La déclaration de foi

Alors, êtes-vous prêts à refaire votre histoire ? L’exercice dont je vous parlais hier mérite sûrement un temps de macération, qu’il prenne un parfum de folie, de rêve et de liberté. Je l’ai fait, il y a de cela une semaine, le jour de mon anniversaire.

Photo d’Antonios Ntoumas

Alors, êtes-vous prêts à refaire votre histoire ? L’exercice dont je vous parlais hier mérite sûrement un temps de macération, qu’il prenne un parfum de folie, de rêve et de liberté. Je l’ai fait, il y a de cela une semaine, le jour de mon anniversaire. Quand on écrit ce genre de chose, c’est, comme on dit, de l’ordre de l’intime. Toutefois, il est juste de vous livrer ce texte, en simple exemple, sans fard ni retouches. Ainsi, vous aurez un premier aperçu de ce que ça peut donner, ou apporter.

Se jouer de l’histoire

déclaration écrite
"S'offrir la libre expression de la foi, qui porte en elle la pureté de l’abandon." Photo Moshe Harosh

Je dois néanmoins vous prévenir que mon petit jeu de l’histoire inversée est le résultat d’une suite d’exercices similaires. Et si le texte d’aujourd’hui affiche une désinvolture affichée, c’est que je suis passée par des pratiques plus complexes et inconfortables, fouillant dans mes souvenirs ce qui restait bloqué. Le texte que vous allez lire est un petit cadeau d’anniversaire, en quelque sorte. Un petit cadeau qui ne nécessitait aucune dépense. Et dont le principe, justement, était de m’offrir la libre expression de la foi, qui porte en elle la pureté de l’abandon. Si je voulais être moins emphatique et plus rigoriste, je qualifierais ce texte de « lettre de motivation ».

Réécrire le récit

12 août 2020
Tu refais ton histoire. Bon anniversaire.

Pour certains, je suis une belle femme. Encore aujourd’hui, à l’aube de mes cinquante ans, je garde le charme de la jeunesse, celui qui maintient les mystères de l’enfance et qui éloigne des avaries de l’âge. Et, si je me fais appeler Alice Grownup, c’est pour parvenir à ce subtil équilibre qui permet de grandir sans se laisser piéger. Mais, il faut que je vous dise. Cette courte histoire sert à lancer le reste de ma vie, plus dense, plus longue et plus forte que jamais. Une vie qu’aucune croyance ne pourra endiguer. Elle se déversera sur le monde pour l’aider à grandir et à se relever d’une croissance forcée, dont les ravages doivent cesser. Il y a donc une façon d’écrire le passé pour assurer un avenir fécond dont je suis garante à tout jamais.

Relire les faits

Qui suis-je ? Un défaut de vue interpelle mon cerveau. Un flash rapide recouvre la réponse élaborée, qui devrait former le plus gros d’un tableau intéressant et porteur d’avenir. Il a trait à ce qu’on appelle trivialement « l’insertion professionnelle ». Justement, portons là notre attention et révolutionnons mon ancien discours, mon ancienne vue de l’esprit reliée à l’interprétation morale des faits. Je dis « morale » pour parler de la norme sociale. Autre débat ? Décortiquons la chose à partir du début : les faits. Ils se relatent, ils se racontent selon l’angle de vue du conteur. Allons-y.

Revisiter les souvenirs

souvenir d'enfance
Je me souviens d'avoir rêvé... Photo Enrique Meseguer

J’étais une petite fille pleine de bagou, pleine de vie, pleine d’énergie et pleine d’idées. Très jeune, je me souviens avoir rempli un gros panier de poires de coq et avoir sonné aux portes des maisons alentour pour les vendre. Je me souviens aussi avoir fabriqué des paniers de fleurs séchées, avoir écrit des poèmes et des histoires et, surtout, avoir correspondu avec un grand reporter pendant toute mon enfance et mon adolescence. Philosophé et questionné sans relâche.

Renverser l’interprétation

Puis, plus grande, avec la curiosité propre à l’écrivain, exploré tous les mondes possibles. Ceux du commerce, ceux du sondage, ceux de l’art et de la culture, ceux de la politique et du social. Je n’avais pas la nécessité de gagner ma vie, ce qui m’a permis d’assouvir ma soif de découvrir. Mes parents étaient parfaits pour me laisser toute liberté de découvrir la vie, les autres, et les territoires. C’était une véritable aubaine. Cette multiplication des intérêts me permettait d’étendre ma palette de connaissances, tandis que ma mère m’obligeait à rester dans les études.

Réinventer l’avenir

attiré vers l'avenir
Élargir sa vision du passé... Photo Gerd Altmann

Aujourd’hui, toute cette expérience me permet encore d’ouvrir le champ des possibles. J’ai ainsi ouvert un nouveau pan de ma vie sur l’internet. Et j’arrive enfin à l’aune d’une nouvelle aire. J’innove, je bâtis. Oui, j’ai posé les bases d’une nouvelle vie où il est question de pouvoir économique. Au-delà de la simple question de l’insertion personnelle, du moulage salarié, j’ai la vision du bâtisseur. Se comparer au salarié lambda me portait à garder un prisme restreint sur le sens de mes actions, à travestir l’interprétation des faits.

Se déclarer

Aujourd’hui, je comprends le sens de toutes mes actions passées qui m’amène à élargir ma vision. Allez, vas-y dis-le ! Je suis une bâtisseuse. C’est-à-dire ? C’est-à-dire que je suis une bâtisseuse. C’est-à-dire ? Je fabrique, je choisis mes collaborateurs, je m’insère parfois dans des équipes si je me sens libre de créer. C’est ça le truc. Je suis une créatrice, j’aime communiquer.

Le jeu de la candeur n’est qu’un leurre

les bâtisseurs
"Allez, vas-y dis-le !"

Je réitère mon avertissement : ce texte aux apparences candides et complaisantes cachent un travail préalable profond sur les sentiments enfouis, reliés à des souvenirs redondants dont l’interprétation sans discernement ni concession bouchait une vision fluide et positive de mon avenir. Ce travail sur soi, sur les visions stagnantes de son passé, sur les ressentis dynamiques et inconscients en action, qui freinent imperturbablement notre avancée, se fait grâce à des pratiques de coaching qui s’éloignent notablement des traditions psychanalytiques pour moi dépassées. Si ce thème vous intéresse, dites-le moi en commentaire ou par mail (et si vous n’êtes pas encore abonné, c’est le moment, car la correspondance est incluse dans le clic)

Faut-il avoir la foi pour écrire un roman ?

L’histoire d’un écrivain, l’histoire qu’il se raconte, compte pour beaucoup dans sa façon d’écrire.Se lancer dans l’écriture d’un roman relève du mystique. Mais je vous propose un exercice facile pour éviter l’infortune.

