J’écris un thriller avec « L’Affaire Roundup […] » de Gilles-Éric Séralini

La nouvelle noire dont je vous livre chaque jour les dessous d’écriture, est inspirée de « L’Affaire Roundup […] de Gilles-Éric Séralini

La nouvelle noire en cours pour le concours « Quais du Polar », dont je vous livre chaque jour les dessous d’écriture, est inspirée de « L’Affaire Roundup à la lumière des monsanto papers », un livre de Gilles-Éric Séralini publié en octobre 2020. Cet enseignant chercheur est le héros de l’histoire. Un héros qui narre déjà son histoire « vécue » dans son livre. Rinaldi Sirrar, le Séralini de ma nouvelle, formera donc un duo avec Soledad. Ce couple de héros pose les portes de ma narration. Soledad est mon espionne narrative, elle louvoie dans les deux camps : celui des chimistes et celui des biologistes.

Comment écrire une nouvelle noire à partir du récit de Séralini ?

l'affaire roundup

Je cherche une entrée théâtrale à ma nouvelle tirée du récit de Séralini

Où en est donc cette nouvelle ? J’en ai édifié les jalons ; la scène dans le métro de Londres est le point cortex émotionnel du mini thriller de 6 pages à écrire. Avant cet évènement, Sirrar subit toutes sortes de pressions. Après, il attaque et gagne. Des jalons permettent d’étaler la trame sur les points forts du récit. Pas besoin de les placer sur une ligne. Pas encore. Car, la trame, elle, c’est l’histoire qui se joue entre Sirrar et Soledad. Des flashbacks sont possibles : Soledad, amie ou ennemie de l’intérieur ? Même si, en apparence, cette question est un cliché du genre, elle décuple la force de leur relation. J’ai un couple de héros à faire vivre. La relation entre mes deux héros déterminera l’intrigue. Pourquoi ? Pour la rendre palpitante. Rinaldi Sirrar et Soledad  fondent la nouvelle noire à venir. Reste 11 jours.

J’imagine les mystères enfouis derrière le récit de Séralini

D’abord, l’intrigue est un carré plat, cadré des faits suivants : un chercheur prouve la létalité d’un pesticide vendu pour tuer les nuisibles, tous et partout. Ce pourrait être la devise du fabricant. Ses produits miracles servent pour tout, des épandages agricoles au nettoyage des cours d’école, en passant par l’éradication de tous les dangers pour la santé des hommes. Insectes & Cie  pliera sous notre joug ! hurlent-ils en cœur avant de commencer toute réunion. Pourquoi s’en étonner ? Mon idée est d’imaginer la pensée des défenseurs du Roundup à travers Soledad. Elle sait qui est Sirrar, elle en entend parler, voyons, depuis dix ans au moins, comme l’emmerdeur n°1 qui attend sa leçon. Soledad a 23 ans et bosse aujourd’hui dans l’équipe de Sirrar. Dans son livre « L’Affaire Roundup […] », Séralini explique s’être fait conspuer pendant 15 ans avant cette affaire — l’affaire des rats, l’affaire séralini, l’affaire Roundup, c’est selon.

Comment l’auteur de « L’Affaire Roundup […] » est-il visé par l’ennemi ?

Monsanto jugé responsable
Des Dieux de la génétique aux commandes de la chimie de synthèse

De mon côté, je me mets dans la peau d’un chimiste convaincu

Les activités de recherche du professeur Séralini et de son équipe sont évidemment très mal senties par les industriels visés. Ce sont eux les premiers ennemis. Monsanto a des services chargés de contre-attaquer les scientifiques qui cherchent à démolir ses produits et sa réputation. C’est évident. S’ils avaient laissé faire la chance ou le hasard, ces industriels chimistes n’auraient pas autant de poids et d’influence sur le marché mondial, et le cac 40, n’est-ce pas ? Ces hommes ne laissent même pas la Nature au Hasard. Si je me mets dans la peau d’un chimiste convaincu de sa mission sacrée, je me vois participer à l’avènement d’un monde où l’homme maîtrise le hasard que j’exècre. Chimiste convaincu, je considère aussi qu’une tranche de la population ne croit pas au hasard. Je les combattrai fanatiquement pour servir le progrès vers un monde plus juste, où Insecte et Cie sera définitivement sous contrôle.

