Comment démarrer l’écriture d’une histoire ?

Voici le genre de dialogues qui démarre l’écriture d’une histoire. Voici comment je commence à approcher mes personnages

Depuis le début de ce défi « écrire une nouvelle en 21 jours », j’ai beaucoup écrit sur le livre qui en fonde l’histoire « L’Affaire Roundup ». Il ne me reste que deux jours pour l’écrire. Ai-je commencé ? Pas vraiment mais, c’est exactement comme avec un puzzle. J’écris des pièces que j’étale devant moi. Il est temps pour moi de vous les livrer telles quelles. Vous comprendrez ainsi l’effet puzzle de l’écriture.

L’écriture démarre par des images stroboscopiques

images de scènes
Des images, brutes, imprécises et stroboscopiques. Photo de Mohamed Hassan

Je pars d’élans infondés, d’images de scènes qui débarquent comme quand on allume un écran : un mouvement sorti du néant et relié au plus tard. Je tentais alors de me mettre dans la peau de Soledad, une assistante abordable pour moi, que je peux cerner pour voir à travers ses yeux. Voici ces images, brutes, imprécises et stroboscopiques :

Soledad s’engouffra dans le bâtiment, entraînée par la foule d’étudiants et de chercheurs qui assistaient à la conférence ce soir-là. Elle n’était pas conviée à la table des débats, mais elle avait toute sa place dans le voyage.

Soledad ne veut pas lâcher Sirrar d’une semelle. Son comportement devait tout de même sembler suspect. Ils passèrent d’abord par Paris pour rejoindre Michel Plate, célèbre généticien qui, apparemment, travaillait depuis longtemps avec Sirrar. Il y avait aussi Patrick Santino, un mec du gouvernement qui avait réussi à s’incruster avec un Irlandais, qui ressemblait plutôt à un flic.

Un dialogue ou un bout de scène pour entrer en contact avec les personnages

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Je me balade juste, comme un rôdeur à l’affût, un plan mal éclairé en main. Photo d'Enrique Meseguer

Là, je sais déjà que l’attentat de Londres, que décrit Séralini dans son livre sans jamais le nommer, est l’acte clé de ma pièce. Je sais aussi que Soledad est issue du camp ennemi (ceux qui tirent à balle réelle) et que son collègue est un ami proche et intime : Anthony. Lui et Soledad se font confiance.

— C’est qui celui-là ? demanda-elle à Anthony.

— Il est chargé d’assurer notre sécurité. Ce sont les écossais qui ont insisté.

Soledad sentit sa gorge se nouer.

— Il sera à Londres ?

Voilà le genre de dialogues qui n’ont pas vraiment encore de textures ni d’importance. Je cherche juste à me rapprocher de mes personnages, à les faire parler, à se dévoiler un peu. Rien de consistant, en somme. Je me balade juste, comme un rôdeur à l’affût, un plan mal éclairé en main.

Le plan s’éclaire en faisant parler les personnages, les vrais bâtisseurs de l’histoire 

personnages bâtisseurs d'histoires
Les héros sont nos éclaireurs. Photo de Comfreak

— Non, il n’ira pas à Londres. Il est chargé de notre séjour à Glasgow, mais ça s’arrête là. Pourquoi ?

— Comme ça, par curiosité.

Qu’est-ce qu’elle espérait ? Sauver Sirrar toute seule ?

Là, je fais une parenthèse. Cette question intérieure ne peut apparaître nulle part dans la nouvelle car, c’est justement ce que nous ignorerons tous : les réelles intentions de Soledad. Non seulement elle me permet de voir à travers ses yeux, mais aussi de connaître intimement l’ennemi dont sa famille est issue. Et, ce n’est pas tout, cette héroïne a l’immense privilège d’être l’incertitude absolue : l’amie, la pire des traitresses.

— On aura un garde du corps en Angleterre ?

— Pour quoi faire ? Tu te prends pour Lady Di ? Sérieux, flippe pas comme ça, on n’est pas des cibles à abattre quand même. Allez, détends-toi So, coupe avec l’ambiance du labo, tu veux.