Photo Rogier Hoekstra

L’histoire d’un écrivain, l’histoire qu’il se raconte, compte pour beaucoup dans sa façon d’écrire. Lorsqu’il s’assoit pour démarrer une scène, il tombe sous le charme de l’écriture. Vous objecterez sûrement qu’une telle image d’épinal est bonne à donner aux pigeons. Détrompez-vous. Se lancer dans l’écriture d’un roman relève du mystique. Mais je vous propose un exercice facile pour éviter l’infortune.

Le mythe personnel, un processus d’envoûtement

le mythe personnel
"L’aventure se trouve là, au fond des abysses..." Photo de Stefan Keller

Le processus d’écriture romanesque est une quête. L’histoire écrite n’est que la partie émergée de l’iceberg, reliée au mythe de sa propre histoire, celle qu’il se raconte pour endosser sa responsabilité d’écrivain. L’aventure se trouve là, au fond des abysses, dont il faudra extraire les pièces les plus précieuses et reconstituer l’enchaînement des faits. C’est de lui, et c’est de nous dont il parle. Car il devra, pour écrire, retracer le récit de sa vie. C’est le prix à payer pour aboutir au roman.

Nous procédons tous à ce processus d’envoûtement. Mais, pour beaucoup d’entre-nous, ce mécanisme induit reste inconscient. Il est alors scabreux, voire dangereux pour accéder à sa vocation, pour parvenir à ses rêves. Et si parmi eux, vous caressez l’espoir d’écrire un roman, vous devez plonger dans les profondeurs sauvages de la forêt ensorcelée. Et personne n’y coupe, croyez-moi.

Rendez-vous compte du fascinant voyage à accomplir pour devenir écrivain. Pour s’asseoir où bon vous semble, avec désinvolture, il vous faut traverser les paysages les plus insolites, errer dans votre passé aussi bien que dans le futur incertain de l’humanité. Mais, je ne vous entraîne pas plus loin dans un soliloque infernal, non. J’aimerais au contraire vous partager la simplicité de l’exercice.

L’histoire inversée, un exercice accessible à tous

"L'histoire qu'on se raconte peut se retourner contre nous" Photo d'Anja Cocoparisienne

J’ai souvent parlé du rôle que je me suis assigné pour devenir écrivain. Pour en arriver là, c’était un jeu de clés qui ne rend pas justice à la fable que je me suis racontée. Elle est pourtant l’assise indispensable au rôle que j’interprète aujourd’hui. Chacun d’entre nous vivons notre vie en fonction de l’histoire qu’on se raconte (Derren Brown en parle très bien dans son reportage : voir mon article sur la question ici). Pour se jouer d’elle, je fais un exercice ludique que j’appelle « l’exercice de l’histoire inversée ».

Je vous explique. On s’aperçoit rarement de la puissance de cette fable autobiographique. Elle construit notre parcours jalonné de croyances, méthodiquement construites,  pièce par pièce, avec les années. Notre histoire, socle mouvant de notre personnalité, est pourtant variable à volonté. Aussi, le plus captivant est son architecture modulable.

Le mieux, pour le comprendre, est de faire un petit exercice facile et ludique, celui de réécrire votre histoire. Oh, ne vous mettez pas martel en tête. Il ne s’agit pas d’écrire un roman. Prévoyez une pause agréable au bord de l’eau et reconsidérez votre histoire, celle que vous vous racontez si souvent, ayant trait à tel ou tel événement de votre vie. Des souvenirs d’enfance, par exemple, qui vous font croire que « vous êtes comme ça ».était

Redistribuez les cartes de votre destinée

votre destin
"J’ai un jour découvert que pour forger sa destinée, il fallait l’ériger en foi" Photo Igor Ovsyannykov

Je conçois que vous puissiez avoir du mal à me suivre. Alors voilà l’astuce : repensez à un épisode de votre vie qui remonte parfois à votre esprit. Il trouve souvent sa place pour justifier d’un trait de caractère qui vous embarrasse de temps à autre… Vous y êtes ? Prenez votre temps… Parfait, celui-ci fera l’affaire. Maintenant, racontez-le sous un angle totalement différent. Un angle nouveau qui reconstruit votre regard sur le futur. Car, le prisme du passé planifie toujours votre avenir.

Cet exercice est une bonne façon de redistribuer les cartes pour avancer vers ses rêves. En effet, j’ai un jour découvert que pour forger sa destinée, il fallait l’ériger en foi. Sans basculer dans l’exubérance ou le scepticisme grégaire dont Balzac se fait un malin plaisir à dépeindre les effets (« L’illusion est une foi démesurée » *), prendre la foi pour ce qu’elle vaut est sain et salutaire.

La foi n’est autre que la fidélité à remplir ses engagements. Construire une foi en son avenir, y placer précisément son rêve ; l’épurer des fantasmes qui ne sont bien souvent qu’un agrégat de pensées toutes faites, et qui appartiennent pour une bonne part aux illusions consuméristes de notre société, assure à celui qui se prête au jeu un voyage exaltant. Faites-moi confiance.

* « Le surnuméraire est à l’Administration ce que l’enfant de chœur est à l’église, ce que l’enfant de troupe est au Régiment, ce que le rat est au théâtre : quelque chose de naïf, de candide, un être aveuglé par les illusions. Sans illusion, où irions-nous ? Elle donne la puissance de manger la vache enragée des Arts, de dévorer les commencements de toute science en nous donnant la croyance. L’illusion est une foi démesurée ! » Honoré de Balzac – Les Employés ou la femme supérieure -1838

Trois déclics qui changent une vie

Quels sont les trois déclics qui ont changé ma vie ? Changer sa trajectoire pour suivre ma vocation d’écrivaine a nécessité, au préalable, un grand plongeon dans le vide

Cet article participe à l’événement inter-blogueurs « Les 3 déclics pour changer de vie » du blog
 « Fais briller tes étincelles », pour mieux vivre dans sa maison et se sentir mieux connecté à soi

Un déclic est une décision provoquée par un puissant sentiment d’urgence, une décision qui met en route une machinerie intérieure changeant irrévocablement le cours de notre vie. C’est comme si on lançait un harpon et qu’on se laissait tirer vers sa destination, sans lâcher, avec une détermination animale. Et, lorsqu’on se retourne enfin, on s’aperçoit qu’on a changé de cap. Ces déclics-là, on s’en souvient pour toujours. J’en nommerais trois, puisque c’est la règle du jeu de ce carnaval d’articles, et, aussi, parce qu’en raconter plus diminuerait l’importance de ce qu’on s’apprête à dire.

