Au cœur de la fournaise

Sophia médita longuement devant son tableau encore inachevé, une toile de cinq mètres sur quatre. Une commande. « Le feu de Dieu ». Putain d’excentrique, rugit-elle entre ses dents. Le coulissement rugueux de la porte la fit sursauter. Milo apparut, un sourire mielleux

À la lumière de l’inachevé

Sophia médita longuement devant son tableau encore inachevé, une toile de cinq mètres sur quatre. Une commande. « Le feu de Dieu ». Putain d’excentrique, rugit-elle entre ses dents. Le coulissement rugueux de la porte la fit sursauter. Milo apparut, un sourire mielleux travestissant sa face d’ours. « Mon client s’impatiente, que puis-je y faire ! », lança-t-il en guise d’excuse. Ses yeux s’arrondirent en s’avançant vers Sophia. Elle se demanda si son amertume se lisait sur son visage. Peut-être était-ce le spectacle de son travail en cours qui provoquait cet air ahuri chez son interlocuteur.

Une contemplation malsaine

‒ Ouah ! Je n’en reviens pas. Quel prodige ! Elle est terminée ?

‒ Absolument pas, s’insurgea Sophia, mâchoire et points serrés. J’ai besoin de cuivre.

La déception se lisait sur les traits poupins de Milo. Encore du cuivre, murmura-t-il sans quitter la toile des yeux. Il y avait tant de vie dans cette peinture, tant à découvrir. Les flammes léchaient un arbre minuscule au fond d’une vallée prisonnière du brasier. On ressentait l’horreur du désastre une fois que le regard se laissait entraîner au cœur de la fournaise. Là, l’observateur se laissait emprisonner à son tour dans la réalité du massacre. L’œil sidéré était bloqué par une contemplation malsaine et toute âme sensible ne pouvait échapper à un sentiment d’impuissance. Milo fit un effort flagrant pour s’extirper de son engourdissement et rabattit son attention sur l’étudiante. La noirceur de ses pupilles le fit frissonner. Il avait envie de crier que le tableau était parfait  et qu’il était plus que temps de le livrer. Il voulait en finir avec cette… abomination. Mais, bien sûr, il n’en fit rien. Richmond n’était pas homme à se satisfaire d’un tableau magnifique. C’était un illuminé et Milo retrouvait dans les yeux sombres de Sophia la même puissance inquiétante. Oui, il surprenait parfois dans les prunelles noires de Richmond la même étincelle diabolique.

L’Or du Diable

Du cuivre, répéta-t-il enfin. Je te trouve ça au plus vite. Il avisa un sceau où scintillait cette poudre dorée et le montra du doigt. Il se demandait comment les tubes qu’il lui avait apportés se transformaient en particules sans trouver dans cette pièce nul chalumeau ou autre outil de transformation. Il refusait pourtant de s’interroger plus avant.

‒ C’est loin d’être suffisant.

‒ Combien t’en faut-il encore ?

‒ Dix kilos devraient suffire.

Milo calcula la quantité de cuivre qu’il avait ramené jusqu’à présent et se reteint de demander comment une cinquantaine de kilos pouvaient tenir sur une toile, aussi grande soit-elle.

‒ Parfait, je serai de retour dans deux heures, se contenta-t-il d’ajouter.

Sophia oublia sa colère sitôt qu’il fut parti. L’air froid de la pièce était chargé par les émanations de l’oxyde de cuivre.

Action !

L’antre secrète

Sophia parcourut la moitié de la ville avant de se retrouver dans le quartier chic de Sainte Adresse, en bord de mer, à la toute extrémité de la plage. Là, un escalier d’une longueur vertigineuse l’attendait. Elle ne monta que quelques marches pour atteindre une villa massive de la fin du XIXème siècle. Elle la contourna discrètement, entra par une petite porte latérale et se retrouva dans un vestibule minuscule où elle actionna une ouverture donnant sur les sous-sols de la demeure.Sophia s’y engouffra sans hésiter, descendit un escalier étroit plongé dans l’obscurité et posa sa main sur un écran tactile.

