Nous avons rencontré Ziad Medoukh !

Sabrina et moi avons rencontré le plus célèbre des gazaouis : Ziad Medoukh ! Poète palestinien et directeur du département français de l’université d’Al Aqsa, Ziad était de passage au Havre. C’est le genre d’occasion à ne pas manquer pour obtenir une info de première main, un témoignage à la source.

Sabrina et moi avons rencontré le plus célèbre des gazaouis : Ziad Medoukh !

Ziad Medoukh, poète palestinien et directeur du département de français de l’université d’Al Aqsa, était de passage au Havre.

Palestine : on a la chance de savoir !

C’est le genre d’occasion à ne pas manquer pour obtenir une info de première main, un témoignage à la source. Car, qui ne se demande pas, parfois, ce qui se passe là-bas ? Qui ne se demande jamais pourquoi ce vampirique conflit israélo-palestinien semble être immortel ? Attendons-nous de sa fin que le dernier palestinien ait disparu ? Je n’écris pas cet article pour titiller votre culpabilité, bien au contraire. Car, si, comme moi, vos préoccupations sont ailleurs, sachez que nous contribuons tous, à notre échelle, à défendre la liberté des palestiniens. Comment ? Je vais vous le dire.

Je suis préoccupée : mon chat a disparu !

Mon chat a disparu depuis plusieurs jours et c’est seulement ce matin que j’ai fait un tour dans le quartier pour le chercher. Ce gros chat au pelage soyeux et à la musculature impressionnante est né dans ma cave. Nous avons recueilli sa mère qui s’était échappée de chez la voisine car elle y était maltraitée.

Titi, ce gros chat disparu, n’est pas un chat comme les autres. Il a l’âme d’un fauve. C’est le chat le plus libre que je connaisse. Enfant, il refusait de manger des croquettes. Pour son premier repas, il s’est jeté sur un os. Depuis, il ne mange que de la viande crue. J’ai bien essayé de l’affamer pour qu’il mange ces affreuses croquettes, mais j’ai craqué avant lui.

chat perdu

Quel rapport avec Ziad Medoukh et la Palestine ?

J’ai à cœur de respecter la liberté de ceux qui m’entourent, de chérir et de défendre l’idée d’une liberté qui ne se marchande pas à coups d’arguments et de compromis raisonnables. C’est, pour moi, la valeur la plus sûre et la plus essentielle. Car, de ce concept, découle toute la vie. Quelque part, elle en dépend. Et, même si vous pensez, comme je pouvais le croire il y a encore quelques jours, que nos préoccupations sont bien loin et bien différentes de celles des palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, je comprends désormais que la réalité est plus complexe.

Ziad Medoukh est une force de la nature à la carrure irréelle. La pure incarnation du super héros. Une sorte d’Hercule qui porte le monde sur ses épaules. Gaza, seule, peut-être. À ses côtés, je n’ai pas douté une seconde que la force était en nous, et que nous étions tous importants. Par notre intérêt, par notre capacité à voir, à entendre, à écouter et à comprendre, nous aidons les palestiniens à rester en vie !

C’est Sabrina qui suit Ziad sur sa page facebook. Dix mille abonnés

La main de Niemeyer - Le Havre. Symbole de l'inappropriation de la Terre

Son téléphone est affiché sur son journal pour faciliter tous les contacts possibles durant son séjour. Une fois en France, il profite à fond de son autorisation de sortie : La Rochelle, Le Havre, Paris, les lumières de Noël…. L’image de la « prison à ciel ouvert » revient sans cesse dans les poèmes de Ziad ; elle chante douloureusement  à mon esprit.

« Alice, Ziad Medoukh est au Havre ! J’ai rendez-vous avec lui ce soir, tu m’accompagnes ? »

Sabrina, mon amie formidable, m’embarque dans l’aventure. Nous retrouvons Ziad à l’université du Havre, et convenons d’une interview le lendemain autour d’un petit-déj. Ses séjours autorisés en France, ces dix dernières années, lui ont permis d’ouvrir des canaux de communication avec l’extérieur. « Moi, j’essaye, en dehors de mon travail, de m’engager pour la Palestine à travers mon témoignage.» C’est le témoignage d’un citoyen ordinaire pour qui « tous les jours, il y a des morts ».