Pendant le déclic, on répond à l’appel dans un sentiment d’urgence extrême

tomber dans le précipice Heather Plew - photo de
"J’avais déjà tiré le harpon avec un tel sentiment d’urgence, que j’avais l’impression très nette de vaciller au bord du précipice" - Photo de Heather Plew

Avancer jusqu’au bord de notre propre tombe

Le plus mémorable des trois est bien évidemment le moment où j’ai décidé de devenir écrivaine, mais cette décision (dont je me souviens parfaitement) n’est que l’atterrissage ; le vrai déclic s’est produit plus d’un an auparavant. J’avais déjà tiré le harpon avec un tel sentiment d’urgence, que j’avais l’impression très nette de vaciller au bord du précipice. L’impérieuse nécessité de survivre s’imposait de toutes parts. À l’époque, mes enfants étaient si petits, si fragiles… alors que ma vie tournait au cauchemar. Aldo assumait difficilement son statut de père, et encore moins son statut d’animal social. Sa psychose minait notre moral, notre joie de vivre, nos certitudes même d’être en vie. Je m’agrippais à tout ce qui pouvait m’éviter d’être emportée par la tempête. Sa violence allait tous nous tuer. Nous avions enfin décidé de nous séparer, mais la passion qui nous liait avait construit d’invisibles fils qui nous tenaient encore prisonniers, malgré la distance qu’une survie primaire parvenait à nous imposer.

Écouter les fils invisibles qui nous relient à la vie

Je me rappelle exactement le jour où j’ai ressenti une étrange exaltation ; une pensée qui se transforme en appel venu de l’intérieur, connecté quelque part à une force invisible. C’était comme un appel, venu de loin, bien loin du petit appartement où se jouait une vie ordinaire, loin du temps présent, dans un « ici-maintenant » transcendant la réalité immuable du quotidien, suspendu par des fils si fins qu’ils étaient à peine visibles. Pourtant, je ressentais leur dimension démesurée. Étonnamment, c’est sur le web que je cherchais fébrilement l’origine de cet appel. J’étais persuadée que je pouvais… Non ! Je sentais que je « devais » trouver une solution maintenant ! Une aide qui nous sauverait tous. Je ne me souviens plus combien de temps ça m’a prit mais, quand je suis tombée dessus, j’ai su sans l’ombre d’un doute que je l’avais trouvée.

Faire confiance à l’inconnu qui sommeille en nous

À mille kilomètres de chez moi, dans le Var, une inconnue nommée Martina Jade proposait un stage d’une journée pour « parler aux arbres ». D’une éducation universitaire et anticléricale convaincue, je n’étais pas encore bien consciente que mon intérêt pour l’art, la nature et les mystères de la science me portaient inéluctablement vers les secrets de l’anima. Une force inconnue me somma de contacter Martina Jade, ce que je fis sur-le-champ pour réserver une place à son stage. J’étais bien décidée à lui demander de me sauver ! J’avais également réservé cinq jours sur place dans une location de vacances dans la région montagneuse du Castellet. Ceci fait, j’embarquais les enfants, et enjoignais leur père de nous accompagner. Nous nous devions de faire cette traversée. Le trajet fut un enfer ! Et, ce qui devait arriver arriva. Aldo a pété les plombs sur la route. J’arrivais dans le Var avec des contusions au visage, le tube d’argile que j’avais emporté fit son effet et je me présentais au stage à peu près présentable. À l’intérieur, je n’étais plus moi-même. L’avais-je jamais été ? Bien plus tard, Martina m’avoua qu’elle et ses amies m’avaient prise pour une véritable allumée. De la part de nanas rassemblées pour parler aux arbres, c’était fort de café !

savoir écouter les arbre
"Elle m’a déracinée, apporté du terreau, rempotée et enjoint à écrire" - Savoir écouter les arbres de Bela Geletneky

Trouver le messager malgré l’obscurité

Le lendemain du stage, pleine d’espoir, j’appelais Martina pour solliciter un entretien. Elle me rembarra comme il faut, prétextant mille et une choses à faire. J’en déduisis qu’elle n’avait pas le temps de s’occuper de tous les chiens errants qui passaient par là, et je coupais court à son avalanche de justifications. Mais, dix minutes plus tard, c’est elle qui rappelait, me demandant si j’étais libre le lendemain (évidemment, j’étais venue pour ça, patate !) Et voilà comment, ce jour-là, ma vie a basculé. Nous avons parlé deux bonnes heures, je prenais des notes avec frénésie, ça la faisait rire. J’y notais les premiers conseils de survie pour entamer le plus grand et le plus important changement de cap de toute ma vie. Nous avons correspondu pendant plusieurs années. Martina est aujourd’hui une amie chère qui m’a relevée de terre. Elle m’a déracinée, apporté du terreau, rempotée et enjointe à écrire. J’ai donc fini par me relever complètement.

Après le déclic, on ne se retourne pas avant d’avoir atteint le rivage

le grand plongeon
"Lorsque mon père mourut, ce fut le déclic : je sautais sans filet." - Le grand plongeon par free photos

Suivre sa vocation nous oblige à tracer notre chemin

L’erreur serait de croire qu’on s’est miraculeusement sorti d’un cauchemar. En effet, il est précieux de comprendre que ce « cauchemar » vécu n’est autre que notre appel à l’aventure, orchestré par nous-mêmes pour sortir de ce que Steven Pressfield nomme « notre vie fantôme ». Le cauchemar est souvent un passage obligé pour répondre coûte que coûte à notre appel intérieur. En fin de compte, je suis devenue l’écrivaine que j’étais et que j’avais passé ma vie à fuir. Six ans de bonheur solitaire, me délestant de mon passé, de mes amis, de mes élans inopportuns vers l’extérieur. Pendant toutes ces années, j’ai appris à me taire, à laisser parler notre voix intérieure, à travers les fils qui nous relient à l’invisible. Après cela, il était temps de revenir à la réalité sociale et de vendre mes livres. C’est là que le deuxième déclic se produisit. J’avais une pensée, de celles qui montrent le bout de leur nez uniquement lorsque la table est mise et le repas servi.