Le glissement d’une lourde porte en fer émit un gémissement rauque. Une lumière diffuse fit apparaître un vaste espace bétonné d’une nudité frappante. Seuls un guéridon et un canapé en composaient le mobilier, tandis qu’une multitude de pots de peinture jonchaient un sol couvert de tâches colorées ; de gigantesques palettes, des couteaux et des pinceaux de toute sorte s’éparpillaient aux quatre coins de la pièce. Finalement, ce qui faisait le fabuleux de l’endroit était une toile de sept mètres carrés qui trônait sur le mur du fond, un escabeau sur le côté.

d’une collaboration fâcheuse

Sophia aimait travailler la peinture si elle la mélangeait à des matières diverses. Ici, les possibilités étaient restreintes. Les contraintes des lieux lui avaient pourtant permis d’expérimenter de nouvelles techniques. Elle n’avait pour sûr aucune liberté de mouvement ; ramener du matériel ici était un véritable casse-tête. Milo apportait le matériel de peinture mais, même s’il se doutait que les œuvres qu’elle lui confectionnait n’avaient rien de commun avec des compositions classiques, il n’était encore jamais allé jusqu’à les analyser. Du moins pour l’instant. Sophia savait que ça ne tarderait pas. Que se passerait-il alors ? Plus les mois passaient et plus leur petit manège lui faisait peur. Elle savait que ça finirait mal.Plus le temps s’écoulait, plus elle pensait à Samson. Deux ans qu’elle n’avait pas vu son psy. 

Elle devait le contacter. Paris n’était qu’à deux heures du Havre mais l’angoisse de devoir retourner sous sa protection l’étreignait. Pourtant, elle sentait que la menace se rapprochait. Son père devait le tenait au courant mais, que pouvait-il dire des nouvelles édulcorées qu’elle lui transmettait ? Tout ce qu’il pouvait dire est que sa fille était toujours vivante et qu’aucune destruction n’était à déplorer autour d’elle. Elle avait claqué la porte et planté son père et son psy en partant s’inscrire à l’école d’arts du Havre. Son père, inquiet les premiers temps, avait fini par penser qu’elle ne se débrouillait pas si mal sans les deux soutiens indéfectibles de sa vie. Samson la suivait depuis ses cinq ans, depuis la disparition de sa mère dont personne n’avait jamais retrouvé la trace.

Si son père ne savait pas grand-chose sur ses deux ans de beaux-arts, Samson devait être bien plus aux faits des agissements de sa protégée. Il avait toujours su se tenir informé de ses agissements avant tout le monde. Combien de fois était-il intervenu pour la sauver d’un mauvais pas ? Il anticipait ses erreurs avant qu’elle ne les commette. Et c’est pour ça qu’elle avait quitté Paris. Le Havre était un bout du monde sinistré d’où elle pourrait s’enfuir facilement en cas d’incident.

L’intrigue se profile

Une secrétaire sous influence

Sophia était l’égérie des trois garçons, une représentation spontanée de leurs envolées créatrices.

Elle chuchotait vite, la mine grave. Soudain, elle leur jeta un coup d’œil énigmatique avant de s’éloigner d’un pas vif pour revenir sur ses pas, le téléphone toujours collé à l’oreille. Elle attrapa son sac échoué au pied d’Issam. « Désolée, les gars. Je dois vous laisser. On se voit ce soir. Bye. »

‒ C’est pas croyable ! J’en ai marre de ce trou du cul. Sérieusement, je peux plus le sentir, s’emporta Kevin, l’air mauvais. Elle nous laisse en plan. Pourquoi elle ne lâcherait pas le morceau avec ce bouffon ? Elle en fait exprès, ma parole !

‒ C’est vrai que ça devient inquiétant. On devrait cuisiner Émilie.

‒ La secrétaire ? T’as un tiqué avec elle ou quoi ?

‒ Non, pas moi, mais Marc, si. Elle l’a à la bonne. Tu te rappelles, l’année dernière quand il lui manquait un point ? C’est elle qui a plaidé en sa faveur.

‒ Sans déconner ? Comment une secrétaire peut te faire passer en deuxième année ? Si tu veux mon avis, c’est du vent.

‒ Non, mon vieux, Émilie a fait l’école d’art de Lille. Elle s’y connaît. Et, elle a de l’influence sur Milo.

