Comment incarner mon héroïne ?

Le plus grand défi, pour moi, réside dans le pouvoir d’incarner la personnalité hors normes de Mia, sans en faire un idéal inaccessible. Son vécu est singulier, mais il répond malgré tout aux incessantes questions que nous nous posons jusqu’à nous en retourner les tripes. C’est d’ailleurs un des attributs du héros

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« Pour écrire mon roman, j’ai besoin de créer et, en quelque sorte, de vivre, l’enfance de mon héroïne, Mia Petrovitch »

Pour écrire mon roman, « La Main invisible », j’ai besoin de créer et, en quelque sorte, de vivre, l’enfance de mon héroïne, Mia Petrovitch. Mia est une aventurière indémodable ‒ du moins, c’est comme ça que je l’imagine, hein. Sa modernité n’aura d’égal que sa marginalité !

Alors ! Que les choses soient claires ! Je vous annonce tout de suite que j’ai emprunté cette caractérisation-là au grand Largo Winch, le héros du roman de Jean Van Hamme publié en 1977. Certes, Largo Winch reste indémodable parce qu’il a été immortalisé en BD. C’est comme ça qu’il a pris toute sa place dans le cœur des hommes ; grâce au talent du dessinateur Philippe Francq. Aujourd’hui, Largo est le héros mythique d’une bande dessinée, que tout le monde est désormais susceptible de connaître, et reste donc aussi moderne aujourd’hui qu’hier. 

D’ailleurs l’auteur vient de passer la main à Éric Giacometti, qui aurait déclaré : « c’est comme si on proposait à un scénariste d’écrire le prochain James Bond, ça ne se refuse pas ! » Voilà où je place mes ambitions dans la création de Mia Petrovitch.

Le défi d’incarner un personnage improbable

Le plus grand défi, pour moi, réside dans le pouvoir d’incarner la personnalité hors normes de Mia, sans en faire un idéal inaccessible. Son vécu est singulier, mais il répond malgré tout aux incessantes questions que nous nous posons jusqu’à nous en retourner les tripes. C’est d’ailleurs un des attributs du héros.

Mia est née en plein cœur de la forêt amazonienne

Elle se retrouve coincée dans un morceau de forêt primaire de Bosnie avec une sage femme un peu chamane sur les bords. Alors, comment Mia peut-elle prétendre répondre aux questions qui nous animent, nous, enfants des villes (ou des campagnes, en fait y pas grande différence à ce niveau de décalage) ? Alors, comment ? Bah, par la confrontation des points de vue, justement. Mia va évidemment se retrouver propulsée dans notre modernité. Mais reste à savoir comment je crée, moi, la réalité de son vécu hors normes ?

La découverte d’Anne Sibran

Et voilà, on y vient ! C’est là où intervient ma découverte du moment – Et Dieu sait que je vais avoir besoin de me gaver de terre glaise pour façonner Mia ! Heureusement qu’il y a des auteurs comme Anne Sibran dont je viens de lire le dernier roman au titre évocateur « Enfance d’un chaman ».

Mon enfant sauvage aux prises avec les émanations des voitures

Juste avant de vous en parler, j’aimerais être sûre que vous comprenez bien ma situation. Imaginez ! Comment je m’y prends, assise à la terrasse de mon café du matin, agrippée à mon stylo, pour écrire les aventures de Mia, en respirant les émanations des voitures, bercée par le vrombissement de leur moteur et les conversations de mes voisins de table ? Hein !? Comment je m’y prends, moi ? Pour peindre le portrait d’une gamine née dans la forêt ? Capable de communiquer avec cet organisme vivant, en complète osmose avec elle au point de la considérer comme une mère ?

Aimer n’est pas respirer

Parce que… aimer la nature et respirer avec elle, ce n’est absolument pas la même chose ! Vous serez d’accord avec moi. En fait, les battements de mon cœur ne sont pas à l’unisson avec les pulsations de la Terre. Bah oui, faut bien avouer. Et puis, comme bon nombre de mes semblables, je ne vis pas au rythme transcendant de cette nature sans Dieu. Encore que… je serais bien tentée de me découvrir un lien spirituel avec elle.