Le premier vrai déclic en entraîne forcément d’autres

L’envie impérieuse de créer un site internet me relançait, sans discernement, en direction de tous les possibles. Pourtant, j’étais cette fois à l’écoute des autres et de moi-même, et prête à me réinventer sans la nécessité d’être sauvée. Ça, c’était déjà fait. L’écoute est une matière difficile qui ne s’apprend pas à l’école. L’écrivaine doit sortir de sa grotte pour exister. L’envoi aux éditeurs, l’autoédition, la vente-test d’une nouvelle dans les concerts, et même dans la rue, les projets fous avec de grands rêveurs… tout cela n’atteignait pas le stade du système économique viable et indépendant. L’appel de l’aventure se fit donc entendre. À ce moment là, le nombre d’écrivains publiés qui ne vivent pas de leur plume me laissait pantois. Et je suivais les vidéos d’Oliver Roland sur youtube. Ses propos faisaient échos à une idée qui sommeillait en moi : « N’attendez pas l’assentiment d’autrui, prenez votre carrière en main, devenez indépendant ! »

Apprendre à s’écouter est une formation continue

Olivier Roland proposait une formation que je considérais hors de portée de ma bourse mais, lorsque mon père mourut, ce fut le déclic. Je sautais sans filet, je m’inscrivis à « Blogueur Pro », me disant que je trouverais un moyen, mois après mois, de payer mon investissement. Évidemment, c’est ce qui arriva. Je trouvais des ménages à faire dans un hôtel, et je débutais l’aventure du blogging. La route est longue. Je mets une année entière à définir qui je suis, ce que j’ai à dire, à écrire, et même à penser. Sortir l’écriture de sa grotte n’est pas une mince affaire. Toutes sortes de questions existentielles surgissent comme des bêtes sauvages incapables de contrôler leur faim. Je m’enferme de plus en plus dans la vision étriquée de « gagner de l’argent avec son blog » ‒ slogan si cher à mon très estimé formateur. Je perdais donc l’essentiel : apprécier le processus.

Écouter feedback - Gerd Altmann
"L’écrivaine devait sortir de sa grotte pour exister" - Savoir écouter de Gerd Altmann

Comment sait-on qu’on a atteint notre destination ?

À l’heure où je vous parle, je n’ai pas encore terminé ma formation de bloggeuse. Mais, j’ai dépassé toutes mes résistances. L’horizon s’est éclairci. C’est un troisième déclic qui a soulevé le voile de mes incertitudes. Il survint en écoutant une conférence de David Laroche. Lui, il sait parler à notre voix intérieure. C’est sa vocation. C’est peut-être ça une vocation, d’ailleurs. Bref, « tous les champions ont besoin d’un coach ! ». Assénée par quelqu’un d’autre, cette phrase m’aurait parue surfaite, voire absurde. Malgré tout, j’entendis l’appel et y répondis sur le champ. J’en avais terminé avec les rames, un moteur ferait l’affaire. Six mois de formation en ligne, une vidéo par jour, une tonne d’exercices pratiques afin d’être « entraînée pour réussir ». C’était pas toujours fun mais, avec un moteur à propulsion, je me suis acharnée à transformer mes croyances, à déterrer mes plus précieuses valeurs, à exhumer mes rêves les plus profonds.

Qu’est-ce que j’ai trouvé ?

Si je n’ai pas atteint la nouvelle terre, j’ai l’horizon dégagé et de nouveaux instruments de navigation. La tête sortie des nuages, les doigts du cul, soyons clairs ! J’aime mon métier, j’en apprends les règles avec une délectation nouvelle et j’en crée chaque jour de nouvelles. J’assume mes pensées, je n’ai plus peur de qui je suis et de qui je veux être. Non plus de ce qu’il en ressort de l’extérieur. La vérité, c’est que, moi aussi, j’ai trouvé mon propre slogan : « Inspirer pour agir ! »

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Mon atelier d’écriture avec Bernard Werber

Je suis allée à Paris pour rencontrer Bernard Werber à l’occasion de son atelier d’écriture. Autant dire que l’après-midi d’hier était magique

L'écrivaine solitaire à l'assaut de Paris
"Comment rester focus sur l'écriture de son roman sans se sentir trop seul(e) ?" Question posée à Bernard Werber Interview vidéo en bas de cet article Photo PitCrewProd

Salut tout le monde ! Je suis allée à Paris pour rencontrer Bernard Werber à l’occasion de son atelier d’écriture, un évènement gratuit organisé par Amazon Academy. Autant dire que l’après-midi d’hier était magique, sans pour autant revêtir la densité d’une master class telle qu’il le propose régulièrement sur son site rien que pour nous. Qu’importe ! Le jeu était délectable et Bernard Werber a encore fait la démonstration de son talent de meneur d’intrigues. Au fond, il rappelle astucieusement qu’entre l’écriture d’un roman et l’écriture d’une histoire, nous avons tout un monde à découvrir en nous, et dans notre rapport au monde. C’était l’enjeu de cet atelier d’écriture auquel j’assistais, émerveillée de tant de candeur et de simplicité. Et, pendant la pause, j’en profitais pour demander à Bernard ce qu’il conseillait pour rester focus sur l’écriture sans se sentir seul, isolé et lâcher la pression. Voir ma vidéo en bas de l’article.

Dans l’atelier d’écriture de Bernard Werber souffle le vent d’une liberté retrouvée

Bernard Werber Paris
"Un atelier avec Bernard Werber, ça vaut le détour. J’ai rarement eu l’occasion de rencontrer un homme aussi libre !"

Un atelier avec Bernard Werber, ça vaut le détour. Vous bénéficiez alors d’une vraie récré, une récréation pour les grands enfants que nous sommes. On ne voit pas le temps passer, on oublie le monde extérieur, et on se laisse complètement happer par l’espace-temps des gens heureux. Bernard Werber est passé maître dans l’art de transformer la réalité en pur délice créatif. J’ai rarement eu l’occasion de rencontrer un homme aussi libre !

Bernard Werber insuffle un vrai sentiment de légitimité

Dès les premières minutes, Bernard Werber nous transporte dans la beauté d’un jeu qui nous appartient tous, au-delà de nos convictions de n’être qu’une identité figée dans les différents rôles que nous nous attribuons. Il nous révèle à nous-mêmes, il fait émerger cette certitude enfouie que notre écriture est éloquente et légitime. Quelques images se succèdent à l’écran pour que nous en révélions l’histoire — une simple phrase à faire sonner, une histoire à elle seule, une image qui raconte un avant et un devenir. En quelques mots, ces illustrations nous interpellent, nous font rire, projettent une possible narration. C’est enfantin et efficace.

