L’affaire Séralini montre une vérité complexe entre réalité et fiction

Séralini

L ’affaire Séralini à la lumière du récit de fiction

Lorsque Gilles-Éric Séralini publie ses résultats de recherches prouvant la létalité du pesticide le plus vendu au monde, le pauvre essuie la plus longue tempête de sa vie. Et, lorsqu’il raconte dans son livre « L’Affaire Roundup à la lumière des monsanto papers », il connaît l’ennemi de l’intérieur, grâce à ces fameux papiers, des millions de pages imprimées relatant la com interne des soldats de la firme qu’il combat. C’est accablant. Pourtant, comment vraiment comprendre la psychologie de l’ennemi ? Séralini émet de simples hypothèses. Car c’est l’histoire d’une autre enquête. De mon côté, j’explore la question à travers la fiction.

Quelle force d’esprit permet à notre héros de tenir les épreuves du parcours ?

Le témoignage de Séralini est un parcours de héros. Fait de détermination, d’épreuves fantastiques et de coups d’épée mortels, son récit est le terrain rêvé pour en tirer une fiction. Moi, ce qui m’interroge énormément, c’est l’état d’esprit de l’ennemi. Celui-ci a  forcément un héros à défendre sur ce même parcours. Le découvrir serait merveilleux mais, pour cette nouvelle noire, l’imaginer me suffire. En effet, la fiction  me permet de questionner l’autre camp, celui que Séralini a pour ennemi depuis au moins 15 ans, en fait. Les monsanto papers (des millions de messages, de « vrais » messages envoyés par des « vrais » acteurs de chez Monsanto, la com. Interne, en fait) montre les stratégies de mafieux employées par l’industrie mondiale du pesticide et du médicament. Depuis, la corporation s’est mariée avec son ainée Bayer.

Les défenseurs de l’humanité

Gilles-Éric Séralini se bat comme un lion. Intente sept procès qu’il gagnera tous, tant contre les médias que contre de hauts fonctionnaires de la Science Commerciale et de grands défenseurs de la Santé Mondiale (des lobbyistes convaincus qu’on arrête pas le progrès alors autant en profiter). Nous pensons tous de cette manière, à notre manière et à notre corps défendant. La différence entre vous et « eux », c’est qu’ils ne peuvent pas se remettre en question. L’importance de leur mission est de l’ordre du sacré, au vu de l’énormité des conséquences de leurs actes. L’échelle du progrès militaire, agricole et médical est tellement gigantesque et tentaculaire qu’aucune conscience individuelle ne pourra enrayer la machine. À la lumière du récit de Séralini (et d’un autre livre dont il donne la référence), l’industrie chimique devient un monstre sacré, un organisme géant qui semble jouir  d’une complète autonomie. De ce fait, l’idée que nous sommes tous responsables de l’existence de ce monstre, me saute aux yeux.

Ce qui me transporte dans la fiction, c’est d’appréhender une vérité complexe

L’ennemi ciblé dans cette fiction a la culture du dogme. Ils sont les inventeurs de la chimie de synthèse.  Leur mission se serait révélée sacrée au cours de la première guerre mondiale avec le premier gaz militaire. Ces hommes-là, monsieur, sont d’indispensables défenseurs de l’homme. Faisant reculer les envahisseurs de tous poils, de l’insecte aux rats, en passant par l’homme lui-même en temps de guerre (on n’est pas des sauvages).  Bref, Bayer et ses amis nous défendent depuis plus d’un siècle des fléaux de la Sainte Création. Parmi une armée de nuisibles qui menacent nos vies, il y a les insectes sournois. Longtemps les pires ennemis de nos chimistes sauveurs, la menace invisible est maintenant l’ennemi n°1. Aujourd’hui comme hier, la protection de nos maîtres chimistes est un honneur incommensurable que seuls les fous et les ignorants osent salir. Ils maîtrisent également le plastique, grand ordonnateur de nos vies, et continueront donc de nous honorer de leurs inventions. Molécules de synthèse, brevets et organismes génétiquement modifiés sont nos miracles pour honorer la nature depuis plus de 100 ans ! Voilà. La Nature avait besoin d’être sauvée des nuisibles. Forts de cet énorme succès, nos chimistes, gonflés à bloc, bénissent de leurs dons l’humanité entière. Voilà ce que je commence à percevoir de la psychologie de nos « ennemis ». Et, je crois qu’ils s’attaquent aujourd’hui à sauver les hommes. À SUIVRE

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