À quoi nous sert la vérité sans notre responsabilité ?

Je pense que sans ce sentiment de responsabilité, nous ne parviendrons pas à regarder la vérité en face pour en faire quelque chose. En faire quoi ? C’est ce que nous découvrons ici.

Hier, je concluais mon article en parlant de cette « vérité » officiellement révélée par les monsanto papers. Une vérité qui est une donnée précieuse, dont la pureté peut être appréhendée bien différemment selon l’opinion qu’on s’en fait. C’est là que la difficulté réside, ne nous le cachons pas. J’aimerais aujourd’hui explorer ce qu’on peut tirer et comprendre de ce type de vérité.

Maintenant que nous disposons de la vérité, qu’allons-nous en faire ?

connaissance de soi
S'inclure dans l'équation du vivant. Photo de Gerd Altmann : "Connaissance de soi"

Cette vérité est une force qui doit nous mener à une analyse plus objective : comment fonctionnent les décisions politiques et économiques aujourd’hui ? Comprendre la mécanique des lobbys, sans cet habituel revers de main quand on les « évoque », c’est apprendre à se regarder en face. Car, le problème que nous n’arrivons décidément pas à surmonter, c’est de nous inclure dans l’analyse. Identifier l’ennemi n’est qu’une première étape. Maintenant que nous disposons de données tangibles pour analyser un système de gestion auquel nous participons, nous passons à la deuxième étape : comprendre les mécanismes que nous avons mis en place. Ce « nous » permet de la franchir. Par la recherche de notre intégrité intellectuelle. Pour cela, notre sentiment de responsabilité doit faire partie de l’équation. Ainsi, nous accepterons de regarder la réalité en face sans la peur de se sentir coupable. Le système en place s’appuie sur cette peur.

La vérité sans responsabilité ne passe pas l’étape de la compréhension

Une fois notre responsabilité engagée, pourrons-nous vraiment reconnaître, connaître et analyser le problème ? « La vérité est dans la nuance, dans la précision », rappelle Idriss Aberkane dans sa dernière vidéo (désolée si le lien ne marche pas. Il l’a mise en ligne au moment où je boucle cet article. Elle sera peut-être censurée quand vous lirez ces lignes). Je pense que sans ce sentiment de responsabilité, nous ne parviendrons pas à regarder la vérité en face pour en faire quelque chose. En faire quoi ? Un monde plus juste ? Encore un ? Imaginez qu’on puisse suffisamment être connectés pour construire ensemble une analyse objective, nuancée et précise — intègre, en clair — de la situation, quelle serait donc la troisième étape ? Encore une révolution ? Aucune idée, c’est dans l’ordre des possibles. Sincèrement, je pense que la troisième étape appelle une connexion réseau.

Paradoxalement, la fiction aide à comprendre une vérité à multiples facettes

Séralini conclut son livre en précisant qu’il bosse maintenant en réseau, se déplaçant pour ses recherches aux quatre coins du monde, là où sont les collègues indépendants et les infrastructures de pointe. La France ? Il y garde ses amis, sa famille, mais semble bien éloigné du système qui l’habite. Pour reprendre le dessus et récupérer ce qui nous échappe, il n’y a qu’un moyen d’agir : se compter, s’organiser, et construire un réseau de travail. Comme vous le savez, le travail, c’est la santé, encore faut-il lui donner un sens profond. Pour moi, la fiction a ceci d’exceptionnel qu’elle nous plonge dans l’intimité du système aussi sûrement que si nous y étions infiltrés. Les cadres dirigeants de Monsanto ont une vie, eux aussi. Des peurs, des addictions, des croyances et des rêves. Ce ne sont pas des extraterrestres. Et, ceux qui roulent pour eux (médecins, scientifiques, chercheurs) ne sont pas forcément des traitres à la patrie.