Premier commandement de cet atelier d’écriture : « arrêtez de vous juger ! »

Cette mise en bouche fonctionne à merveille et, tout du long, on se rassemble, on interagit, on crée et on s’exprime avec un naturel déconcertant. Le secret de cette liberté de parole écrite, clamée, partagée, tient aussi de sa mise en garde. Le mot « SPOKE » s’affiche à l’écran. « Ce que vous allez apprendre, vous servira tout le reste de votre vie. SPOKE est un mot grec qui signifie : travailler sans se juger. Voilà ce que nous allons faire aujourd’hui. Arrêter de se juger ! Nous sommes des machines à juger et, au final, nous nous jugeons nous-mêmes. C’est ce processus-là qui nous empêche d’écrire. Pour écrire, vous allez éteindre votre mental et découvrir la joie d’être créatif. On est là pour s’amuser, soyez réactifs ! »

Deuxième commandement de cet atelier d’écriture : « écrivez sans réfléchir ! »

Comme tout homo-écriturus qui se respecte, nous connaissons forcément le premier secret de l’écriture : « se laisser aller à écrire sans réfléchir comme un cheval qui galope ». Cette liberté, nous l’avons découverte, un jour, puis oubliée ou enfouies dans l’inacceptable. Car, malheureusement, la notion de risque et d’erreur nous est devenue insupportable, au point de brimer notre audace. « Surtout, ne vous arrêtez pas pour vous dire : merde j’écris des conneries ! Écrivez librement, n’importe quoi, sans réfléchir et sans vous arrêter. Soyez libre ! » Acceptons donc de tout réapprendre pour recouvrer notre liberté. Et le plus drôle dans tout ça, c’est que ça ne demande pas tant d’effort.

Dans  l’atelier d’écriture de Bernard Werber l’eau qui dort se réveille limpide

la parole se déroule
"Vous connaissez quelqu’un qui prend plaisir à faire chier les autres ? Qui aime vraiment ça ? Quelqu’un a-t-il rencontré une personne comme ça ? "

Des petites annonces loufoques sont prises en exemple, des faits divers, des plaques professionnelles photographiées sur un mur d’immeubles… nous confirment que « le réel dépasse l’imaginaire ! » On y puise un nombre fabuleux d’histoires complètes. Mais ce n’est pas tout ! Les heures s’enchaînent sans qu’on y prenne garde et Bernard amène les sujets du vécu, ces drames qui dépassent la fiction. Et voilà comment l’auteur de « Les Fourmis » et aujourd’hui « Sa Majesté des chats » nous entraîne sur son sillage.

Dans l’atelier d’écriture de Bernard Werber les résistances se délitent

« Écrire est plus facile que vous ne l’imaginez » claironnait-il en préambule. Rien ne vous oblige à pondre un manuscrit, écrire peut être un hobby. Sous-entendu : ne vous en privez pas ! Je me demande alors combien de fois nous aurons besoin d’entendre qu’on est tous capables d’inventer des histoires ? Nous avons ça dans la peau ! Et, sous prétexte que l’écriture proprement dite exige une certaine rigueur, nous ne serions pas capables d’en approcher la beauté ? Au fond, c’est peut-être ça qui nous dissuade d’écrire en toute liberté. Bernard Werber a vraiment le chic pour nous ôter toute résistance. Il semble que nous ayons intégré les deux préalables. À savoir : apprécier le processus d’écriture sans se juger et, en conséquence, apprécier ce qu’on écrit.

 L’écriture est un jeu d’idées choc d’où jaillit la clarté

À chaque exercice d’écriture, une consigne nous est donnée, un temps nous est imparti et une musique nous accompagne. Le truc qui nous rassemble c’est le thème de départ : « Trouvez un mauvais sujet de roman ». Les idées les plus inappropriées fusent. Les cornichons sont adoptés à la grande majorité, reléguant les hémorroïdes et les pieds qui puent au domaine des sujets par trop ragoûtants. Une fois la « promotion cornichon » auto-proclamée, les réjouissances se poursuivirent autour du cornichon : histoires d’amour courtes, histoire qui fait peur,… Nous avons joué le rôle de l’écrivain sans peur et sans reproche auquel je crois plus que tout. Le pied total !

Bernard Werber nous enseigne la beauté simple de notre incongruité

Bernard Werber ne fera pas l’impasse sur les règles essentielles qui mènent une histoire à son terme. Ce qui fait un héros ou une héroïne, explique-t-il, c’est qu’il cherche à savoir qui il est vraiment. Parce que les autres ne savent pas mieux que vous qui vous êtes. Alors, pour rendre son personnage vivant, il doit relever un challenge. Et, plus le challenge est difficile, plus le héros sera méritant. Ensuite, vous devez trouver une stratégie originale. Le héros est face à un dilemme et ne fait pas vraiment ce qui est logique. C’est pour ça qu’il est intéressant. Pour illustrer son propos, s’affiche à l’écran une liste de choses à faire pour perdre 5 kilos suivie avec une recette de fondant au chocolat. On rit, c’est en effet simple à comprendre.

L’atelier d’écriture de Bernard Werber est un ballet de personnages masqués

atelier d'écriture bernard Werber
"Le méchant dynamise le récit. Il introduit le mystère et révèle le héros"

« Faites un pas de côté pour éviter le crachat »

Comme cet atelier d’écriture ne durait que quatre heures, il fallait un sacré talent pour le rendre à la fois productif, créatif, interactif et instructif.  « Les gens racontent des conneries, vous les portez, les accouchez et pouf ! Ça fait un livre. Vous connaissez quelqu’un qui prend plaisir à faire chier les autres ? Qui aime vraiment ça ? » Quelqu’un a-t-il rencontré une personne comme ça ? La plupart du temps c’est notre cerveau limbique qui réagit et on se demande « pourquoi moi ? ». Mais si vous faites un pas de côté pour ne pas recevoir le crachat et que vous observez cette personne, ses mécanismes de pensée, vous disposez d’un personnage à exploiter. Vous procédez à une métabolisation par l’écriture. Allez ! Racontez-moi une histoire avec quelqu’un de très méchant.

« Regardez votre voisin dans les yeux pendant 20 secondes »

Le méchant dynamise le récit. Il introduit le mystère et révèle le héros, il le met face à lui-même. Nous disposons de trois mécanismes principaux : la recherche de sécurité, les automatismes émotionnels et la logique. Le héros subit une injustice de la part du méchant et finit par comprendre et par se venger. Ce principe marche à tous les coups. Après ces explications, retour aux exercices avec la création d’une fiche personnage, mais pas n’importe laquelle. L’exercice consiste à regarder son voisin dans les yeux, puis à bien l’observer avant d’en faire une fiche personnage : qualité principale, défaut majeur, relation avec son père, sa mère, plat préféré. A-t-il déjà volé, s’est-il battu, saoulé au point de rouler sous la table ? « Vous ne devez pas vous connaître. Est-ce que vous vous êtes parlé avant ? Non ? Parfait, alors c’est parti ! »

Sentez la puissance subtile de cet exercice !

Mon voisin est un concepteur de jeux de société qui s’est lancé dans l’entrepreneuriat. Qualité : entrepreneur. Ça, j’avais bon car j’avais triché, l’ayant vu faire ses comptes avant le démarrage de l’atelier. Ensuite, j’ai eu à peu  près tout faux. Lui s’est nettement mieux débrouillé mais, je suis assez transparente dans mon attitude, ça a dû l’aider. Bref, c’est un exercice d’une grande puissance pour approcher la création d’un personnage et comprendre que l’observation est une technique subtile de questions/déductions. Bernard Werber avouait qu’au début de sa carrière il associait systématiquement la photo d’un acteur ou d’une personne réelle à sa fiche personnage.