L’échange d’informations de première main est devenu l’un des enjeux majeurs dans l’usage des réseaux sociaux par les sociétés civiles. Et les palestiniens, comme Ziad, en profitent un max !

Messages de soutien du monde libre

« J’informe sur la réalité à Gaza avec des photos, des vidéos, des rencontres, explique Ziad. Les gens ont compris que la réalité, c’est autre chose que ce qu’en disent les médias. Et c’est important de garder le contact avec ces gens-là, car ils sont de plus en plus nombreux à adhérer à la cause palestinienne. C’est pourquoi je suis optimiste pour l’avenir. Il est vrai que par le passé, les français étaient plutôt pro-israéliens. Mais, les choses ont changé. Il y a plus de 10 000 personnes qui suivent ma page facebook. Ça montre à quel point vous avez la volonté de vous informer.

 Alors, pourquoi témoigner ? Pas seulement pour informer mais aussi pour avoir vos retours et vos messages de soutien. Ils me soulagent et nous aident à tenir. Je les transmets aux enfants, aux étudiants et aux familles. »

Des enfants de Gaza posent en faveur de la reconstruction de leur pays

Ziad Medoukh est un père de famille pas comme les autres

Il est un symbole de la résistance pacifiste. Ses meilleures armes sont : sa force intérieure, son intégrité, sa loyauté envers son peuple et son sourire communicatif. Mais, qu’est-ce que ça veut dire « pacifiste » dans un pays en deuil permanent ? Dans un pays où la plus violente des ségrégations détruit la vie et la fierté de tout un peuple depuis 70 ans ? Dans un pays qu’on refuse de libérer, un tout petit territoire qui se voit encore aujourd’hui confisquer ses terres ? Un pays, enfin, qui vit enfermé par des murs, des barbelés et des militaires armés ? C’est comment, au quotidien ? (pour le savoir, plongez dans les témoignages de Ziad sur sa page facebook)

La Bande de Gaza est une prison de deux millions d’habitants

qui dispose de cinq points de  passage vers le monde extérieur. On n’est pas autorisé à sortir (moins de 3% de la population y parviennent en moyenne chaque année), et il y a des heures, voire des jours d’attente. Si votre enfant a besoin d’aller à l’hôpital en dehors de Gaza, vous devez souffrir l’attente et l’incertitude de pouvoir l’atteindre. Et les check points existent aussi à l’intérieur du pays, tous les quatre à cinq kilomètres, ce qui rend la circulation quotidienne… impossible à imaginer de notre point de vue extérieur.

Après notre premier échange, je passe la nuit à me demander comment des hommes peuvent habiter une terre bombardée depuis soixante-dix ans.

C’est bien la seule question qui s’impose à moi. Je me penche un instant sur la carte et je me retrouve face à un jeu de cubes imbriqués. Deux d’entre eux rapetissent au fil des décennies : la Cisjordanie et Gaza.

J’ai toujours été nulle pour les jeux de société. Dès qu’il s’agit d’en comprendre les règles, j’ai l’esprit qui ralentit. En cet instant, j’ai le même sentiment face à la carte : je suis frustrée de ne rien y comprendre.

La colonisation israélienne depuis 1946
Expansion coloniale de l'État d'Israël depuis 1946. Des terres palestiniennes déjà dominées par l'Égypte et la Jordanie

Le  lendemain matin, Ziad nous demande :

« Qu’est-ce qui me pousse, moi, Ziad Medoukh, professeur, à laisser ma famille, mon travail et à passer une semaine de voyage aller-retour pour venir quelques jours en France ? », j’imagine alors ce qu’il sous-entend. Lorsqu’on quitte son pays, on n’est jamais sûr de ce qui arrivera chez nous pendant notre absence. Mais, cette réalité si évidente pour tous, résonne ici bien différemment.

Quelle est donc la réalité de cette terre palestinienne ?

La suite de nos entretiens avec Ziad Medoukh, ce témoin sacré de l’Histoire ici et maintenant, dès demain sur ce blog !

Nous aborderons, entre autres, ce qui nous rapproche de Ziad et de ses compatriotes : la guerre de l’information, l’accès salutaire au savoir et les enjeux politiques internationaux.

Salut les amis !