construit au travers de ses traumatismes, de ses réactions face aux autres, de ses haines et de ses passions. Par exemple, son histoire intime explique ses réactions primaires dues aux traumatismes de l’enfance. C’est aussi et surtout le regard des autres qui détermine qui il est et ce qu’il accepte ou non de faire. Qu’est-ce que les autres pensent de lui ? Comment le considèrent-ils ? Que lui demandent-t-ils de faire ?

Pour en savoir plus sur la caractérisation des personnages je vous invite à écouter mon podcast « Comment créer des personnages vivants »

Clé n°3 : préparez-vous à percer les mystères de votre intention

La femme-écriture
"Pourquoi décide-t-elle de partir à l’aventure ? Que cherche-t-elle à se prouver ? J’établis une relation de cause à effet", création de Kellepics

Comment se construit l’écriture de votre roman ?

L’affaire se corse ! Notre héros est souvent le premier personnage que l’on a en tête, il incarne notre idée, notre message. Logique, c’est notre principal outil pour résoudre le conflit, l’enjeu de notre histoire. C’est alors que la question vous démange, celle qui pousse à sortir de l’écriture intuitive, de la zone confortable et douillette de vos séances d’écriture, et à élaborer la stratégie de votre roman : Quel conflit ? À quoi aspire profondément mon héros ? Qu’est-ce qu’il a le plus de mal à accomplir ? À quelle sauce va-t-il être mangé ? Et, enfin, comment va-t-il s’en sortir ? C’est donc là, à ce moment précis que vous devez faire le grand saut et passer en mode pro. Instaurer une plage horaire supplémentaire où l’écrivain insouciant que vous êtes se transforme en coureur de fond, doublé d’un impitoyable manipulateur.

Voir à ce sujet mon fameux article « Secrets d’écrivain enseignés par Derren Brown »

Comment créer le mystère de l’intrigue ?

Que va-t-il devenir ? Que va donc devenir votre héros ? Voilà la question fondamentale. L’importance des autres personnages apparaît alors. Car, en conséquence, que vont devenir les autres ? C’est une préoccupation constante chez votre héros, consciente ou non. Reprenons l’exemple de Mia. Elle se construit autour de sa relation avec Mirko, son père adoptif. Généralement, un héros se construit autour d’une figure dominante, tel un mentor. Ce dernier peut être absent, mais son influence reste dominante. Il cherchera d’autres figures-miroir pour le remplacer. Écrire le parcours du père et de Mia me permet de comprendre la nature exacte de leur relation et d’avancer dans la création d’un objectif de qualité : que cherche mon héroïne, au fond ? Son indépendance ? Pourquoi décide-t-elle de partir à l’aventure ? Que cherche-t-elle à se prouver ? J’établis une relation de cause à effet, je cherche à comprendre si elle fuit, si elle se positionne, si elle cherche à régler un conflit intérieur.

Écrire votre roman c’est en chercher la cohérence !

Ces mystères doivent être percés à jour par l’auteur. C’est pourquoi les va-et-vient entre vos séances d’écriture et votre travail de réflexion est une méthode que je conseille. Elle facilite l’avancée de votre projet. Lors de mes séances d’écriture, je teste des scènes-prétexte pour tester les réactions de mon héroïne. Une scène d’enfance, par exemple, me permet de tester ses capacités. Mia habite chez Flutura, la sœur de Mirko, qui vit dans un village de montagne avec son mari et son fils Milan. On voit les enfants se gaver de framboises, un panier vide à leurs pieds, quand trois gamins débarquent et proposent à Milan de venir chasser le serpent. Dans mon idée, Mia a appris énormément dans la forêt aux côtés de son grand père chamane, puis de Baka, la guérisseuse serbe. Mais, pour que le récit soit intéressant, Mia aura subi un traumatisme psychologique qui lui aura fait tout oublier. Ainsi, ses connaissances sont inconscientes et apparaissent de manière intempestive. Je veux la mettre en situation de réagir vite pour voir comment elle se perçoit elle-même face à la vie.

En résumé, l’auteur d’un roman est le créateur de l’univers !

Vous êtes le garant d’une intelligence supérieure

lettre secrète
"Les protagonistes doivent résoudre une énigme ou un conflit. Mais ce n’est pas gratuit ! " - photo de Pezibear

L’auteur est un incontestable maître du jeu, mais il n’a rien d’un Dieu. C’est plutôt le grand ordonnateur de la vie, celui qui crée les synchronicités, les événements qui poussent le héros à accomplir son destin. Il est à l’écoute, décode les intentions cachées qui poussent les personnages vers ce quelque part impalpable, indécodable pour eux. Ainsi, vous cernez la cohérence du « conflit » qui empêche le héros d’atteindre son but. Il est clairement attiré par quelque chose de plus grand que lui, une force invisible. C’est au fond de lui, quelque part, et vous l’avez compris.