Cet atelier d’écriture résonnera encore longtemps en moi

le ballet masqué atelier d'écriture Paris
"le « manuscrit », un organisme vivant dont le squelette est essentiel, dont les organes représentent les plus belles scènes."

Comment nourrir son inspiration sans être hanté par l’irrationnel ?

Ainsi se termine pour moi cette bulle d’inspiration temporelle car je devais retrouver le tic tac de l’horloge qui annonçait le départ de mon train à destination du Havre. J’ai juste le temps de l’entendre personnifier le « manuscrit », un organisme vivant dont le squelette est essentiel, dont les organes représentent les plus belles scènes. Sans plan, prévient-il, on aura tendance à tricher, à s’empêtrer dans la surenchère, voire à basculer dans l’irrationnel pour parvenir à trouver une fin à la mesure de son début prometteur. Ça, ce n’est pas faux, c’est même intelligemment décrit : la hantise d’une fin qui nous échappe ! Bref, Un roman, c’est : « un début, un milieu, une fin, trois parties de même puissance, toutes d’égale importance ». Voilà qui clôture bien ma séance et résonne avec le coup de sifflet qui annonce mon départ.

Ma question à Bernard Werber : comment écrire un roman sans se sentir trop seul ?

Tout écrivain qui souhaiterait organiser un atelier d’écriture devrait participer à une master class de Bernard Werber ! Il rappelait que plus de la moitié d’entre nous, français, avons déjà songé à écrire un livre. N’est-ce pas ? Pourtant, nous ne serions que 3 % à posséder un manuscrit achevé et prêt à être offert à la lecture. C’est inadmissible ! Je pense que l’homme généreux et enthousiaste qui se tenait devant moi est bien résolu à faire bouger les choses et je suis bien décidée à le suivre sur ce terrain. J’ai emporté avec moi un petit souvenir. Pendant la pause, je lui ai proposé de répondre à une question qui vous intéressera, un petit souvenir vidéo de ma rencontre avec Bernard Werber juste en-dessous.

Comment faire de l’écriture un vecteur d’expression de la vie ?

Mais, attention les amis ! L’écriture n’est peut-être pas le seul vecteur d’expression qui vous correspond. Ce besoin viscéral que nous avons d’exprimer ce que nous sommes, et ce qui, sans le moindre doute,  nous donne le sentiment de répondre à la vie, se trouve quelque part entre la parole et l’écoute, entre le silence et le souffle, entre le mouvement et l’émotion. Nous recherchons parfois toute notre vie cette légitimité d’être en vie, qui ressurgit quand on écrit, et sème le doute. Expérimentez dans l’écriture, la danse, le sport, l’art ou les voyages ce quelque chose qui est en vous, qui cherche à savoir qui vous êtes et ce qui est vraiment important pour vous. Pourquoi ? Mais parce que vous êtes le héros de votre vie et que vous êtes le seul à pouvoir découvrir. Comme le rappelle Bernard, « les autres ne savent pas mieux que vous qui vous êtes ».

Souvenir vidéo : question à Bernard Werber

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Inventer une super-héroïne qui rivalise avec les géants américains...

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Comment l’artiste copie et pourquoi ?

Je vais aborder ici la question de l’artiste copieur, l’artiste voleur. Pourquoi ? Pour alimenter notre réflexion sur la création, en écho aux polémiques sur les humoristes français qui volent les sketchs des autres. Que peut-il se passer dans leur tête ?

Ces imitateurs n’ont peut-être pas trouvé leur place dans l’univers artistique – Photo de Colin Behrens

L’humour noir du profit

Salut tout le monde ! Je vais aborder ici la question de l’artiste copieur, l’artiste voleur. Pourquoi ? Pour alimenter notre réflexion sur la création, en écho aux polémiques sur les humoristes français qui volent les sketchs des autres. Que peut-il se passer dans leur tête ? Prisonniers d’un système où je refuse de les enfoncer plus encore, je dirais plutôt qu’ils sont pris dans les filets de ceux qui se servent d’eux pour asseoir leurs profits (on en est tous plus ou moins là).

Tout artiste copie. Alors pourquoi ces imitateurs, ces voleurs de sketchs, mériteraient-ils tant de mépris ? Sont-ils des artistes ? Peut-être ne le sauront-ils jamais eux-mêmes. Le milieu socio-économique où ils développent leur « art » ne nourrit peut-être pas leur passion.

CopyComic, le vengeur masqué

Dans le milieu du show business, l’artiste est enrôlé dans la machine. Peut-être qu’il est humainement impossible de produire à tout va, d’être drôle à toute heure et de supporter les impératifs de rendement. Malheureusement, et de tous temps, plus le public se complait dans l’ignorance, plus il est pris pour un boeuf. La création ne se base pas sur une source d’inspiration infinie. Même pour les génies, le labeur est de rigueur.

La passion de l’imitateur

Ah, la passion ! Celle qu’a l’artiste de s’inspirer de tout et de tous, du moindre détail rencontré au détour d’un rayon de soleil qui éclaire une scène ; d’une parole étonnante qui devient fantastique ! Il n’est jamais très facile d’installer dans nos vies cette recherche profonde que la magie dirige vers les rencontres les plus essentielles.

Alors, ces imitateurs ont-ils trouvé leur place dans l’univers artistique ? Qui sait, l’idée de « prendre » les séduit peut-être sous la pression du rendement ? Et il y a ceux qui brandissent leur carte d’interprète ! Ignorer ce qu’il y a dans la soupe permet de la servir avec le sourire. Tout le monde sait ça, non ?

Je défends ici la réalité sociale de l’artiste. Quelle qu’elle soit, sachez que la frénésie de sa quête le pousse vite à chasser, bien plus qu’à voler. Car s’il n’arrive à créer, la passion le dévore. Il en va donc de sa survie de se nourrir de lui-même et bien souvent des autres. Les plus grands artistes, Picasso, Shakespeare, n’ont pas lésiné !

L’artiste est un cannibale qui vous invite à table !

Peut-être que nos humoristes perdus n’ont pas été initiés à ce secret honteux. Oui, l’artiste est un cannibale qui vous invite à table ! Des mets bien choisis, cuisinés d’intentions, pour être enfin servis. 

L’exercice a pour sens de se trouver, de se goûter, et de transférer la saveur humaine au centre de nous-mêmes. L’imitateur imité perd le goût authentique et ne peut s’y retrouver. Puisque tout artiste, au final, puise au centre de son être le goût de son humanité.