‒ Tu m’en diras tant. Ça vaut le coup d’essayer.

‒ Oui, on va se mettre dans la partie.

Sophia était furax. Milo ne la lâchait pas et il commençait à tirer sur la corde, ce salopard. C’était du chantage pur et simple. Il allait s’en mordre les doigts, ce gros con.

Nourrissez-vous de suspense

Okay, là, je peux continuer comme ça. En général, c’est ce que je fais : j’écris, j’écris, j’invente… Pourtant, désormais, la méthode sera différente puisque vous êtes là. Je vais opter pour la réflexion en amont. J’ai peur de m’éloigner du système d’immersion dont je parle dans mon bonus. L’immersion consiste à se plonger dans le monde de la fiction, on se glisse au plus près de ses personnages. On est en direct, sans prendre de hauteur. Jour après jour, on fait la Une ! On alimente le suspense. On se cache le moins possible derrière sa propre vie. On tient le rôle.

Elle a des super-pouvoirs. Dans ma tête, c’est obligatoire. J’adore les histoires de super-héros. En tout état de cause, nous devons suivre le changement, travailler la situation de départ. Je vais poser les jalons, reprendre le début. J’ai pensé qu’on serait mieux à commencer l’histoire au moment où elle passe le concours d’entrée, mais l’important est de savoir comment Sophia vivait avant son arrivée à l’école et comment s’est passé la première année. On doit avoir le plus d’indices possibles.

Le « Big Problem » à poser

Alimentons le hors-champ

Sophia sait ce qu’elle veut. Rien qu’à son attitude, elle change la donne autour d’elle. Disons qu’aux Beaux Arts, c’est ce qui s’est passé. Insoumise, ne se laissant jamais influencer par l’autorité… À part avec son psychanalyste, peut-être. Parce qu’il y a un rapport affectif ? Je ne le sais pas encore, mais elle se laisse forcément influencer… elle serait dépendante de lui, alors, parce qu’il l’aide vraiment ? C’est à déterminer. Quoi qu’il en soit, Sophia a un problème, un BIG PROBLEM : elle a des pouvoirs. Mais, ils ne se manifestent pas avec clarté. Mon héroïne transforme la matière. C’est une sorte d’alchimie. La pluie tombe, ce matin. Et, quand j’écris le mot « alchimie », je m’arrête net. C’est le thème du bouquin d’Eschbach que je lis en ce moment : « L’Or du diable ». Qu’est-ce qui s’est passé à l’École d’Art ? 

Une révolution, une rébellion, un imperceptible vent de contestation ? Au contact de Sophia, les étudiants ont envie d’adhérer à sa perception des choses. Pas consciemment mais, rapidement, leur état d’esprit change. J’aimerais aussi lui inventer une relation privilégiée avec un prof de dessin passionné qui est en porte-à-faux avec la pédagogie du directeur. Il s’appellera Landru (si j’y trouve un sens). Tout va très vite chez Sophia. Tout ce qu’elle initie s’enchaîne à toute vitesse. Elle n’y peut rien et n’y pense pas vraiment. Du moins, tel qu’on saurait l’envisager nous-mêmes. Sophia a des problèmes qui la positionnent à un niveau de réflexion différent des autres. Avec Landru, le contact s’est enclenché immédiatement. Une critique, une répartie, qui en entraîne une autre, et les deux compères se lancent dans des expérimentations loufoques pour étayer leurs théories.

Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez elle ?

Sophia n’est pas un superordinateur. Si, malgré tout, elle devait en être, elle serait un ordinateur quantique. Elle est « connectée ». Ses calculs s’opèrent à un niveau énergétique, faisant contribuer la matière et les êtres vivants qui l’entourent à la bonne marche de ses affaires. Elle n’hésiterait pas à renverser l’organisation du système entier pour garder sa connexion au Tout. Parfois, le chaos s’ensuivrait après son passage, comme si sa présence pouvait faire exploser les tensions contenues au sein d’un groupe.

Je vous parle de mes idées sur le personnage mais, je risque de vous paraître obscure. C’est que je n’ai encore que des idées éparpillées, des touches de pinceau sur une esquisse vaguement crayonnée.