Je pousse la pensée ennemie jusqu’au fanatisme désinhibé

Les chimistes perçoivent-ils le hasard comme une aberration congénitale ? J’imagine ainsi les ennemis de Séralini : des chimistes déterminés à soigner la Nature du méchant hasard. Ce sont des Dieux de la génétique aux commandes de la chimie de synthèse. Ils injectent leur point de vu dans les rouages de la société, distillent les doutes, serinent les médisances et consolident systématiquement leurs défenses. Dans des articles, dans les couloirs du pouvoir, autour des dîners, des séminaires et des colloques, le nom de Séralini circule déjà depuis belle lurette. Le jour où les résultats de son étude tombèrent, la panique s’empara des responsables de Monsanto. Des résultats crédibles et accablants sont sur le point d’être publiés*. La stratégie de dénigrement passe donc en code rouge. Les équipes de défense de Monsanto doivent gagner du temps.

*L’étude de Séralini est la plus complète jamais réalisée sur la composition chimique du Roundup, le pesticide le plus vendu au monde ! Séralini est un  biologiste renommé pour son expertise sur les OGM et les pesticides.

Comment écrire une fiction tirée du récit de Séralini : « L’Affaire Roundup […] » ?

Face aux lobbys de l’industrie chimique, Séralini n’avait aucune chance. Il en est pourtant sorti vivant. Je tire de son récit, une nouvelle noire en 21 jours pour le concours « Quais du Polar » 2021.

À la lecture de « L’Affaire Roundup à la lumière des monsanto papers », j’étais effondrée. Ce témoignage fourni, écrit par Gilles-Éric Séralini, vient d’être publié. Il offre le récit d’un parcours d’épreuves que nombre de chercheurs ne parviennent pas à supporter. Face aux lobbys de l’industrie chimique, Séralini n’avait en effet aucune chance. Il en est sorti vivant. Vainqueur aussi, mais pas conquérant. J’en tire une nouvelle noire en 21 jours pour le concours « Quais du Polar » 2021.

Je m’arrête sur la scène la plus intime du récit de Séralini pour habiter la vision

La mine grave, ils lui annoncent que la mort le guette au bout du couloir. Photo de Mia Powter

Le professeur Séralini est accueilli à son arrivée à Londres. À quelques heures  de sa conférence, on insiste pour qu’il prenne le métro. Le professeur réclame pourtant un taxi, mais il finit par fléchir. Une fois dans les souterrains de la capitale anglaise, un homme avec une valise heurte Séralini. Son bagage touche notre héros. Rien de mal. Juste la sensation d’avoir été piqué au mollet. Le soir venu, alors que la conférence allait démarrer, Séralini se retrouve aux urgences. Il a une fièvre carabinée.  On lui annonce qu’un staphylocoque dévastateur lui gangrène la jambe à une vitesse incontrôlable. Séralini sera sauvé in-extremis, mais des mois de convalescence l’attendent. Il y a beaucoup d’émotion dans l’histoire vécue et relatée par Séralini lui-même. Son récit part dans les détails du roman noir, jusqu’au couple de chirurgiens en tenue de soirée, qui se tenaient à son chevet après avoir été appelé en plein spectacle. La mine grave, ils lui annoncent que la mort le guette au bout du couloir.

J’extirpe du récit de Séralini, la scène la plus chargée en émotion pour interroger mes personnages

À la lecture de cette scène, le poids de la diplomatie pèse aussi lourd que l’urgence médicale. Cette tension-là doit se retrouver au cœur de la nouvelle noire que je tirerai de son livre « L’Affaire Roundup […] ». Reste 12 jours pour l’écrire.  La tension, c’est de l’émotion. Il y a de l’émotion entre le narrateur-personnage cloué au lit, fiévreux, dans un état très critique, et les chirurgiens en tenue de soirée qui viennent le sauver, si possible. Séralini a la chance d’avoir échappé à la mort. Nous aussi, pour lire ce qu’il a à raconter de son parcours. Ça donne tellement de valeur au récit lui-même, à la pure narration, que le lecteur entre instantanément dans le triangle d’émotion ainsi formé. Logiquement, les mêmes ingrédients sont réunis pour former le même triangle émotionnel entre le narrateur, les personnages et le lecteur. Logiquement, mon couple de héros est soudé. Soledad et Rinaldo Sirrar sont devenus proches au cœur de la tourmente.