J’ai vraiment à cœur de vous faire découvrir comment la lecture et la vie me permettent d’écrire. Vous révéler ainsi mes pratiques cannibales. Et c’est pourquoi je vous dis tout ça. J’ai publié un premier texte qui ouvre l’écriture en ligne de « La Main Invisible », mon roman d’aventure, et futur best-seller (j’y crois plus que tout). Et mon intention est de vous en livrer les secrets !

Grand mangeur, l'artiste se nourrit d'humain - Photo de Shane Foren

Comment je copie et vous le sers en dessert

Ce n’est pas un travail linéaire, l’écriture d’un roman. Je sais, vous vous dites, un écrivain est absorbé par le déchaînement frénétique des chapitres qui se déversent sur la feuille à une allure démente. Absolument, les séances d’écriture dont je parle dans mon bonus présentent de tels ressorts. Certes, un écrivain qui baigne dans l’antre de l’inspiration est une image réelle (bien qu’éphémère). Tout autant que celle où il fume du bulbe.

Car le roman se construit tout de même comme un puzzle. C’est, le plus souvent, un assemblage, une fabrication qui nécessite des matériaux, des matières premières et de l’ingéniosité. Eh oui ! Faut juste bosser proprement et avec force conviction, c’est tout. C’est long, passionnant, et aussi difficile que devenir le meilleur maçon de France. Parce que moi, mon best-seller, je le veux !

Dans mon prochain article, je dévoilerai donc comment je copie. Bien sûr que je copie ! Et je veux vous expliquer comment. Comment je me sers de la lecture d’un livre pour identifier mon propre personnage. Il s’agit du livre d’Anne Sibran, « Enfance d’un chaman ».

L’artiste cherche au-delà des convenances

Mon héroïne s’appelle Mia, et Anne m’offre l’occasion de connaître le grand-père de Mia.

Bah oui, je trouve que le chaman d’Anne est parfait pour ce rôle. Mais, je dois vous dire qu’en réalité je ne me l’approprie absolument pas, je l’intègre par contre entièrement à mon imaginaire.

Il existe bel et bien désormais dans la réalité de Mia. Je dirais que c’est plutôt comme ça qu’un artiste opère, la quête est réelle, la restitution est imaginaire. Mais, sans remord, on en goûte la chair. L’éthique du cannibalisme artistique est ancienne et codifiée. Elle se transmet en silence.

Le lecteur s’y perd avec délectation. Mais, si l’artiste s’y perd, c’est qu’il n’a pas été jusqu’au bout — il n’a pas su trouver qui il était, ni comprendre d’où lui venait son intention.

Et pour ces pauvres humoristes pris la main dans le sac, je dirais qu’ils ont été pressés par la bienséance. Et puis, c’est un peu dégueu de se trouver soi-même. Vous ne pensez pas ?

La poésie se nourrit de tout, rien ne lui est interdit. Voici le livre que j'ai volé

La mise à nu d’une copieuse

Maintenant que j’ai mis tout cela au clair, je vous embarque dans la phase de création. J’ai concocté pour vous un article qui dévoile comment je m’inspire, comment je m’imprègne, comment j’imite et je vole l’écriture d’Anne Sibran — qu’elle a volé elle-même à un chaman, en pleine jungle équatorienne. Alors, vous pourrez ainsi juger si ces termes ont le même sens au cours d’un travail d’inspiration créatrice.

En effet, à la lecture de ce livre, j’ai découvert un matériau d’imprégnation formidable pour intégrer mon personnage, Mia. Enfant, elle vivait elle-même en pleine forêt, hors du monde civilisé. Anne Sibran a rencontré son grand-père. Un truc de dingue ! Jugez de la peine encourue pour avoir volé un grand-père ! Cliquez ici pour recevoir en prime time cette indiscrète confidence* : la pure et dure réalité de l’artiste en émoi. C’est l’âme d’une copieuse mise à nu.

Les habitudes alimentaires qui nous définissent

« Pourquoi je mange comme ça et pas autrement ? » est une très bonne question à se poser. C’est, au final, notre façon de vivre que nous interrogeons, notre vision même de la vie et notre système de pensée.

Bonjour à tous !

Je participe avec bonheur au carnaval d’articles de Gabriel Tricottet du blog « Mon super régime », sur le thème « Les habitudes qui ont changé ma vie ». Pour rester dans le ton, j’ai décidé de vous parler des habitudes alimentaires.

Qu’est-ce qu’un aliment pour nous ?

Les habitudes alimentaires participent de qui nous sommes. Elles nous définissent, en quelque sorte. Mon rapport aux aliments et ma façon de les cuisiner conditionnent ce que je mange.

« Pourquoi je mange comme ça et pas autrement ? » est une très bonne question à se poser. C’est, au final, notre façon de vivre que nous interrogeons, notre vision même de la vie et notre système de pensée. Pour moi, le véritable aliment est celui qui sort de la terre, celui qui n’est ni trafiqué, ni irradié (si si, le commerce agro-industriel asperge nos fruits et légumes de pesticides et les irradie aux rayons gamma quelque chose). Leur conservation longue durée est aussi assurée pour les transporter par tonnes pendant des semaines (l’ananas, par exemple, a une odeur de carton et non d’ananas, vous avez remarqué ?).

légumes vivants sortis de terre
Des légumes vivants, tous juste sortis de terre !

Devrions-nous chasser pour manger ?

Et c’est pareil pour la viande. Je ne chasse pas mais, je rêve d’apprendre le tir à l’arc et d’habiter près d’une forêt sauvage (avec la mer pas loin, s’entend !) pour que ma viande soit éviscérée fumante et encore palpitante de vie. Tout ceci pour dire que notre regard sur la vie, empli de convictions personnelles, conditionne nos habitudes alimentaires.  Elles se confrontent aux réalités de nos vies citadines et modernes où nos enfants préfèrent les cordons bleus aux légumes vapeur. J’en ai marre des cordons bleus, les gars ! Pour ma part, si les fabrications industrielles de type nuggets se frayent un passage jusqu’à ma table, c’est par manque de connaissances en matière de traditions culinaires.

Testons de nouvelles habitudes au contact des autres

Avec des poules bien traitées et bien nourries. Manger un œuf chaque jour est un bonheur pour notre santé

Je suis depuis peu en contact avec un groupe de blogueurs, un groupe d’amis, j’ose le dire, qui parle beaucoup de cuisine. Gabriel a un blog sur le régime et le jeûne qui, finalement, parle de cuisine ; Florence a un blog sur la cuisine végétale qui, finalement, parle de notre rapport à la terre, au végétal et de traditions culinaires ancestrales ; Jung, qui a un blog sur comment atteindre ses objectifs, est un passionné de cuisine. Nos échanges m’ont poussée à remettre mes habitudes alimentaires en question. J’ai donc, fort petitement, testé quelques recettes avec, il faut l’avouer, un taux d’échec qui remise ma volonté de changement au placard.