Je dois être influencée par « Maître de la matière », que j’ai lu l’hiver dernier : la matière, les vibrations, les ondes porteuses, les nanobots. Quelles directions prendront mes recherches ? Je n’en sais pas grand-chose. Je suppose qu’elles prolongeront celles que j’ai amorcées depuis mes premiers écrits. À savoir : les mondes invisibles et le mystère du vivant par l’approche du fantastique. Rien de bien révolutionnaire. Et ce n’est pas l’effet recherché. Je me pose les mêmes questions que la plupart d’entre-nous sur notre origine, notre rapport à la Création, à la beauté, à l’art, à la nature et à nous-mêmes. Sophia incarnera nos doutes et nos contradictions sur ces questions. Elle n’hésitera pas. Un héros, c’est bien fait pour ça, non ?

Au commencement le point Zéro

Le Point Zéro n’existe pas

Mon premier article de cette rubrique hors normes (mais pas hors limites, au contraire !). Je n’ai pas dormi de la nuit. Depuis le début de ce projet, j’étais certaine d’avoir mon point zéro, l’idée de départ dont je parle dans mon bonus. Cependant, hier soir, j’ai décidé de commencer de zéro, pour appliquer à la lettre les conseils donnés dans mon guide de démarrage. C’est dommage. Lina, mon héroïne, je l’aimais bien. Après réflexion, je me suis dit que ce serait plus facile de démarrer mon roman sans me parasiter avec du déjà écrit. 

Vous me verrez trimer. Je vais me mettre à nue. Avec mes fausses pistes et mes questionnements. Partant de rien. Pour ça, je change de bar. J’en ai trouvé un avec du bon café (et de la mousse, je kiffe la mousse dans mon crème) à 1,50 euro. C’est dans le quartier Saint François, en face des quais. Maintenant que le décor est planté, je me lance à l’aveuglette, sans rien vous cacher. C’est parti pour la séance d’écriture number one ! Dernière chose : avant, j’ai regardé la trilogie des films « Le Labyrinthe ».

Sophia « La Favorite »

Sophia s’entretenait au téléphone avec le directeur de l’école. Kevin et Issam, assis à la terrasse de « La Favorite », la regardaient s’éloigner avec inquiétude. Ses problèmes avec la direction ne dataient pas d’hier. Sophia avait dû en essuyer, des plâtres, depuis leur entrée. Elle avait même été suspendue en deuxième année, mais elle avait réussi , Dieu sait comment,  à être réintégrée quelques jours après. Depuis, Sophia semblait nourrir une relation très spéciale avec André Milo, le directeur de l’École d’Art du Havre. Kevin et Issam sentaient qu’il y avait de l’eau dans le gaz. Certains se vantaient de savoir ce qui se passait entre eux. Pourtant, même ses deux meilleurs potes ne savaient pas ce qui se tramait vraiment. Pour eux, Sophia était une grande artiste qui pourrait assurer des expos personnelles et lucratives si elle le voulait. Elle rétorquait que ça ne l’intéressait pas. Ils habitaient à quatre, Kevin, Issam, Sophia et Elliot, dans un vaste atelier où ils avaient aménagé une mezzanine XXL. C’était un lieu fréquenté et recherché où Sophia jouait un rôle étrange. Sorte d’égérie du groupe, elle attirait les étudiants en mal de sensationnel.

Sympa le décor C’est jalonné !

STOP ! C’est bien, Alice. Tu as posé une partie du décor, c’est déjà pas mal. Vous voyez le principe ? J’ai une petite scène et quelques jalons. Là-dessus, je m’aperçois que je m’inspire d’éléments de ma vie, que j’ai une jeune héroïne et un premier mystère. J’allais dire quelque chose d’important, alors je reprends. Où en étais-je ? Ah, oui, je m’égarais un peu dans la narration. En effet, si je continue comme ça, c’est moi qui raconte et c’est moins dynamique. Je voulais dire que Kevin et Issam se doutent qu’elle bosse ailleurs qu’à l’atelier. Elle a des périodes d’absence dont elle ne souffle pas un mot. Secret défense. Malgré tout, les quatre mousquetaires sont toujours