La fiction est un outil aussi fascinant que dangereux

Vous savez parfaitement que le confort est un piège dont on ne sort pas en rêvant d’acheter la dernière Peugeot Sport. Je joue la provocation mais, la fiction peut user de ce genre de caricature. C’est louable. Ça anime l’histoire. Par contre, là où l’auteur doit faire attention, c’est quand il en oublie la complexité humaine qui est masquée par les effets de la caricature. Ça arrive à tout le monde tout le temps. Seulement, c’est aussi de cette façon que la caricature sert de fabrique d’opinion. La fiction n’est pas exempte d’une nature à double tranchant. C’est aussi un fabuleux outil de falsification, de manipulation très prisé pour assurer l’adhésion des foules. Allez, pas de panique, on s’en sort à tout âge, suffit de partir à la recherche de sa responsabilité. Ça fait du bien et ça remet les choses à plat pour accéder à la réalité, pour la voir, l’accepter, la comprendre, et savoir enfin comment s’y engager.

La fiction peut-elle éclairer les eaux troubles de notre système ?

La fiction donne l’opportunité de comprendre le système qui régit notre société d’aujourd’hui. Elle peut en établir un calque plus digeste

Dès que j’entre dans le processus d’écriture fictionnelle, j’ouvre paradoxalement mon champ de vision. Je me transporte d’un individu à l’autre, d’une conviction à l’autre, d’un allié à un ennemi. La fiction est le monde des possibles. Là, je ne parle pas du fantastique, mais de l’opportunité qu’elle donne aux auteurs et à leurs lecteurs. Disons même que la fiction offre la capacité de naviguer aisément sur toutes les eaux, des plus claires aux plus troubles. Comment ça marche, au juste ?

Nous avons la capacité de naviguer sur les eaux noires de Monsanto

exploitation chimique
La fabrique du mensonge. Photo de Gordon Johnson

D’abord, nous avons assez de preuves pour décortiquer le fonctionnement de la fabrique du mensonge de l’internationale firme Monsanto. En effet, les fameux monsanto papers (dont je parle dans les épisodes précédents) montrent noir sur blanc que les dirigeants et cadres de Monsanto soudoient un nombre important de scientifiques renommés pour qu’ils rédigent de faux rapports d’expertise pour confirmer l’innocuité de leurs produits. Que Monsanto ait été condamnée pour fraude criminelle, malveillance, publicité mensongère, conforte notre enquête. Le plus fort, dans cette « Affaire Roundup », c’est que nous avons maintenant les échanges internes (mails, courriers, sms) de la firme. Nous savons comment fonctionne l’ennemi. C’est un déferlement de stratégies mafieuses. Une première dans l’histoire de l’industrie chimique (à part les quelques condamnations de Nuremberg) ! Par contre, nombre de ces documents sont encore classifiés au nom de la propriété intellectuelle. On n’a donc pas accès au pire.

Avec Séralini, nous pouvons barboter dans les eaux libres de la réalité

les eaux libres de la science internationale
La liberté naît souterraine. Ici, les eaux libres de la science internationale

Ensuite, nous avons notre héros : Séralini, qui nous livre son « histoire vécue ». Dans le reportage d’envoyé spécial de 2019, que Séralini nous invite à voir (ou à revoir), nous voyons la mascarade du vote pour l’interdiction du glyphosate (le gentil nom donné aux pesticides de Monsanto, qui cache la réalité de sa composition : 4000 substances toxiques dont pétrole et arsenic, à l’effet cocktail assuré). Cette interdiction, promesse de campagne du candidat Macron, est proprement sabotée par le président lui-même, au nom de sa cohérence politique. On n’est pas dans un film. D’ailleurs, c’est à se demander si le rôle de la fiction aujourd’hui n’est pas d’établir un calque parfait avec la réalité. Toujours est-il que pressions et arrangements semblent être un système organique au sein du gouvernement actuel. En tout cas, je pense que, les preuves de l’affaire Monsanto doivent être religieusement examinées.

