Le roman fantastique à l’épreuve du devoir de philo

fantastique et cartésien

L’écriture du roman fantastique à l’épreuve du plan : problématique et enjeu

la résistance au plan
l'écrivain fantastique peut-il faire l'économie de l'exigence implacable de son devoir de philo ?

La résistance au plan

Salut tout le monde ! Je suis en pleine phase de résistance. Certains écrivains se sentent plus en phase en déroulant les pages de leur futur bouquin, s’assignant même un nombre de mots obligatoire par jour, tandis que d’autres ne démarrent l’écriture qu’une fois leur plan établi. Moi, je balance entre les deux. Depuis que je « travaille » l’ossature de mon premier épisode, j’ai l’impression sordide de sortir de l’univers de mon roman. Où sont passés mes personnages ? Leurs actions ne se résument qu’à des fiches stériles que je ne parviens pas à faire exister dans ma tête. À contrario, j’aime la sensation d’immersion dans leur vie lorsque, chaque matin, je tisse un lien avec mes personnages, en allant les retrouver quotidiennement sans tout calculer à l’avance. Je les approche, je les devine, je suis comme une espionne qui les observe et les analyse. Avec ma nouvelle tactique d’approche, je ne me sens pas dans mon élément, c’est indubitable.

L’exigence de structure

Quand je dis « travailler »(le plan) entre guillemets, c’est parce que je bricole. Ma tête n’est pas habituée à penser en terme de structure, quand bien d’autres se sentiraient perdus s’ils accumulaient de la matière sans pouvoir l’ordonner dans un cadre préétabli. À la réflexion, ne suis-je pas en plein vagabondage intellectuel, justement ? Je sais que certains écrivains écrivent au fil de l’eau et que ça ne les empêche pas d’achever leur manuscrit. Et puis, je sais surtout que mes deux premiers bouquins « manquent de structure« . Même si je suis contente du résultat, je ne suis pas dupe. L’inspiration seule ne mène pas à l’excellence, et encore moins au best-seller recherché ici. Peut-être n’y parviendrai-je jamais. Mais, encore faut-il tenter le coup ! Alors, oui, je vais m’accrocher et continuer ces « fiches-actions » et « fiches portraits » qui s’abattent sur les murs de ma chambre, punaisés comme dans une mauvaise série policière.

L’ordre atteint son but

Les murs sont envahis de post-it et de caractères manuscrits qui ne me parlent pas. J’ai aussi tracé une longue ligne au feutre noir pour faire office de chronologie. Pour l’instant, je n’y ressens nulle vie et ça ne m’éclaire pas. Plus je colle et punaise ces mots, moins ça me rassure, et plus je m’éloigne de mon but. C’est à n’y rien comprendre. Mon cerveau serait-il en rébellion contre ma tentative d’ordonner ses idées ? Je ne vais pas me laisser faire. Une amie m’a envoyé une technique de plan qu’elle utilise depuis ses années de fac de philo. J’ai beaucoup d’estime pour son travail. Directrice de publication, elle est suffisamment calée pour que je prenne son document de trois pages au sérieux. Il m’apparaît si obscure que j’en ai mal au crâne. Je ne me démonte pas et commence à le décortiquer point par point. Et, ô miracle, il me parle. Je vous partagerai ici les deux premiers points. Le troisième nécessitant un temps de réflexion pour mon prochain article.

Les  pouvoirs intuitifs enfermés dans l’esprit cartésien : thèse et hypothèse

mental et intuition
le pouvoir de l'intuition n'est-il qu'une affabulation de l'esprit ?

L’enjeu de nos pouvoirs

Premier point : définition du problème et de son enjeu. Ça, c’est facile. Le problème est le suivant : Cécile s’aperçoit que son enfant a des pouvoirs (d’ailleurs, ce n’est pas très développé pour l’instant). Tiens, si je me focalisais sur ce sujet central ces prochains jours ? Mon plan serait peut-être plus facile à monter. L’enjeu est de cacher les conséquences de cette révélation au commun des mortels ou, du moins, d’en maîtriser l’impact. Deuxième point : construction de la problématique (thème, thèse, problématique). Là, j’ai du mal à comprendre. Serais-je butée, voire irrécupérable ? Disons que je suis face à ma plus grosse lacune : la construction. Bah, oui, c’est bien ça. Je me suis même aperçue récemment que j’avais du mal à viser un résultat, pour tout, en fait. Allez, ça se corse mais je m’engouffre dans la faille. Même pas peur, je me lance ! Mon thème entre dans le registre du fantastique mais pas dans le genre monstres et compagnie. Car, pourquoi inventer du fabuleux quand la réalité en produit déjà ? Je veux au contraire le révéler.

La thèse du pouvoir intuitif

Je veux étudier la réalité de nos pouvoirs intuitifs. S’ils existent vraiment, pourquoi n’apprenons-nous pas à nous en servir ? Je pense que c’est une longue histoire. C’est mon thème, assurément. Et, ma thèse, quelle est-elle ? Disons que, dans l’absolu, nous avons tous la capacité de développer notre pouvoir intuitif, selon notre éducation, notre apprentissage, les circonstances de notre vie et le développement de notre personnalité. Je définirais ce pouvoir intuitif comme une connexion à soi-même poussée à l’extrême, passant les limites de notre intellect et perçant les frontières de notre mental. Il nous permettrait alors de capter des informations. Ou, plutôt, d’être l’information elle-même ! Menant à la télépathie et autres aberrations surnaturelles pour nos pauvres esprits cartésiens. Je vous partage à ce sujet une référence que j’estime digne de foi. J’appelle Corinne Sombrun à la barre (voir la vidéo en fin d’article). J’ai lu tous ses bouquins et j’aime son retour d’expérience.

La question du refoulement

Mais, reprenons le plan. J’ai donc à formuler ma problématique. Où est le problème à résoudre ? Je dois réduire ma question à sa plus simple expression : comment développer son pouvoir intuitif dans une culture éducative enfermée dans l’intellectualisme pur ? Vaste question qui ne définit pas assez le problème traité dans mon roman : les pouvoirs de Line sont inconnus, rejetés et considérés comme nuisibles (car exprimés). Cécile, sa mère, a elle aussi des pouvoirs, mais elle a su les refouler étant enfant. Comme nous avons tous appris à le faire. La souffrance qu’on s’inflige ainsi est le problème. Comment le résoudre ?  En apprenant à accepter nos capacités intuitives, à en faire une force, à s’en servir. Comment ? C’est toute la démonstration que j’ai prévu de développer dans ce roman intitulé « Le Projet Line« . Line deviendrait une source d’inspiration pour le lecteur.

L’hypothèse de l’auto-destruction

Le troisième point demande réflexion : redéfinition de l’énoncé. Okay mais, c’est quoi mon énoncé ? Nous aurions une capacité intuitive dont nous ne concevons pas la puissance. Refoulée, coupée du champ informationnel, elle dérive, et nous nous en détournons, nous déformons les informations auxquelles nous serions naturellement reliés. Résultat, nous apprenons très jeunes à nous détourner de nous-mêmes et alimentons une opposition intérieure qui mène à l’auto-destruction programmée. Redéfinir l’énoncé devrait conduire à émettre une hypothèse de sortie de crise, non ? Une sorte de réveil intérieur ? Mais, pour parvenir à quoi ? Pour aller où ? Vers un nouveau rapport au monde ? Ça manque de substance. Le point positif est de s’en apercevoir. Je me posais encore la question quand un ami me parle de l’infirmière de Roswell. Et là, un nouvel horizon se présente à moi. Affaire à suivre…

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