fourrés ensemble à faire les 400 coups. Mais, une idée doit être » racontée ». Par exemple, Elliott débarque et c’est eux qui prennent le relais de la narration. Une conversation animée s’engage et repasse le fil des derniers événements. Ils se disent tout mais Sophia a ses secrets. « Où est Sophia ? Elle revient dans quinze jours. Elle avait l’air comment ? Préoccupée. Merde ! Un jour, j’ai peur qu’elle ne revienne pas. Qu’est-ce qu’elle peut bien fabriquer, encore ? Tu sais que j’ai déjà pensé à la suivre ? Pfff… Elle te repérerait illico. Et, elle serait bien capable de te tuer pour garder ses secrets. Ouais, t’as pas tord. »

Ça ouvre des perspectives…

Au fur et à mesure, j’aimerais que le lecteur comprenne que Sophia n’est pas comme les autres. L’exemple de ce dialogue sans contexte, écrit juste pour vous, montre que si cette fille peut les « repérer illico », c’est qu’elle a un sixième sens, une capacité hors normes.

Trois livres pour changer de vie

Trois livres pour changer de vie

Pour devenir blogueuse, je me suis lancée dans l’aventure la plus incroyable de ma vie. J’ai pourtant vécu, comme vous, des moments passionnants mais, je n’avais pas atteint la sagesse d’en profiter.

Aujourd’hui, je suis la formation Blogueur Pro d’Olivier Roland et, si elle débute par l’action (créer son blog et publier, of course !), elle nous oblige avant tout à nous positionner face à nous-mêmes. Alors, certes, j’ai un blog, je publie, mais j’ai dû passer par ce que j’appelle mes « trois jours devant le miroir ». C’est un véritable dossier de recherche en vase clos qui répond à la question fondamentale : « qui es-tu ? ». Je peux vous dire que ça fumait, là-dedans ! Et qu’en tout état de cause, je n’étais pas seule. J’avais les vidéos d’Olivier, celle de David Laroche (de motivation faite spécialement pour nous) et le livre de Tim Ferris.

Pédagogue des Rebelles intelligents, je dirai qu'Olivier Roland est le chef de fil français du blogging comme Sciences Appliquées. Et tant pis pour les sensibilités professorales.

Et voilà, on y arrive !

La raison d’être de cet article (en dehors du fait que je l’aurais écrit… un jour) est qu’il participe à l’événement inter-blogueurs « Les 3 livres qui ont changé votre vie » initié par Olivier Roland sur son blog « Des livres pour changer de vie ».

Incontestablement, mon article préféré est celui où Olivier fait la chronique de « La semaine de quatre heures ».

Ce livre est en train de changer ma vie ! Tim Ferris explique qu’une idée lumineuse lui a permis de changer sa vie. (Encore !? Ça fait beaucoup de changements je sais, mais on est nombreux sur la planète)

On veut changer, faire un coup d’éclat, envoyer tout balader, se ruer vers le soleil sans regarder derrière, ce genre de choses qui ne sont pas vraiment des broutilles et qu’on évince (trop) souvent d’un revers de main. C’est irréfléchi, irréalisable, impensable. Voilà comment notre imagination nous fait plus souffrir que la réalité elle-même. Tim, disais-je, a trouvé SA solution (que j’ai appliquée) : préméditez les fléaux tant redoutés, les conséquences de votre rêve fou qui détruira immanquablement votre confort et votre avenir.

Visualisez le pire scénario qui découlera de ce projet insensé, qui bourdonne à votre esprit comme une mouche dont la ténacité n’a d’égal que votre crispation.

Visualisez-le donc ce scénario catastrophe qui nous défend de passer à l’action ! Ensuite, analysez-le comme suit, le plus simplement du monde, en écrivant sur une feuille de papier :

1 – « Et si je… », le pire qui en découlera est… (définir ses peurs)

Faites-le vraiment, le résultat est bluffant. Moi, c’est très simple et un peu ridicule en apparence, je me suis demandé : « Et si j’écrivais deux ou trois articles par semaine… » Bête comme chou, non ? Ne vous fiez pas aux apparences, le résultat était méga-flippant. Mais ce n’est pas tout !