La fiction génère l’émotion et humanise le système politique

l'adn humain
Regardons avec émotion les personnages d’un système politico-scientifique qui se joue de nous aujourd’hui. Photo de Schäferle Elias

Enfin, la magie de la fiction peut opérer. Nous pouvons essayer de plonger dans le monde onirique de la réalité. Grace à la fiction, nous pouvons naviguer dans ce que Séralini appelle « la science de pacotille d’une écœurante malhonnêteté ». Et, regarder avec émotion les personnages d’un système politico-scientifique qui se joue de nous aujourd’hui. En vrai. Car, il y a fort à parier que le système d’emprise et de domination mafieuse mis à nu par les « monsanto papers » en 2018, soit le même système au sein des commissions d’experts chargés de communiquer les données, rédiger les conformités et orienter les directions en 2021. À un détail prêt : le président Macron fait partie de la bande. Avant, en République, le chef d’État devait composer avec le reste de la classe politique. Aujourd’hui, notre classe dirigeante est clairement plus réduite, avec les coudées franches. Mais nous restons des hommes, et nous pouvons les comprendre.

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De « Hold Up » à « L’Affaire Roundup », prenons la voie de la fiction

la fiction étend le temps

Bref, la fiction joue le rôle de système digestif. Quand j’ai vu le documentaire « Hold Up », cet hiver, j’ai compris ce que le journaliste (oui, Pierre Barnérias est un journaliste) cherchait à comprendre. Face aux réactions, j’ai bugué et je me suis dit : Barnérias a raison, il est temps de se mettre au boulot et fissa ! Suite à ce reportage, j’étais enthousiasmée. Puis, j’ai déchanté face au pujilat médiatique et aux réactions démesurées. J’ai alors réfléchi, un peu en mode déprime, à la manière de me mettre au boulot. Et c’est là que j’ai lu Séralini : « L’Affaire Roundup à la lumière des monsanto papers ». Les révélations de l’affaire Monsanto méritent que la fiction s’en empare. Notre cœur est de fait moins blessé en approchant la vérité à travers la fiction.

Cultivez votre imaginaire et vous comprendrez l’esprit des chimistes qui nous gouvernent

J’écris une fiction pour le concours « Quai du Polar » sur le thème : Nature et environnement, nouveaux terrains de jeux du crime ? Les chimistes sont à l’honneur

Pour rappel, j’écris une nouvelle noire, une fiction à partir de « L’Affaire Roundup » pour le concours « Quai du Polar » 2021 sur le thème « Nature et environnement : nouveaux terrains de jeux du crime ? » Parallèlement, je lis « Un empoisonnement universel » de Fabrice Nicolino. Ici, j’imagine comment pense l’ennemi incarné par « les chimistes ».

Les chimistes sont les maîtres incontestés de notre civilisation

notre domination sur la nature
L’imaginaire perce toutes les barrières de la raison et des croyances inconscientes. Photo Artapixel

Pourquoi chercher à écrire une fiction sur le sujet ? Parce que l’imaginaire dissout les voiles de la propagande et voyage au-delà du mensonge. L’imaginaire perce toutes les barrières de la raison et des croyances inconscientes. Il s’infiltre chez tous les protagonistes en présence, sans distinction. C’est absolument ce que je cherche à faire : comprendre « l’autre camp ». Certes, ce n’est pas en lisant quelques livres que je vais pouvoir exposer une quelconque vérité. Une brique après l’autre, voilà ce qu’il faut se dire. Si nous mettons tous notre pierre à l’édifice de la compréhension, on arrivera forcément à construire une vision plus large de ce qui nous arrive aujourd’hui. Alors, au boulot ! Dénouons les fils de notre réalité avec calme, détachement et équité, dans la mesure du possible. Hier, je soumettais le rapport entre crise sanitaire, chimie, biologie et génétique. Pourquoi tout mélanger ?

Ce sont les instigateurs et les gardiens du progrès

chimistes masque à gaz
Face à la réalité de cette combinaison explosive, un autre regard sur la science est en marche.

N’est-ce pas contre-productif de porter à notre compréhension le rapport qu’entretiennent la chimie de synthèse, les OGM et la pharmacopée ? Peut-être. Mais, quand on veut comprendre les rouages de l’industrie chimique, on s’aperçoit tout de suite que les géants de la production chimique fabriquent aussi bien des médicaments que des gaz de combat. La biologie est donc aujourd’hui étroitement liée à la chimie de synthèse et à la recherche ADN.  Il est donc temps, pour nous, de bien comprendre le rapport entre ces trois domaines de recherche. Face à la réalité de cette combinaison explosive, d’autres recherches avancent, explorant les mystères de la biochimie avec un tout autre regard. Des chercheurs tels que Bruce Lipton ou Philippe Guillemant nous expliquent que l’évolution de la physique quantique et de la biologie cellulaire nous poussent à réviser les fondements même de l’industrie de la chimie.