Les scènes tournoient dans un vent d’émotions qui guide la mécanique narrative

"Elle a participé aux années de recherches qui les ont amenés à la vérité". Photo de Fernando Zhiminaicela

L’équipe de Sirrar essuie des tirs de partout. Tout le monde explose au contact de ses membres. Sous la panique et les pressions constantes, des collègues, des élus, des responsables publics et privés se révèlent. L’héroïsme (ou l’inconscience) de Sirrar et de son équipe éclabousse le confort de chacun. Et, ce serait gérable si l’équilibre familial de ces têtes brûlées n’était pas lui aussi en péril. Dans ce contexte, on comprend aisément qu’être membre de l’équipe veut dire quelque chose. Alors, Soledad peut bien attirer le scandale le plus destructeur, menaçant la crédibilité de l’étude même, elle a participé aux années de recherches qui les ont amenés à la vérité. Ça ne s’oublie pas, assurément. Tensions et émotions sont donc au rendez-vous. Par quoi vais-je donc démarrer l’histoire de cette nouvelle noire, tirée de « L’Affaire Roundup […] » de Gilles-Éric Séralini ? Après sa convalescence ou au moment où la valise le pique ? Quand commence l’histoire ? À SUIVRE

L’affaire Séralini montre une vérité complexe entre réalité et fiction

Lorsque Gilles-Éric Séralini publie ses résultats de recherches prouvant la létalité du pesticide le plus vendu au monde, il essuie la plus longue tempête de sa vie. Nous en payons tous le prix

L ’affaire Séralini à la lumière du récit de fiction

Lorsque Gilles-Éric Séralini publie ses résultats de recherches prouvant la létalité du pesticide le plus vendu au monde, le pauvre essuie la plus longue tempête de sa vie. Et, lorsqu’il raconte dans son livre « L’Affaire Roundup à la lumière des monsanto papers », il connaît l’ennemi de l’intérieur, grâce à ces fameux papiers, des millions de pages imprimées relatant la com interne des soldats de la firme qu’il combat. C’est accablant. Pourtant, comment vraiment comprendre la psychologie de l’ennemi ? Séralini émet de simples hypothèses. Car c’est l’histoire d’une autre enquête. De mon côté, j’explore la question à travers la fiction.

Quelle force d’esprit permet à notre héros de tenir les épreuves du parcours ?

Le témoignage de Séralini est un parcours de héros. Fait de détermination, d’épreuves fantastiques et de coups d’épée mortels, son récit est le terrain rêvé pour en tirer une fiction. Moi, ce qui m’interroge énormément, c’est l’état d’esprit de l’ennemi. Celui-ci a  forcément un héros à défendre sur ce même parcours. Le découvrir serait merveilleux mais, pour cette nouvelle noire, l’imaginer me suffire. En effet, la fiction  me permet de questionner l’autre camp, celui que Séralini a pour ennemi depuis au moins 15 ans, en fait. Les monsanto papers (des millions de messages, de « vrais » messages envoyés par des « vrais » acteurs de chez Monsanto, la com. Interne, en fait) montre les stratégies de mafieux employées par l’industrie mondiale du pesticide et du médicament. Depuis, la corporation s’est mariée avec son ainée Bayer.

Les défenseurs de l’humanité

Gilles-Éric Séralini se bat comme un lion. Intente sept procès qu’il gagnera tous, tant contre les médias que contre de hauts fonctionnaires de la Science Commerciale et de grands défenseurs de la Santé Mondiale (des lobbyistes convaincus qu’on arrête pas le progrès alors autant en profiter). Nous pensons tous de cette manière, à notre manière et à notre corps défendant. La différence entre vous et « eux », c’est qu’ils ne peuvent pas se remettre en question. L’importance de leur mission est de l’ordre du sacré, au vu de l’énormité des conséquences de leurs actes. L’échelle du progrès militaire, agricole et médical est tellement gigantesque et tentaculaire qu’aucune conscience individuelle ne pourra enrayer la machine. À la lumière du récit de Séralini (et d’un autre livre dont il donne la référence), l’industrie chimique devient un monstre sacré, un organisme géant qui semble jouir  d’une complète autonomie. De ce fait, l’idée que nous sommes tous responsables de l’existence de ce monstre, me saute aux yeux.