Et c’est pour ça, d’ailleurs, que je veux m’amuser à imaginer Mia débarquant dans nos villes. J’imagine déjà ce regard unique, nous faire découvrir cette autre version de nous-mêmes. Elle, elle sait mettre en valeur ce qu’il y a dans nos cœurs. Le pouvoir de notre imagination permet d’incarner un personnage aussi improbable ! Et je ne me priverai pas d’atteindre l’impossible avec elle !

Alors, la question est la suivante : comment nourrir cette imagination sinon en allant à la rencontre des autres ?

Qui parmi nous s’est nourri de son sein ?

Anne découvre cette nature qui parle, cette « bibliothèque ondulante qui se déploie sans limite », qui n’est ni plus ni moins que « le bain amniotique du verbe ». Et la réalité ! « Une étoffe bariolée qui recouvre le monde. Ce tissu brodé d’arbres, de montagnes, de rivières, mais aussi d’hommes et de bêtes, ondule sous la lumière, s’invente à chaque instant… cette étoffe est la peau chatoyante des esprits [et] le chaman est celui qui sait soulever le voile, aller voir de l’autre côté. »

Amazônia, um mundo irreal, feito de águas sombrias, de ramagem intricada e selvática, crédito: Viramundo e Mundovirado

L’incarnation du monde

Le livre d’Anne « Enfance d’un chaman », est paré de poésie.

Il restitue un voyage que personne n’aurait pu prévoir malgré la préparation tenace et minutieuse qu’elle s’était imposée. Anne fut littéralement invitée à entrer dans l’âme du vieux chaman. Sans magie, sans incantation, sans fausse pudeur, à accéder à une vérité cachée. Malgré notre littérature abondante sur la nature et ses sorciers, ce livre me fait prendre conscience que notre réalité nous cache peu de mystères, non.

La réalité est bien là derrière nos croyances fumeuses qui nous apprennent à garder le voile tiré devant nous. Nous, les Occi. C’est comme ça qu’on se fait appeler dans le roman que j’écris actuellement. Ha ok, continuons.

Faisons-nous partie de ce monde ?

Qui parmi nous dresse l’oreille vers les arbres pour veiller à ne pas leur couper la parole ? Je vous le demande ! Qui, parmi nous, aurait-il la sensation d’une écoute mutuelle avec ce qui nous entoure, prêt à suspendre ses mots, si précieux, au point de ne les partager qu’aux heures les plus propices ?

Qui, parmi nous, est-il vraiment conscient de la respiration de chaque chose ? Bien que j’aie gardé en moi une part de l’animisme de mon enfance, je ne fais pas partie de ces gens-là. Mais nous sommes aujourd’hui si nombreux à sentir que ces questions-là nous rattrapent, que je pense sincèrement qu’elles nous permettent d’accompagner le changement qui s’opère actuellement dans notre société du travail.

À travers les nouvelles sciences, j’ai l’impression que nous prenons conscience que notre avenir dépend de ces questions-là.

Transmission d’une matière vivante

Si Anne Sibran a trouvé auprès de la famille Tanguila l’incarnation du monde même, de par leur dévotion absolue à la forêt, j’ai pour ma part trouvé dans son livre « Enfance d’un chaman », une matière vivante pour incarner mon héroïne. Je veux que Mia nous pose ces plus ancestrales questions, si brûlantes d’actualité !

J’espère ainsi pouvoir élaborer une vision de la réalité qu’il nous est quand même vachement difficile de percevoir au cœur de la modernité.

Les habitudes alimentaires qui nous définissent

« Pourquoi je mange comme ça et pas autrement ? » est une très bonne question à se poser. C’est, au final, notre façon de vivre que nous interrogeons, notre vision même de la vie et notre système de pensée.

Bonjour à tous !

Je participe avec bonheur au carnaval d’articles de Gabriel Tricottet du blog « Mon super régime », sur le thème « Les habitudes qui ont changé ma vie ». Pour rester dans le ton, j’ai décidé de vous parler des habitudes alimentaires.

Qu’est-ce qu’un aliment pour nous ?

Les habitudes alimentaires participent de qui nous sommes. Elles nous définissent, en quelque sorte. Mon rapport aux aliments et ma façon de les cuisiner conditionnent ce que je mange.