Ils sont au service de la préservation de notre espèce

évolution de l'espèce
De la préservation à l'évolution de l'espèce, le progrès est une arme. Manipulation de Julia Kaufmann

À entendre ces pionniers d’une science de la conscience, les connaissances fondamentales qui régissent actuellement notre monde seraient clairement obsolètes. Pourtant, l’industrie Monsanto et Cie s’accroche par tous les moyens à l’adhésion générale, eut égard aux milliards de dollars que l’industrie chimique génère chaque année. C’est de bonne guerre. Et, voyageant jusqu’à eux par le pouvoir de la fiction, je sais qu’ils sont en guerre. L’évolution d’une science qui remet en cause les fondements de celle qui domine aujourd’hui, est probablement vécue comme un affront inacceptable pour les chimistes. Je rappelle que mon voyage imaginaire jusqu’à leur esprit m’indique qu’ils se prennent pour des sauveurs. J’irais même jusqu’à imaginer qu’ils ont le sentiment d’appartenir à une tradition ancestrale, et donc familiale, par plus d’un siècle d’inventions au service de la préservation de l’espèce — la nôtre, évidemment.

Les chimistes préservent le pouvoir de la science sur le vivant

préservation de la nature
Un siècle d’inventions au service de la préservation de l’espèce

D’abord, la chimie des colorants, dans une logique de transformation du vivant, à la fin du XIXème siècle. Ensuite, la chimie des gaz mortels arrive avec la synthèse du chlore, dans une logique d’élimination du vivant « nuisible ». Le dichlore est devenu un constituant indispensable dans nos vies, de l’eau de javel au PVC, en passant par les installations frigorifique, les médicaments et le gaz moutarde. J’imagine donc aisément pourquoi nos chimistes ne s’embarrassent pas des questions environnementales, tant la survie de l’homme dépend de leur savoir. Aujourd’hui, la biochimie étend le spectre de ses compétences dans une logique de transmutation du vivant, sans pour autant explorer la question de l’intelligence cellulaire. Ni l’énergie, ni la conscience ne peuvent constituer le moteur même du vivant. Non, la chimie reste campée sur une vision manichéenne de la vie : la conscience se trouve en l’Homme et nulle part ailleurs. Demain, on parle fiction.

Les chimistes de notre histoire sont le reflet du pouvoir moderne qui nous protège

Qui sont les « chimistes » ? Pour l’écriture de ce mini thriller, j’ai décidé de m’appuyer sur « L’Affaire Roundup » de Gilles-Éric Séralini

Qui sont ces « chimistes » ? Notre histoire est une fiction de 6 pages à écrire pour le concours « Quais du Polar » sur le thème « Nature et environnement : nouveaux terrains de jeux du crime ». Pour l’écriture de ce mini thriller, j’ai décidé de m’appuyer sur « L’Affaire Roundup » de Gilles-Éric Séralini, pour décrypter la pensée de ceux que j’appelle « les chimistes ».

Les chimistes de notre histoire ont des croyances bien ancrées, comme tout un chacun 

les chimistes
"Ils" veulent savoir jusqu’où leurs inventions mèneront l’humanité. Photo RAEng_Publications

Ceux qui savent ce que où va le monde, n’ont pas peur du futur. Ils jubilent, même ! Ce sont nos guides ; ils savent comment survivre à cet avenir qu’ils nous fabriquent. Du moins en sont-ils persuadés, car ils ont la position de ceux qui dominent. Ce « ils » sont les chimistes de notre histoire. « Oui, la chimie tue ! Pourraient-ils s’exclamer. La chimie est dangereuse, c’est pourquoi nous devons nous fabriquer une armure intégrale, une armure génétiquement modifiée pour nous préparer au monde de demain ! » Alors que l’hiver se bat avec le printemps, j’enlève mes gants qui me protègent du froid, et je descends de mon vélo pour ouvrir la porte de chez moi. J’imagine alors ce que les chevaliers en armure ressentent quand ils descendent de leur monture et enlèvent leurs gants d’acier : un sentiment d’invincibilité les trahit. Avec ces gants fabriqués par l’homme, ils sont prêts au combat. Les chimistes de notre histoire doivent éprouver le même sentiment. Ils veulent savoir jusqu’où leurs inventions mèneront l’humanité.