Ce qui me transporte dans la fiction, c’est d’appréhender une vérité complexe

L’ennemi ciblé dans cette fiction a la culture du dogme. Ils sont les inventeurs de la chimie de synthèse.  Leur mission se serait révélée sacrée au cours de la première guerre mondiale avec le premier gaz militaire. Ces hommes-là, monsieur, sont d’indispensables défenseurs de l’homme. Faisant reculer les envahisseurs de tous poils, de l’insecte aux rats, en passant par l’homme lui-même en temps de guerre (on n’est pas des sauvages).  Bref, Bayer et ses amis nous défendent depuis plus d’un siècle des fléaux de la Sainte Création. Parmi une armée de nuisibles qui menacent nos vies, il y a les insectes sournois. Longtemps les pires ennemis de nos chimistes sauveurs, la menace invisible est maintenant l’ennemi n°1. Aujourd’hui comme hier, la protection de nos maîtres chimistes est un honneur incommensurable que seuls les fous et les ignorants osent salir. Ils maîtrisent également le plastique, grand ordonnateur de nos vies, et continueront donc de nous honorer de leurs inventions. Molécules de synthèse, brevets et organismes génétiquement modifiés sont nos miracles pour honorer la nature depuis plus de 100 ans ! Voilà. La Nature avait besoin d’être sauvée des nuisibles. Forts de cet énorme succès, nos chimistes, gonflés à bloc, bénissent de leurs dons l’humanité entière. Voilà ce que je commence à percevoir de la psychologie de nos « ennemis ». Et, je crois qu’ils s’attaquent aujourd’hui à sauver les hommes. À SUIVRE

Écrire une fiction à la lumière de la réalité

Soledad doit-elle empêcher l’homicide dont sa famille est complice ? Là, je dois vous parler du livre « l’affaire roundup »,point de départ de notre fiction, cette nouvelle noire de 6 pages en cours d’écriture. Reste 14 jours

« L’Affaire Roundup à la lumière des monsanto papers », de Gilles-Éric Séralini, est le récit de son combat, où il n’était pas seul pour essuyer les pressions redoutable de l’ennemi: le cartel de l’industrie chimique. Preuves et procès à l’appui, Séralini en est sorti vivant et nous offre ce livre, instructif, sur la puissances des rouages de l’industrie et de la science, en charge de notre « santé ». Je me lance alors le défi d’en tirer une nouvelle noire en 21 jours pour le concours « Quais du Polar ». Entre fiction et réalité, reste 14 jours.

J’invente mes personnages en pensant qu’ils existent dans la réalité, en m’inspirant du livre de Séralini

Le mot n'est jamais prononcé dans le livre de Séralini "L'Affaire Roundup à la lumière des monsanto papers" - Dessin de Cdd20

Je cherche les points clés de l’histoire

Mieux ! Soledad démissionne. Elle sait ce qui va arriver à son patron. Une tentative de meurtre pendant sa conférence à Londres. Soledad fait tout pour justifier son départ. Est-ce que le lecteur voit Soledad sous pression familiale ? Comprend-il qu’elle tente de saboter le jeu d’espion qu’on veut lui faire jouer ? Forcément, à force de loyauté envers Sirrar, Soledad risque de basculer dans le rôle du traitre. Au labo, personne ne remarque que Soledad est sous pression. Alors qu’à la fac, l’ambiance est explosive, Sirrar découvre les liens de parenté de Soledad avec l’ennemi le coup de fil déclencheur — Soledad est sommée de révéler ses secrets. Seul le collègue qui l’a fait entrer dans l’équipe savait que sa famille lui foutait la pression. En parle-t-il à quelqu’un ?

Je développe l’objectif de départ qui pousse l’héroïne à l’action

C’est dingue ! On est en plein dedans. Ce doit être un vrai dilemme pour Soledad : doit-elle empêcher l’homicide dont sa famille est complice ? Le problème de conscience de Soledad vient surtout la détention de secrets qu’elle ne peut pas trahir. Pourtant, laisser mourir Sirrar serait pire. En effet, que reste-t-il après s’être trahi soi-même ? La désolation. Donc, Soledad va tout faire pour sauver Sirrar. Il faut qu’elle aille à Londres. On doit voir la valise le percuter à travers ses yeux. Elle peut suivre l’homme et comprendre. Comprendre quoi ? Un truc important ? Ce qu’on a inoculé à Sirrar ? Là, je dois vous parler du livre qui est le point de départ de cette fiction, nouvelle noire de 6 pages, en cours d’écriture, avec vous à mes côtés.