2 – Que puis-je faire pour éviter ce scénario cauchemardesque ? Ça permet de plonger dans la dimension pratique et c’est très intéressant.

3 – Quels seront les bénéfices obtenus si je…

4 – Quels sont les coûts subis par l’inaction sur un à dix ans ?

 Ce livre a changé la vie de beaucoup de personnes et rien que ce premier exercice m’a permis de faire un grand pas. C’est là que je me suis dit, qu’effectivement, deux autres livres avaient changé ma vie, sans hésiter.

« Le Processus de la présence »
de Michael Brown

De tous les livres de développement personnel que j’ai pu lire, jamais je n’ai trouvé un auteur qui rendait son lecteur aussi autonome et responsable de son changement. C’était absolument incroyable ! Michael Brown nous entraîne vers un changement radical de perception de la vie, mais attention !  Ce n’est pas une partie de rigolade où l’on a l’impression de courir dans la prairie en prenant un grand bol d’air.

L’exercice est éprouvant. L’auteur porte son lecteur en face de ses responsabilités (comme un ami le ferait). Bien sûr, il reste un guide philosophique et spirituel auquel on adhère (ou pas), ne nous leurrons pas. Mais ce livre a ceci d’unique qu’il nous aide à nous guider par et pour nous-mêmes, pour le plus grand bien de notre entourage d’ailleurs.

Les exercices durent 10 semaines. Deux séances de « respiration » par jour sont impératives, avec ordre de rester parfaitement immobile. Seules nos respirations profondes créent le mouvement. Nous nous enfonçons progressivement dans le monde de la Présence : un périple au cœur d’un monde intérieur entièrement relié au monde et à ses interactions quotidiennes. C’est absolument dément. Loin d’être devenue une illuminée, je me suis retrouvée les pieds sur terre, ouverte au monde de ses possibles. Ce livre vous transforme à jamais.

« Libérez votre créativité »
de Julia Cameron

Quelques années auparavant, j’ai découvert ce livre par le plus grand des hasards

Sans mentir, il m’a réellement permise de ne pas sombrer. Son sous-titre « La bible des artistes » ne doit pas vous tromper. Il s’adresse à tous. Comme disait Ben (Vautier), « nous sommes tous des artistes ». De même que pour celui de Brown, « Libérez votre créativité » est un livre d’exercices pour apprendre à se faire confiance et dépasser ses peurs. Grâce à Julia, j’ai appris à créer dans une démarche épurée, à prendre le stylo et à écrire, tout simplement.

Mais, ce n’est pas venu tout de suite. Ce genre de travail est un « processus ». Avant de parvenir à écrire des histoires, j’ai pris le pinceau et me suis mise à la peinture, alors que j’ai toujours su que j’étais écrivaine. L’âme a ses raisons… Avec ce livre, pas de séances de respiration, mais le rituel des pages du matin. Le principe est de soulager le reste de votre journée de toutes vos inquiétudes parasites. Et ça marche !

Le « cerveau artiste » est libéré par un exercice d’écriture automatique à faire dès le réveil.  Vous videz ainsi le « cerveau de survie ».

Lui, est opérationnel dès la première minute d’éveil, pour faire tourner la censure intérieure. Une fois celle-ci neutralisée, la journée de libération peut commencer. Douze semaines d’exercices qui sont pour la plupart extrêmement plaisants et salutaires si vous vivez une grosse période de sape.

Douze semaines qui libèrent la lame de fond créative qui nous habite tous et cherche à sortir dans un grondement incessant d’émotions extrêmes.

Et voici présentés, dans l’ordre inversé de ma vie, les trois ouvrages qui ont changé et changent encore le cours de ma vie. Car, honnêtement, quand un livre vous transforme, vous n’en avez jamais vraiment fini avec lui.

Les liens info sur les livres et leurs auteurs sont aussi des liens d’affiliation Amazon. Ils m’aideront à entretenir notre blog. Merci d’avance pour votre participation !