Les chimistes de notre histoire ont leurs contradictions intérieures, comme tout un chacun

les troubles du chimiste
Quels sont les troubles, les peurs et les démesures de nos chimistes ? Photo RAEng_Publications

Les chimistes mènent-ils un combat sans merci contre notre Nature sauvage, vicieuse et hostile ? Soumettre les forces de la Nature, c’est dans notre ADN, après tout. L’arme chimique est la plus ingénieuse et la plus propre qu’on ait jamais inventé. Depuis plus d’un siècle nous nous battons pour assainir le monde de ses nuisibles : insectes, rampants ou invisibles, aucun ne nous échappent. Et, pour les plus coriaces, la génétique a révolutionné notre armement. Les chimistes de notre monde réel savent contre quoi ils se battent. Ils se voient immanquablement comme les défenseurs de la nature, celle qui nous nourrit. Cette vision dualiste de l’homme et du vivant est, pour beaucoup d’entre nous, une vision aberrante, disons même « contre-nature ». Pourtant, dans les faits, la chimie de synthèse a vraiment contribué au « progrès » de notre civilisation. Alors, comment dénouer les fils de cette épineuse contradiction ?

Les chimistes de notre histoire éclaireront les mécanismes de la crise du covid

Les chimistes sont-ils définitivement aux commandes ?

C’est ce que je me propose de faire en décortiquant les rouages de « L’affaire Roundup », pour en tirer une fiction qui plonge dans la tête de l’ennemi. Car, dans cette affaire, le professeur Séralini et son équipe ont été conspués et écrasés par les sbires de Monsanto. Moi, je cherche à comprendre la pensée des chimistes, comme je les appelle. Comprendre ce que croient sincèrement ces hommes et ces femmes qui vivent du commerce des pesticides, des herbicides et des armes chimiques, pour justifier leur domination, c’est aussi comprendre pourquoi nous en sommes là aujourd’hui dans cette crise du coronavirus. Sans s’embarquer dans des théories fumeuses, je cherche à démontrer comment le commerce pharmaceutique fonctionne exactement de la même façon. Je vous rappelle d’ailleurs que Monsanto a été racheté par sa cousine Bayer. Et, Bayer s’est justement lancée dans la course au vaccin anti-covid. Ça laisse rêveur, non ?

Comment la fiction peut-elle éclairer une menace réelle ?

Pour écrire notre nouvelle noire basée sur « L’Affaire Roundup »je m’imagine dans la peau de ceux que j’appelle « les chimistes ».

Pour écrire notre nouvelle noire basée sur « L’Affaire Roundup », j’ai commencé par créer notre couple de héros : Rinaldi Sirrar et Soledad.  So a été élevée par l’ennemi, c’est ma porte d’entrée pour me mettre à la place de l’ennemi. C’est à travers elle que je m’imagine dans la peau de ceux que j’appelle « les chimistes ». J’imagine le fil de leur pensée, puis je tire ce qui vient à nous pour voir l’envers de la réalité.