L’histoire vraie atteint ce qui nous est propre, ce qui nous rattache à la vie, au corps, aux vraies questions

Se taire. Dessin de Cdd20

Je m’appuie sur « l’histoire vraie » d’un héros sans médaille

Oui, je dois vous parler de « L’Affaire Roundup » vécue et expliquée par Gilles-Éric Séralini. Cet enseignant chercheur de l’Université de Caen, c’est lui qui provoqua les foudres de l’industrie chimique. Séralini ! Pliant tel un roseau sous les tempêtes de dénigrement médiatique. Séralini a réchappé à un staphylocoque foudroyant pendant sa conférence à Londres. Mais, je préviens, nulle part le mot « meurtre » n’apparaît dans son livre « L’Affaire Roundup à la lumière des monsanto paper’s ». C’est le contexte de « l’affaire » qui ne donne pas beaucoup de chance à la malchance. Bref, après ces trois ans de recherches et de tirs nourris, la publication de l’étude Séralini sera validée, puis refusée au dernier moment. C’est là que les choses vont déraper.

Après une guerre sans merci, rares sont ceux qui en réchappent

Cette étude prouve quand même les effets mortels du roundup, un pesticide vendu sur la Terre entière. Pendant que Séralini cherche une autre revue pour publier ses résultats, des photos de rats, bardés d’énormes tumeurs, font le tour du monde. Ce sont les rats nourris au maïs OGM par Séralini et son équipe. Ils présentent d’énormes tumeurs sur le corps. Ça va si loin que Séralini est mis au banc des accusés. Charlatan, activiste, vendu d’extrême gauche. L’accusation de complotiste n’était pas encore à l’honneur. Nous sommes en 2012. Les collègues du désormais célèbre biologiste, sont écœurés par cette médiatisation qui risque de les clouer au pilori. Les pressions sont si énormes que Séralini devrait rapidement craquer. Son équipe et sa famille sont dans la tourmente. Revenir dans le rang, s’excuser, se taire.

L’affaire Séralini est malheureusement digne d’un roman policier

Son livre « L’Affaire Roundup à la lumière des monsanto papers », vient de paraître — octobre 2020. Séralini retrace les années de son combat au sein d’une guerre juridico-médiatique qui n’a jamais cessé de 2012 à 2021. Et les premières pages de recherche google déversent encore toute la panoplie de l’étude Séralini « invalidée » en 2018 ! Rien avant, rien après, c’est tout ce qu’il y a à retenir. Affaire classée. Dans les faits, la guerre a fait rage. La létalité du roundup et la dangerosité du maïs génétiquement modifié NK603 ont été prouvés. Séralini en est sorti… vivant. Quelle force d’esprit permet de tenir contre vents et marées ?  Car, Séralini se bat ! Il intente 7 procès en diffamation contre des médias et de hauts responsables publics et privés, qu’il gagnera tous. Jusqu’à cette fameuse conférence à Londres…  À SUIVRE

Découvrez les mécanismes d’écriture d’une nouvelle noire en 21 jours

Une nouvelle policière se déclenche comme un récit craché dans la panique. Elle se découpe en séquences rapides. C’est intense, soudain. Séquençage de 21 jours à suivre ici

Au sortir d’un hiver épuisant, j’accueille la lutte du printemps avec enthousiasme. Je réponds au concours de nouvelles « Quais du Polar » 2021. 21 jours pour écrire une nouvelle noire à vos côtés, et pour en découvrir les mécanismes de narration. Je sors à peine de « L’Affaire Roundup », étrangement similaire à l’affaire du virus actuelle. Alors, un concours de nouvelle noire sur le thème « nature et environnement, terrain de jeu du crime ? » Ça ne se refuse pas. Suivez le guide !

D’abord, nous savons tous raconter des histoires sous forme de scénarios

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Fiction et Réalité sont les deux faces d’une même pièce - Photo de Tumisu

D’abord, j’ai l’impression d’extirper une scène d’un scénario. J’en crée un nouveau. Oui, j’écris à partir d’un scénario déjà vécu. Vous comprenez ? Raconter et inventer sont deux processus qui se confondent. On raconte ce qu’on invente. Et, même quand on n’invente pas ce qu’on raconte, on invente ce qu’on raconte. Ce que je veux dire, c’est que l’imagination ne fonctionne qu’en étroite relation avec la réalité. Donc, fiction et réalité ne sont que les deux faces d’une même pièce. Ok, dit comme ça… je veux dire que, pour raconter une histoire du style « tu ne croiras jamais ce qui m’est arrivé », l’invention de « l’histoire vraie » commence.