K-part

Le jeu du crayon/plume à l’envers ! Kalil est ce petit homme sorti du dessin de Lucas Flattot, le portraitiste havrais. Et tout autre que moi lui aurait bien sûr donné une vie différente. Sentiments inspirés d’un portrait…

Le jeu du crayon/plume à l'envers

Kalil est ce petit homme sorti du dessin de Lucas Flattot, le portraitiste havrais. Et tout autre que moi lui donnerait une vie différente. Sentiments inspirés du portrait…

Kalil n’était plus qu’une flaque de peur, une flaque de douleur asséchée au-dehors, bouillonnante au-dedans. Ce n’était pas la peine de détruire la colère ; elle grandissait tellement qu’elle paralysait tout ‒ les viscères, les veines, le sang. Ça chauffait tant que ses yeux étaient secs, brûlants, sans vie.

Mais, à l’intérieur, c’était comme un ravage de lave qui drainait toutes ses eaux. Un troupeau de bisons, comme dans le film de l’Indien que Kalil avait vu avec Saïta. Leur passage avait soulevé la terre en un nuage si dense qu’il en aveuglait l’écran.

Ce souvenir le ramena à Alep, à sa terre sèche, aux odeurs pleines et lourdes de promesses, au narsharab de Saïta. Il sentait à nouveau l’odeur de caramel citronné lui emplir les narines. Lorsque sa grand-mère faisait la mélasse de grenade, c’était une grande et longue fête. La récolte et la cuisson du jus prenait du temps. À cette période, toutes les femmes se rassemblaient ; elles étaient si nombreuses, si pleines de vie.

Kalil pensa fort à l’odeur acidulée et aux chants qui l’accompagnaient. Il s’accrochait à elle comme à une amie chère ‒ un bouclier protecteur, aussi, qui le recouvrait solidement, l’écrasait un peu et l’enfermait comme dans un nid. Saïta l’enveloppait de son regard amoureux, le recouvrait de plumes chaudes qui adoucissaient sa solitude.

« Tu dois tenir tête, Kalil ! » Il voyait la douceur du regard de Saïta, la bouche entravée d’un rictus guerrier l’exhortant à se lever et à faire face. Kalil reprenait peu à peu ses esprits et ses yeux s’ouvrirent grand, gigantesques, perçant la cible en face de lui. La haine couvait derrière les battements saccadés de son cœur. Meurtri, il concentrait désormais la lave destructrice en un rythme lent.

Sa mère, penchée sur un livre de compte, devenait lointaine, précise, facile à abattre. Kalil sentait qu’un jour il saurait l’atteindre avec justesse, sans état d’âme.

Tu crois que je t’ai fait pour que tu deviennes un tocard ? Non ! En fait, j’ai pas fait exprès. T’es arrivé comme ça. Une mouche sur la merde. J’avais p’têt pas assez de problèmes comme ça. Et pas foutu d’en branler une ? Nom d’un chien, tu vas la mériter ta pitance, c’est moi qui te l’dis !

Elle retourna à ses pattes de mouche sur son cahier de comptes. Quand elle écrivait dans le grand livre cartonné, la table de la cuisine était bien nettoyée ; il ne fallait surtout pas faire de bruit. Mais Kalil n’avait pas vu qu’elle était installée là. Il aurait dû entendre pourtant. Le silence.

Il était arrivé en courant pour demander la permission d’aller jouer dehors. Attendre le retour de papa… j’ai encore fait une énorme bêtise. Je ne suis bon qu’à la mettre en colère : une poubelle oubliée dans le coin de la cuisine. Ne respire pas, Kalil. Non, pas l’droit !

Les fourmis m’empêchent de rester immobile, elles me torturent les jambes. J’ai peur, elles me dévorent d’en bas et remontent, prennent toute la place, ma place. Mon cœur respire encore. Mais comment fait-il ? Comment ose-t-il ? J’arrive à le ralentir mais pas à l’arrêter.

Tu vas voir, quand ton père va rentrer. Tu vas l’avoir ta raclée. Tu l’auras pas volée. Bouge pas d’là !

Ralentis s’il te plaît. Arrête-toi ! Saïta… Oh, Saïta ! Je pars. Saïta me sourit. Un jour où les fourmis me mangeaient les yeux elle m’a dit : « Kalil, souviens-toi que tu es libre. Il te suffit de fermer les yeux, d’arrêter ton cœur et de partir. »

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