Finalement, j’ai opté pour remettre en branle les habitudes alimentaires que je me suis forgées au cours de ma vie : je mange mes crudités et mes œufs de ferme bio, tandis que, pour les enfants, j’achète les aliments les plus simples et passe dédaigneusement devant le rayon des nuggets, et tant pis pour les magnets des départements français. On aura qu’à finir la carte en les confectionnant nous-mêmes.

les magnets-nuggets
J'arrête les nuggets !

Interrogeons nos habitudes pour mieux nous connaître

maraîchage bio
Partez à la découverte de vos terres !

J’ai donc bien essayé de faire une cuisine plus fantaisiste mais, je n’ai pas bénéficié d’une transmission culturelle très élaborée en matière culinaire. Je me souviens que ma grand-mère cultivait ses roses et tuait l’étourneau au petit matin. On cultivait des fraises et on allait à la ferme chercher le beurre et la crème. Notre repas traditionnel était le poulet cuit dans la cheminée, avec des patates enrobées de papier alu glissées dans les braises. Au final, j’ai une pratique culinaire très épurée où l’aliment prime sur la cuisine. J’achète mes légumes chez le maraîcher bio du coin, je les cuis à la vapeur pour qu’ils m’apportent les vitamines et minéraux qu’ils se sont fabriqués de leur vivant.

Ce sont pour moi des aliments nés dans une terre amoureusement traitée, et je les badigeonne d’huile d’olive directement dans mon assiette. Une pincée de sel et je suis heureuse ! Dès que mes enfants furent en âge de me traiter d’ascète insensible aux joies du productivisme moderne (traduisez : « beurk c’est dégueu ! »), j’ai cru devoir me plier à leurs exigences contre-nature (voir, à ce sujet, mon article sur le chocolat).

Au fait, c’est quoi une habitude ?

Toutes ces habitudes, qu’elles soient occasionnées par la force des choses ou instaurées volontairement, ont des conséquences sur notre vision même de la vie. Alors, devons-nous parler de « mode de vie » ou d’« habitudes » ? C’est une excellente question, qui permet de nous interroger sur ce qu’est une habitude. Cette action répétée se met en place dans notre quotidien. Certes, elle dérange peut-être parfois au début du processus. Malgré tout, elle s’implante dans nos vies car elle a un sens. Elle donne du sens. On lui a fait une place. Pas seulement pour atteindre un objectif mais aussi pour répondre à une façon de penser, à une éthique. Il y a une forme d’adhésion et de synchronicité entre notre vision de la vie et l’habitude que nous souhaitons adopter. Je n’oublie pas que l’homme est plein de paradoxes et contredit allègrement cette définition, qui n’en est pas moins vraie, à mon sens.

Notre rapport à l'alimentation est-il une question d'habitude ou de mode de vie ?

Comment s’installent-elles dans nos vies ?

Reprenons l’exemple des habitudes alimentaires. Comment ai-je transformé mes bons repas normands à base de cuisson au beurre et de crème fraîche servie à la louche par la fermière de mon hameau de campagne ? Il y a longtemps, mon médecin m’a prescrit cinq cuillères à soupe d’huile d’olive bio pour faire cesser une infection à répétition qui me pourrissait la vie. Et, ô miracle, mon petit problème disparut comme par enchantement. C’est à partir de là que j’ai chéri la cuisine à l’huile d’olive. J’ai acheté le livre de Sophie Lacoste « Les aliments qui soignent ». Depuis, je n’ai cessé de m’intéresser à l’alimentation par cette petite lorgnette. Dès que je le pouvais, j’allais aider une amie à cultiver son jardin. Sortir les légumes de la terre, les semer, les arroser, fait partie de mon attachement à la nourriture, à la vie, à la nature. Cela revient à dire qu’une simple habitude devient vite un élément de notre histoire. De là à ce qu’elle puisse nous définir, il n’y a qu’un pas.

Nos habitudes mèneraient-elles à la Révolution ?

L’habitude est un acte qui définit, jour après jour, ce que nous pensons de la vie et de nous-mêmes. Irais-je encore plus loin dans la logique ? L’habitude porterait-elle en elle nos convictions les plus profondes ? Après tout, elles se défendent parfois jusqu’à devenir le fer de lance d’un militantisme révolutionnaire. On pense toujours qu’une révolution naît d’une opposition. Certes, mais pour faire naître l’insurrection, les insurgés ont dû préalablement adopter de nouvelles habitudes œuvrant au changement d’état d’esprit. Les militants du « lobby vegan » sont un exemple parmi bien d’autres. Tout commence par une idée, une conscience des risques/bénéfices et un espoir de changement. Et dans tout ça, la mise en place de nouvelles habitudes s’impose. Conclusion les amis ? Toute habitude porte en elle les germes de la révolution !

Tout changement d’habitude semble à-priori absurde

Les enfants ont aujourd’hui des droits, les animaux ont aujourd’hui des droits. On s’indigne de voir les poulets en batterie et les poussins entassés dans des cagettes. Nous nous indignerons bientôt des mauvais traitements infligés à nos fruits et légumes ! Ça vous fait rire ? Mais, bientôt nous exigerons des droits pour nos plantes ! Sachez que la recherche scientifique a prouvé qu’elles étaient bel et bien vivantes, capables de communiquer entre elles et capables de réagir à nos actes. Alors, oui, les amis, la révolte gronde et vos habitudes la préparent !

Sous votre terre, il y a de l’or !

Pour résumer, j’aime la viande mais elle est bourrée de pesticides et d’antibiotiques ; j’aime le poisson mais il est bourré de métaux lourds (j’ai d’ailleurs perdu l’habitude d’en manger et quand je passe au marché aux poissons je ne peux me résoudre à en acheter) ; j’aime le chou-fleur mais ce n’est pas la saison ; il y en a quand même dans les supermarchés mais il ne sent rien et je me demande s’il est vraiment vrai… Franchement, j’appelle au boycott des légumes de supermarché ! Prenez l’habitude de soutenir vos petits maraîchers bio du coin ! Partez à leur recherche, emmenez vos enfants dans cette chasse au trésor. Demandez à bêcher ! Ma fille déterre les pommes de terre comme si c’était de l’or ! Changez votre regard sur le vivant et sur la vie, et vos habitudes alimentaires changeront !

Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs « Les habitudes qui ont changé votre vie », organisé par Gabriel Tricottet, l’animateur du blog « Mon super régime »