« Pourquoi je mange comme ça et pas autrement ? » est une très bonne question à se poser. C’est, au final, notre façon de vivre que nous interrogeons, notre vision même de la vie et notre système de pensée. Pour moi, le véritable aliment est celui qui sort de la terre, celui qui n’est ni trafiqué, ni irradié (si si, le commerce agro-industriel asperge nos fruits et légumes de pesticides et les irradie aux rayons gamma quelque chose). Leur conservation longue durée est aussi assurée pour les transporter par tonnes pendant des semaines (l’ananas, par exemple, a une odeur de carton et non d’ananas, vous avez remarqué ?).

légumes vivants sortis de terre
Des légumes vivants, tous juste sortis de terre !

Devrions-nous chasser pour manger ?

Et c’est pareil pour la viande. Je ne chasse pas mais, je rêve d’apprendre le tir à l’arc et d’habiter près d’une forêt sauvage (avec la mer pas loin, s’entend !) pour que ma viande soit éviscérée fumante et encore palpitante de vie. Tout ceci pour dire que notre regard sur la vie, empli de convictions personnelles, conditionne nos habitudes alimentaires.  Elles se confrontent aux réalités de nos vies citadines et modernes où nos enfants préfèrent les cordons bleus aux légumes vapeur. J’en ai marre des cordons bleus, les gars ! Pour ma part, si les fabrications industrielles de type nuggets se frayent un passage jusqu’à ma table, c’est par manque de connaissances en matière de traditions culinaires.

Testons de nouvelles habitudes au contact des autres

Avec des poules bien traitées et bien nourries. Manger un œuf chaque jour est un bonheur pour notre santé

Je suis depuis peu en contact avec un groupe de blogueurs, un groupe d’amis, j’ose le dire, qui parle beaucoup de cuisine. Gabriel a un blog sur le régime et le jeûne qui, finalement, parle de cuisine ; Florence a un blog sur la cuisine végétale qui, finalement, parle de notre rapport à la terre, au végétal et de traditions culinaires ancestrales ; Jung, qui a un blog sur comment atteindre ses objectifs, est un passionné de cuisine. Nos échanges m’ont poussée à remettre mes habitudes alimentaires en question. J’ai donc, fort petitement, testé quelques recettes avec, il faut l’avouer, un taux d’échec qui remise ma volonté de changement au placard.

Finalement, j’ai opté pour remettre en branle les habitudes alimentaires que je me suis forgées au cours de ma vie : je mange mes crudités et mes œufs de ferme bio, tandis que, pour les enfants, j’achète les aliments les plus simples et passe dédaigneusement devant le rayon des nuggets, et tant pis pour les magnets des départements français. On aura qu’à finir la carte en les confectionnant nous-mêmes.

les magnets-nuggets
J'arrête les nuggets !

Interrogeons nos habitudes pour mieux nous connaître

maraîchage bio
Partez à la découverte de vos terres !

J’ai donc bien essayé de faire une cuisine plus fantaisiste mais, je n’ai pas bénéficié d’une transmission culturelle très élaborée en matière culinaire. Je me souviens que ma grand-mère cultivait ses roses et tuait l’étourneau au petit matin. On cultivait des fraises et on allait à la ferme chercher le beurre et la crème. Notre repas traditionnel était le poulet cuit dans la cheminée, avec des patates enrobées de papier alu glissées dans les braises. Au final, j’ai une pratique culinaire très épurée où l’aliment prime sur la cuisine. J’achète mes légumes chez le maraîcher bio du coin, je les cuis à la vapeur pour qu’ils m’apportent les vitamines et minéraux qu’ils se sont fabriqués de leur vivant.

Ce sont pour moi des aliments nés dans une terre amoureusement traitée, et je les badigeonne d’huile d’olive directement dans mon assiette. Une pincée de sel et je suis heureuse ! Dès que mes enfants furent en âge de me traiter d’ascète insensible aux joies du productivisme moderne (traduisez : « beurk c’est dégueu ! »), j’ai cru devoir me plier à leurs exigences contre-nature (voir, à ce sujet, mon article sur le chocolat).

Au fait, c’est quoi une habitude ?