Le fameux « ils » tant comploté de l’ennemi, disloqué par les mécanismes de la fiction

propagande et complot
C’est ainsi que la fiction interroge la réalité. Photo de Stefan Keller

Cette nouvelle en cours d’écriture que vous suivez maintenant depuis deux semaines, revisite donc l’histoire d’un chercheur qui prouve la létalité du pesticide le plus vendu au monde, et la dangerosité de son maïs OGM. Qu’en pensent-ils, les chimistes, des résultats de recherche du professeur Sirrar ? Ils n’en voient pas l’intérêt. Des telles recherches vilipendent la magie de leurs inventions brevetées, destinées à sauver l’humanité de la faim et les nations de l’ennemi. « Tout ça pour démontrer que nos produits sont toxiques !? Mais, c’est leur raison d’être ! Tuer les nuisibles, c’est notre job, bon Dieu ! Ces gauchistes, abrutis, inutiles, sont des trouillards qui nous font perdre du temps et de l’argent. » Quelle valeur attribuer à un tel discours, tout droit sorti de mon imaginaire ? Un imaginaire certes abreuvé d’enquêtes construites et d’histoires vécues. C’est ainsi que la fiction interroge la réalité.

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L’écrivain attribue un nom, une intention, et une réalité à ce qui nous menace

l'ennemi invisible
La fiction rend l'invisible visible et peut réussir à contrer la fabrique de la peur. Photo de Gerd Altmann

 « Si les OGM tuent, se disent mes chimistes, c’est n’est que temporaire. L’homme aussi est amené à devenir un OGM. Toute marche arrière est impossible. » Ça fait science fiction mais, attention ! Je ne suis pas portée sur la théorie de l’effondrement. Je ne dramatise pas l’avenir. C’est puéril et contreproductif. Pour moi, la fiction a le pouvoir d’embrasser la réalité dans son ensemble. Un écrivain aime, d’une façon ou d’une autre, tous les personnages de son histoire. La fiction consiste à embrasser les points de vue opposés. Idéalement, notre champ de réflexion s’étend au-delà du sombre monde des opinions. Qu’est-ce que peuvent bien raconter les gars de chez Monsanto-Bayer ? « So, Tu sais comment survivre, toi, à cet avenir qui les fait trembler comme des moutons qu’on mène à l’abattoir. Pourquoi tu te salis avec cette frange de cul-terreux ? ». Voilà ce que pourrait peut-être dire le père de So, ou l’un de ses frères qui, je vous le rappelle, sont « les chimistes » de notre nouvelle.

L’écrivain obtient une logique de pensée pour articuler son histoire

la pensée de l'ennemi
L'ennemi justifie les moyens inventés pour le tuer. La société soutient cet éternel progrès. Photo de Tumisu

Les OGM permettront d’instaurer un nouvel équilibre entre l’Homme et le Vivant, et d’éradiquera la faim dans le monde. Voilà ce que j’imagine être l’idée phare des gars de la firme Monsanto, rachetée par Bayer en 2018 pour stopper son hémorragie au pénal. J’imagine donc l’ennemi. À l’heure actuelle, les perturbations génétiques provoquées par les OGM, couplées à la généralisation d’un vaccin ARN, plongeant directement dans la mécanique cellulaire, siège de notre conscience individuelle. Alors, qui ne survivra pas à ce progrès majeur de l’Histoire ? L’ennemi laisse les êtres de bas instincts se poser la question. Des nostalgiques souffreteux, des binoclards  sans ambition. L’ennemi n’en a cure. S’ils n’osent participer au changement, soit. Mais, s’ils osent attaquer leur mission sacrée,  ils seront écrasés. Et puis, la société, dans son ensemble, soutient notre progrès. » Voilà ce que se disent mes chimistes ! Glorifiés, plébiscités ou pourchassés, ils ne perdent jamais de vue l’importance de leur mission.

Dans le réel, Monsanto et Cie ont une vision à long terme. Au bout de leur logique, j’imagine l’idée : l’homme survivra au nouvel ordre biologique génétiquement modifié. Pourquoi pas ? Quelle autre finalité peut bien habiter le « progrès » des traitements ARN sur les cellules vivantes ? Je souligne, pour finir, que Bayer participe actuellement à l’élaboration des vaccins du covid.

La fabrique de l’ennemi dans l’écriture fictionnelle

J’entame bientôt la troisième semaine de travail sur notre nouvelle noire (voir les épisodes précédents). J’entame en effet le travail d’écriture proprement dit. Jusqu’à présent, mes comptes rendus quotidiens suivaient mes prises de notes. Ces dernières vont toutefois plus vite que mes maigres rapports. Je vais vous faire un premier point sur la situation, en évoquant mon approche de l’ennemi. Elle se confond étroitement aux mécanismes à l’oeuvre dans notre société. La fabrication de l’ennemi dans notre travail d’écriture permet d’appréhender la réalité, ôtée du voile de l’obéissance.