Ensuite, nous savons qu’il faut rythmer son récit pour capter l’auditoire

fenêtre sur l'horreur
Je dessine des fenêtres pour voir à travers - Syaibatul Hamdi

Pour moi,  une nouvelle noire est un monde de suspense tiré d’un monde plus complexe. Cette nouvelle policière de 6 pages se déclenche comme un récit craché dans la panique, une histoire dans l’histoire. C’est intense, soudain. Elle se découpe en séquences rapides. Ces séquences s’imbriquent les unes aux autres pour en restituer toute l’horreur, toute l’absurdité, et tout l’espoir d’avoir survécu au récit. Concrètement, comment j’écris cette nouvelle en 21 jours pour le concours « Quais du Polar » ? J’écris des scènes qui n’ont ni queue, ni tête, je les griffonne aussi sûrement que je dessinerais des fenêtres pour voir à travers, et pour découvrir l’intimité du monde que j’invente.

En amont, nous témoignons des mécanismes de notre propre monde

famille masquée
« Nature et environnement : nouveaux terrains de jeux du crime ? » Photo de Mohamed Hassan

Après « L’affaire Roundup à la lumière des monsanto paper’s », je continue la lecture de « Un empoisonnement universel » de Fabrice Nicolino, que j’alterne avec « La biologie des croyances » de Bruce Lipton — une « histoire » plus joyeuse. Bon an, mal an, je plonge comme je peux dans l’univers des scientifiques, lorsque je tombe sur le thème du concours  « Quais du Polar » 2021. Comme je suis en plein dedans, me dis-je, autant me lancer ! Lectures de circonstance. C’est l’occasion de faire une reconstitution fictionnelle de notre réalité terre à terre qu’on prend en pleine face depuis le confinement du printemps dernier, en mars 2020.

Enfin, nous choisissons de reconstituer la scène dans toute sa vérité

poison chimique
"Histoire vraie" d'un emprisonnement universel - Photo d'Adrian Malec

« Nature et environnement : nouveaux terrains de jeux du crime ? » Mes lectures du moment (qui ont eu raison de mon moral au sortir de l’hiver) me conduisent naturellement à répondre au thème avec enthousiasme. Car, la fiction a pour moi le pouvoir de me rééquilibrer les chakras. Je vous entraîne donc dans l’invention d’une histoire  tirée de mes lectures. Et, celles-ci n’ont rien d’une fiction. Ce sont des contes estampillés « histoires vraies » ou (attention ça devient subversif) « enquêtes journalistiques ». Il est vrai que j’aime autant écrire des fictions que décortiquer la manière dont les idées me viennent pour nourrir l’écriture en cours. À SUIVRE

Le cadre de l’histoire se dessine et les personnages prennent place

Soledad est ma porte d’entrée. L’œil par lequel je vois et j’interroge : suivez l’écriture d’une nouvelle noire en 21 jours en cliquant ici

Hello tout le monde ! Vous suivez en direct l’écriture d’une nouvelle noire pendant 21 jours pour le concours « Quai du Polar » 2021. Je vous parle aujourd’hui, presque une semaine après le démarrage de ce défi, de la mise en scène de départ. J’arrive à voir le camp des héros : le labo et l’équipe de recherche.

Je cadre l’histoire en imaginant la vie des personnages principaux

labo de recherche
Le camp des héros est celui de l'Affaire Roundup : des scientifiques engagés pour la vérité. Photo de Weipeng Lin

— La vision tronquée de la médecine darwinienne a parlé !

C’est amusant, de créer une « anti ». Soledad discute, se rebelle par des phrases assassines, toujours en rapport à ses conceptions peu orthodoxes de la biologie moléculaire, navigant entre épigénétique et physique quantique. C’était la fille sympa qui se la ramenait. Mais, elle était douée et savait pourtant rester à sa place. Sa présence au labo était appréciée, notamment par Renaldi Sirrar en personne. Soledad lui donnait certaines directives pertinentes grâce à son regard décalé, justement. Là, c’est différent, le résultat de leurs recherches a provoqué un tel ras de marée que toute l’équipe est dans la tourmente. À chaque pression subie, venue des lignes ennemies ou de l’intérieur du campus, l’équipe relève la tête comme un seul homme. Une équipe soudée sur laquelle Sirrar s’appuie. Jusqu’à ce que le professeur Sirrar reçoive un coup de fil qui va déclencher notre histoire.