Certes, vous êtes un manipulateur équivoque, mais nul ne sait mieux que vous ce qui est vital dans cette histoire, ce qui est vital pour tous les personnages en présence. Vous avez la mission de les guider vers leur destin, de les aider à écouter leur voix intérieure, vous avez la responsabilité d’être l’intelligence supérieure qui agence l’univers. Vous êtes le garant incontestable de la cohérence de la vie au sein de cet univers.

Gardez les 3 clés d’une écriture vivante

Clé n°1 : Jetez-vous dans l’écriture ! Lors de vos séances d’écriture, ne vous demandez pas si une scène est bonne. Nombre de scènes permettent de créer l’univers de vos personnages, même si elles ne se retrouvent pas forcément dans le roman. Elles ont le mérite de nous faire avancer dans sa construction, ne serait-ce qu’en y ajoutant plus de texture, de matière organique, plus de vie en clair.

Clé n°2 : Cela vous permet de tester l’ambiance, et aussi de choper des idées sur les réactions des uns et des autres. C’est ainsi qu’un personnage peut vous surprendre. Apprendre à mettre les personnages en situation, à chercher leurs repères, se fait aussi en lâchant prise lors de vos séances d’écriture. Vous y découvrirez de précieuses portes d’accès pour comprendre ce qu’ils cherchent vraiment.

Clé n°3 : Mettez en place les conditions matérielles et humaines qui poussent le héros vers un objectif sensé. La question du sens passe par l’étude des relations de cause à effet évoquées plus haut. Les protagonistes doivent résoudre une énigme ou un conflit. Mais ce n’est pas gratuit ! Cette quête les pousse immanquablement vers la révélation de qui ils sont vraiment.

La clé ultime pour réussir l’écriture de votre roman : votre course à l’objectif

C’est bien beau tout ça mais, concrètement, comment garder sa motivation ? Comment croire qu’on va vraiment y arriver ? Depuis que j’ai créé ce blog, il y a un an, j’ai lâché la course à l’objectif. Malheureusement, quand on veut écrire un roman, se fixer une date butoir est un incontournable. La nécessité de pénétrer l’univers de vos personnages devient une course contre la montre et vous transforme, vous aussi, en héros. Pour moi, pas de roman sans date butoir, ne serait-ce que pour entrer dans la course. Qu’on prolonge le délai imparti est une autre histoire.

J’ai donc décidé d’en faire la démonstration en live en me lançant le défi d’écrire un roman en trois mois… avec mon fils. C’est un roman très fun qui a pour thème l’enfant super-héros : Le Projet Line. Il démarre lundi ! Line va grandir mais, en attendant, comment un super héros se débrouille-t-il enfant, et bébé ? C’est la question à laquelle, mon fils et moi allons répondre sous vos yeux, en trois mois.

Le défi est lancé !

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Écrire une histoire et la finir !

Nous savons tous raconter des histoires. Chacun à notre façon. Alors, qu’est-ce qui fait qu’on achève pas toujours notre récit ? Creusons cet angle d’attaque pour suivre la réalité d’une histoire. L’écriture, « l’imaginaire en action », suit une quête, encore vivante, fumant dans la mémoire du conteur.

Bonjour tout le monde !

Avec cette petite vidéo, je me lance sur les traces de l’écrivain en action ! Pourquoi ne parle-t-on jamais des temps d’écriture où l’écrivain ne finit pas son histoire ?

Je pense que cette question est source de découvertes intenses sur la difficulté d’écrire un récit de bout en bout, sans faiblir. Et c’est bien le sujet premier que je me fais un devoir de décortiquer avec vous.

Dites-moi tout ce qui vous passe par la tête à ce sujet ! On fera le tri ensemble. C’est la fête du slip ! Laissez un p’tit commentaire pour qu’on fasse avancer le shmilblick. Merci à tous et à tout de suite les amis !

Vous vous demandez sûrement ce qui se passe quand un écrivain se lance dans l’écriture d’un roman ? Plein de choses ! Mais, parfois, après le feu d’artifice d’idées et l’éclate des premières rencontres (avec son héros, les amis et parents de ce dernier, et ses ennemis potentiels), l’auteur cale et ne sais pas continuer.

Il doit chercher ou abandonner.

Bien sûr ! Me direz-vous, il y a des écrivains qui savent ce qu’ils veulent dire et ne se fourvoient pas dans le désert. C’est vrai.

Avec cet angle d’attaque, qui part de LA question que nous nous posons tous au moins une fois dans notre vie Un écrivain connait-il la fin de l’histoire qu’il raconte ? -, je vous invite à réfléchir à comment écrire une histoire. 

Le vivant appelle le vivant !

Les personnages et l’auteur forment indéniablement la trame du récit. C’est aussi simple que ça. Je dirais donc que finir l’écriture de son histoire dépend du rapport entre la quête du héros et celle de son auteur.

Une histoire est un organisme de cellules

La présence des personnages secondaires permet le déroulement du récit (grâce aux alliés) et le parcours et l’achèvement de la quête.

Cette fin est conditionnée par les personnages en présence et les rapports de force qui se jouent (enjeux). Pour résumer, une histoire est un organisme vivant cousu de fils blancs, que l’auteur parvient à réanimer… ou pas.