L’affaire Roundup, ou la fabrique de l’opinion révélée à la face du monde (qui débranche son cable)

biologie synthétique
Une biosphère entièrement réadaptée, pour le plus grand confort de l'Homme- Photo d'Iván Tamás

D’abord, qu’est-ce qui me fait croire que le livre de Séralini éclaire les décisions actuelles du gouvernement français ?  La dernière vidéo de Didier Raoult s’appelait « La Fabrication du consentement », en référence à Noam Chomsky : fabriquer un consentement ou la fabrique de l’opinion publique. Prolixe penseur, j’en ai entendu parler toute ma vie. Noam Chomsky explique comment les mécanismes de propagande érigent une pensée collective, par les moyens techniques les plus éprouvés et les plus novateurs, les lobbys nous transmettent une vision et font tout pour la faire admettre. C’est ce qui s’est passé dans l’affaire du Roundup révélée par les « monsanto papers », et c’est ce qui se passe actuellement. Ceux qui, d’un revers de main, accueillent le terme « lobby » comme « un truc qu’on connaît, c’est bon, faut se détendre », n’ont pas le temps de se faire du mal avec ça. Voir la réalité en face peut détruire notre équilibre. Je sens juste que c’est mon boulot. Je veux construire une analyse de la situation actuelle « à la lumière des monsanto papers ».

J’imagine la vision de l’ennemi et l’émotion qu’elle génère en lui.

C'est faire une percée dans l’épais brouillard qui nous aveugle - Iván Tamás

J’espère surtout que ma recherche de la « vérité » peut se transmettre par la fiction, avec plus de sentiments et d’unité. En réinventant l’histoire de Monsanto avec les yeux de l’ennemi, en étant à l’intérieur de sa tête, on pourra peut-être comprendre ce qui nous arrive aujourd’hui, et peut-être pourquoi. Même si l’imagination est le moyen utilisé pour revisiter la situation sous un autre angle, c’est toujours une percée dans l’épais brouillard qui nous aveugle. Tout d’abord, gardons une première question en tête : si les OGM menacent l’équilibre génétique de toute la biosphère, de toutes les espèces vivantes sur Terre, est-ce supportable pour le créateur de ce nouvel équilibre ? Remarquez, je parle de « créateur » et non de responsable, de coupable ou de sauveur. Je cherche le regard de l’ennemi, personnifié par « les chimistes » dans ma nouvelle.

J’imagine son regard sur les conséquences collatérales de cette vision en marche

nature beauté
Une vie sous contrôle de l’Homme, qui pénètre la Terre au plus profond de son ADN - Photo Iván Tamás

La vision d’un nouvel « ordre » qui éradiquera la faim dans le monde ? Je dis « facilement » mais cette semaine était focus sur les émotions. Les personnages ont évolué, au point de me faire percevoir l’esprit des « chimistes ». Les chimistes représentent le camp ennemi, se sont le père et les trois frères de Soledad. Je ne prends que ces trois gars pour incarner l’ennemi tentaculaire que décrit Séralini, et dont les preuves se retrouvent sur le net. Monsanto et compagnie, c’est peut-être comme une famille, après tout. La famille qui construit notre vision du futur, où la synthèse moléculaire sera la source de vie, une vie sous contrôle de l’Homme, qui pénètre la Terre au plus profond de son ADN. En six pages, il faut être schématique. Un ennemi, aimé et connu de l’intérieur, générera suffisamment d’émotion en si peu de temps.

Bref, la nouvelle avance. J’ai le schéma d’action de l’histoire et la sensation que l’intrigue peut générer suffisamment d’émotions. Le plus délicat reste à faire : l’écriture du scénario et la mise en forme littéraire. Comme je l’indiquais hier, la publication est à effectuer SUR KOBO-FNAC LE 31 MARS AU PLUS TARD.