Toutes ces habitudes, qu’elles soient occasionnées par la force des choses ou instaurées volontairement, ont des conséquences sur notre vision même de la vie. Alors, devons-nous parler de « mode de vie » ou d’« habitudes » ? C’est une excellente question, qui permet de nous interroger sur ce qu’est une habitude. Cette action répétée se met en place dans notre quotidien. Certes, elle dérange peut-être parfois au début du processus. Malgré tout, elle s’implante dans nos vies car elle a un sens. Elle donne du sens. On lui a fait une place. Pas seulement pour atteindre un objectif mais aussi pour répondre à une façon de penser, à une éthique. Il y a une forme d’adhésion et de synchronicité entre notre vision de la vie et l’habitude que nous souhaitons adopter. Je n’oublie pas que l’homme est plein de paradoxes et contredit allègrement cette définition, qui n’en est pas moins vraie, à mon sens.

Notre rapport à l'alimentation est-il une question d'habitude ou de mode de vie ?

Comment s’installent-elles dans nos vies ?

Reprenons l’exemple des habitudes alimentaires. Comment ai-je transformé mes bons repas normands à base de cuisson au beurre et de crème fraîche servie à la louche par la fermière de mon hameau de campagne ? Il y a longtemps, mon médecin m’a prescrit cinq cuillères à soupe d’huile d’olive bio pour faire cesser une infection à répétition qui me pourrissait la vie. Et, ô miracle, mon petit problème disparut comme par enchantement. C’est à partir de là que j’ai chéri la cuisine à l’huile d’olive. J’ai acheté le livre de Sophie Lacoste « Les aliments qui soignent ». Depuis, je n’ai cessé de m’intéresser à l’alimentation par cette petite lorgnette. Dès que je le pouvais, j’allais aider une amie à cultiver son jardin. Sortir les légumes de la terre, les semer, les arroser, fait partie de mon attachement à la nourriture, à la vie, à la nature. Cela revient à dire qu’une simple habitude devient vite un élément de notre histoire. De là à ce qu’elle puisse nous définir, il n’y a qu’un pas.

Nos habitudes mèneraient-elles à la Révolution ?

L’habitude est un acte qui définit, jour après jour, ce que nous pensons de la vie et de nous-mêmes. Irais-je encore plus loin dans la logique ? L’habitude porterait-elle en elle nos convictions les plus profondes ? Après tout, elles se défendent parfois jusqu’à devenir le fer de lance d’un militantisme révolutionnaire. On pense toujours qu’une révolution naît d’une opposition. Certes, mais pour faire naître l’insurrection, les insurgés ont dû préalablement adopter de nouvelles habitudes œuvrant au changement d’état d’esprit. Les militants du « lobby vegan » sont un exemple parmi bien d’autres. Tout commence par une idée, une conscience des risques/bénéfices et un espoir de changement. Et dans tout ça, la mise en place de nouvelles habitudes s’impose. Conclusion les amis ? Toute habitude porte en elle les germes de la révolution !

Tout changement d’habitude semble à-priori absurde

Les enfants ont aujourd’hui des droits, les animaux ont aujourd’hui des droits. On s’indigne de voir les poulets en batterie et les poussins entassés dans des cagettes. Nous nous indignerons bientôt des mauvais traitements infligés à nos fruits et légumes ! Ça vous fait rire ? Mais, bientôt nous exigerons des droits pour nos plantes ! Sachez que la recherche scientifique a prouvé qu’elles étaient bel et bien vivantes, capables de communiquer entre elles et capables de réagir à nos actes. Alors, oui, les amis, la révolte gronde et vos habitudes la préparent !

Sous votre terre, il y a de l’or !

Pour résumer, j’aime la viande mais elle est bourrée de pesticides et d’antibiotiques ; j’aime le poisson mais il est bourré de métaux lourds (j’ai d’ailleurs perdu l’habitude d’en manger et quand je passe au marché aux poissons je ne peux me résoudre à en acheter) ; j’aime le chou-fleur mais ce n’est pas la saison ; il y en a quand même dans les supermarchés mais il ne sent rien et je me demande s’il est vraiment vrai… Franchement, j’appelle au boycott des légumes de supermarché ! Prenez l’habitude de soutenir vos petits maraîchers bio du coin ! Partez à leur recherche, emmenez vos enfants dans cette chasse au trésor. Demandez à bêcher ! Ma fille déterre les pommes de terre comme si c’était de l’or ! Changez votre regard sur le vivant et sur la vie, et vos habitudes alimentaires changeront !

Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs « Les habitudes qui ont changé votre vie », organisé par Gabriel Tricottet, l’animateur du blog « Mon super régime »