Un coup de fil déclencheur fait basculer la vie de l’héroïne Soledad

coup d'alarme
L'évènement déclencheur permet de faire basculer la situation de départ. Photo Sam Williams

Un matin, dès l’aube, on annonce à Sirrar que sa jeune assistante, Soledad, fait partie du camp ennemi. Ceux-là même qui font tout ce qui est en leur pouvoir (et ils en ont, des leviers de pouvoir !) pour les écraser. C’est un coup de poignard que Sirrar reçoit en plein cœur. Soledad Valenski est donc la fille d’Artus Wolden, un chef d’industrie en cheville avec Tomason ? Comment cette info est-elle passée inaperçue  ? Soledad a-t-elle sciemment caché le nom de sa famille ? Est-elle une infiltée ? Après la douleur, la colère livre bataille à la raison. Soledad est plus que ça ! Ces derniers mois, la tension était si forte que le comportement étrange de la jeune assistante passait en dommages collatéraux. Tout le monde est à cran et un brin paranoïaque. Que Soledad se démarque, une fois de plus, n’avait rien d’alarmant. On est en guerre, bordel ! Et Soledad est leur taupe !? Non, c’est impossible. Soledad est pourtant virée sur le champ.

J’ai trouvé le nœud de l’intrigue : une tentative de meurtre et une héroïne impliquée chez les méchants

meurtre

La tension est énorme. Jusqu’au jour où elle prévient Sirrar qu’il ne doit pas se rendre à sa conférence à Londres. Elle sait quelque chose. Elle a entendu des choses… En fait, elle n’est pas là pour le tuer, mais pour le sauver. Comme je vous le disais hier, ça a l’air d’une formule bateau, mais c’est vrai. Même mise à l’écart, Soledad connaît les deux mondes qui s’affrontent. Lors de ma lecture de « L’affaire Roundup à la lumière des monsanto papers », j’imaginais les hommes et les femmes qui œuvrent sans état d’âme (preuves à l’appui), à la commercialisation du roundup et des OGM… Quelle partie du cœur s’anime en eux ? Soledad, mon instigatrice, vit donc dans ces cœurs-là. Soledad sait ce que font et ce que pensent les deux parties en guerre. Moi, je ne sais pas. J’imagine une famille de chimistes. Des hommes passionnés, imbus de leur savoir et du pouvoir qu’il confère. 

L’ennemi est puissant et capable de tout, sorti tout droit de la réalité

ennemi mortel
Face à l'ennemi sans scrupule, comment se mettre dans la peau de mon héroïne autant que dans celle du méchant ? Photo de Comfreak

Je ne sais pas pour vous mais, moi, je rêve parfois des alchimistes ; ne sachant jamais quelle part de folie rejoint la partie héroïque ou blasphématoire de leur célébrité. Dans son livre, Séralini parle d’une scientifique, grand stratège de l’ex-firme « Monsanto », occupant le même poste aujourd’hui chez Bayer. Comment une scientifique devient-elle le chef d’orchestre de la manipulation médiatique pour la plus grande industrie chimique du monde ? Comment imaginer le système de pensée d’un tel ennemi ? Car, nous sommes tous logés à même enseigne : nos traumatismes nous façonnent à l’image de nos propres mensonges. Soledad a forcément un côté de moi. Je m’identifie légèrement à elle, puis je la laisse vivre. Évidemment, Soledad est ma porte d’entrée. L’œil par lequel je vois et j’interroge : quelle éducation a-t-elle reçue, et par quels artifices ? Quels sont les obsessions inconscientes qui la rongent ? De quoi cherche-t-elle à se libérer ? Des questions « bateau » ? 

La suite demain, abonnez-vous pour connaître l’issue de cette nouvelle, à écrire avant le 31 mars pour le CONCOURS DE NOUVELLES NOIRES « QUAIS DU POLAR » 2021. Soyez nombreux à vous abonner !  Reste 17 jours.